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« La culture du narcissisme ruine notre empathie »Avec Vincent Cocquebert

Émission du 30/10/2023

Haussman Vwanderday a reçu Vincent Cocquebert, journaliste et essayiste, pour un entretien autour de la parution de « Uniques au monde » aux éditions Arkhê. Nombrilisme, isolement et manque d’épanouissement dans les sphères collectives, survalorisation du développement personnel et des discours sur l’aventure intérieure, comment recréer du commun à l’ère où l’on glamourise l’individualité?

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3 Commentaire(s)

  1. L’Annonce, annonçait : « Narcissisme » ! « Empathie !».
    Mhmh ! ça s’annonçait mal.

    En fait, mr Cocquebert nous propose une certaine lecture de la société actuelle. Il décrit cette société phénoménologiquement (cad par ses apparences, ici via « statistiques » et « psychismes »), mais quand il entre dans l’explicatif de ces apparences (les éléments de leur engendrement, cad leur essence comprise au sens dialectique) là, on tombe dans les banalités psycho-sociales ordinaires, quasi métaphysiques. Les comportements individuels ne sont pas expliqués, ils sont désignés par des attributs purement psychiques, puis connotés socialement :
    – « être tourné vers l’autre » = empathie = c’est bien
    mais
    – « être tourné vers soi » = narcissisme = c’est mal …

    On sent nettement qu’il a une idée préconçue sur ce que devrait être l’idéal du désir individuel : cet idéal, c’est l’altérité « l’ouverture à l’autre », cad l’enrichissement psychique par la relation, par l’ouverture à l’« Autre » (ouverture nommée ici empathie) auxquelles n’aspireraient malheureusement « que » 12 % des français, français qui, dans les faits, préfèrent -à 30 %- « une meilleure vie matérielle individuelle» !!!!!! Contrarié par ce constat déplorable, mr Cocquebert plaide donc, encore et encore, pour le « choix » de l’empathie contre le narcissisme ! En fait, par son prêche, mr Cocquebert montre qu’il croit à la philosophie « existentialiste » (Sartre) qui veut que l’individu soit producteur de lui-même (ce que Sartre exprime dans la formule : « l’existence précède l’essence »), et puisse donc choisir « librement » d’être empathique ou bien narcissique ; c’est un choix absolument libre du sujet, et non pas une tendance engendrée chez l’individu par des déterminants sociaux.

    Cette approche est bien évidemment critiquable, car en fait, des déterminants sociaux, y’en a plein ! D’ailleurs, la conscience elle-même (soi-disant « de naissance » et « libre ») n’est engendrée -au cours de l’ontogénèse (= la vie)- que tard après la naissance, par les premiers rapports sociaux de l’enfant. Hors société, pas de conscience ! Marx a émis cette idée au 19ième siècle, et elle est reprise par la mouvance marxiste, dont la psychologie soviétique au 20ième siècle : Alexis Léontiev (https://editionsdelga.fr/produit/activite-conscience-personnalite/) .

    D’ailleurs, mr Cocquebert lui-même, en cours d’exposé (d’après un commentaire sur You tube, car je n’ai visionné que 50 %), mets en évidence une détermination sociale très pertinente, en affirmant que statistiquement les enfants de riches ont beaucoup plus d’activités relationnelles externes que les enfants de pauvres : la classe sociale (donc le revenu financier) constitue donc une détermination « essentielle » du sujet dans les choix de vie.

    Par ailleurs, encore, des travaux anciens de psychologues comportementalistes américains -pourtant ultra-libéraux- mettent naïvement en évidence une « pyramide des besoins » (pyramide de Maslow) ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins ) qui montre (certes caricaturalement et sans en expliciter les causes) que nos besoins matériels et de sécurité doivent êtres satisfaits en priorité pour qu’on s’ouvre ensuite à des besoins plus larges de type développement de soi. Là encore, on voit que la détermination sociale est importante dans les comportements. Cette occultation, par mr Cocquebert, des classes sociales derrière la généralité du signifiant « l’Autre » (altérité) voue à l’échec sa tentative de compréhension du fonctionnement de la société, et explique son incompréhension du choix matérialiste de beaucoup de français (30%).

    Ce que Mr Cocquebert n’a pas compris, c’est que le niveau de vie matérielle est la clé pour comprendre les choix de vie des sujets; choix de vie et leurs relations et intellections nécessaires.

    Par exemple, pour un prolétaire, être invité en famille chez un bourgeois (l’Autre), n’est pas sans enjeu, car cela implique, en retour, que ce prolétaire invitera ultérieurement ces mêmes bourgeois chez lui : et là, ça va coincer car le niveau d’accueil, de service (dimensions et équipements de la salle à manger et de la cuisine, « facture » de la vaisselle, dressage de la table, qualité des vins, existence d’un salon, d’un jardin …etc …) sera forcément plus modeste chez le prolétaire que chez le bourgeois (je ne détaille pas, je pense être compris) : la gêne, sinon la honte, sera du côté du prolétaire ; la fierté, sinon la suffisance, du côté du bourgeois, même si le bourgeois peut s’efforcer de ne rien « montrer », car le bourgeois est possiblement bien élevé. Les relations entre « l’Un » et « l’Autre » ça n’existe pas dans la vie. On a tous une identité sociale.

    Autre exemple : lors d’échanges scolaires entre 2 écoles de 2 pays différents, la jeune fille Allemande, de famille aisée, va se retrouver à dormir en France chez une (très) modeste famille d’immigrés ; le lit est une simple paillasse à terre et on dort à 4 par chambre avec peu d’intimité ; le reste est à l’avenant ; la jeune allemande craque et pleure sans cesse, appelle ses parents qui appellent l’école, et il faut procéder à une régulation qui, même en y mettant les formes, se révèle quelque peu humiliante du côté de la famille française. La honte encore. La pauvreté c’est la honte, sauf peut-être entre pauvres ! Mais pas sûr !

    Dans son élan à comprendre la conscience fortement matérialiste des français, Mr Cocquebert pense l‘avoir trouvée dans le désir de « distinction » de ces français des 30 % ! Boum, « la distinction » ! là on pense immédiatement que mr Cocquebert fait référence à Bourdieu (dans son ouvrage « la distinction » sur les pratiques différenciées des français en fonction de leur catégories sociales), et on se dit qu’enfin, la question des classes sociales, il connaît et il va en parler. Mais non ! en fait, il ne développe pas, car sa distinction à lui, telle que je la comprends, c’est la distinction au sens de la mise en spectacle de soi, du snobisme en quelque sorte . Vouloir être quelqu’un de distingué  cad vouloir faire de sa personne une apparence positive, ou au moins « au niveau » !!!! L’apparence : telle serait la philosophie du français des 30 % ! Frimer quoi ! Il est donc possible qu’avec « distinction » mr Cocquebert fasse allusion à cette période historique de la philosophie française (il y a une cinquantaine d’années) où il a été discuté, entre philosophes pédants et bourgeois gentilhommes, de la question importante suivante : « faut-il faire de sa vie ou faire de soi une œuvre d’art ? » (Foucault à tremper là-dedans, et bien d’autres encore )  ( https://maisondelaphiloromainvilledotorg.files.wordpress.com/2017/01/cafc3a9-philovivrecinc3a9manietzsche.pdf ).

    En conclusion, ce n’est pas à coup de « narcissisme » à bannir  d’un côté, et d’« empathie » à prescrire de l’autre (comme « libres » attributs du sujet) qu’on peut comprendre et régler les questions de comportement social, dont le soi-disant « renfermement sur soi » ou la soi-disant « ouverture aux autres ».

  2. Jour bon à toutes et à tous,

    Il me semble que l’analyse de ce Monsieur concerne surtout les citadins qui ont encore les moyens de consommer et qui peuvent télétravailler. Il me semble que les onze millions de pauvres (en ce qui concerne la France) celles et ceux qui vivent dans la campagne profonde et celles et ceux qui ont un vrai travail ( que le connardovirus a mis au grand jour) ne sont que moyennement concernés par ce raisonnement.
    Je vois bien que ce malaise est très fortement exprimé par nos amis citadins qui viennent passer un moment chez nous mais ici,au Pays Basque profond, pas trop.
    Le fait de produire une bonne partie de ce que l’on consomme doit y jouer ainsi que les très faibles revenus. De plus ici l’entraide joue encore beaucoup et les liens familiaux et sociaux sont encore très forts.
    Pour les plus pauvres, la récupération dans les déchetteries, bennes ou poubelles créent d’autres liens de solidarité car on redistribue à celles et ceux qui ont encore trop honte de récupérer. Les trésors de malfaisances pour nous empêcher de récupérer me laisse penser que cette forme d’auto organisation dérange grandement.
    De plus lorsque ce Monsieur parle de travail, il ne parle que du télétravail, ce qui concerne encore une fois qu’une catégorie d’individus qui ne me semble pas majoritaire. Il en est de même lorsqu’il parle des enfants « rois » surbookés, mais pour leur offrir pléthore d’activités il faut en avoir les moyens,il en est de même pour les études.
    A propos de l’école il est intéressant de savoir que lorsque dans notre petit village nous nous sommes battu pour conserver l’école, l’inspecteur d’académie nous a fait tout un discours afin de nous convaincre que les enfants de bouseux avaient bien moins de chances de « réussir » dans ce joli monde de la consommation. Mes constats diffèrent un peu (peut être par manque d’objectivité ou d’ambition ?)
    Pour faire court, ce genre d’analyse met de côté une bonne partie de la population et lorsqu’il fait référence à une kyrielle d’études il serait bon de savoir ou elles ont été menées.

    Bonne journée à toutes et à tous et plus on arrive à s’autonomiser plus on a de chances de rencontrer du monde (il n’y a qu’à voir tous les efforts et lois qu’ils produisent pour nous en empêcher).
    Il me semble que mon abonnement prend fin et c’est avec une petite note de tristesse que je quitte QG ainsi que les quelques abonnés avec qui les échanges ont été riches et respectueux malgré nos différences de point de vue. N’étant sur aucun réseaux associaux les échanges avec une toute petite minorité m’ont conforté dans l’idée de ne pas m’y mettre car l’invective prime sur l’argument.
    Merci à QG de laisser une libre expression et peut être à une autre fois si mes finances le permettent.
    Pour celles et ceux qui pensent que cinq euros par mois ce n’est pas grand chose je tiens à préciser que par an cela fait 60 euros et avec un revenu mensuel de 350 et les prix sur les produits de première nécessité qui explosent et bien 6O balles c’est énorme et c’est un peu pour cela que des fois je sens un gros décalage avec certains intervenants et la vraie vie des gueux.

    Force et courage à toutes et à tous

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