« L’avenir d’Israël me rend pessimiste »Avec Shlomo Sand
Émission du 08/05/2024
Aude Lancelin a reçu l’historien Shlomo Sand, célèbre auteur de «Comment le peuple juif fut inventé », pour un entretien exceptionnel depuis Tel Aviv. Racines de la violence du 7 octobre, ambiance maccarthyste sur place, massacres en cours à Gaza, et raisons d’espérer encore au bord de l’abîme, malgré tout. Une conversation intime, très rare dans les médias internationaux aujourd’hui

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5 Commentaire(s)
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Merci pour cet entretien d’une immense profondeur, passionnant et tellement humain. Cet homme est exceptionnel et ouvre la réflexion d’une manière très touchante. Merci à Shlomo Sand et à Aude et BRAVO
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Ouais, très touchant.
La pilote Russe dont il parle à un moment : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lidia_Litviak
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… Être et avoir 🙂 :
« L’un des plus beaux entretiens qu’il m’ait été donné d’entendre ! » -
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PROFONDEURL’un des plus beaux entretiens qu’il m’est été donné d’entendre !
Hauteur de vue et profondeur attendue en même temps qu’étonnante de l’Historien.
Gravité du regard sur des événements cruels à en perdre confiance et raison, et malgré son pessimisme sur ce qu’il se passe, cet espoir que toujours, un jour ou l’autre, proche ou lointain, les conflits seront résolus car c’est ce qui se passe à travers le temps…
Honnêteté, et bienveillance ( même quand il demeure très critique sur les protagonistes ) enfin, sur les êtres, les vivants, les mourants et les morts.&
POÉSIE
Il évoque l’ami mort, le poète palestinien Mahmoud Darwich qui lui avait consacré un poème. Tout ce que nous raconte ( et c’est très touchant ) Schlomo Sand de la guerre, du poème, de cette amitié, de l’influence du poète qui l’avait retenu de partir en 67, est réuni là :
http://amriahmed.blogspot.com/2013/04/soldat-revant-de-lis-blanc-mahmoud.htmlEt puis, il y a son projet ( dans un avenir proche 😉 ) d’écrire un livre policier qui reprendrait l’esprit du poème et porterait ce titre « Soldate rêvant de lis blanc » car c’est dans les femmes, en l’occurrence palestiniennes, qu’il espère. J’ai aimé qu’il cite, pour la France, la franco-palestinienne, modèle de résistance, Rima Hassan, et aussi qu’il évoque l’admirable Leïla Shahid ( à propos de Darwich ) : le passé et l’avenir se rejoignant.
Entretien à écouter pas à pas, comme le fait si bien Aude Lancelin car tout ce que peut être dit par l’auteur sur cette période où « la haine est arrivée au sommet », l’est.
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J’ai été étonné de ne lire aucun commentaire sur les propos de Shlomo Sand disant préférer le qualificatif de massacre à celui de génocide.
Contrairement à ce que laisse supposer aussi bien l’historien qu’Aude Lancelin, l’enjeu est très loin d’être neutre. L’emploi du terme génocide n’est en aucun cas, et ne peut être un simple objet d’appréciation subjective résultant d’un simple comparatif entre désastres humanitaires : l’Arménie ou le Rwanda mis en balance avec la Palestine, par exemple. Ce que fait Shlomo Sand ici de façon irresponsable.
La caractérisation d’un crime humanitaire répond à des critères précisément définis par le Droit International, Droit établi à la sortie de la deuxième guerre mondiale (1948) , résultant des leçons de l’holocauste, et ayant pour but de prévenir justement tout retour à de semblables catastrophes.
On peut se gausser de ce Droit International mis à mal par nos dirigeants : mais à l’heure actuelle, les peuples, eux, n’ont que ça.
On comprend dès lors que la caractérisation de génocide, ou pas, est d’un autre enjeu qu’un simple abus de langage.
Et Israël est bien le premier à en mesurer l’importance. Car, si ce qui se passe est un génocide, le Droit International s’applique d’office à tous les gouvernements mondiaux : ils sont tenus de prendre les mesures concrètes à l’encontre de l’état génocidaire. Tous sans exception. Et ceux qui ne le font pas, sont alors complices de ce génocide.
Ce même Droit International conduit alors tout naturellement à la délivrance de mandats d’arrêts individuels contre les instigateurs de ce génocide, mandats opposables à tous les gouvernements, qu’ils reconnaissent ou pas le CPI ou la CJI.
On comprend dès lors les menaces directes exercées par Israël ou les américains contre le Président de la CPI.
Pour les Palestiniens, ça ne changera peut-être pas grand-chose, hélas ! Pour les mouvements internationaux qui soutiennent la Palestine, ce serait alors un véritable encouragement populaire : leurs gouvernements devenant pour la plupart, hors la loi ! Or, seule la pression extérieure peut faire cesser ce massacre. Et une telle décision contribuerait à l’isolement des criminels.
Shlomo Sand ce faisant, prend inconsciemment une lourde responsabilité en s’en tenant à une simple appréciation subjective. Et n’aide en rien les mobilisations pour l’arrêt immédiat des bombardements.
Or, des juristes, je pense notamment à Régis de Castelnau , ont repris rigoureusement les textes juridiques de 1948 définissant le génocide. Pour en conclure que, selon le Droit International, le verdict correspondait bien à celui de la CIJ. Curieusement, ni Shlomo Sand ni Aude Lancelin n’en font référence : il s’agit d’un débat tranché ! Régis de Castelnau en conclut que rien ne devrait s’opposer alors à la délivrance de mandats d’arrêts. D’où les menaces israéliennes et américaines !
C’est dire qu’on est très loin, Aude Lancelin, de vulgaires polémiques ou d’un débat académique : il s’agit bel et bien d’un enjeu primordial !