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« Après l’affaire Duhamel, le Me Too de l’inceste » – Quartier InterditAvec Muriel Salmona

Émission du 09/02/2021

Aude Lancelin a reçu la psychiatre Muriel Salmona, présidente de l’association « Mémoire traumatique et victimologie », pour parler de la libération de la parole sur l’inceste depuis la publication de la Familia Grande de Camille Kouchner.

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9 Commentaire(s)

  1. Bonjour, j’en ai ras le bonbon de ces affaires qui sortent, qui apparaissent, sont divulguées, par la bonne société, par : là des stars, là des filles et fils de, la presse, les médias chient sur les viols et/ou incestes des petites gens, des anonymes, ras le cul que les riches, les puissants s’arrogent jusqu’aux pire maux du monde, tout doit passer et passe effectivement par les riches, à eux les médias, quand les pauvres n’ont droit qu’à la souffrance !!!!! Quand il s’agit d’un fait divers la presse se régale, papy X a tripoté sa petite fille à Oyonnax c’est dégueulasse mais c’est un entrefilet, en fait ces pauvres vivent non pas un viol mais un concept de viol dûment établi par une bonne presse, quand il s’agit d’un viol perpétré par un directeur de science politique intellectuel émérite et grand copain d’autres cochons alors le viol devient absolument intolérable, il prend vie, il devient tout court ….. Parler d’inceste et de viol sous le prisme très vendeur des élites c’est augmenter d’autant la douleur des victimes anonymes, celles qui ne font pas les grands titres, celles qui ne pourront pas publier ou être invitées dans ce merveilleux monde de l' »information », hormis dans des émissions sordides et rendues sordides pour, encore une fois, exister. Je suis en colère, mais c’est une colère de pauvre qui compte bien peu.

  2. AUTRE TEMPS AUTRE MOEURS

    http://mai68.org/spip/spip.php?article7126

    Son père voulait coucher avec elle comme ça se faisait en Lorraine au XV° siècle

    Note de do : le texte qui suit est extrait de l’introduction faite par l’historien Marc Ferro à un livre paru en mars 1987 dans la collection Autrement (N°88), et intitulé « Passion du passé »

    Autre note de do spécialement pour QG : Marc Ferro a inventé l’histoire de l’histoire. Il ne connaissait pas l’histoire de Jeanne d’Arc, mais l’histoire de l’histoire de Jeanne d’Arc.

    LES HISTORIENS SONT SOUVENT TRÈS LÂCHES par Marc Ferro (extrait)

    J’ai sûrement commis plusieurs actes de lâcheté, mais celui-là était caractérisé. Dans mon livre sur L’Histoire racontée aux enfants, j’avais raconté l’histoire de Jeanne d’Arc et la façon dont on la raconte à travers le monde. Ce passage avait frappé deux ou trois personnes, et un jour « Les dossiers de l’écran » m’ont appelé pour participer à un débat sur Jeanne d’Arc.

    J’avais raconté l’histoire de Jeanne d’Arc, mais c’était un peu abstrait et puis je ne savais pas trop ce qu’on allait me demander et je ne suis pas du tout spécialiste de l’histoire de Jeanne d’Arc. Alors, autant j’avais pu écrire dans mon bouquin huit pages sur l’histoire de Jeanne d’Arc aux XV°, XVIII°, XX° siècles, autant une émission sur Jeanne d’Arc où il y aurait Régine Pernoud qui connaît ce qu’elle a fait le 14 janvier 1428… Il fallait que je me recycle.

    J’ai donc bossé, et parmi les livres que j’ai lus, il y en avait un, d’un Américain, qui expliquait qu’au fond, tout ce qui s’était passé dans la jeunesse de Jeanne d’Arc, le fait qu’elle ait quitté son père, qu’elle ait vécu au milieu des soldats, vierge, etc., s’expliquait très bien : elle était lesbienne tout simplement et son père voulait coucher avec elle comme ça se faisait en Lorraine au XV° siècle. Elle avait donc fui de chez son père et était allée se réfugier là où elle avait pu, habillée en homme, et voilà. Et c’est logique. Ce n’est pas une hypothèse prouvée, mais elle avait des pulsions lesbiennes.

    Deuxièmement, si elle avait des visions, c’est parce qu’elle avait ses règles en retard, et on l’a su parce qu’il y a des témoignages qu’elle a donnés, qu’elle avait été malade, qu’elle avait des visions. Or une expérience faite aux États-Unis dans les années 80 a montré que toutes les jeunes filles qui ont leurs règles trop tard ont des visions. Donc elle avait des visions parce qu’elle avait ses règles en retard.

    C’était nouveau comme analyse de Jeanne d’Arc. Très freudien. Mais arrivé aux Dossiers de l’écran avec, à ma droite l’archevêque de Paris, à ma gauche… eh bien, je n’ai pas osé dire ça parce que je me suis dit qu’on jugerait que je déshonorais mon pays. Pensez qu’il y a eu cent cinquante appels téléphoniques parce que des participants disaient qu’elle était la fille de je ne sais plus quel duc et non pas la fille de machin de Domrémy : « Vous salissez jeanne d’Arc… »

    Extrait de Wikipedia sur Les Dossiers de l’écran : Les Dossiers de l’écran est une émission de télévision créée par Armand Jammot. Elle est diffusée sur la deuxième chaîne de l’O.R.T.F. puis sur Antenne 2 du 6 avril 1967 au 6 août 1991. Sa programmation est hebdomadaire jusqu’en 1981. En 1982, elle est programmée mensuellement (le premier mardi du mois) puis deux fois par mois à partir de la rentrée 1987.

    L’émission comprenait, en première partie la projection d’un film (auparavant choisi par Guy Darbois) en rapport avec la thématique de la soirée, suivi d’un débat en direct avec divers invités. Après l’angoissante musique du générique, le présentateur ouvrait l’émission en présentant le thème du jour, puis le film ou le téléfilm l’illustrant commençait, suivi du débat autour de la question. Les téléspectateurs avaient la possibilité de poser des questions par l’intermédiaire de SVP, c’est Guy Darbois qui collectait et triait ces questions avant de les proposer à l’animateur.

  3. Cet entretien était formidable. Techniquement et humainement. Cependant, sur le fond, j’ai un peu de mal à comprendre que l’âge proposé pour la maturité du vrai et libre consentement sexuel (face à un adulte de plus de 18 ans) soit de 15 ans seulement. Pourquoi pas 16 ans au moins comme c’est le cas dans beaucoup de pays civilisés. C’était le moment de foncer et de mettre la barre plus haut (17 ou 18 ans ?).

    Mais la France – patrie ultime du freudisme parce qu’une palanquée d’obsédés sexuels l’habite (sans jeu de mot) – est plus rétive que d’autres pays aux lois protectrices de l’enfance.

    Il faut avoir conscience que la dynamique des délits sexuels du 20ième siècle a trouvé, pour partie, sa justification dans le freudisme. Cette théorie a développé l’idée (totalement fausse) que toute frustration pouvait dégénérer en traumatisme (et quand bien même !!!!), et cela a formé le prétexte de base (inconscient !!!) aux débordements sexuels que l’on connait. Par contre, le traumatisme de l’enfant violé, cad dépossédé brusquement de son unité psychique, les intellos d’alors, promoteurs d’une sexualité sans borne, s’en foutaient.

    Le phénomène d’obsession sexuelle ne date pas de Freud, évidemment, puisque les crimes sexuels n’ont pas attendu le freudisme. Mais à chaque époque historique, la classe perverse a cherché, et est parvenue parfois, à produire une théorie plus ou moins bancale de justification de ses perversités. Au 20ième siècle, ce facilitateur du passage à l’acte a été justement le freudisme qui, dans sa théorie, remplace la « centralité » des rapports sociaux (conflits), et du pouvoir d’agir (forces productives) dans l’organisation du psychisme, par la « centralité des désirs sexuels intra-familiaux (« l’enfant est un pervers polymorphe »), que Freud raccroche d’ailleurs bizarrement, dans ses derniers développements, à des pulsions imaginaires de vie et de mort (certes, envie de vivre et envie de mourir existent, mais ne sont absolument pas des pulsions).

    Sa théorie essaime en France, entre autre dans le Doltoïsme (au service de la bourgeoisie) et ses aberrations (« C’est le mari qui doit être aidé et non la femme battue. » ; concernant le viol de petites filles « Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes. » ; « dans l’inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère ! »). Par ailleurs, les revendications sexuelles de Cohn-Bendit en 1968, d’inspiration freudiste aussi, se sont révélées bien utiles à tous les pervers de France. Ce Cohn-Bendit, faux gauchiste et vrai c..n, a été aussi l’idiot utile de la bourgeoisie libidineuse de droite et de gauche. Ce qui explique sa longévité politique étonnante. D’ailleurs, après le sexe, il a jeté son dévolu sur l’écologie qui est, aussi, comme le sexe, une préoccupation transversale à tous les humains, mais dont le « manque » pénalise en fait relativement plus la bourgeoisie que la classe ouvrière dont l’inconfort déjà généralisé peut absorber ce surplus de frustration.

    Mais, cependant, et en final, le « moteur », « l’essence » de cette perversion pédophile est bel et bien, comme l’affirme Muriel Salmona, la domination, l’ascendance physique et morale de l’adulte sur l’enfant ! C’est parce qu’il les domine physiquement et moralement que l’adulte pédophile est excité sexuellement par les enfants. Ce n’est pas le désir sexuel qui utilise la domination pour agir, c’est la domination en acte qui excite sexuellement l’adulte. La domination est première ici, ce qui n’est pas le cas dans le rapport sexuel ordinaire entre adultes. Le pédophile en action craint le regard de l’adulte. Et avec tout ça, Metzneff est en train de faire du fric avec ses confessions/justifications : dans le capitalisme, l’argent n’a pas d’odeur, même pas l’odeur de cul.

    Le musicologue et linguiste Soviétique Valentin Nicholaïevitch Volochinov nous suggère que, lorsqu’une classe sociale s’approche de sa déchéance, elle se réfugie dans le sexe comme ultime consolation, et comme dernier exercice possible de sa supériorité. Cette thèse est développée (succinctement) dans l’un des deux petits ouvrages qu’il consacre au freudisme « Au-delà du social » et « Le Freudisme » (l’âge d’homme – collection Slavica). Ainsi, c’est la peur des révolutions prolétariennes en Europe, à la fin du 19ième siècle, qui explique la naissance du freudisme (un héros bourgeois, Freud, répond aux attentes de la bourgeoisie européenne). De même, on peut considérer qu’avant la révolution Française, l’appétit sexuel d’une certaine noblesse, en déchéance, a engendré les œuvres du Marquis de Sade ; dans ses œuvres, les enfants ou les femmes torturés sexuellement sont d’ailleurs souvent des enfants ou des femmes de commerçants bourgeois (marchands de vin, …) que l’auteur « noble » déteste.

    L’oeuvre majeure de Volochinov est « marxisme et philosophie du langage » (excellente édition aux Editions Lambert Lucas) : jubilatoire.

    1. Note : les ouvrages cités ci-dessus chez Slavica « Au-delà du social » et « Le Freudisme » (l’âge d’homme – collection Slavica) sont présentés avec comme auteur « Mikhaïl Bakhtine » et non pas de Volochinov comme je l’ai écrit.

      Il s’agit d’un vol d’auctorialité de la part de Bakhtine. Il est aujourd’hui reconnu unanimement que Bakhtine n’est pas l’auteur de ces ouvrages qui ont d’ailleurs été censuré par Staline, puis « libérés » dans les années 60. en voici l’histoire résumée :
      https://journals.openedition.org/slavica/1098
      Dans ce lien, Slavica reste un peu sceptique sur la thèse du vol. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, unanimement.

    2. Continuation tardive de cette question sur l’âge juridique du consentement.
      Cet âge juridique du consentement a une importance énorme car il est incorporé dans les stratégies des pédophiles.
      Voici un extrait d’un article d’hier de Sputniks (financé par le gouvernement russe) concernant un agent du FBI chargé de la lutte anti-pédophile, mais pédophile lui-même :

       » L’homme de 51 ans …… est également accusé d’abus sexuels sur mineurs pour des faits s’étant déroulés en Louisiane et au Texas. Ces deux derniers États ont ouvert une enquête conjointe sur l’affaire.
      Une fouille du téléphone portable de l’agent a permis d’étayer les faits. Dans un SMS, David Harris a notamment déclaré qu’il souhaitait déménager dans le Kentucky, où l’âge du consentement est de 16 ans.  »

      Conclusion : il aurait mieux fait de déménager en France où l’âge du consentement vient d’être fixé à 15 ans. Et oui, 16 ans c’est le minimum aux USA; d’autres Etats sont à 17 ans ou 18 ans.

  4. Puissant, très instructif, important, cet entretien avec cette personne remarquable, qui développe avec tant d’intelligence et délicatesse, ce sujet délicat et souvent méconnu de l’inceste et des violences sexuelles en général.
    Merci à QG et à Aude pour le choix des sujets traités et le professionnalisme avec lequel ils sont délivrés.

  5. La France est donc un pays arriéré, puissamment patriarcal, misogyne et sexiste acceptant les violences faites aux femmes et aux enfants! Cet entretien m’a utilement fait mesurer l’incommensurable profondeur du/des problèmes à résoudre vu le retard honteux que nous avons sur ces questions. Le pays des droits de l’homme, en effet .. et sûrement pas des enfants et des femmes.
    Merci infiniment, Aude pour cet entretien bouleversant de vérité et riche d’informations. Toujours l’excellence sur QG, bravo

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