«Macron presse les chômeurs de traverser la rue !»

23/12/2022

Alors que le montant des allocations vient déjà de s’effondrer sous les effets de la réforme mise en oeuvre fin 2021, une nouvelle atteinte à l’assurance chômage entrera en vigueur dès le 1er février 2023, qui affectera plus de la moitié des demandeurs d’emplois et diminuera la durée de l’indemnisation. Quelles idées fausses se cachent derrière cette mise sous pression croissante des chômeurs par Macron et son gouvernement? Édito à voir par notre nouvel animateur Haussman Vwanderday

5 Commentaire(s)

  1. Bonjour et bonne année à toutes et à tous 🙂

    Entre 1960 et 2018 le nombre d’emplois est passé d’un peu moins de 20 à 27,6 millions.
    Dans le même temps, la population active est passé de 20 à 30 millions.
    A temps de travail et durée égale des carrières, il y a mathématiquement 3 millions de gens sur le carreau.
    Aucun gouvernement n’a jamais dit les choses, clairement, simplement.
    Pourquoi ?
    Parce que le chômage structurel permet d’inverser le rapport de force travail/capital en faveur du capital,
    D’ailleurs, entre 1980 et aujourd’hui la répartition de la richesse produite (somme des valeurs ajoutées + exportations – importations) est passée de 60% pour les revenus à 40% et de 40% à 60% en faveur du capital.
    Et le taux d’imposition réel maximal à baissé. Il n’est pas de 50% (ça c’est le taux marginal maxi qui ne s’applique donc que pour une partie des revenus déclarés). En réalité il est de 21%.

    Structurellement, dans une économie où la productivité du travail (richesse produite/Total du nombre d’heures effectives pour produire cette richesse) a considérablement progressé du fait de l’augmentation de la quantité d’énergie consommée et dans laquelle la population mondiale a connu une telle progression (de 2,5 à 7 milliards) sur la même période, il est impossible de disposer du nombre d’emplois suffisants pour permettre à toutes et à tous d’occuper sa force de travail.

    Il n’y a donc que deux solutions (enfin, en tous cas je n’en vois pas d’autres) :
    – Répartir le travail autrement (donc baisser le nombre d’heures de chaque emploi – en équivalent temps -)
    – Réduire la durée des carrières.

    Ah si, il y en aurait bien une autre :
    – Baisser le niveau des études pour réduire la qualification des salariés et la remplacer par des formations à des compétence dédiées à une tâche bien précise
    – Maintenir la tête sous l’eau à toutes ces femmes qui ont eu l’outrecuidance de faire beaucoup plus d’études que les hommes pour accéder au droit de travailler.
    – Augmenter les durées de cotisation nécessaires permettant d’aller en retraite pour transférer les revenus de remplacement du chômage vers l’assurance maladie
    – Répartir le travail par des CDD à temps partiel, uniquement en fonction des besoins … on pourrait appeler cela le CDD d’usage….
    -Réduire l’accès au revenu de remplacement pour ne pas augmenter la contribution des entreprises aux cotisations chômage y compris le montant de l’Assurance sur la Garantie des Salaires dans les cas de faillites (par exemple, la maintenir coûte que coûte à 0,15%)
    Et parcelliser chaque métier en une succession de tâches pour que plus personne ne puisse comprendre à quoi il sert.

    Ah ?? On me glisse dans l’oreille que tout cela est déjà fait. ????? Bah alors….. si on me dit pas tout !!!!!!
    Allez … bonne galette (à 4 euros la part) et bonne fête des rois (et que certains n’oublient pas qu’il y a quelques temps, on leur a coupé la tête)

    1. Excellente synthèse.
      Je retiens particulièrement « le chômage structurel permet d’inverser le rapport de force travail/capital en faveur du capital ».
      Plus on mène la vie dure aux chômeurs, plus ce rapport évolue en faveur du capital.
      Le chômage doit être structurel, parce qu’il est stratégique pour le Capital.

  2. Bonjour à toutes et à tous,
    Salutations au petit nouveau sur QG, et merci de faire un petit point sur les fainéants qui plombent notre grande nation, il me semble que plus de 50% des chômeurs ne touchent aucune allocation et un grand nombre d’eux ne sont même pas inscrits.
    Quand au travail il serait bon de réfléchir ,tout comme la magique réindustrialisation, pour quoi faire ????? Bulle shit job??? Il y a un gros paquet de boulots totalement inutiles et gravement polluants. A quand une réflexion profonde sur nos besoins réels et sur la fameuse valeur travail et que dire de toutes ces personnes qui donnent de leur temps pour différentes activités essentielles (visites aux malades, prisonniers, assos diverses et variées etc….) qui créent en plus du lien social et beaucoup d’humanité dans ce monde prétendument individualiste. Gros chantier mais en remettant tout celà à plat il me semble que notre existence serait plus tournée sur l’humain que que sur les ressources humaines.
    Pour celles et ceux qui ont les moyens en cette période de cadeaux je me permet de conseiller une excellente BD : LE CHOIX DU CHOMAGE, de Pompidoux à Macron enquête sur les racines de la violence économique. Auteurs : Benoit Collombat et Damien Cuvillier aux éditions Futuropolis.
    Force et courage à toutes et tous les laissés pour compte à qui je souhaite le plein retour du soleil dans leurs coeurs. Pour les autres bonnes festailles

  3. Sympa le style choisi pour cet édito. Qui s’avère très éclairant dans sa présentation.

    Le « paradoxe » avec les systèmes de chômage actuels c’est la « contradiction » des positions concrètes (patrons-ouvriers) ; et du coup la « contradiction » des discours de ces acteurs « opposés » : pour pérenniser, cad « dé-précariser », sa position, le chef d’entreprise fait du co-lobbying avec l’Etat (« co » car chacun attend l’autre, car en fait, ils sont dans le même camp), avec le gouvernement pour « précariser » la position de l’employé. C’est un beau modèle de contradiction travail-capital : la précarisation concurrentielle.

    En fait, les patrons sont concurrents entre eux sur un même marché de « biens » (ce qui les fragilise), tout comme les salariés sont concurrents entre eux sur le marché de l’emploi (ce qui les fragilise aussi).

    La seule façon de « dépasser » ces contradictions n’est pas la solution individuelle chère au patronat ; individuelle cad que chaque salarié crée son entreprise (auto-entrepreneur) : les gros donneurs d’ordre -patrons actuels- écraseront toujours les nouveaux petits patrons individuels -anciens salariés). Ce sera la grosse bourgeoisie « capitaliste » contre la petite bourgeoisie « non-capitaliste » (en effet, si l’auto-entrepreneur est seul, c’est un petit bourgeois -minuscule- mais pas un capitaliste).

    Non, le bon dépassement est le dépassement « ouvrier » : les ouvriers unis prennent possession de « l’ensemble » (ou presque) des entreprises à travers l’Etat propriétaire, et ces ouvriers unis gardent néanmoins le statut individuel de salariés : les concurrences inutiles et délétères sont supprimées, ainsi que les contradictions inhérentes ; il n’y a plus de capitalistes. La bourgeoisie est tolérée : entreprise individuelle, sans salarié. Les entreprises sont dirigées par une direction/coordination salariée (c’est un métier comme un autre), qui est garante de la réponse à la demande externe (clients), et interne (autres salariés) concernant leurs conditions de travail. Le droit de grève existe etc ….

    La solution de l’autogestion des ouvriers « collectivement propriétaires » de « leur » entreprise est à exclure selon moi. Avec ce système, la concurrence classique perdure entre entreprises autogérées par leur salariés, avec les conséquences « nécessaires = inévitables » sur les salaires et sur les emplois. L’expérience de ce qu’on a appelé à une époque « l’entreprise libérée » montre que pour sauver leur emploi et leur salaire, les ouvriers adoptent des stratégies de gestion guère différentes de celles des entreprises traditionnelles. Et les coopératives sont parfois les pires employeurs quand elles sont dans un environnement concurrentiels.

    Il y a aussi le système mixte chinois où cohabitent entreprises d’Etat et entreprises capitalistes. Mais l’Etat est dirigé par le parti communiste ouvrier, ce qui est l’essentiel : ainsi, la nation n’est pas livrée simplement à la voracité des fauves -ni à l’ego démesuré- du capital privé.

Laisser un commentaire