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La langue du capital, la réforme qui tue, et nous – Pas de QuartierAvec François Bégaudeau, Anasse Kazib, et Julie Garnier

Émission du 16/01/2023

Aude Lancelin a animé une grande soirée de veillée de grève avec François Bégaudeau, écrivain et réalisateur, ainsi qu’Anasse Kazib, porte-parole de Révolution permanente, et Julie Garnier, oratrice nationale de la FI. Alors qu’Élisabeth Borne a finalement annoncé le projet de réforme des retraites, les syndicats et l’opposition appellent à une mobilisation massive. Un texte rejeté par une majorité de Français qui fait franchir un nouveau cap de régression sociale. Dès le 19 janvier, une première journée de grève générale interprofessionnelle aura lieu, un « jeudi noir » dont on peut espérer qu’il annoncera la force du rejet. QG fait le point sur le combat à venir

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53 Commentaire(s)

  1. Excellent! moi aussi j’adore Nietzsche et je confirme que pendant ma vie d’avant, quand j’étais trader, faire le job signifiait faire du fric, tous les moyens étaient bon. Tu prends de la coke?, on s’en fout, du moment que tu fasses le job. À l’époque on disait: « la force c’est la loi, ca, ne l’oublie pas! ».
    J’adore Bégaudeau, la résilience ou la posture du roseau, on plie donc on est flexible, tant que la tête ne touche pas le sol on peut plier encore…

  2. Émission intéressante, merci. François Bégaudeau a été bien plus intéressant ici que chez le Media. Pourtant Julien Théry est bon… mais, je ne sais pas comment fait Aude Lancelin, elle pousse plus loin. Je suis toutefois toujours embêtée (tout comme elle) par le rejet de Bégaudeau du mot « liberté », par pur anti-libéralisme. Lui qui ne comprend pas que lorsque des manifestants le brandissent, c’est pas par adoration de la liberté comme absolu, évidemment, c’est en fait pour défendre exactement ce que Bégaudeau brandit lui-même en permanence : l’émancipation. Eh oui, tout le monde n’a pas le vocabulaire de l’agrégé de lettres, tout le monde n’a pas la même finesse d’analyse linguistique que l’essayiste de gauche. Les gens normaux, quand ils crient « LIBERTÉ » parce qu’on veut les forcer à subir un traitement très soudainement officiellement consacré comme indispensable, parce qu’on veut les priver de leur capacité de discernement quant à la façon de se protéger et de protéger les autres, parce qu’on veut les empêcher d’accompagner leurs ainés dans la maladie et la mort, parce qu’on veut les discriminer sur la base d’une information qui devrait être de l’ordre du secret médical, parce qu’on veut les priver de leur source de revenus, de leur travail, de leur vie, sur la base des mêmes critères énumérés plus tôt, ce qu’ils crient, c’est leur volonté d’autonomie, de considération de leur statut d’adultes responsables et non de mineurs sous tutelle, de leur capacité de discernement, de choix, de leur libre-arbitre ! Je ne comprends pas qu’il ne comprenne pas ça.

    Idem sur les Gilets Jaunes : j’ai tout simplement l’impression qu’il n’arrive pas à les soutenir pleinement tout simplement parce qu’ils ne se revendiquent pas de gauche. Et Bégaudeau ne déteste rien de plus que les gens qui se disent « ni de droite ni de gauche », qui selon une logique qui m’échappe sont automatiquement classé par lui et ses amis, forcément à droite. Pourquoi ? On ne le saura pas. Ça l’enquiquine, qu’il y ait des sympathisants RN parmi les GJ et les anti-pass. Il a envie de bien les aimer, mais ça sent un peu mauvais, pour lui. Et ça, pourtant, je crois qu’il ne serait pas content que je dise de lui que ça ressemble à une position de surplomb. Pourtant…

    Ah oui, aussi, sur la résilience. Il y a quand-même un truc qui m’échappe : ok, d’accord, c’est pratique pour les puissants parce que ça masque les problèmes systémiques qui provoquent la misère des gens. Mais une fois qu’on a vécu ces situations, ces traumas, ces horreurs. Est-ce qu’on peut s’entendre dire que c’est possible de faire quelque chose pour s’en sortir ? Où faut-il attendre la Révolution pour aller mieux ? Je ne sais pas. Deux choses peuvent êtres vraies en même temps. C’est chiant que la résilience soit récupérée (comme tout l’est, punaise ! TOUT !). Mais c’est pourtant utile, ce truc, pour aller mieux quand tout va mal.

    1. Votre réflexion sur la Liberté ( i.e. émancipation ) est très pertinente. D’ailleurs celles qui ont montré l’exemple de ce qu’il en est, récemment, ce sont les Iraniennes ( et leurs frères, amis, parents iraniens avec elles ), avec leur magnifique slogan « Femme Vie Liberté ! » et on voit à quel point, il est essentiel dès lors qu’elle est menacée et qu’on risque d’y perdre + que la liberté de mouvement, celle de penser et jusqu’à sa vie en régime théocratique .
      Nous, en France, on a moins grave que ce qui se passe en dictature, évidemment, mais mutilation insupportable quand même, en régime, en principe, démocratique :
      https://www.ouest-france.fr/societe/police/manifestant-ampute-d-un-testicule-une-enquete-ouverte-et-confiee-a-l-igpn-annonce-le-parquet-8c1255cc-9b19-11ed-994e-584d65f11921

    2. Je me joins à vous pour crier le mot
      « LIBERTÉ »

      Je partage tout ce que vous dites là
      y compris vos dernières interrogations
      sur résilience et révolution à quoi je réponds

      La France n’a pas encore touché le fond
      Ses forces résilientes restent tapies dans l’ombre
      dans l’attente d’une vraie lame de fond

      Car c’est bel et bien une crise systémique
      qui menace l’économique et le politique
      entrés dans une zone à hauts risques

      Un rien peut déclencher cette crise
      On l’a vu dans le passé 1929 1973 2008
      Le monde peut basculer en une nuit

      Ce sont ces contextes qui privilégient
      le surgissement soudain de forces tapies
      prêtes à renouveler les assises des pays

      1789 en France, 1917 en Russie…

      Une révolution est devenue incontournable
      mais nul ne sait de quel ferment elle sortira
      ni ce qu’elle engendrera de transitoire ou final

      C’est cet imprévisible là qui fait trembler les rois
      et les fait redouter les forces venues d’en bas
      Le change surgit toujours là où l’on ne l’attend pas

      1. Merci pour ce joli texte en réponse au miens. En tout cas une chose est sûre : ceux qui travaillent à faire changer les choses, qui tentent d’autres modèles, ceux qu’aime Bégaudeau lorsqu’il les filme dans « Autonomes ». Eh bien ces gens-là, on s’en fout de savoir s’ils sont de droite ou de gauche, tout comme les GJ ou les anti-pass. L’important c’est qu’ils agissent selon ce que leur dicte leur conscience, comme mon grand-père lorsqu’il a fuit sa base militaire une nuit pour fuir en pirogue rejoindre les FFL en Centr’Afrique à l’appel du 18 juin. Et il était de droite, gaulliste, en fait. Bref. Attention à la position de surplomb. Toujours. Orwell reprochait précisément cela à Sartre et il avait raison.

        1. Ben, non, désolé, on ne s’en fout pas d’être de droite ou de gauche. Pour certains c’est essentiel.
          Quand la liberté de conscience d’un individu consiste, par exemple, en la liberté d’entreprendre l’organisation de la prostitution d’enfants ou mêmes d’adultes : ça c’est de droite et je suis personnellement opposé à cette liberté. Je suis contre la liberté de polluer. La liberté de mettre en danger la vie d’autrui en roulant à 180 km/h sur la route, je suis contre aussi. Il y a une multitude de libertés auxquelles je m’oppose.
          Etre de gauche, c’est se soucier des personnes plus mal loties que soi, ou tout simplement c’est se soucier des autres. Etre de gauche ce n’est pas défendre toutes les libertés; ça c’est de droite ! Ca débouche sur la loi du plus fort. Etre de gauche c’est peser et choisir entre liberté et égalité. Etre de gauche c’est la fraternité plutôt que l’égoïsme. Pour la droite c’est l’inverse.
          De tout cela, la gauche ne s’en fout pas. La droite s’en fout. Attention à la position de « j’me fous d’tout pourvu que j’m’y retrouve ».
          Bonne continuation.

          1. Vous en êtes sûr ? Que seuls les gens de gauches sont gentils et seuls ceux de droite sont méchants ? Mon grand-père, par exemple, qui n’était pas entrepreneur mais qui servait dans l’armée puis qui a ensuite été fonctionnaire toute sa vie après la guerre. Qui a donc répondu à l’appel du 18 Juin et risqué sa vie plusieurs fois, notamment à Bir Hakeim, où il a pris des éclats d’obus dans la tête. Il était de droite. Quand il s’est battu, c’était pour la Liberté, contre la Domination nazie. Pour lui, la Liberté, c’était la Démocratie ; la Domination, c’était la Dictature. Il se souciait des autres. Il donnait tout ce qu’il avait, notamment sa pension militaire, qu’il envoyait à ses frères d’armes restés au pays et qui ne recevaient rien pour une raison que j’ignore. Mais sans doute était-il une mauvaise personne puisque de droite.

            Je ne sais pas pourquoi là, j’évoque mon anecdote familiale, désolé pour le déballage. Après tout c’est un exemple comme un autre. Disons que s’il suffit de se dire de gauche pour soudain être frappé par la grâce du Bien, c’est cool, c’est facile ! Mais qu’est-ce qu’on fait des riches de gauche et des pauvres de droite ? Si un GJ a été éborgné ou démembré mais qu’il est de droite, il l’a mérité ? Le pire c’est que je ne devrais pas me faire l’avocate de la droite : je suis de gauche, enfin, socialiste, au sens radical du terme. Je ne suis pas libérale. Je trouve simplement fatiguant d’écouter ces intellos mettre tant d’énergie à nous expliquer pourquoi être de gauche comme eux, c’est tellement mieux que d’être de droite comme les bouseux incultes, sachant qu’en situation de crise, l’appartenance à telle ou telle mouvance idéologique ne déterminera en rien le comportement de chacun. L’important, c’est ce qu’on fait, pas ce qu’on dit qu’on est. On ferait mieux d’examiner chaque notion, le Capitalisme, le Libéralisme, le Conservatisme, le Progressisme, Liberté, Égalité, Fraternité, le Socialisme, le Communisme, l’Anarchisme, etc etc etc, plutôt que de se demander indéfiniment « mais au fait, ça, c’est de droite ou de gauche ? ». J’entends souvent ce débat stérile : « – ce sont les communistes qui ont résisté les premiers, – non ce sont les gaullistes, de droite, qui voulaient sauver la Nation ! – Bla bla bla ! »… en fait, ce sont des gens, de tous bords politiques, qui se sont juste retrouvés dans la situation de devoir faire leur examen de conscience. Et une fois fait, certains ont décidé que leur confort et leur survie valaient bien de collaborer un peu, et d’autres se sont mis en danger pour résister et sauver des vies. La valeur d’une personne ne se mesure pas à son bord politique mais à son intégrité, sa rigueur morale et à son courage. Enfin, c’est ce que je pense.

            D’ailleurs je ne sais pas pourquoi vous parlez de « liberté de conscience », ces deux termes n’ont rien à faire côte à côte. Lorsqu’on fait un examen de conscience, ce n’est pas pour savoir si l’on veut rouler à 180, c’est bien pour savoir ce qui est juste et bon, puis ensuite décider de s’y conformer ou pas, et devenir quelqu’un d’intègre ou bien quelqu’un de cynique. En fait vous faites une critique un peu simpliste du libéralisme, je suis d’accord avec vous même si cela me semble enfoncer des portes ouvertes. Je suis convaincue, toutefois, que beaucoup de gens qui se disent de droite, ne se disent pas forcément libéraux. Bref. Je suis fatiguée, j’écris trop, ça part dans tous les sens.

          2. J’ai essayé d’être clair, grâce à des exemples, pour définir ce que c’est d’être de gauche. (je n’ai pas utilisé les termes gentils ou méchants). LA liberté n’est pas le critère qui distingue la droite et la gauche : la liberté de quoi faire, là est la question ? Si ça ne vous parle pas, tant pis.
            Mais, si on veut être plus précis, la droite veut privatiser les profits et socialiser les pertes d’exploitation des entreprises, et la gauche c’est l’inverse (ici je ne prends pas en compte les questions sociétales, de moeurs etc …)

            Personnellement j’ai plutôt envie d’être méchant, et même féroce, avec la « droite » qui nous « gouverne » ; et être méchant avec la droite, c’est être gentil avec ceux des gouvernés qui sont les plus pauvres (unité des contraires). On est toujours l’un et l’autre.

            Pour finir, j’ai tendance à penser que lorsqu’on dit qu’on est ni de droite ni de gauche, c’est qu’on est de droite. Mais c’est sans doute un préjugé.

            Vous proposez d’examiner ce que sont « le Capitalisme, le Libéralisme, le Conservatisme, le Progressisme, Liberté, Égalité, Fraternité, le Socialisme, le Communisme, l’Anarchisme » : tout à fait d’accord. D’ailleurs sur QG, depuis sa création, on discute de tout cela de façon assez soutenue.

            Mais cependant, ça n’empêchera pas qu’à la sortie il faut que chacun se positionne sur la situation sociale actuelle de la population qui ne cesse de se dégrader, avec entre autres, par exemple, les services publics !

            Pour information, je suis un homme.

        2. Vous nous partagez là
          une grande vérité de fond :
          C’est d’en-bas que tout part
          y compris les « révolutions »

          Et c’est une très faible part
          qui s’engage dans l’action
          et entraine dans son sillage
          le reste de la population

          Divers étaient les maquisards
          issus de différents horizons
          avec pour Union en Phare
          la France et sa Libération

          Ne sommes-nous pas là
          battant chacun son pavillon
          Mais réunis par le fol Espoir
          d’un changement de fond ?

          Nul besoin de surplomb
          pour se convaincre et voir
          que fermente une Révolution
          pour mettre à bas les Pouvoirs

          Reste une vérité de plomb
          La France est ingouvernable
          Que pourrait une Révolution
          Sans une force redoutable ?

          L’Etat Central en France est Roi
          Mais c’est Reine Administration
          qui gouverne selon ses lois
          et dans les crises fait Maison

          L’Etat sous Vichy c’était quoi ?
          Un Pater soumis en fonction
          qui faisait tourner les rouages
          de la Mère et des institutions

          S’il n’était un Colonel de Brigade
          pour relever la tête et la Fonction
          la France sera devenue vassale
          et passée la Guerre juste un pion

          Le Colonel s’est mué en Général
          voix d’une armée des Ombres
          Tout le monde a en mémoire
          son Appel sur Radio-Londres

          C’est de l’Armée que dépendra
          le sort du pays et sa population
          en cas de débordements notoires
          ou d’une véritable Révolution

          Car c’est elle qui tient le territoire
          et est capable d’une mobilisation
          à grande échelle et tient les armes
          qui font clore toutes les discutions

          Quel choix fera t-elle quand viendra
          l’heure décisive d’entrer en action ?
          Se mettra t-elle au service des rois
          ou des intérêts de la population ?

          Les Gilets Jaunes ont fait signal
          d’une profonde remise en question
          de l’essence et l’exercice du Pouvoir
          Ils ont dit NON à « La Représentation »

          La crise COVID a permis aux États
          d’imposer plus grande coercition
          de renforcer contrôle et arsenal
          et mettre au pas leurs populations

          La liberté s’est réfugié dans les marges
          Elle a pris le chemin des catacombes
          Pour certains c’est en rase campagne
          Pour d’autres c’est dans des bastions

          On n’arrête pas une idée en marche
          Nous vivons des temps de disjonction
          entre les élites au pouvoirs et la base
          qui marquera hommes et générations

          L’Histoire est faite de ruptures brutales
          et d’épaisses couches de sédimentation
          Dans le hors-temps toutes les victoires
          se rejoignent pour une seule Rédemption

          En nos temps de basculement notoire
          qui peut voir de l’Histoire les tréfonds ?
          Le peuple des sans-chefs est sans voix
          mais il a connu une première floraison

          Qu’importe les vicissitudes de l’Histoire
          il reviendra venu le temps des moissons
          Pour l’heure il broye dans ses entrailles
          cet obscur objet du désir, la Domination

          1. Je ne sais pas comment vous faites pour versifier comme ça, tout en préservant le sens. Chapeau ! Je suis bluffée.

  3. J’ai acheté le bouquin de Bégaudeau ( ce n’est pas le premier ni la première fois 🙂 ), son entretien avec Aude L et son titre « Boniments » m’ont plu.
    J’ai relevé quelques entrées éloquentes qui introduisent donc ce qu’il nomme ses « fragments » ( d’un discours non-amoureux 🙂 ) .
    « sortir de sa zone
    « Les femmes puissantes ( rappelons que Léa S a « emprunté » le titre à Marie N’Diaye ( l’excellente soeur-écrivain du hélas ! ministre-alibi )
    « sans totem ni tabou
    « résilience
    J’ai aimé :
    « Je suis un bon lecteur de moi-même
    « La pulsion de marchandiser
    « frustration d’écrivain raté, frustration de patron raté ( macron )
    « une bonne réforme des retraites est un trophée de chasse !

    De Anasse Kazib, je retiens
    qu’il est très critique avec le NPA ( son ex-parti que moi j’apprécie ), et avec l’accord de gauche dans la NUPES, qu’il ne sera pas des manifs convergentes avec la Fi … mais qu’il a connu Sarcelles et DSK 😉 .
    qu’il pense qu’il s’en sortira toujours ( il se bat donc pour les + vulnérables, comme ses trois enfants … )
    que son programme c’est la grève générale, totale, jusqu’au bout ( et Je trouve alors opportun, pour qui la fait cad les travailleurs – out les étudiants, les retraités, les chômeurs … -, les caisses de grève ).

    De Julie Garnier que je découvrais, j’ai apprécié la chaleur, l’ouverture d’esprit, l’humour, le sens de l’Histoire et en particulier ses références répétées au Chili : le tropisme Mélenchonien vers les révolutions d’Amérique du Sud.

    D’ Aude Lancelin, j’ai trouvé juste et opportun le rappel des « mutilations » des GJ et de la « précarisation des corps » ( entre autre réflexions. )

    S’il faut une conclusion provisoire, je l’emprunterai doublement à Bégaudeau :
    Versant négatif : « il est possible qu’il n’y ait jamais de limites »
    Versant positif : « Le mouvement social est toujours une réussite. »

      1. C’est aimable à vous 🙂 ; on n’a pas toujours le temps de visionner les entretiens de QG à l’instant T. d’où le décalé …
        J’ai lu aussi votre longue exégèse de l’itw de Mordillat ( que j’ai moi-même commentée en différé ) et c’était assez réjouissant 😉 , ( idem des échanges avec d’autres contributeurs ) …

    1. Merci. Très intéressant !

      La machine à se foutre de la gueule du monde est « en marche » chez les salopards (les milliardaires) qui pilotent leurs larbins ++ du gouvernement (cad l’Etat) et de la presse mainstream.

      J’en rajoute une couche dans la dénonciation de leurs saloperies : avez-vous remarqué qu’actuellement la presse met insidieusement, mais bruyamment, en avant les « vieux » de toutes sortes, mais surtout des gens assez connus, des notables, qui continuent « de travailler » bien au-delà de 65 ans ? (le but grossier et ignominieux est de montrer qu’on peut travailler largement jusqu’à 90 ans : ils ne reculent devant rien ces salopards) :

      – Pierre Lescure (77ans) remplace, en fanfare, Claire Chazal dans la conduite de l’émission « passage des arts ».
      – Philippe d’Iribarne (86ans) sociologue hyper ambigu, tombé dans l’oubli, mais invité ce matin sur le plateau matinal de France Culture par Guignol Erner pour parler du « travail » (il a dit beaucoup de conneries -dont « la vision individuelle du travail dépend de la nationalité des individus »- face à une autre invitée beaucoup plus percutante que lui).
      – et bien d’autres …

      Auparavant, lors de chaque réforme des retraites, on nous sortait Michel Drucker, le vieux schnoque siliconé pour donner l’exemple du singe souriant en travaillant. Je suppose qu’il est mort aujourd’hui (!) et qu’on prend quelqu’un d’autre dans le rôle du casseur de rêve et de … grève.

      Les milliardaires n’ont qu’une trouille : notre violence ! Parce qu’ils savent que la violence est efficace : l’Amérique l’utilise partout dans le monde pour asseoir son empire !

      1. J’avais de plus en plus de mal à les écouter avant le connardovirus, mais depuis je n’écoute plus France cul ni les autres, pour le reste je n’ai pas la téloche donc un peu à l’abri de la grosse connerie. Pour l’instant hélas, je ne pense pas qu’ils ont peur….. Surtout pas les syndicats ni les manifs gentilles, ils ne reculeront devant rien çà j’en suis persuadé l’article sur QG (blog de harold Bernat) apporte de bons éléments de réflexions je trouve.
        Bonne soirée

  4. Passage furtif en mode rase-notes versifiées

    Chouette Emission. Belle ambiance de plateau.
    J’ai aimé entendre de chaque UN la singularité
    et de fines sorties qui m’ont boosté le chapeau

    François Begaudeau très à l’aise avec les mots
    m’a bien fait sourire et grimer avec sa « liberté »
    un mot « infect » qu’il traite comme un gros mot
    Je serai d’accord avec lui pour ne plus en parler
    quand nous serons tous libérés sortis du Ghetto

    Je préfère la réponse qu’il donne un brin amusé
    « à quelle fin d’ère assistons-nous nous autres ? »
    Lui l’écrivain-essayiste maintes fois promu-primé
    Évoque « la fin du Discursif » pour se faire apôtre
    D’une langue sans bruit bavard pour neuf parler

    Aurait-il en tête d’entonner la langue des oiseaux
    Pour retrouver parler haut enlevé comme humer
    Du terreau de l’Histoire l’Air du temps Jaune-fluo
    Qui répand sa lumière en lave dans nos contrées
    Au cris de « LIBERTÉ ! » qui filent en furie franco ?

    À condition de ne pas oublier de Muray évoqué,
    le vers : « Le rire de Rabelais sauvera le monde.
    Le rire de Rabelais, c’est le monde sauvé ».*

    Alors à table ? Partant pour un AP’ÉRO animé ?

    /

    * Philippe Muray in « Festivus Festivus » (Ed. Flammarion p.277)

    1. Bravo : je dois dire que j’ai un faible pour la versification rimée. Pourquoi y a t-il de la beauté dans la rime : mystère !?
      Mais la rime ne suffit pas (j’ai essayé) : le sens est absolument nécessaire. C’est une condition absolue. De même pour la langue des oiseaux. Le sens, le sens, le sens.

    2. 2
      REU
      TOUR

      OHÉ-OHÉ
      OYEE OYEE
      MEE MO-SON

      PASSAJ BREACH
      POUR BRIZMICH
      OO PIEE DE BICH

      FRITE FRANCO
      AN LANG OIZO
      PER FRANCOI

      RIMES SOLO
      DE MA PROZ
      CAPEE HAU

      SA FIN
      DISK
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      1. Pour la dernière partie, c’est bien ce que je disais : la rime ne suffit pas ! Le sens, le sens, le sens.

        Tout cela me fait penser à l’art contemporain. L’art contemporain assume totalement le non-sens de l’oeuvre contemporaine. C’est d’ailleurs pour cela que cet art est de nature peu épatante de mon point de vue. Plutôt déconcertante, étonnante, à la mode.

        La ruse affirmée/assumée par les contemporanistes c’est que c’est au lecteur de l’oeuvre d’attribuer à l’oeuvre le sens qui lui convient, à lui. Un vrai test projectif ! Quelle connerie. Dans la mesure où le sens c’est l’oeuvre, sans une impulsion de sens de l’artiste, on peut dire que l’artiste vrai c’est le lecteur, et non plus l’auteur. Mais le lecteur ne se prend aucunement pour un artiste, et cette fausse (et facile) promotion qu’on lui accorde lui apparait comme de la manipulation. En gros, on a le sentiment qu’on nous prend pour des cons à vouloir nous faire passer pour des artistes (ou alors il faut nous verser une part de la plus value financiaro-artistique).

        En fait, plus aucun dialogue possible entre artiste et lecteur; donc plus d’oeuvre proprement dite. L’art, le vrai, est un dialogue involontaire avec l’artiste. Dans l’art contemporain, tout fait oeuvre ; tout et n’importe quoi ! le carrefour du coin à 12h30 est une oeuvre; tout autant que la cabane (pissotière) au fond du jardin.

        Pour cette dernière (la pissotière), elle est d’ailleurs visible sur l’Île de Vassivière dans la Haute-Vienne, île qui est une annexe du Centre George Pompidou. Cette ïle-musée est très agréable à visiter en été, les « oeuvres » sont réparties dans toute l’Île : l’oeuvre « vraie » c’est en fait cette île elle-même qui fait oeuvre à elle toute seule, les oeuvres présentées sur le parcours n’étant elles-mêmes qu’un agrément plaisant (ou pas) de la visite. Un prétexte. Rien de plus. Mais l’île vaut le détour.
        https://www.tourisme-hautevienne.com/patrimoine-et-visites/patrimoine-naturel/parcs-et-jardins/ile-de-vassiviere-12793

        1. Oh ! Quelle belle coïncidence !

          Votre cri de protestation débouche sur « L’île de Vassiviere », lieu où a exposé à ses débuts mon amie Maria loura Estevao, artiste contemporaine dont j’ai été l’assistant pendant 10 ans, qui bondirait à ce que vous venez d’écrire !

          Combien de fois ai-je défendu les propos iconoclastes que vous tenez là sur l’art contemporain, art que je juge à bien des égards trop conceptuel, alors même que je me trouve par l’indéchiffrabilité de mon texte sus-publié, mis dans le même sac que ces artistes impuissants à produire pour leur public une émotion créatrice de sens

          Puisque vous écrivez dans un élan du coeur « L’art, le vrai, est un dialogue involontaire avec l’artiste », permettez moi d’honorer cette maxime en poursuivant le dialogue avec vous ici.

          Tout d’abord je ferai remarquer que mon premier texte dont vous avez relevé la musicalité mais mis à distance la portée de sens, est une présentation de « notes versifiées ». DES NOTES ! Pour relever deux points importants qui m’ont interpellés pendant l’émission : le rapport qu’entretient François Bégaudeau avec le mot « LIBERTÉ » qu’il qualifie « d’infect », et « la fin du discursif » qui signerait selon lui la fin de notre ère, en relevant son refus de se prononcer sur les GJ faute de pouvoir « humer » dans l’air du temps ce qui fait ou fera demain Histoire.

          A priori pas de sens autre à mes notes versifiées que celui de dire : « Ohé Ohé ! Oyez Oyez ! Ai-je bien entendu ce que François a dit ? C’est particulièrement relevé pour ne pas dire enlevé ! Qu’en pensez vous ? ». Sans developper ma pensée sur ces points, j’ai fait juste remarquer en retour que je continue pour ma part de crier le mot LIBERTÉ, et qu’à « la fin du discursif » je réponds par le retour du poétique et du phonétique mêlé pour s’exprimer.

          Cela, je le dis et je le MONTRE avec mon deuxième texte publié en réduisant mes lignes à leurs finales chantées, tel des interjections hélées qui portent en elles la raison profonde de ce texte, l’intention mise en lui qui était d’interpeller comme de faire part de ma propre interpellation au cours de l’émission très bien menée

          O É O É / OHÉ OHÉ / OYEZ OYEZ /

          Cela fait-il sens pour vous ?

          Pour clore cette intervention je ferai remarquer qu’avant de se lire un mot se regarde. Avant d’être le porteur d’un sens, un mot, une lettre est d’abord pour les yeux une forme dessinée et pour le regard une image. C’est pour et par le cerveau et selon un pur arbitraire qu’un tracé devient signifiant. Une oeuvre peut ravir les yeux et les oreilles comme d’autres sens, sans faire sens en effet. Elle peut aussi faire sens sèchement sans frissons.

          Lier émotion et sens est ce que l’on attend de l’art et des artistes en général. Nous ne sommes pas tous artistes. J’ignore moi-même si je le suis en dépit de toutes mes tentatives. Ce sont les autres qui vous nomment.

          Pour clore cet involontaire dialogue, avez-vous suivi que vous m’avez donné l’idée d’animer en film, une version de l’Internationale dont vous avez publié les lignes ?

          Involontaire ! vous avez dit « un vol en terre » ?
          je reviens pour « un vol en ciel » 😉

          A très bientôt donc

          Amicalement

          1. Je n’avais pas pu donner de sens à :
            o
            é
            o
            é

            et j’en ai conclu que vous vouliez me servir de la rime purement rime pour m’en montrer l’inutilité. J’ai répondu qu’avec du sens elle n’est plus inutile au contraire (la rime n’est-elle pas comme le vêtement qui habille la femme, femme qui, nue, n’est que sens, mais qui savamment vêtue devient … sensuelle (alors que le vêtement, sans la femme, n’est que loque insignifiante) (oulala, je ne sais pas où je suis allé la chercher celle-ci !! pas taper svp mesdames).

        2. J’ai dessiné pour vous en guise de « vol en ciel » une Kalache
          à partir d’un vieux poème de 1990 retrouvé dans mes archives
          Sur lequel j’ai fondé depuis mes recherches et ma démarche
          d’artiste qui oeuvre avec des mot-sons et des image-signes

          Je vous les adresse comme témoignage
          De ma gratitude pour votre partage :

          [

          « Imbécile crotté
          Je traque les sons
          Je chasse les sens

          Chamarlamar
          Chamborigénatique
          Boulimassonique
          Méandrogénicival
          Malendormi
          Macaronique

          Créance à vie !

          *

          Bavard
          Je suis trop bavard m’a dit mon père
          « Tu parles, tu parles, mais qu’as-tu à dire petit ? »

          Un mot,
          c’est déjà
          trop

          Ne parle pas Ne pense pas
          Écrire

          Dessine
          Dévisage le vide

          C’est bien
          C’est mieux
          Mais

          C’est encore trop
          Trop plein

          Trop vite
          Tu vas trop vite trop loin
          Cela ne ressemble à rien

          Gratuit
          L’acte gratuit
          Trop petit
          Mesquin

          Vas par là
          Sors d’ici
          Repose

          et

          CRI ! »

          1. Ah, là, je dois dire que celui-ci est fort émouvant ! il y a une construction dramaturgique qui fait monter l’émotion :

            1- le cadre du drame : conflit, désaveu paternel : « tu parles trop et tu ne dis rien » : plutôt dépitant/offensant

            2- amertume : tout être humain pour se construire a besoin de répondre aux attentes de ceux qu’ils aiment. Et là c’est raté. Le binôme père-fils rate la construction du (primo ?) acteur. La prochaine tentative sera peut-être la bonne, mais il y a doute, incertitude. La réussite d’une alliance n’est pas démontrée et, du coup, aborder les conflits, les oppositions/contradictions ABSOLUMENT indispensables à la construction du sujet, se fera dans l’hésitation.

            3- déploiement du ressassement du problème : quelle stratégie de vie : insister ? renoncer ? rentrer en soi ….? vais-je « y arriver » ….?

            C’est émouvant. C’est percutant.

            Le sens, le sens, le sens.

            Mes hommages à madame Estevao dont les subtilités me laissent perplexes. Le problème des génies (je parle de mme Estevao) c’est qu’ils sont incompris; et le problème de l’art en général c’est qu’il se refuse à faire de la pédagogie. Du coup, le lecteur hésite : l’intello pédant crie … « génial »; et le prolo sincère dit : « j’en fais autant ».

            La question du « faire » semble plus importante pour le prolo que pour l’intello qui se réfère, lui, au « penser ».

            Alors, que faire ? que penser ?

          2. J’ai transmis vos hommages à Maria Loura Estevao. Elle qui donne des Masterclass auprès d’étudiants en Art et qui, en tant que performeuse créé des œuvres faisant participer le public, devrait être touchée par vos propos. Elle fut mon élève en post-production numérique (j’ai aussi versé dans le professorat et le rôle de « senior » en télé auprès des jeunes avec lesquels je travaillais), avant de devenir mon amie et de me prendre sous son aile comme assistant pour ses œuvres vidéographiques de 2004 à 2011.

            « Alors, que faire ? que penser ? » concluez-vous votre brillant exposé

            Je vous répondrais pour commencer en paraphrasant un vers de naguère

            Fuir n’est pas croire
            Mais sans croire où fuir ?
            Plutôt écoute le chant d’ici

            Faire n’est pas penser
            Mais sans penser que faire ?

            Mot d’artiste-peintre : le tableau ? J’y pense tout le temps sauf quand je peins
            Quand je peins, je peins. C’est la main qui œuvre. La tête reste où elle est, plantée sur les deux épaules à regarder la main travailler pour lui donner à voir au plus juste ce qu’elle fait.

            Pédagogie. On devrait voir un artiste à l’œuvre et non le laisser reclus dans son atelier. L’artiste participe de et à la Création. C’est un des rares êtres qui a conscience de cela. Raison pour laquelle c’est souvent un être à part. C’est un intermédiaire entre un haut message (« le sens, le sens, le sens! ») et le peuple.

            « L’art comptant pour rien », comme le nomme mon ami Franck, suicidé de la société en puissance, est coupé du peuple. Il ne fait pas sens pour lui car il ne puise pas ses motifs dans la vie populaire mais dans les émulsions de la vie intellectuelle, de laquelle sont radicalement exclues les couches basses et laborieuses de la société.

            L’histoire de l’Art n’aura jamais été que l’histoire de l’art des riches et puissants, l’art des pouvoirs en somme auquel ont tenté de se soustraire quelques courants : Avant-garde russes du début 20ème, PopARt, Arte Povera, Art Brut, situationnisme…

            Arts populaires. La musique, le cinéma, le roman, la BD, la Télé. Aujourd’hui le vidéoclip et le graffiti.

            « Alors, que faire ? » Je réponds, en tant que vidéographiste, des vidéo-tags bien pensés !

            « Que penser? » Je réponds, toujours en tant que vidéographiste, que faire ça se cogite et qu’ayant suffisamment cogité il est temps de faire…

            Alors, à bientôt en images, j’espère…

            Si faire ne me fait pas fuir
            car faire peut être l’enfer
            Alors faisons fi de fuir !

            Faisons enfin ces fichus
            « films » fissa fissa fissa
            pour faire sortir le fouet

            ou c’est le fouet
            qui va sortir
            !

            😉

          3. Masterclass ….
            Performeuse ….
            « tout ce qu’il faut pour que le diable y soit » (Brassens).

            Car aujourd’hui, les choses ont bien changé. L’artiste maudit d’antan n’existe plus, en tout cas pas dans l’art contemporain qui est financé à « milliards » par le néocapitalisme. A milliards. Les facilités fiscales expliquent la création des « fondations d’art contemporain » par pratiquement tous les grands milliardaires de la planète (français en tête). La spéculation domine.

            Non, la « performance » consistant à se mettre un oeuf dans le vagin, et à le « pondre » dans un musée « devant la caméra » (et oui, quand même, performance non reproductible mais …. filmée : il faut bien la faire partager pour que ce soit un … succès) n’est pas de l’art. Certes c’est un spectacle ; c’est de l’audace, du culot, du travail, toute chose admirable. Mais voilà, la la !

            Ce mot « performance » qui envahit l’art !!!!!

            Luccini qui nous débite, de mémoire, un bouquin sur scène : oui c’est une performance, oui c’est du travail, mais quel sens ça a artistiquement parlant ? Qu’on me dise que c’est équivalent à une performance sportive, là je dis oui ! Ce n’est pas à la portée de tout le monde. Mais, c’est ça l’art ? une belle performance ? une grande performance ?

            Le résultat, c’est que ça magnifie le mot de « performance », ça lui octroie les attributs et la noblesse de l’art, attributs si utiles à son emploi dans l’entreprise. Il faut que les salariés performent : ne sont-ils pas des artistes … qui exécutent ce qu’on leur demande d’exécuter.

            Masterclass ? J’applaudis, mais ça sent l’Amérique et la compétition; ça sent les jeux télés où le spectacle consiste à mettre en concurrence des participants (cuisine, chansons, …) qui seront jugés par un jury de crétins grassement rémunérés. Ah, c’est sûr, il y a de l’émotion, comme dans l’art. mais quelle émotion ? pour une petite émotion artistique (belle voix, …), les larmes coulent essentiellement pour les classements, le suspens, les surprises, comme dans le sport. Ce sont les larmes de la compétition, larmes du succès, larmes de l’échec. On ne pleure pas pour ça devant une oeuvre d’art authentique. J’ai pleuré pour un portrait d’antan, pour un portrait photo, pour un roman, mais jamais devant une oeuvre d’art contemporain; jamais devant une pissotière ou un poulet plumé, jamais devant un panneau de basket qui penche (île de Vassivière) fussent-ils magnifiquement « accrochés » (exposés).

            Non, même par charité pour tous ces artistes qui peinent réellement dans leurs créations, non je ne ferais pas de concession sur l’art. Ou alors il faut changer de mot et dire « spectacles ». « Performance » va bien aussi tant que ce n’est pas associé à l’art.

            Désolé si ça jette un froid dans la discussion.
            Je ne veux blesser personne.
            Je ne veux nommer personne (Brassens encore).

          4. Vous, jeter un froid ?
            Certes non !
            Plutôt un BLAST !

            Une bonne claque ça revigore
            Et je ne vous donne pas tort
            Car vous avez pointé du doigt
            Ce que j’ai de nombreuses fois
            à l’art contemporain reproché :
            Son manque de sensibilité
            Et d’émotion partagées

            Reste le champs immense
            qu’à ouvert Duchamps
            En faisant d’une pissotière
            Une œuvre de corsaire
            Pour désembourgeoiser
            « L’art des musées »
            Institutionnel à souhait

            Fabrice Lucchini sur scène ?
            Un moment extraordinaire !
            J’ai assisté à une dernière
            Avec micro en bandoulière
            Sa prod lui ayant imposé
            le mic pour l’enregistrer
            Pour faire un max de blé

            Génial ! Fabrice a assuré
            Il a passé la soirée à débiter
            Son angoisse de l’insecte
            Qui n’enregistrait pas la geste
            de l’artiste face à son public
            Mais de ses mots que les pics
            Et du spectacle que la chique

            Je suis passé avec toute la salle
            En choeur des rires aux larmes
            Lucchini l’a dit, de toute sa vie
            D’artiste il avait jamais vécu ceci
            Tout ça pour dire cher Ainuage
            Qu’avant tout l’art est voyage
            Qui accoste bien des rivages

            A très bientôt pour des images
            J’ai remis la main sur mon ouvrage
            Vous me direz si c’est de l’art
            Ou de la cochonnaille en barre
            Et j’oublie pas « L’Internationale »
            Que je voudrais animer en Noir
            Juste l’histoire de FAIRE pour VOIR…

            La tête que vous ferez
            à la vue de mes effets
            après mes septuets

            BONNE SOIRéE ! 😉

          5. Le cas Duchamp est intéressant. On peut dire que Duchamp représente le champ du surréalisme. Cad le champ du no-limite, no-règles, no-droit en matière d’art ; en gros, le champ de LA liberté (je n’irais jusqu’à dire que LA liberté est « infecte », je dis seulement qu’elle n’existe pas; que seules existent « des libertés » cad des « marges de manoeuvre » ou des « degrés de liberté ».

            En science sociale, l’analyse des causalités en ce qui concerne les faits sociaux, est difficile. Causalité et responsabilité sont à distinguer aussi. « Qu’est-ce qui cause l’apparition d’un mouvement artistique ou autre ? » ne doit pas (forcément) être confondu avec « Qui cause l’apparition de ce mouvement ? », et donc avec « Qui est responsable de l’apparition de ce mouvement ? » et donc, au pire « Qui est l’accusé, le coupable, en cas de dommages établis ? ».

            Il n’y a ni génie, ni coupable, dans ces affaires de nouveautés artistiques car les tenants et aboutissants ne sont pas forcément connus des agents au moment des faits initiaux. Et les agents ne sont pas ceux qu’on croit (il y a le créatif « naïf » du début (Duchamp), et … ceux qui en promeuvent les créations). Les nécessités du « spectacle » veulent des individus, des têtes à applaudir ou à huer (Duchamp ?), car le spectacle c’est un « produit » dorénavant industriel, après avoir été longtemps un produit politique (les jeux du cirque, les sculptures des Dieux et des tyrans). La catégorie des « industriels et financiers » a maintenant la main-mise sur la politique (avant c’était l’armée, la noblesse). Ca les perdra, je pense, car la politique n’est pas un produit industriel.

            Tout ça pour dire que la société industrielle du début du 20ième siècle avait besoin de renouvellement artistique : la production à l’ancienne ne suffisait plus. De plus, la « nature » ordinaire (que détruisait le capitalisme) n’était plus le seul environnement qui s’offrait aux yeux de la population. La « nature industrielle » anéantissait de plus en plus (et remplaçait même, en ville) la « nature ordinaire ». Il FALLAIT pour les « responsables » les plus intelligents de l’industrialisation (les capitalistes éclairés) saisir toutes les occasions de mettre en avant cette « nouvelle nature », ce nouveau « fond visuel », fait de « bric et de broc » (matériels et produits) de la production industrielle. Les occasions se sont présentées naturellement (cad que c’était inévitable) grâce à quelques artistes décalés (peut-être « mauvais », ou tout simplement fatigués, dans le genre ancien) pour créer des choses nouvelles à partir de la production industrielle. Les serres du rapace n’ont pas hésité un seul instant pour saisir cette opportunité.

            Scandale au début ! qu’à cela ne tienne, le scandale est aussi devenu un produit industriel (faut-il que j’argumente ?). Il fallait, mais surtout il faut aujourd’hui, faire du volume, dans et par le scandale, avec un panel d’artistes plus large. Plus large, car il faut toujours surprendre. innover. puisque nouveauté et scandale sont les bons ingrédients du spectacle et de l’attractivité : spectacle qui devient industriel, populaire, tout en restant … politique. Dorénavant, c’est une nouvelle émotion artistique qui est privilégiée : l’émotion de l’innovation, du scandale, du décalage, . Plus il y aura de vieux schnoques qui protesteront et crieront contre ce phénomène, plus cet art décadent aura de succès : les « has been » servent de faire-valoir aux gens éduqués qui eux « saisissent » toute les subtilités de ce nouvel art industriel parfois prétendument orienté vers … la contestation de la société industrielle !!!

            Pour conclure, l’art contemporain n’est pas seulement un « reflet » de notre société, c’est un « reflet piloté » et un « reflet exploité », car le capitalisme, c’est nouveau (!), ne sait pas piloter sans exploiter. L’émotion en jeu, ce n’est plus la même. Cependant, et c’est incontournable, la question de la « distinction » reste, elle, la même : il y a ceux qui « comprennent » et qui crient au génie, et ceux qui ne comprennent rien et qui disent « j’en fais autant ».

          6. Merci pour cette longue prose passionnante.
            J’ai rebaigné le temps d’un instant dans le flots des pensées qui m’agitaient fébrilement quand le débat sur l’art contemporain faisait rage.

            L’art contemporain dit bien ce qu’il est en se qualifiant de « contemporain ». Il ne puise désormais plus son fonds dans un idéal transcendant, politique, religieux ou une pensée quelquonque, mais dans les motifs que lui offre le temps présent, temps de déclin et d’effondrement.

            Bref, l’art comme témoignage d’une civilisation nous offre aujourd’hui le triste spectacle de la vacuité et l’épuisement de notre monde en l’incarnant à son paroxysme. Qu’en restera t-il ? Ce qui aura nourri les changements à venir. Et comme on est parti pour une sorte de table rase (génial Arvo Part et les artistes slaves en général), je gage qu’il ne restera pas grand chose de ce que l’art répand en frasques et frusques en occident en dépit des milliards brassés à haute niveau et à haute dose pour faire des musées de véritables cérémonials alors qu’ils prennent de plus en plus des allures de tombeaux.

            Comme le rappelait plus haut Gael, c’est en-bas que les vrais changements se pensent se murissent s’expérimentent se forgent et prennent vie, et c’est d’en-bas qu’ils jaillissent pour se répandre comme lave et refonder les assises

            J’ai écrit pour vous ceci ce matin en méditant nos échanges
            Je vous le livre en remerciement de ce partage élégant

            Maxime du jour :

            « Tout tombe de haut
            Tout part de bas »

            Écrit en « fonalfa» :

            TOU TOMB DE O
            TOU PAR DE BA

            La transcription phonétique de cet éclat de vers
            ramené dans son écriture à des mots-sons
            donnera à voir ce que j’expérimente en clair
            à l’heure des Ai et robots entrés en action

            Combien de sens se glissent sous l’O du BA
            comparé au sens alloué à l’haut d’en-haut ?

            D’un filet de texte je tire et tisse des mers
            qui déploient et brassent dans leurs flots
            une polyphonie polysémique de sons clairs
            qui font image-signes perlés pour l’oeil-oiseau

          7. J’ai la tentation de saisir vos deux vers pour illustrer cette chose assez obscure nommée dialectique (sur le plan physique vous connaissez déjà ce que je vais exposer).

            « Tout tombe de haut
            Tout part de bas »

            Au ciel :
            Il pleut ; l’eau, sous FORME liquide (selon conditions), tombe sur terre (attraction terrestre Newton).

            Sur terre :
            l’eau s’évapore (changement qualitatif sous conditions); l’eau sous FORME gazeuse, gaz plus léger que l’air, monte au ciel (le gaz plus léger monte au-dessus du gaz plus lourd (air) (principe d’Archimède)

            Au ciel donc, encore :
            les courants d’air froid (conditions) refroidissent la vapeur qui se condense en gouttes d’eau liquide (changement qualitatif) qui tombe en pluie.
            etc ….

            Dans certaines conditions, une même qualité/forme se change en son contraire (liquide-gaz)
            Dans certaines conditions, la chose monte ou descend cad que son mouvement se change en son contraire

            Ici la question Kantienne de la « chose » en soi n’a pas de sens, car ce sont ses RAPPORTS avec les conditions extérieures qui la déterminent phénoménologiquement (forme et mouvement).

            Les contraires se rejoignent.

          8. Belles eaux en écho… MERCI !

            Le « C’est d’en bas qu’on part » reçu avec l’effet d’une claque a fait surgir en retour dans mes pensées le mot TOMBE de Michaux puisés à ses « Epreuves exorcismes », recueil de poèmes écrits pendant la guerre que je médite souvent dans les moments de relève difficiles.

            « Tout tombe dit le Maître de Ho

            Tout tombe

            Hélas, mille fois hélas pour les naissances
            Celui dont le destin est de mourir
            doit naître »

            Michaux exprime là son profond désarroi face à la barbarie nazie.
            Je ne suis pas animé par cette noirceur bien que je l’aie traversée jadis

            La Dialectique
            Noyau d’articulation des forces à l’oeuvre dans l’Univers
            On la retrouve dans tout mouvement de vie et toute alliance de contraires

            « Si tu veux voir se produire quelque chose, fais surgir le contraire » (Le Tao)

            « Un indien inscrit tout dans un cercle » (sagesse amérindienne)

            ENJEU
            inscrire cette dynamique au coeur des oeuvres
            qu’elle y boucle pour créer mouvement de vie

            écueil : fermeture sur la répétition du même après chaque lecture
            résultante de la boucle perfection statique
            la Permanence est-elle immobile ?

            Raphael traçait ses ronds parfaits à la craie
            je laisse courir ma ligne je frise mon trait

            solution : un facteur d’entropie
            un élément tierce de déconstruction
            le hasard, seul force « totalement libre » de la création ?

            Où le loger ?
            Pour faire Spirale d’un rebond…
            Briser du cercle la répétition

            Enlacer les rondes ?
            Élancer les ondes ?
            Expandre l’espace ?

            Voilà le genre de sentiers que j’arpente en pensée par rebonds quand je médite mes écrits. Mais quand je prends la plume, je me fonds dans l’onde qui parcourt ma couenne et me remonte dans l’épine. Je ne pense plus, je déroule un fil….

            Parlant de fil à suivre j’ai une boucle à finir de FAIRE
            Un 2’30 télégraphique pour animer un jeu de lignes
            que j’aimerai envoyer fin de semaine ON AIR

            A très bientôt je retourne à mon FILM 😉

  5. Bonjour à toutes et à tous,
    A propos de la forte mobilisation du 19.
    En écoutant divers médias (pas la, voix de son maître) on se rend compte que là aussi tout tourne autour de Paris, je veux bien qu’ils y soient installés mais quand même……
    Petit exemple ; j’habite dans le 64, département composé du Pays Basque avec une «  »grosse » »ville Bayonne, et du Béarn,avec sa ville Pau. Le département compte environ 680 000 habitants. Pour la petite histoire, les deux jours qui ont précédé la manif nous avons subi une violente tempête (un énorme châtaigner en travers du chemin qui mène à ma ferme) qui a occasionné d’énormes dégâts un peu partout. Le jour même de la mobilisation il y avait plusieurs villages bloqués par la neige donc météo pas géniale. Et bien, malgrès tout çà, Bayonne et Pau ont rassemblé environ 24000 manifestant soit à quelque chose près (les matheux corrigeront) 3;5% de la population.
    Paris Ile de France 12 214 000 habitants et 40 000 manifestant soit 0,35% de la population (sans compter que dans les 40 000 manifestants il y a des provinciaux). Pour résumer, chez nous dans la brousse 3,5% de la plèbe mobilisée, la Capitale 0,35% et tout se passe à Paris ??????
    La révolte gronde dans les campagnes (petit message à la LFI qui nous ignore somptueusement au moment des élections)
    Voili, voilou je m’en vais réparer les dégats et faire du bois.
    Force et courage à toutes et tous les bouzeux révoltés, ou pas mais bien dans la mierda quand même

  6. https://www.youtube.com/watch?v=L9Sy6BP_CNY
    https://www.youtube.com/watch?v=ktx8clcpmOo
    https://www.youtube.com/watch?v=2OPvWFDzDlA

    L’Internationale
    (Pierre Degeyter)

    Debout les damnés de la terre
    Debout les forçats de la faim
    La raison tonne en son cratère
    C’est l’éruption de la faim
    Du passé faisons table rase
    Foule esclave debout debout
    Le monde va changer de base
    Nous ne sommes rien soyons tout
    C’est la lutte finale
    Groupons-nous, et demain, L’Internationale
    Sera le genre humain
    C’est la lutte finale
    Groupons-nous, et demain, L’Internationale
    Sera le genre humain

    Il n’est pas de sauveurs suprêmes
    Ni Dieu, ni César, ni tribun
    Producteurs sauvons-nous nous-mêmes
    Décrétons le salut commun
    Pour que le voleur rende gorge
    Pour tirer l’esprit du cachot
    Soufflons nous-mêmes notre forge
    Battons le fer quand il est chaud
    C’est la lutte finale
    Groupons-nous, et demain, L’Internationale
    Sera le genre humain
    C’est la lutte finale
    Groupons-nous, et demain, L’Internationale
    Sera le genre humain

    Ouvriers, Paysans, nous sommes
    Le grand parti des travailleurs
    La terre n’appartient qu’aux hommes
    L’oisif ira loger ailleurs
    Combien de nos chairs se repaissent
    Mais si les corbeaux, les vautours
    Un de ces matins disparaissent
    Le soleil brillera toujours
    C’est la lutte finale
    Groupons-nous, et demain, L’Internationale
    Sera le genre humain
    C’est la lutte finale
    Groupons-nous, et demain, L’Internationale
    Sera le genre humain

    Source : Musixmatch
    Paroliers : Pierre De Geyter

  7. Bonjour à toutes et à tous,
    Bon, d’accord, imaginons que la « gauche » remporte les élections (c’est mieux qu’une guerre civile) grâce à une vision de société clairement exprimée et avec des propositions qui paraissent cohérentes à 80% de la population et vu la situation environnementale et sociale une gauche obligatoirement anticapitaliste.
    A l’annonce des résultats les forces du désordre puis l’armée déchirent leurs cartes du RN et adhèrent instantanément aux forces sociales.
    Toutes les banques du monde entier afin d’éviter une fuite des capitaux massive et curieuses de cette expérience bloquent tous les avoirs des multimilliardaires.
    Les cerveaux (pratiquement tous issus des milieux bourgeois) dans un grand élan patriotique décident de rester.
    L’UE et le reste du monde capitaliste (en fait le monde entier) décident de rester observateurs car le désastre climatique et la peur que des milliards de gueux meurent, les obligent à rester neutre et de ne pas créer un blocus.
    Les cerveaux du monde décident d’unir leurs efforts afin que nos centrales nucléaires ne nous pètent à la gueule et finalement leur retombent dessus.
    Aucun pays du monde ne nous prive de matières premières et décident d’acheter tout ce que nous produiront (production écoresponsable plus plus) et envoient des observateurs afin de prendre modèle.
    Bref, nous la France, on va changer le monde tellement la gauche a réussi a mettre sur pied un modèle économique viable pour toutes et tous, environnementalement parlant super sérieux (réflexion sur l’extractivisme, que produire, mettre à la poubelle toutes les fausses solutions de voiture électrique et autre……) et surtout une vision de la société qui porte largement plus que 50% de la population vers cette solution et qui mobilise le plus grand nombre si jamais le reste du monde décidait de nous faire chuter (ce qui bien sûr a peu de chance de se produire mais on ne sait jamais). Tout çà grâce à la force de nos orateurs et leur connexion avec ce monde qui vient de basculer assez rapidement dans un totalitarisme fou.
    ET Y A PLEIN DE CHOSES ENCORE…….

    Force et courage à toutes et tous les miséreux du globe

      1. Que faire??? ce n’est pas à moi qu’il faut le demander mais à tous les grands penseurs de la gauche afin qu’ils se creusent enfin le ciboulot et cessent leurs petites guerres intestines afin de proposer enfin une alternative réaliste, porteuse d’espoirs afin qu’un fort pourcentage de citoyennes et citoyens se sentent prêts à vivre des moments peut être durs mais avec au bout du concret, du réel mais non des incantations. Pourquoi les miséreux, les GJ et bien d’autres ne prennent pas au sérieux la gauche et encore plus la gauche anticapitaliste? Se poser la question vaut le coup et cesser de dire que c’est à cause des médiats, qu’ils ne sont pas assez éduqués et autres fariboles. La forte abstention est pour moi une grande maturité politique et les GJ ont montré qu’en très peu de temps ils étaient de faire plus que bouger les lignes…… Pour l’instant la balle est dans le camp des politiques car les manifs ne suffisent pas à faire rêver même si on est nombreux. Se sacrifier oui mais pour quelle cause??
        Pour l’instant dans les campagnes on s’organise pour aider celles et ceux qui galèrent encore plus que nous (si,si il y en a) mais même si çà fait du bien de voir du monde on attend plus rien des manifs car les centrales syndicales nous baladent depuis bien trop longtemps. Donc oui je n’ai pas de solutions toutes faites et oui j’en aie marre de cette gauche complètement à côté de la plaque avec ses vieilles analyses et vieux slogans à deux balles, on ne fait que reculer et rien de neuf qui puisse donner du courage de de la patate.
        Désolé, mais mon optimisme est en berne donc je suis un pessimiste actif, mais actif quand même
        Bonne soirée

        1. Merci pour cette réponse argumentée. Mais ….
          Mais quoi ?
          Les Gilets Jaunes refusent l’organisation. Ils ont réussi à avoir une plateforme commune de revendications en imaginant que cela suffirait et que le combat était gagné. Les naÏfs ? Non, je crois que c’est pire.

          Se contenter de faire de l’entraide individuelle ? Ca ressemble à la méthode des curés ! certes c’est efficace localement (l’abbé Pierre, ATD quart Monde, et bien d’autres, que j’approuve sans réserve mais … sans illusion : toujours et encore l’action sur le symptôme mais pas sur « la cause »; et on a bonne conscience ! mais d’une certaine manière c’est légitime).

          Cependant, se donner pour vocation de faire du local, en se contentant de rêver (ou pas), ou de revendiquer verbalement, le global, m’apparait étrange. Les GJ m’apparaissent parfois comme une somme d’individualités. Se manifester en tant que collectivité vraie, c’est franchir l’étape de l’organisation et du leadership (cad se faire confiance). Là-dessus je crois que nous sommes irréconciliables.

          D’ailleurs, une partie de ces GJ relève de l’artisanat individuel (Priscilla Ludowsky) ou de l’artisanat + (2 ou 3 salariés). Il y a dans leur horizon idéologique quelque chose de commun avec l’anarchie. « Se mettre à son compte » et être « autonome » en étant le vrai propriétaire de « son » outil de production ; certes en s’exploitant soi-même, mais surtout sans la présence d’un chef, ni même de collègues de travail, sauf à être … leur chef (chef sympa bien évidemment … mais chef tout de même).
          Bonne matinée.

          1. je pense qu’il y a un petit malentendu, pour l’instant si on s’organise ce n’est pas pour supplanter l’abbé Pierre ou ATD quart monde (que perso je n’approuve pas) mais bien parce que nous sommes dans la merde avec des revenus bien en dessous du seuil de pauvreté. Donc bien conscients que ce n’est qu’une solution dans l’immédiat.Quand aux GJ çà à eu au moins le mérite de faire sortir des personnes qui n’avaient jamais manifesté, ni milité et de leur faire prendre conscience à quel point ils étaient les dindons de la farce. Naifs, non je ne pense pas sinon ils se seraient vite empressés de rejoindre tel ou tel parti.
            Bref, pas de solutions pour les raisons expliquées bien avant et oui gros désappointement vis à vis de la gauche qui n’est pas capable de se réinventer (ceci ne concerne que ma petite analyse) quand à votre finalité sur l’anarchie qui consiste à devenir son propre patron en s’exploitant soi même………. je pensais que au fil de nos échanges nous avions dépassé le stade de la provo, les petites questions que je lève sont quand à elles sincères même si elles vous semblent stupides.
            Bonne journée

          2. Non, non, désolé, mais il n’y avait pas le début du commencement d’une provocation de ma part. Je fréquente des ces individus (des amis) qui se sont « mis à leur compte » (artisan manuel, consultant industriel, masseur(e)) pour échapper à tout « pouvoir hiérarchique » (c’est le sens premier du mot anarchie il me semble). Puis, après un certain succès, ont franchi le pas de l’embauche d’un salarié, puis l’expérience aidant, le pas d’1 ou 2 embauches supplémentaires.
            Avec cette nouvelle réalité qui est la leur, il est certain que leur idéologie a évolué quelque peu, et leur discours anarchisant s’est fait un peu plus discret. Certains sont devenus de « vrais chefs » au sens péjoratif cad de vrais cons (attention ils ne sont pas tous cons). Il vaut mieux avoir affaire avec le patronat chrétien parfois, qu’avec eux ! (mais tout cela concerne aussi d’anciens communistes qui font aussi d’excellents patrons).

            Ces mouvements de la pensée de l’individu qui suivent le mouvement du réel, et qui, comme et avec le réel, passent d’un état à son contraire, ça s’appelle la dialectique. Ici dialectique très ordinaire, basique, non philosophique, mais réelle. La dialectique n’est pas un mystère : on peut la suivre pas à pas car elle est faite de « conditions » et de « moments ». La simultanéité n’existe pas dans la dialectique matérialiste, je veux dire que la loi de causalité y est présente : y’a pas de miracle, même si la prévisibilité est parfois difficile. Dialectique = mouvement ; et mouvement = évolutions et déséquilibres des forces. Ca prend des allures visibles, de chaos parfois, comme quand la coupe est pleine et que ça déborde, ou que le gaz part et que ça explose.

            J’oubliais : certains étaient GJ, tout comme notre Priscilla et bien d’autres.

  8. Sur la deuxième partie.

    Je vote pour Anasse (son seul défaut étant d’être trotskiste). Il a les pieds sur terre, cad qu’en l’état actuel :
    – il conçoit comme normal de participer à des élections, tout en mettant l’accent sur la lutte et en particulier la grève (en semaine), plutôt que sur la manif du WE (LFI) : vaste débat.
    – il refuse le rapprochement avec la FI (contrairement à Besancenot) : le marxisme-léninisme doit avoir son propre parti « visible ». LFI différent de ML .
    – « parti » qui, pour lui, vise aussi à l’élévation du niveau de conscience des salariés par l’éclairage économico-politique marxiste (et non pas l’éclairage Piketty).

    A contrario, Bégaudeau, en a rajouté une couche sur son aberration « abstentionniste » de bobo ML. Autant il a pu être dialectique/matérialiste en première partie (par exemple ne pas juger un évènement « en soi », mais le situer dans un mouvement de contradictions cad d’enjeux et de circonstances contradictoires) : cf l’exemple de « la sieste, la tondeuse, la négociation, l’organisation »), autant en deuxième partie il a été mou du genou à ce niveau.

    Mme Garnier a été à la hauteur mais sans surprise. La solution seule d’élévation des salaires est intéressante mais … non dialectique. En effet quelle que soit la solution « financière », le problème restera toujours celui – « économique »- de la concurrence marchande mondiale dans laquelle les concurrents individuels se battent (anarchie du marché disait Marx), et celui -« politique »- de l’indéfectible solidarité mondiale capitaliste, solidarité génialissimement organisée (ici exit l’anarchie aurait dit Marx). Et donc pour que ça marche, il faudrait (comme Bégaudeau avec la sieste) effectuer un « dépassement » de l’organisation actuelle, cad :

    1- que les salaires soient alimentés par … les profits
    (n’oublions pas que dans le PIB annuel actuel en France :
    – la part des profits (captés par quelques capitalistes) est presque identique à
    – la part des salaires (accordés à 40.000.000 millions d’actifs)

    ET

    2- que l’Etat soit le seul « destinataire-redistributeur » des profits (je dis bien l’Etat, et non pas chaque entreprise prise individuellement).

    Mme Garnier a aussi souligné l’effet d’entrainement des manifs : plus on est nombreux plus ça rallie de personnes (actorisation). Qu’on se souvienne des vers sublimes de Corneille dans Le CID:

    Don Rodrigue :

    Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
    Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
    Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
    Les plus épouvantés reprenaient de courage !
    …..

      1. Chukrân. 🙂

        À la première interview prise au tout début, où j’en suis là ( à 7 mn ), je vois un léger décalage entre la parole et les lèvres des orateurs, comme si les deux ( les mots et les lèvres donc … ) n’étaient pas exactement raccord, ce qui crée une certaine distance -, la voix portant + loin, + fort que la bouche, comme s’il y avait une émission radio claire et nette en avant de l’image et prenant l’avantage, et qu’on s’adressait avant tout à des auditeurs 1 -, ou une étrangeté, pas tout à fait inquiétante cependant 😉 …

        1) quelle que soit la grâce, l’élégance ou l’insistance ( FB ) de la gestuelle des intervenants !

  9. Excellente émission. Merci Aude de l’avoir si bien menée.
    Il temps de changer radicalement ce système néo-libéral, appelons le par son nom, ce capitaliste qui détruit tout depuis tant d’années, et de se débarrasser de tous ces gens qui le représentent. .Il n’y aura pas de changement sans un grand nettoyage..
    Très belle intervention de Anasse.
    Toujours un très grand plaisir de retrouver François Bégaudeau,
    Une émission qui redonne la pêche. Soutien total à tous ceux qui luttent pour un monde plus humain.
    Merci à tous. Résistance…

  10. (Commentaire posté juste après la première partie).
    Bien que désabonné du Média, j’avais visionné l’émission de François sur cette web télé !
    Bon, là, y’a pas photo : sur QG, François a été quasi grandiose. Comprenne qui pourra ! (j’ai mon idée sur la question) (pourtant j’aime beaucoup Julien Théry)

    1. Une réserve cependant concernant Bégaudeau : son commentaire sur le cas Omar Sy m’a paru quelque peu foireux. Qu’Omar soit un saltimbanque apparemment peu politisé (cad qu’il « profite bien » du système), n’invalide aucunement ses propos : ce qu’il a dit sur la « hiérarchisation » des victimes est absolument juste : en France mainstream, un « blanc » de peau vaut plus qu’un « noir » de peau dans l’ordre de la compassion massacrologique).
      C’est une grande et belle manifestation d’intégrité morale que de se manifester ainsi, a contrario de son intérêt médiatique.

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