Plus de 5.000 véhicules incendiés, 1.000 bâtiments dégradés, 3.300 personnes interpellées… en à peine six nuits d’émeutes le bilan des émeutes a été marqué par une ampleur jamais vue. Une intensité supérieure aux émeutes de 2005 qui s’étaient différenciées par leur longueur de trois semaines et leur propagation à de nombreuses banlieues du pays.
Alors que les émeutes de 2005 provoquées par la mort de Zyed et Bouna avaient atteint leur apogée au bout de 11 jours, avec un peu plus de 1.400 véhicules incendiées en une nuit, les émeutes actuelles entraînées par la mort de Nahel ont atteint leur pic au bout de seulement trois jours avec un total 1.919 véhicules incendiés et 492 bâtiments incendiés ou dégradés uniquement dans la nuit de jeudi 29 à vendredi 30 juin. Les bâtiments publics ou privés ont été bien plus ciblés ces derniers jours qu’en 2005. Au total, le nombre de bâtiments attaqués à l’époque a été de 307 en 21 jours d’émeutes contre 1.059 lors de ces six derniers jours selon les derniers chiffres des autorités dans un bilan qui ne prend pas en compte les pillages.
Au-delà des dégradations, l’intensité des affrontements a également été plus importante dans le pays suite à la mort de Nahel. En 2005, 224 policiers et gendarmes avaient été blessés en trois semaines d’émeutes contre 722 ces six derniers jours selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Le dispositif policier déployé par les autorités est aussi bien plus important qu’en 2005 avec pas moins de 45.000 forces de l’ordre déployées ces trois derniers jours contre 11.700 policiers et gendarmes engagés au plus fort des émeutes de 2005.
Un dispositif policier près de quatre fois plus important du point de vue des effectifs mobilisés et qui comprend également le déploiement d’unités du RAID, de la BRI ou du GIGN. Des drones et 24 hélicoptères de la gendarmerie ont également été déployés en plus de 18 blindés de la gendarmerie dont 14 VBRG ainsi que 4 Centaures, des nouveaux blindés commandés en 2021 et déployés pour la toute première fois sur le terrain dans la nuit du 30 juin.
Du côté des interpellations 3.354 interpellations ont été recensées ces six derniers jours sur l’ensemble du territoire selon les chiffres officiels contre 4.728 interpellations pendant les trois semaines d’émeutes en 2005, en plus des 1.328 personnes interpellées après les événements (pour un total de 6.056 interpellations). En termes d’intensité, là encore le niveau a été plus élevé pour les émeutes actuelles avec 1.311 interpellations uniquement pour la nuit de vendredi à samedi contre 395 au plus fort des émeutes de 2005.
Des émeutes dans les centres-ville et en province.
Une différence notable entre les récentes émeutes et les événements de 2005 réside dans la localisation des tensions. Alors que les émeutes de 2005 s’étaient à l’époque concentrées principalement dans les quartiers, les récentes émeutes se sont rapidement généralisées à l’échelle nationale et étendues dans les centres-villes où de nombreux bâtiments publics ont été ciblés (mairie, commissariat, écoles…) mais également dans le cœur des grandes villes du pays notamment à Paris avec des scènes de pillage à Châtelet ou encore des rassemblements sur la Place de la Concorde et les Champs-Elysées mais aussi dans le centre de Marseille particulièrement touché avec plus de 400 commerces pillés ou vandalisés.
Une nette baisse des tensions peut cependant être observée ces derniers jours en France. La nuit de dimanche à lundi a été marquée par 297 incendies de véhicules à travers la France soit six fois moins qu’au pic des émeutes dans la nuit de jeudi (1919 véhicules incendiées). Pour le nombre de bâtiments pris pour cible, les chiffres sont près de 15 fois moins importants que dans le pic de la nuit de jeudi.
Luc Auffret
5 Commentaire(s)
Une fois n’est pas coutume, j’ai scruté les chiffres de cette dépêche commentée que j’ai appréciée pour sa précision chirurgicale et son commentaire vif mais dépouillé.
Cette note chiffrée démontre clairement un surcroît de violence et ce en dépit de tous les moyens de surveillance de contrôle et de manipulation deployées par les autorités pour « notre bien et notre sécurité ». À moins que ce ne soit la hausse de cette coercition déployée en maints domaines qui ne soit la cause de ces débordements. Le texte ne le dit pas et ne s’aventure encore moins dans ces parages. Je fais moi même cette convergence entre données relatives à la « sécurité ».
Bref, tout cela pour dire, qu’au train où vont les choses si mon raisonnement tient la route, il y a fort à parier que les violences s’intensifient et se multiplient. À moins que ce gouvernement ne s’avise de redonner aux hommes leur liberté. Les risques de la liberté sont moins grands que ceux de l’autoritarisme et la coercition : « Le désordre c’est l’ordre moins le pouvoir » (Leo Ferré). L’entendra t-il ainsi ? J’en doute fort. Avec les JO de 2024 en ligne de mire, Paris va se bunkeriser en Palace Hotel pour les riches de la planète. L’année s’annonce sous haute tension pour ne pas dire sous haute surveillance. Bientôt sous haute violence ?
Salut AERIK,
QG a la bonne idée de remettre en tête de gondole un ancien « à lire » qui concerne les violences policières ( https://qg.media/emission/des-quartiers-populaires-jusquau-covid-la-ferocite-policiere-quartier-libre-avec-mathieu-rigouste/ )
Dans les commentaires, je relève cela de votre part : » ……J’ai eu naguère fait l’expérience d’un flingue sur la tempe collé à terre par un nervis de la Police, avec en prime, un « bouge plus sinon j’te fume ! …. ».
AERIK, vous déambuliez sans permis de déambuler ?
YO !
Je trouve vos message sur le tard
en faisant la tournée des pages
et je tombe sur cette question
qui me fait remonter des sueurs froides
Que dire sinon que je n’étais ni dans mon droit ni à mon avantage
mais que j’ai quand même senti passé la douche froide…
J’ai eu une jeunesse agitée, elle lui arrive de ressortir parfois
Croyez le ou non, c’est mon passe pour une vie sans âge
Police et malfrats ont maintes fois réussi à me coincer
Je m’en suis sorti parfois par miracle d’autres par habileté
Mais ce n’est jamais la Vie que j’ai défiée dans le danger
C’est Elle qui pointait le nez quand la mort se pointait
La Police obéit à son maître, la hiérarchie et l’Autorité
quand elle lâche ses chiens c’est sans dignité
Un hors-la-loi est toujours en quête de légitimité
avant de lâcher les chiens, il cherche à parler
Le hasard fait bien les choses ou QG a un flaire incroyable (et pilote habilement ses affichages) :
je viens à peine de me manifester et placer, rapido, un commentaire (le seul depuis plus de 10 jours), que QG me met sous le nez cet « A lire » avec votre réponse tardive que je n’attendais plus ! Y aurait-il un(e) fé(e) à QG ?
(« fée » c’est féminin, non ? P….ain, peut-être qu’un jour il faudra dire « un fé » ! Ah la vache, ça va être dur ; là, non, je pourrai pas !)