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« Urgences à l’hôpital: des services fermés dans une centaine d’établissements en France cet été »

10/07/2023

Pénurie de soignants, manque de moyens, épuisement du personnel… face à une situation toujours plus critique, des dizaines d’hôpitaux ont déjà dû annoncer une fermeture temporaire de leurs urgences ces derniers mois, et la situation pour cette saison estivale 2023 s’annonce à nouveau extrêmement difficile. QG a dressé la liste impressionnante des départements concernés par ces fermetures d’urgences

Alarmant, inquiétant, chaotique… Les qualificatifs manquent pour décrire la situation de l’hôpital public. Alors que le personnel soignant  n’a cessé d’alerter sur la détérioration des conditions de travail et le manque de moyens humains et financiers de l’hôpital ces dernières années, la France s’apprête de nouveau à vivre un été critique pour l’hôpital public. 

Entre engorgement des urgences et fermeture temporaire, les soignants s’inquiètent chaque année un peu plus de la dégradation de la qualité des soins pour les patients. Face au manque d’effectif criant, plusieurs dizaines d’hôpitaux ont déjà dû fermer leur service d’urgences ces derniers mois avant même l’entrée en période estivale. Luc Auffret dresse un état des lieux pour QG

Tandis que la presse locale n’a cessé de publier des articles sur la situation critique des hôpitaux ces derniers mois,  QG a passé en revue la presse régionale des trois derniers mois pour dresser une liste non exhaustive des fermetures d’urgences, département par département, avec près d’une centaine d’établissements touchés :

Basses-Alpes (04) : Face au manque d’effectif, les urgences de Manosque sont régulièrement fermées ces derniers mois. La situation sera particulièrement dégradée en ce début d’été. Haute-Provence info rapporte que les urgences de nuit seront fermées du 1er au 16 juillet inclus, tandis que les urgences en journée seront fermées les 1, 5 et 13 juillet et régulées le 2, 3, 6 et 15 juillet.

Ardèche (07) : Les difficultés se font ressentir depuis fin décembre aux urgences d’Aubenas. Ces dernières sont fermées la nuit depuis début avril. Les urgences rouvriront 24 heures sur 24 à partir du 17 juillet et jusqu’au 31 août grâce au recrutement de deux médecins, mais le système reste en grande fragilité.

Ardennes (08) : Les urgences de l’hôpital de Vouziers sont définitivement fermées la nuit depuis le 1er juillet 2023, faute de personnel. Le service a été renommé en « centre de soin non programmé », et accueillera désormais les patients de 8h30 jusqu’à 20h00.

Ariège (09) : Le Centre Hospitalier de Saint-Girons ferme régulièrement ses urgences mais également d’autres services en raison du manque d’effectif. En mai, l’hôpital a été contraint de fermer sa maternité, son service de chirurgie et ses urgences pendant une dizaine de jours, rapporte France 3.

Aube (10) : Tout comme les autres établissements de santé à Romilly-sur-Seine et Bar-sur-Aube, les urgences de Troyes sont sous tension. L’hôpital demande à la population de systématiquement appeler le 15 avant de se rendre aux urgences qui affichent porte close, écrit l’Est éclair.

Calvados (14) : Les urgences de l’hôpital de Lisieux ont été fermées la journée du dimanche 2 juillet, seuls les patients orientés par le 15 ont pu être pris en charge. A l’hôpital d’Aunay-Bayeux, le service des urgences a été fermé dans la nuit du mercredi 17 mai et du vendredi 19 mai.

Cantal (15) : Le service d’accueil des urgences de Saint-Flour est régulièrement fermé la nuit depuis la mi-juin. La direction indique que le service “va connaître des périodes de fermeture cet été, régulées par le Centre 15”. À Aurillac, c’est au moins une ligne de SMUR qui sera supprimée aux urgences de l’hôpital Henri-Mondor cet été. La ligne consacrée aux transferts inter-hospitaliers, à l’accueil des urgences et aux secours urgents ne sera donc plus assurée, rapporte La Montagne.

Charente (16) : À Confolens, le service des urgences a fermé pendant trois jours en avril en raison du manque de médecins.

Charente-Maritime (17) : Faute d’effectif, les urgences de l’hôpital de Jonzac ont dû fermer dans la nuit du 20 avril et du 16 mai, ainsi qu’en journée le vendredi 19 mai.

Corrèze (19) : Les urgences de l’hôpital d’Ussel ont fermé trois nuits, début avril, faute de médecins. 400 personnes se sont rassemblées le jeudi 6 avril pour dénoncer cette fermeture.

Côtes-d’Armor (22) : Les urgences du centre hospitalier de Lannion vont fonctionner de manière dégradée cet été avec 22 nuits de fermeture (10 en juillet et 12 en août).

Dordogne (24) : Les urgences des hôpitaux et cliniques de tout le département sont fermées la nuit, et ce jusqu’en automne. Une fermeture depuis mai pour une durée de quatre mois, une décision inédite en Dordogne indique France Bleu. Les patients doivent systématiquement appeler le 15 pour être soignés la nuit.

Drôme (26) : Déjà sous tension, les urgences de l’hôpital de Valence ont dû fermer dans la nuit du lundi 1er août 2022. Une décision similaire a été prise dans la nuit du samedi 15 avril de cette année. L’appel au 15 a été obligatoire pour être réorienté.

Finistère (29) : L’accès aux urgences de Carhaix sera régulé tout l’été à partir de ce jeudi 6 juillet et jusqu’au 1er septembre. Il faudra appeler le 15 avant toute demande d’accès aux urgences. A Brest, 15 lits de suite vont être fermés mi-juillet. Les syndicats s’attendent à des répercussions néfastes sur les urgences.

Gard (30) : Les urgences de la clinique d’Alès devaient fermer définitivement avant l’été. La direction s’est depuis engagée à une réouverture des urgences suite à la mobilisation des élus et salariés de la clinique.

Haute-Garonne (31) : Les urgences de la clinique de Muret sont fermées chaque nuit depuis fin avril en raison du manque de médecins. À Toulouse, la direction de l’hôpital Joseph Ducuing envisage des nuits de fermeture pour les urgences au mois d’août. 

Gironde (33) : Dans le département de la Gironde, plusieurs services d’urgences ont été fermés provisoirement ces derniers mois. Les urgences de Lesparre-Médoc ont fermé 24 heures le samedi 13 mai, il s’agit de la cinquième fermeture temporaire en trois mois selon le directeur cité par France Bleu. À Langon, les urgences ont été fermées les nuits du vendredi 9 et samedi 10 juin. À Sainte-Foy-la-Grande, les urgences sont également régulièrement fermées avec au total 17 jours de fermeture en l’espace d’un mois entre avril et mai. Les élus s’inquiètent d’un projet de fermeture définitive des urgences de nuit. Pendant le mois de mai, le Centre Hospitalier d’Arcachon était également sous très forte tension. La direction a demandé au public d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences. Au CHU de Bordeaux, les urgences de Pellegrin sont désormais réservées pour les patients les plus graves.

Ille-et-Vilaine (35) : À Redon, la fermeture des urgences de nuit de l’hôpital a été prolongée jusqu’au 4 septembre, soit un an après leur fermeture en 2022 en raison de difficultés de recrutement de médecins urgentistes. A Fougères, les urgences seront fermées 13 nuits cet été (4 en juillet et 9 en août). Au CHU de Rennes, 15 à 20% des lits seront fermés cet été selon le chef des urgences. Pour la polyclinique de Cesson-Sévigné, les urgences de nuit seront fermées du 2 au 24 août. 

Indre (36) : Après 5 mois de fermeture de nuit, les urgences d’Issoudun ont rouvert en mai avec un système de régulation. 

Jura (39) : Le service d’urgences de l’hôpital de Champagnole reste fermé depuis novembre 2022.

Loire (42) : Le CHU de Saint-Etienne a mis en place un test pour réguler l’accès aux urgences de nuit entre le 19 et le 26 juin, provoquant la colère de la CGT qui craint une perte de chances pour les patients et une hausse des violences contre les soignants. 

Haute-Loire (43) : Pour la toute première fois, l’accès aux urgences de Brioude a été filtré dans la nuit du 1er au 2 juin. Les patients devaient passer par le 15 avant d’accéder aux urgences. À Puy-en-Velay, l’accès nocturne aux urgences de l’hôpital Emile-Roux est quant à lui régulé pour tout l’été à partir de 18h30 et jusqu’à 7h30. Il faudra obligatoirement passer par le 15.

Loire-Atlantique (44) : Les soignants redoutent de devoir fermer la nuit en cas de manque de soignants aux urgences de Châteaubriant. A Ancenis, les urgences de nuit sont fermées depuis le 10 février tous les soirs à partir de 17h30 en raison de la pénurie de personnel.

Loiret (45) : Les urgences du Centre Hospitalier de Gien sont fermées la nuit depuis le 1er mars.

Lot-et-Garonne (47) :  Depuis le 3 juillet, les urgences du département sont régulées 24 heures sur 24. Il faut désormais appeler le 15 pour accéder aux urgences. Un dispositif mis en place pour s’adapter aux manques de moyens humains et éviter des fermetures temporaires.

Manche (50) : Les urgences du département sont également touchées par des fermetures. A Saint-Hilaire-du-Harcouët les urgences ont fermé à plusieurs reprises ces dernières semaines. Dernièrement, l’accueil des urgences a été fermé 48 heures entre le 29 juin et le 1er juillet, et plus de 24 heures le vendredi 7 juillet. Les urgences pédiatriques d’Avranches ont également fermé plusieurs jours en avril.

Mayenne (53) : Les services d’urgences des trois hôpitaux du département seront fermés la nuit cet été en raison du manque de médecins. Il sera nécessaire de faire le 15 pour pouvoir accéder à l’hôpital.

Meurthe-et-Moselle (54) : L’hôpital privé Nancy Lorraine a fermé définitivement ses urgences depuis le 28 février en raison du manque de personnel.

Morbihan (56) : La situation s’annonce sous tensions comme chaque année à Vannes. Les syndicats s’attendent à un engorgement des urgences suite à la fermeture de nombreux lits. À Pontivy, les urgences sont régulées la nuit tandis qu’à Lorient, la CFDT s’inquiète d’un engorgement des urgences par effet domino d’une fermeture de lits annoncée dans plusieurs services, écrit France Bleu.

Moselle (57) : Depuis le 14 juin et pour tout l’été, il faudra appeler le 15 pour accéder aux urgences de Metz et Thionville, de jour comme de nuit.

Nièvre (58) : Les urgences de Decize ont fermé temporairement pour la première fois cette année. Une fois le samedi 4 février pour une durée de 24h et de nouveau le lundi 22 mai.

Oise (60) : Les urgences de l’hôpital de Senlis sont “provisoirement” fermées depuis décembre 2021 et ne devraient pas rouvrir de sitôt, faute de personnel disponible. 

Orne (61) : Après avoir fermé plusieurs fois ces derniers mois, le fonctionnement des urgences de l’hôpital d’Argentan sera dégradé cet été avec des fermetures temporaires attendues.

Puy-de-Dôme (63) : Les urgences d’Ambert ont fermé temporairement à de multiples reprises ces derniers mois, ainsi que plus récemment en juin et début juillet. Au CHU de Clermont-Ferrand, l’accès aux urgences a été régulé entre le 12 et le 15 mai. Les patients n’ayant pas appelé le 15 et n’étant pas en situation d’urgence vitale ont pu être réorientés, indique France 3.

Pyrénées Atlantiques (64) : Depuis le 2 mai, les urgences nocturnes du centre hospitalier des Pyrénées de Pau sont fermées. Les patients doivent désormais appeler le 15 pour être réorientés.

Haute-Pyrénées (65) : Alors que les urgences de nuit de l’hôpital de Bagnères-de-Bigorre sont fermées depuis 2021, une association craint une fermeture des urgences de jour. La direction de l’hôpital et le maire ont démenti cette information. 22 lits ont également été fermés face à la pénurie de médecins.

Pyrénées-Orientales (66) : La clinique Saint-Pierre de Perpignan a fermé ses urgences de nuit depuis le 11 avril faute de médecins. Le service devrait rouvrir le 17 juillet après plus de trois mois de fermeture.

Bas-Rhin (67) : À Haguenau les urgences sont fréquemment régulées et le seront encore cet été. À Strasbourg les patients doivent attendre parfois plusieurs heures dans les ambulances, sur le parking de l’hôpital. Les malades sont même parfois pris en charge dans les ambulances, faute de place.

Haut-Rhin (68) : À Guebwiller en Alsace, les urgences ont temporairement fermé dans la nuit du mardi 9 mai et du dimanche 14 mai. Plus récemment, le service a également fermé pendant 24h le lundi 3 juillet en raison du manque de soignants.

Rhône (69) : Le service d’urgences de l’hôpital de Villefranche-sur-Saône adapte son organisation depuis le mois d’avril en raison des difficultés de recrutement de médecins urgentistes, orientant les patients ne pouvant être pris en charge vers la médecine de ville ou des centres médicaux.

Saône-et-Loire (71) : Les urgences de l’hôpital d’Autun sont sous tension avec des fermetures temporaires régulières ces derniers mois. Rien qu’en juillet, le service est régulé 6 nuits entre le 6 et le 14. Les patients doivent appeler le 15. Au Creusot, les urgences ont été privées de SMUR deux nuits de suite en avril pour dépanner les lignes du SMUR d’Autun. Aux urgences de Montceau-les-Mines, le SMUR n’a pas fonctionné suite à une réquisition pour assurer le fonctionnement du SMUR de l’hôpital de Paray-le-Monial. Les urgences de Paray ont également fermé une nuit le 15 avril, les patients devaient appeler le 15 avant de se rendre à l’hôpital.

Sarthe (72) : Dans la Sarthe, la situation des urgences est particulièrement compliquée. Les urgences de l’hôpital de Bailleul seront fermées la nuit et les week-ends, tout le mois de juillet. À Château-du-Loir, le service d’urgences qui a fermé plusieurs fois temporairement, a de nouveau fermé les 5 et 6 juillet. Les urgences de l’hôpital de La Ferté-Bernard sont également en grande difficulté avec 9 jours de fermeture fin avril, 11 jours en juin et 4 jours sur 7 pour la période juin-juillet. À Saint-Calais, les urgences ont également fermé temporairement à plusieurs reprises au mois de juin. Au Mans, les urgences de nuit du Pôle Santé Sud sont quant à elles fermées depuis maintenant un an.

Haute-Savoie (74) : Les services d’urgences de tous les hôpitaux du département sont régulés tout l’été, la nuit et les week-ends. Il faudra d’abord appeler le 15 avant de se rendre aux urgences.

Seine-Maritime (76) : Le service d’urgences d’Eu a fermé à trois reprises face au manque de médecins urgentistes.

Yvelines (78) : À Meulan-en-Yvelines, les urgences de l’hôpital resteront fermées toutes les nuits cet été à partir de 17h30, et ce jusqu’au 31 août, faute de personnel.

Deux-Sèvres (79) : Les urgences de Niort seront régulées la nuit tout l’été pour limiter la pression face au manque d’effectif. Il faudra au préalable contacter le 15 à partir de ce lundi 10 juillet, et ce jusqu’au 2 octobre.

Tarn (81) : À Albi, le service d’urgences a réduit son accueil pendant 5 nuits au mois de mai.

Var (83) : En pleine saison, les urgences du centre hospitalier de Saint-Tropez ont fermé dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 juillet, faute de personnel suffisant. À Gassin également, les urgences de nuit ont dû fermer mercredi 5 juillet, une semaine après une première fermeture de nuit. À Hyères, les soignants sont également sous tension en ce début de saison estivale, tandis qu’à Draguignan, les urgences nocturnes ont rouvert partiellement le 9 juin après 19 mois de fermeture.

Vaucluse (84) : L’accès au service des urgences de nuit de Cavaillon a été régulé du 27 janvier au 2 mai et est de nouveau ouvert à tous depuis. À Pertuis, les urgences ont fermé pour une durée de 24 heures le samedi 24 juin. Les urgences avaient déjà dû fermer dans la nuit du mercredi. Le maire de la ville craint que les derniers médecins urgentistes restant finissent par démissionner d’épuisement. 

Vendée (85) : Les urgences de Fontenay-le-Comte ont fermé à 7 reprises entre avril et juin. À l’hôpital de Luçon, Montaigu et des Sables d’Olonne, les urgences ont fermé temporairement et à plusieurs reprises ces derniers mois.

Vienne (86) : À Loudun, le service des urgences pourrait fermer 4 jours cet été. Le service avait dû fermer 24h le mardi 25 avril. Le 8 avril, ce sont les urgences de Montmorillon qui avaient dû fermer 24h.

Haute-Vienne (87) : Entre début avril et mi-juin, le service d’urgences de Vittel était partiellement fermé et n’accueillait plus de patients la nuit, le week-end et les jours fériés.

Yonne (89) : L’hôpital d’Auxerre se prépare à un été compliqué avec un engorgement des urgences. Plusieurs secteurs sont également sous tension, au total, 54 lits de différents services seront fermés cet été.

Essonne (91) : Les hôpitaux d’Orsay, Juvisy et Longjumeau sont menacés de fermeture en 2024, selon le « Comité de Défense des Hôpitaux N91 » qui a organisé une manifestation le samedi 3 juin, avec des élus du département.

Seine-Saint-Denis (93) : Les urgences d’Aulnay-sous-Bois ont fonctionné de façon dégradée entre le 21 avril et le 2 mai. Seuls les patients transportés par le SAMU ou les pompiers ont été admis, en raison du manque de médecins.

Mayotte (976) : Le centre hospitalier de Mayotte connaît une crise de recrutement majeure qui menace le fonctionnement même des urgences. Les interventions du SMUR ne peuvent déjà plus être assurées au quotidien, écrit la 1ère. Six praticiens se relaient 24 heures sur 24 au lieu des 37 nécessaires pour assurer le service, avec des gardes pouvant aller jusqu’à deux jours de suite.

Luc Auffret

Article modifié le 13/07/2023 à 14h45

5 Commentaire(s)

  1. Je peux témoigner aussi « personnellement » du drame des assistantes sociales (AS) à l’hôpital. Eh, oui, outre les infirmières, les AS sont les grandes oubliées de la décadence du médical dans l’hôpital public. Le passage du médico-social au médico-capitalisme n’a pas fini de faire des victimes.

    Un des rôle des assistantes sociales à l’hôpital est de donner un avis (après enquête) sur les conditions de sortie du malade de l’hôpital. En effet, après les soins, il y a une période de convalescence qui ne peut se dérouler – en partie – au domicile du patient que si, et seulement si, les conditions de vie y sont correctes (salubrité, chauffage, alimentation, surveillance des proches quand aux prises médicamenteuses …). Sinon, toute la convalescence doit se dérouler sous surveillance à l’hôpital. Normal, rationnel, humain.

    Oui mais voilà, l’actologie a fait son apparition à l’hôpital. Ce n’est plus le nombre de nuits qui est payé à l’hôpital, c’est le nombre d’actes médicaux réalisés (actologie). En gros, une fois traité, tout malade doit dégager le plus vite possible pour laisser la place à un nouveau malade à traiter (nouvel acte, donc nouveau budget). C’est là que le rôle de l’assistante sociale (AS) devient important : la consigne des chefs, des chirurgiens, c’est « tu me fais sortir celui-ci ou celui-là », alors même qu’après visite du domicile du patient et de son environnement humain, la conclusion est que le rétablissement total du patient doit se faire en milieu hospitalier. Les expériences prouvent qu’une sortie prématurée se traduit souvent par une rechute (donc ré-hospitalisation) et même une aggravation si ce n’est le décès (là, certains chirurgiens n’en ont rien à foutre). La traduction aussi c’est que la famille du patient tient l’AS comme responsable de la décision de sortie et l’agresse même quelquefois, alors que c’est le chef de service ou le chirurgien qui pousse à la sortie. L’AS est sous pression hiérarchique, et c’est elle qui trinque (l’AS doit faire parfois l’objet d’une protection policière).

    Résultat : démission de l’AS après 20 ans de bons et loyaux services. AS qui s’engage dans une formation accélérée dans un nouveau métier ; par exemple la comptabilité. D’autres font des dépressions nerveuses car elles n’envisagent pas, ou ne se sentent pas le courage, de se reconvertir.

    Méico-social et médico-capitalisme sont incompatibles.

    C’est à hurler.

  2. Les faits signalés de  » fermeture » des services dits « d’urgence » sont très utiles pour une compréhension globale du système de permanence de soins.

    Parlons plutot de la situation des « accueils » hospitaliers: nous savons :
    – que la demande de soins est très variable en gravité : allant des maux de tete à , comme décrit ci dessus l’ Accident vasculaire cérébral
    – la réponse à la demande n’a pas le temps d’etre préparée, organisée, régulée : programmation d’examens complémentaires
    LUne bonne regulation des demandes de soins de soins est tout à fait compatible avec une qualité des soins

    Un pourcentage important d’entrées aux accueils mériterait d’etre pris en charge par la médecine ambulatoire

    Ce pourcentage de patients pouvant etre orientés par la médecin générale est variable …………..selon l’organisation de celle-ci .
    A savoir : des ressources humaines suffisantes, en Médecins, IDE, Assistantes sociales, Aides à domicile
    Qu’en est il de cette offre de services de santé an ambulatoire: l’inéagalité territoriale de santé va de pair souventavec l’inagalité sociale de santé ?
    Certaines zones ont un déficit majeur de professionnels de santé avec effet boule de neige

    Cette défectuosité du système ambulatoire, retentit sur le système hospitalier.
    L’alerte est donnée depuis des dizaines d’année, les rapports ne manquent pas , la situation continue de s’aggraver
    Conséquences
    Patients ne relevant pas de la prise en charge aux accueils hospitaliers, impactent celle relevant de celui-ci
    Locaux d’accueil inadaptés à la fréquenation, personnels en souffrance, non attractivité des postes ouverts, turn over important des personnels , arrets de travail etc… etc…
    Hopitaux insuffisamment organisés pour préparer les sorties des patients de leurs services, avec réhospitalisations précoces, majoration des problèmes de santé.
    La necessité d’investir à la fois dans l’hopital et l’ambulatoire saute aux yeux des soignants. Les interventions coordonnées au sein de chaque équipe hospitalière/ambulatoire et entre elles sont à généraliser. Cela nécessite un changement majeur de politique managériale : valorisation, des initiatives, responsabilisation, dialogue inter professionnel, co-construction avec les patients , leur famille des projets de santé pour chaque malade. Une médecine individualisée avec intervenants si besoin sociaux

    En est on là ? Est ce intelligible par nos gouvernances, les yeux fixées sur des tableaux Excel ??

    Les solutions existent, elles sont expérimentées, dans certains territoires !!!

  3. Je confirme.
    Soupçon d’AIT/AVC fin mai : après appel du 15, direction les urgences.
    20 heures (dont nuit) sur brancard dans les couloirs des urgences. Nuit tout à fait … éclairante. Personnel malmené (involontairement) par … les familles (trop nombreuses souvent) des patients qui estiment que ça n’avance pas. Patients parfois difficiles (taux important de co-troubles psychiques ; exemple : un blessé sévère qui veut quitter les urgences car « à 3000 euros la nuit ça coûte trop cher à la société » : le personnel est obligé de le remettre d’office sur son brancard après négociation).
    Impossibilité pour les soignants de prioriser vraiment les sujets graves (un accidenté de 94 ans, par exemple, dont « les » filles, successivement en relais, harcèlent tout personnel qui se présente afin d’obtenir une chambre pour leur père: le personnel est quasi obligé de « hausser le ton »).

    Point positif : solidarité du personnel qui gère parfois par l’humour et par des déconnades entre eux (surtout la nuit) (c’est absolument indispensable « pour tenir le coup » dans un tel climat de « combat » imposé par le système).
    Pour moi, après les premiers examens (pas trop alarmant) me concernant : l’IRM nécessaire, prévue pas avant septembre …. mais pas encore fixée……. en attendant on m’a prescrit des « statines » dont « on » (un autre « on ») dit que c’est de la saloperie !!!!

    Je n’ai pas regretté d’avoir applaudi les soignantes lors du covid.

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