Parole à la douleur des soignants

08/04/2020

Comment les professionnels de la santé, agents en EHPAD, aides-soignants, médecins, vivent- ils cette séquence si difficile de la pandémie? Sont-ils mieux armés que d’autres? Inaccessibles à la souffrance? Evidemment non. Des psys s’organisent pour leur venir en aide, et parmi eux, le collectif Psycorona, que Nathalie Athina a rencontré pour QG

En cette période de pandémie, les structures hospitalières, le SAMU et les cabinets médicaux, sont tous surchargés par l’affluence de malades, et beaucoup des personnels qui y travaillent se sentent impuissants à venir en aide de manière optimale à chacun. Chaque jour ils voient défiler, effarés, sidérés, les statistiques. Derrière celles-ci, des vies humaines brisées ou en souffrance. Comment les professionnels de la santé, agents en EHPAD, aides-soignants, médecins, infirmiers, personnels de cuisine ou de nettoyage, vivent- ils cette séquence si difficile de la pandémie? Sont-ils armés, inaccessibles à la souffrance ? De toute évidence non, et il s’est révélé indispensable de multiplier les initiatives pour pouvoir leur apporter des espaces d’écoute, parce que plus que jamais, la parole peut être un outil pour vivre avec la douleur.

Nathalie Athina a échangé pour QG avec Laura, Gabrielle, Bethsabée et Felipe, tous psychologues cliniciens, qui ont mis en place une plateforme d’écoute, le collectif « Psycorona », dédiée aux personnels de la santé. Interview

QG : Quel est selon vous, le rôle des psychologues et professionnels de l’écoute, en cette période d’urgence sanitaire ?

Laura : C’est une question difficile, mais il nous semble que ce qui se trouve actuellement et tout particulièrement touché par les mesures de confinement notamment, c’est le lien social, profondément fragilisé. Ce n’est pas étonnant qu’un des premiers mots d’ordre ait été celui d’être « solidaire », qui étymologiquement trouve sa racine dans le sol, signifiant entier ou massif. Comme un besoin de solidité dans un moment où tout semble vaciller.

Dans ce contexte d’isolement et de privation de liberté, la nature très contagieuse du Covid-19 et les craintes qu’il suscite entraînent des effets traumatogènes non négligeables. Tout le monde est potentiellement concerné, mais certaines populations plus que d’autres. Face à cette rupture sèche dans le lien social, et les potentiels effets psychologiques chez chacun d’entre nous, les psychologues se doivent, tant bien que mal, d’assurer la continuité de leurs prises en charge, ainsi que de porter une attention particulière à certaines personnes autour d’eux.

Quelles sont les catégories de personnes les plus touchées par la situation sanitaire?

Laura : En « première ligne » les soignants, confrontés à des moyens insuffisants pour remplir leurs missions, mais pas que. En effet, toute personne n’ayant pas eu la possibilité de rester chez elle, et donc n’ayant pas eu le privilège de se protéger, s’est retrouvée du jour au lendemain surexposée et sans protection. On y retrouve tout le personnel des structures sanitaires, médico-sociales, sociales, les personnes travaillant dans les supermarchés, à la poste, dans les transports, les personnes vivant à la rue, les personnes mal-logées dont les conditions d’hygiène de confort et d’intimité sont précaires dans les squats, les bidonvilles, les appartements sur-occupés. On retrouve également parmi les populations les plus vulnérables les familles monoparentales, les enfants vivant dans des familles où s’exerce la violence, et bien entendu les personnes déjà fragiles psychologiquement.

Par ailleurs, en dehors de leur rôle de soignant, les psychologues peuvent également se voir spontanément placés dans un rôle de prévention et d’alerte, notamment concernant leurs proches.

En somme, le rôle des psychologues, serait en cette période d’urgence sanitaire celui de continuer à apporter une écoute, un temps de partage du trop-plein, du ras-le bol, des inquiétudes et des peurs qu’on ne peut et ne veut pas forcément partager avec ses proches. Les soignants sont confrontés à des charges de travail importantes qui ne leur laissent pas forcément le temps de penser à eux, à leurs actes, à ce qu’ils sont en train de vivre même si cela est d’une grande violence. Pouvoir prévenir un retour de bâton de cette violence et de ses effets potentiellement très douloureux est une partie du rôle des psychologues.

Que pensez-vous des initiatives d’entraide et de solidarité émanant de la population ?

Laura et Bethsabée : Nous avons été surpris par la multitude des initiatives qui ont émergé, elles sont dans leur grande majorité importantes, nécessaires et participent au « prendre soin » du collectif. Les mouvements de solidarité et d’entre-aide nous rappellent quelque part l’essentiel, que la vie et le lien social sont nécessaires et capitaux. Ces initiatives sont une partie importante du bien-être et aussi du soin que nous pouvons apporter dans nos sociétés.

En ce qui concerne la solidarité envers nos collègues travaillant à l’hôpital ou dans des structures du médico-sociales, elles répondent à un besoin qui est certes remis sur le devant de la scène en cette période, mais qui est là depuis de nombreuses années, il s’agit de la souffrance des professions du soin. On compte aujourd’hui environ 25% d’épuisement professionnel dans le milieu du soin, avec pour les médecins, des taux de dépression et de suicide supérieurs à la moyenne de la population générale.

L’heure est grave en ce qui concerne l’épuisement au travail (toute catégorie professionnelle confondue), et il est en lien direct avec les politiques de management néolibérales. Ce n’est donc pas une nouveauté qu’il y ait un besoin préexistant d’organisation pour s’entraider, mais ce qui est nouveau ici c’est qu’il trouve aujourd’hui tous les paramètres réunis pour qu’émergent des solutions collectives et solidaires, un peu partout dans le monde d’ailleurs, que ce soit d’ailleurs en Italie, Allemagne, Chili, Colombie, Grèce, Espagne, etc.

Avez-vous constaté une évolution dans le temps de la nature des réactions de soutien populaire ?

Laura et Bethsabée : Oui, ce qui est intéressant aussi c’est cette évolution avec le temps. Par exemple, concernant les applaudissements à 20h, qui semblaient légèrement déplacés face à la violence subie au quotidien par les soignants réclamant du matériel, ils se sont peu à peu transformés en un véritable mouvement de protestation. Là où le mouvement social avait brutalement été stoppé lors de la dernière manifestation, le 14 mars, la vague de colère a repris. En témoignent les banderoles aux fenêtres, les nouveaux chants et slogans qui se font entendre, ainsi que l’organisation de la solidarité au niveau local.

Face à ce qui apparaît comme une négligence assumée de la part de l’Etat, mettant en avant les intérêts économiques avant les vies humaines, il semblerait que le vrai visage du capitalisme et de ses politiques néolibérales partout dans le monde soit apparu au grand jour. Faut-il rappeler que celles et ceux qui étaient dans la rue il y a tout juste trois semaines réclamant davantage de justice sociale, sont aujourd’hui les mêmes personnes dont les métiers sont les plus indispensables, et pourtant celles qui sont les moins protégées par l’Etat ? Enfin, comme dans toute période de bouleversement social, nous pensons que les liens qui se tissent, les réseaux d’entraide qui se créent actuellement perdureront dans le temps et s’ancreront dans la mémoire collective.

Quels sont les signes qui doivent nous alerter afin de déterminer si l’état psychologique d’une personne se dégrade ?

Bethsabée: Il faut faire attention à des signes comme la qualité du sommeil, de l’appétit, la qualité des échanges qu’on a l’habitude d’avoir, la qualité de l’humeur aussi… Si la personne montre un repli sur soi inhabituel, ou exprimedes angoisses qui l’envahissent, une nervosité encombrante, des consommations qui deviennent problématiques, il peut s’agir de signes d’alerte. Plus inquiétants sont des formes de désinhibition comme le non-respect des gestes barrières, un sommeil très dégradé, des ruminations et des idées noires. Cela s’apparente à une urgence psychiatrique et il ne faut alors pas hésiter à solliciter les professionnels. 

Il faut tout de même garder en tête que la situation que nous vivons est inédite pour la majorité d’entre nous et demande donc une adaptation logistique, sociale et aussi psychique. Certains signes peuvent donc être passagers et souligner une phase d’adaptation. En revanche, s’ils perdurent dans le temps, et/ou font souffrir la personne et/ou son entourage, il ne faut pas hésiter à solliciter de l’aide des professionnels.

Comment soutenir moralement des proches confinés loin de nous ?


Isis et Bethsabée: On peut soutenir moralement nos proches en les appelant, en prenant de leurs nouvelles régulièrement, comme l’ont conseillé des sommités à la radio, en leur disant des choses importantes qu’on oublie parfois trop souvent de dire, des choses qui expriment la solidité du lien, la sollicitude. Et si possible, en facilitant et encourageant une routine, un rythme et des moments de partage, même virtuels. 

Nous pensons qu’il est important de susciter la conversation pour tenir compte des différents affects qui peuvent apparaître dans la situation de confinement. Par exemple, de nombreuses personnes ont cherché à recréer des espaces pour le travail, la lecture, les exercices, la progression des tâches en cours et les activités les plus variées depuis la maison. C’est une façon de « profiter » au maximum du temps passé à la maison. Cependant, il nous semble que cela joue souvent le rôle de ne pas donner sa place à la situation sanitaire, sociale et politique complexe dans laquelle nous nous trouvons. Au contraire, nous observons qu’une autre façon courante de s’en sortir est de rester quasiment prostré devant les chaînes d’information en continu, à prendre des nouvelles de la maladie, de sa propagation et de la mort de façon ininterrompue et d’une manière presque morbide. 

Nous pensons qu’il ne s’agit pas de savoir si une voie est meilleure que l’autre, d’ailleurs les deux tendances communes peuvent se produire à des moments différents. Nous vous invitons donc à faire place à vos angoisses, mais nous considérons également qu’il est important de parler d’autre chose que de ce qui est anxiogène, de ce qui fait peur et inquiète. Cette situation change radicalement nos habitudes quotidiennes. C’est pourquoi nous pensons qu’il est fondamental de partager les nouveaux modes de vie par les moyens dont nous disposons.

Avez-vous constaté une augmentation de la demande d’aide psychologique depuis le début de l’épidémie ?

Felipe : D’après nos échanges, il semblerait que l’augmentation de la demande d’aide psychologique se produit encore à un rythme assez lent. Le rapport à l’épidémie se fait encore dans l’urgence, et cela rend difficile la prise de recul. Lorsque nous faisons face à des évènements comme celui-là il est assez difficile de pouvoir en dire quelque chose tout de suite. L’articulation d’une parole autour de cette pandémie qui a violemment fait effraction dans nos vies quotidiennes ne peut pas se faire tout de suite. L’expérience clinique nous apprend que, souvent, ce n’est que dans l’après-coup qu’un travail de structuration subjective peut advenir. Par ailleurs, il est difficile parfois de se renseigner sur ce qui est disponible, les gens peuvent identifier le souhait de parler, d’être écouté « autrement » (en dehors du cadre des proches) sans pour autant savoir où adresser leur demande.

Le surgissement d’événements comme celui que nous traversons opère et affecte à différents niveaux. D’une part, il y a un vécu collectif qui est commun pour toute la population, par lequel nous sommes tous concernés. Et d’autre part, les effets subjectifs de cette situation s’articulent singulièrement aux histoires et aux vécus de chacun d’entre nous. Pour que cette articulation se mette en oeuvre il faut du temps.

A ce propos, avez-vous constaté l’émergence de projets en apparence solidaires, mais en réalité plutôt du type start-ups, élaborés dans un but avant tout lucratif ? Y-a t-il un risque de dérives commerciales et comment s’en prémunir ?

Gabrielle : Oui, certaines plateformes de téléconsultation en profitent pour se valoriser, se faire connaître en proposant des facilités, voire la gratuité ponctuelle pour les professionnels qui téléconsultent (médecins, psychologues etc.), et bien sûr il y a aussi des start-up de courses, de bien-être etc. Je pense que beaucoup de ces entreprises commerciales y voient l’opportunité de se faire de la publicité par le biais d’une prétention à la solidarité. Il y a l’exemple de « En première ligne » qui a été fondé par 3 partisans de LREM, qui ont par ailleurs une entreprise de communication politique. Sans remettre en cause leur bonne volonté, on peut se questionner. Idem du côté de nos confrères et consoeurs, des psychologues, ont mis en place une plateforme de suivi psychologique gratuit uniquement pendant le premier mois. Les supermarchés aussi en profitent pour fidéliser leur clientèle en offrant les « frais de livraison », les mairies signent des accords avec des entreprises privées pour pallier à leurs manquements… Ce n’est pas étonnant, mais il y a effectivement un risque de dérive.

De notre côté, nous avons pensé notre action selon l’éthique qui est la nôtre, et nous nous sommes engagés à assurer la gratuité du suivi même dans la période post-confinement.

Vous avez donc mis en place une structure qui s’adresse aux personnels soignants, comment fonctionne-t-elle ?

Laura : « Psycorona » n’est pas vraiment une structure. Plutôt un collectif éphémère qui se veut autogéré, indépendant de toute institution et de toute collaboration avec des partis ou des syndicats. Nous ne sommes soumis qu’à notre code de déontologie. C’est avec quelque amis psychologues que nous avons pensé qu’il pouvait être important d’apporter notre soutien à nos collègues non confinés, c’est-à-dire à toutes les personnes travaillant dans le champ du sanitaire et du médico-social.

Considérez-vous votre projet de plateforme d’écoute comme un complément du rôle de l’Etat, ou comme la conséquence des manquements de celui-ci ?

Gabrielle : Ni l’un ni l’autre. Il y a des dispositifs d’écoute des soignants qui sont habituellement disponibles, d’autres qui se mettent en place en rapport avec cette pandémie. C’est une situation exceptionnelle. Les manquements de l’Etat plutôt en rapport avec les conditions d’exercice du métier de soignant et de la fonction du soin, ces conditions ayant été gravement dégradées sur le plan matériel, sur le plan du management, des pratiques et des possibilités de soigner. Le lean management encourage l’hôpital à tourner en permanence au plus près du maximum de ses capacités de travail, et d’occupation des lits, à réfléchir en termes d’actes réalisés et tarifés, plutôt qu’en termes de soin et d’accompagnement apportés à chaque malade. Dans ce contexte, les pics d’activité saisonniers, relativement prévisibles, sont déjà problématiques, par exemple la grippe et son épidémie annuelle, et donnent lieu à des pratiques de soin délétères en raison de la sur-sollicitation des urgences, et des services de réanimation. 

La situation exceptionnelle que nous vivons actuellement est donc absolument catastrophique. Elle advient dans un climat de contestation sociale à l’hôpital, avec des grèves nombreuses, très suivies depuis deux ans, des démissions de nombreux médecins de leurs fonctions administratives, etc. Les soignants sont mobilisés contre les orientations actuelles de la politique de soin car celles-ci sapent leur travail, leur seul objectif étant de diminuer la dépense publique. Dans ce contexte d’épidémie, et de mouvement de contestation de longue date, notre proposition vise à soutenir les soignants face à la perte de sens qui peut être ressentie dans l’exercice de leur métier, ainsi qu’à leur sentiment d’abandon de la part des institutions dans lesquelles ils travaillent.

Propos recueillis par Nathalie Athina

Cet entretien a été réalisé avec Bethsabée Ory, Felipe Diaz, Gabrielle Schnee, Isis Castaneda et Laura Aravena du collectif Psycorona

Lien pour accéder à la plateforme Psycorona : https://psychologues-solidaires-com.webnode.fr/

2 Commentaire(s)

  1. Cette interview extrêmement intéressante (on est sur un secteur en détresse) remet sur le tapis l’idée de la « parole » qui soigne (on avait déjà eu ça avec « nous toutes »). En l’occurrence, et heureusement, ici, l’interview est plus précise et parle « d’écoute », ce qui est déjà plus vrai (la parole seule n’a aucun effet sur la santé psychique du locuteur). L’écoute en elle-même, n’est pas suffisante non plus sur le plan psychique, si elle est neutre. Ce qui aide (soigne ?) c’est une écoute positionnée en faveur du patient ; c’est l’ « écoute favorable ». Ce qui renforce « psychiquement », c’est la dimension « sociologique » de l’entretien, à savoir que l’écoutant doit être vécu par le patient comme un allié sur ses enjeux de patient (ce qui n’empêche pas la critique « bienveillante »), afin de renforcer chez lui la dimension d’Acteur au sens socio-politique du terme : un Acteur ce n’est pas un sujet, c’est un groupe « d’alliés » (en tout cas ressenti comme tel par chacun), cad groupe sur lequel on peut s’adosser, au moins mentalement, avec confiance, dans ses difficultés, ses problèmes, qui professionnellement consistent la plupart du temps « à ne pas y arriver » dans ce qui est attendu, à ne pas y arriver sans mettre en danger sa santé et plus globalement sans mettre en danger ses intérêts personnels (précisons si nécessaire que l’écoutant n’est pas non plus une « nounou » qui dorlote son « bébé »).

    Certes, il y a loin de la coupe aux lèvres, et cet acteur de circonstance (patient-aidant) n’est encore qu’un acteur fictif car il n’agit pas concrètement sur la situation sociale de l’échec (on demeure encore dans la simple « réalité de l’imaginaire » cad la fausse réalité), mais cet acteur encore fictif « suggère », « insinue » un espoir de possibilité de passer dans « la réalité de la réalité », cad de se réaliser dans la vraie vie, là où se joue l’action qui bouleversera les rapports de travail, et plus globalement les rapports sociaux (la praxis).

    Dans mon métier, j’ai été en « suivi » RH de nombreux changements industriels de type « lean », changements occasionnant, bien évidemment, de gros dégâts psychiques sur le personnel : rien de plus assassin qu’une « écoute » culpabilisante, critique, de la part du consultant-aidant envers le salarié en détresse. Malheureusement, cette écoute détestable était essentiellement le fait de la psychodynamique du travail cad la branche freudienne de la psychologie du travail. Faire le « reproche », « s’étonner » du manque de combativité du salarié, qui est psychologiquement au fond du trou, c’est vraiment une erreur, une incantation grossière, une faute.

    On peut commenter aussi la question du lean management qui sévit à l’hôpital, et qui a sévi dans l’entreprise industrielle. Le lean constitue une grande atrocité industrielle. Basée sur le principe de la réduction maximum des ressources engagées dans la production (lean = maigre), il s’agit de réduire l’entreprise à son minimum vital, cad à son squelette, avec la peau par-dessus, néanmoins, pour en cacher l’horreur aux visiteurs. Parmi ce feu d’artifice d’atrocités retenons :

    a- les efforts pour inciter le personnel à suggérer lui-même les amaigrissements qui rendront son travail plus difficile mais plus performant (primes ou menaces sont à la clé).

    b- une autre technique consiste à profiter d’un travail en mode dégradé (par exemple absence d’un membre de l’équipe) pour observer comment s’y prend l’équipe pour maintenir la production. Car l’équipe, elle, dans sa conscience professionnelle va « assurer » malgré le déficit de ressource ; dès lors, le mode dégradé va être institué « mode ordinaire » : et voilà comment une équipe consciencieuse se fait baiser !

    c- la troisième technique consiste à copier ce qui se fait ailleurs et qui « marche bien » sur le plan financier (bench marking), et « qui nous ferait concurrence si on ne l’imitait pas » : il suffit d’un qui démarre, pour avoir ensuite l’effet domino « positif » sur tout le secteur d’activité.

    Voilà comment, en final, se perd la confiance entre des managers inqualifiables et des managés naïfs.

    Syndiquez-vous, mais surtout pas à la CFDT qui, elle, va expliquer à la direction qu’elle arriverait exactement au même résultat (le lean) en faisant du « participatif », du « dialogue », certes un peu plus long mais tellement plus anesthésiant, plus appropriant. La manipulation à « l’appropriation » est d’ailleurs la grande trouvaille managériale de notre époque.

    1. Dans mon commentaire ci-dessus, dans la phrase

      « Ce qui renforce psychiquement , c’est la dimension « sociologique » de l’entretien »,

      il aurait été plus juste de parler de dimension « socio-politique », toute écoute « favorable » étant une alliance, donc politique. Cette alliance n’est d’ailleurs pas du tout identique à celle revendiquée par les « coachs », qui, eux, demandent au coaché d’avoir une position en faveur du coach, et font même signé des contrats méthodologique au coaché (là, c’est du délire, du n’importe quoi, de la manipulation, de l’abus de position dominante, de l’escroquerie).

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