Les huit principaux syndicats du pays et cinq organisations de jeunesse se sont à nouveau réunis ce mardi 21 février pour réaffirmer leur détermination à « mettre la France à l’arrêt le 7 mars« . Certains syndicats appellent à durcir le mouvement en appelant à une grève reconductible.
Dans le détail, l’union syndicale Solidaires a appelé dès le 13 février dernier à la « grève reconductible à partir du 7 mars dans l’ensemble des secteurs » tandis que le syndicat Force Ouvrière (FO) appelle à préparer le « blocage de l’économie dès le 7 mars« . Frédéric Souillot, le Secrétaire Général de FO estime que « le 7 c’est un point de départ.« Pour le leader du troisième syndicat du pays: « concrètement, le soir du 7, il y aura des assemblées générales de grévistes et ce sont les grévistes qui décideront ce qu’ils feront le lendemain matin ». Un avis partagé par le Secrétaire Général de la CGT. Interpellé sur le sujet sur BFMTV, Philippe Martinez a annoncé que “le 7 mars, il y aura de nouvelles assemblées générales qui diront on continue demain”.
“Le 7 mars va être le moment décisif, le moment tournant du mouvement”
Pour le spécialiste des mouvements sociaux Stéphane Sirot « le 7 mars va être le moment décisif, le moment tournant du mouvement. C’est là qu’on va voir comment s’oriente la mobilisation ». Interrogé par QG, l’historien, spécialiste de la sociologie des grèves estime « qu’il y aura de fait, une reconductibilité de la grève au-delà du 7 mars », mais selon lui l’un des principaux enjeux est de savoir si la reconductibilité de la grève va s’étendre au-delà des secteurs traditionnellement mobilisés.
Stéphane Sirot dresse le constat que « sans un rapport de force particulièrement puissant, les gouvernements ne fléchissent plus face à la colère populaire. Lorsqu’il s’agit de mouvement qui se cantonne à des journées d’actions de 24 heures espacées, sans dynamique de grève reconductible, c’est l’échec à chaque fois. »
Ce grand connaisseur du syndicalisme considère que « depuis 20 ans, on est face à des gouvernements qui ont tendance à passer en force, y compris quand ils sont confrontés à des manifestations de masse, parfois même à des grèves reconductibles ». Stéphane Sirot étaye son propos en citant notamment l’exemple de la grève de plusieurs semaines dans les transports lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en 2019-2020. Une réforme qui fut abandonnée à la suite de l’arrivée du Covid-19 en France.
Plusieurs secteurs appellent à la grève reconductible
Du côté de la CGT, cinq fédérations, aux capacités de blocage importantes, ont appelé officiellement ce mardi 21 février à entrer en grève reconductible à partir du 7 mars. Dans un communiqué commun, les fédérations Ports et Docks, Cheminots, Chimie, Mines et Energie et Verre et Céramique écrivent que « cette coordination doit donner confiance et permettre, dans tous les secteurs, public comme privé, d’amplifier le rapport de force ».
La CGT Chimie a appelé notamment à la grève reconductible dans les raffineries dès le 6 mars au soir. Si la grève se prolonge dans la durée, elle pourrait entraîner l’arrêt de certaines raffineries avec des conséquences directes sur l’approvisionnement des stations-services. Du côté des éboueurs, la CGT a appelé également les travailleurs de « l’ensemble de la filière des déchets » à entrer en grève reconductible à partir du 7 mars. L’interruption des tournées de ramassage des ordures pourraient avoir des conséquences importantes dans certaines villes du pays. A Sète, la CGT annonce la couleur : « On promet des rats et des ordures partout ». Pour rappel: dans la capitale, la CGT est majoritaire aussi bien chez les éboueurs municipaux que chez ceux du privé.
Situation dans les transports
A la RATP, l’intersyndicale CGT-FO-UNSA-CFE-CGC appelle dans un communiqué à la grève reconductible à partir du 7 mars pour peser et instaurer un vrai rapport de force. Une mobilisation qui rappelle la grève illimitée des agents contre la première réforme des retraites d’Emmanuel Macron en 2019-2020.
Côté SNCF, Sud Rail rejoint la CGT Cheminots en appelant dès le 7 mars à la grève reconductible, « la seule solution pour gagner » estime le syndicat. Chez Solidaires, l’ensemble des fédérations du transports ont également appelé à entrer en grève reconductible. En plus de Sud rail et Solidaires RATP, c’est donc les fédérations des transports routiers, aérien, transports urbains et interurbains et l’Union solidaires des transports qui entreront ce 7 mars en grève reconductible.
Vers une fermeture totale des écoles, collèges, lycées et universités
Dans l’Education Nationale, les syndicats souhaitent également durcir le ton et ont appelé à ce que « les grèves massives permettent de fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services » pour le mardi 7 mars. Un appel similaire pour l’intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche qui appelle « à fermer totalement les établissements universitaires et les organismes de recherche » le 7 mars.
Les jeunes appellent aussi à durcir le mouvement
La jeunesse dont la récente mobilisation a été remarquée avec le blocage et l’occupation de plusieurs universités avant les vacances scolaires, appelle également à durcir le ton. Les représentants des jeunes ont en effet appelé « la jeunesse à se mobiliser, à durcir le mouvement et à mettre à l’arrêt le pays » . Dans les faits, au-delà de la journée du 7 mars, les jeunes appellent également à continuer la mobilisation le 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes avant une journée d’action et de mobilisation de la jeunesse le 9 mars.
Concernant les lycées, le Mouvement National Lycéen appelle au blocage de tous les lycées le 7, 8, 9 et 10 mars.
Pour Stéphane Sirot, « les mouvements de jeunesse ou les mouvements hors champ syndical sont ceux que le gouvernement craint le plus » Le spécialiste des mouvements sociaux estime d’ailleurs que les mouvements de jeunesse peuvent être apparentés d’une certaine manière à des mouvements hors champ syndical : « ce qui produit une agitation, ce qui est difficile à contrôler, fait davantage peur au pouvoir politique. »
Ces dernières semaines, la mobilisation dans les universités et les lycées s’est souvent confrontée à des fermetures administratives de manière préventive, à la mise en place de cours en distanciel où encore à l’intervention rapide des forces de l’ordre pour tuer la contestation dans l’œuf. Ainsi, des interventions de police ont eu lieu au Campus Condorcet ou encore à Lille 2 et Rennes 2. Pour rappel, seul le président d’Université peut demander l’intervention des forces de l’ordre au sein de son établissement.
Luc Auffret
Photo en une : Blocage de la raffinerie de Donges le 8 février 2023 – CGT Energie 44
Caisse de solidarité CGT :
https://www.cgt.fr/actualites/france/retraite/mobilisation-solidarite/caisse-de-solidarite-avec-les-grevistes
https://www.leetchi.com/c/solidarite-cgt-mobilisation