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Réforme des retraites: semaine décisive dans la rue et au Parlement

13/03/2023

La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit en France alors que le vote à l’Assemblée Nationale se profile ce jeudi 16 mars. Les actions coup de poing, les blocages et les manifestations pourraient d’ailleurs se durcir dans les prochains jours, notamment si le gouvernement utilise l’article 49-3 pour passer en force la loi, sans tenir compte des millions de Français qui la rejette. Luc Auffret fait le point sur QG

Des actions et des blocages ont repris avec intensité ce lundi 13 mars, après un week-end plutôt calme, malgré des manifestations dans tout le pays ce samedi ayant rassemblé entre 368.000 selon les autorités, et plus d’un million de personnes selon la CGT. Ce lundi, des actions de blocage ou barrages filtrants ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Caen, Lorient, Villeneuve-Bordeaux, Rouen, Lille, Rennes ou encore Valenciennes où un dépôt de carburant a été bloqué. Des opérations escargot des électriciens et des gaziers se sont également déroulées entre Rennes et Nantes ou encore sur l’autoroute A9 vers Montpellier alors que la grève reconductible dans l’énergie se poursuit avec des baisses de production dans les centrales et des coupures ciblées.

Au-delà de cette journée, la mobilisation s’annonce décisive cette semaine et les actions devraient se multiplier à l’approche de ce jeudi ou là réforme pourrait être adoptée définitivement par l’Assemblée Nationale. Des rassemblements, actions et blocages devraient ainsi se dérouler toute la semaine dans le pays tandis que l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de mobilisation nationale ce mercredi 15 mars.

La pression devrait continuer à monter le lendemain de cette journée de mobilisation alors que le texte doit retourner à l’hémicycle et pourrait même être définitivement adopté par le Parlement. Cependant l’absence de majorité absolue fait peser un risque pour l’exécutif et il n’est pas encore certain que le texte soit adopté. Le suspens est toujours entier puisque une partie des députés LR pourraient ne pas voter la réforme.

Si les voix venaient à manquer au gouvernement, la Première ministre Elisabeth Borne devrait alors utiliser l’article 49.3 pour passer en force le projet de loi sans vote de l’Assemblée Nationale. Une possible utilisation du 49.3 qui pourrait mettre le feux aux poudre dans la rue, avec un durcissement du mouvement social et des manifestations spontanées dès le jeudi dans plusieurs villes du pays. 

Le 29 février 2020, des manifestations avaient éclaté dans plusieurs villes du pays après l’utilisation du 49.3 par Édouard Philippe pour faire passer une réforme des retraites alors déjà très contestée. A Paris, plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblées devant l’Assemblée Nationale.

Au-delà de probables manifestations spontanées le jour même, l’utilisation d’un 49.3 pourrait également durcir le mouvement dans son ensemble. Interrogé sur BFMTV, Olivier Mateu, secrétaire de l’Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône a annoncé clairement la couleur : « Si le gouvernement passe par le 49.3, il n’y aura plus de règles. Puisqu’il ne respecte pas lui les règles de la démocratie, il n’y aura plus de règles. »

Le gouvernement semble, quant à lui, avancer prudemment sur ce sujet explosif. Ce lundi matin sur LCI, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a répété que « Le 49.3 n’est pas un outil qu’on est prêt à dégainer. » assurant avoir « les conditions pour qu’il ne nous manque pas de voix. » Un sujet d’autant plus explosif d’autant que des députés pourraient déposer une motion censure transpartisane, incluant des députés LR et LIOT, dans le cas d’une utilisation du 49.3, même si les chances que cette motion de censure soit adoptée reste faible. De nombreuses voix avertissent publiquement les députés d’un risque démocratique en cas de passage en force.

Même si le texte était adopté cette semaine, la plupart des syndicats ne devraient rien lâcher pour autant et la mobilisation devrait se poursuivre dans la rue. Si le patron de la CFDT, Laurent Berger, a annoncé ce dimanche sur BFTMV que « S’il y a un vote, la CFDT reconnaîtra la légitimité du vote », cette position n’est pas à l’image du mouvement actuel. Les syndiqués mobilisés affirment que même si le texte est adopté, celui-ci pourrait ne pas être appliqué, prenant exemple sur le CPE (Contrat Première Embauche) qui avait été adopté en 2006 par le Sénat, mais jamais appliqué, suite aux importantes mobilisations de la jeunesse.

Luc Auffret

Image : Jeanne Menjoulet

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