Pour accéder à ce contenu veuillez vous connecter ou vous abonner

« Mort de Nahel: un soulèvement sans réponse »Avec Olivier Roy

Émission du 18/07/2023

Aude Lancelin a reçu Olivier Roy, politologue, pour évoquer la révolte des quartiers et la crise du lien social. Des clivages générationnels dans l’immigration au besoin de politisation des banlieues, que racontent la violence des émeutes? Alors que Macron affirme que « le calme est revenu », il convient de se poser la question de l’absentéisme militant dans les quartiers et du rejet des institutions. L’absurdité de la thèse d’une « ghettoisation » à la brésilienne est-elle finalement le reflet d’une extrême-droitisation de notre société?

À voir aussi
À voir aussi

28 Commentaire(s)

  1. .
    Brillant éclairage d’Olivier Roy sur ces sombres journées : émeutes et pillage ; mais antérieurement aux journées, – + sombre encore ! -, est bien la mort du jeune Nahel ( bientôt un mois qu’il a été rayé, à sa déréliction et à la douleur de ses proches, de la surface de la terre ), à l’origine du soulèvement …
    Est-ce pour retourner, consciemment ou pas, « La bourse ou la vie » du brigand de notre folklore, en cette absence d’alternative : « la bourse ET la mort » que furent mis à sac les commerces ? ( ce serait une partie de la réponse manquante, mais côté, – subconscient peut-être -, de certains émeutiers. )

    p.-s. « le savoir en prison m’empêche de dormir » 😉 , a dit Frédéric Veaux ( soutenu ou relayé par le préfet Nuñez ), le directeur général de la police nationale ( DGPN ), lequel a déclaré dimanche souhaiter la libération du policier de la BAC de Marseille impliqué dans cette autre très grave affaire : Hédi ; propos qui n’est pas fait pour arranger les choses mais verse encore, – si c’est possible -, de l’huile sur le feu, sous l’oeil impavide … effrayé (?) des gouvernants.
    .

    1. Bonjour Whirlwind

      Cette « part de la réponse manquante » que vous évoquez qui serait à chercher du côté « subconscient » de « certains émeutiers », est je pense la rage suicidaire qui anime le désespéré dos au mur. Olivier ROY n’a t-il pas parler de « desperados » ? Voir le film de Gavras présenté en article sur QG l’été dernier, « Athéna », qui n’est pas sans évoquer la devise de la Grèce « La liberté ou la mort », qui pourrait être aussi bien « La liberté ET la mort », pour reprendre le tour de vos propos.

      Seule le recours à la Grandeur permet cette mue salutaire d’une rage destructrice en vent salvateur nommé « furia francese » dans ce pays.

      Cette « part » n’est pas à négliger en effet, surtout lorsque l’on lit le tweet que vous mentionnez. La PN se rapproche de son ADN. Créée sous Vichy (une autre info-rappel-clé glanée dans une ITV de Libre QG ), LA PN reconnait la main qui la tient en laisse et revient à la niche quand on la siffle. Triste Police. Je crains qu’elle ne se sente habilitée à mordre davantage sans préavis, faisant résonner plus fortement encore, les appels à prendre le maquis.

      Reste la Gendarmerie et l’armée. la Police n’est pas la seule à tenir le territoire et ferrer la population. Je me replonge dans Jaurès, trouvé son livre « L’armée Nouvelle » dans une boite à livres de ma ville. Un exemplaire des Editions sociales de 1977. Je la dépoussière… Une merveille ! EN plein dans la ligne de mire de cette Concorde Civile qui coule son or-blanc dans le fil de mes pensées depuis….

      Bien à vous et bel été !

        1. Merci pour cet aileron finement pointé
          Ainsi vous aussi savez dessiner 😉

          Plus que les vents et les marées
          que les courants vous soient favorables
          pour vous permettre de prendre la Vague
          et d’atteindre de nouveaux rivages

          Je repensais à vous hier plongé dans mes affaires
          J’ai retrouvé griffonnés dans mes papiers sur QG
          Des notes sur « La Police » prises sur le vif ON AIR
          lors de l’ITV d’un sociologue un automne dernier

          Je vous livre mes lignes en écho à vos « fiches »
          dont j’avais apprécié le fouet et la rythmique
          Elle conforteront vos dires et attestent en prime
          de la richesse de ce que l’on trouve sur ce site

          QG… Perle nacrée en huître me souviens-je avoir écrit
          Pour sûr, des dieux, Neptune doit s’en réjouir…

          Puisse t-il favoriser son devenir !

          /

          Voici le fil « Police Nationale » retranscris de mes notes

          De « sauvage » à BARBARE

          Police
          A peine 2 ou 3 siècle d’existence
          Polie Nationale créée en 42 sous Vichy pour contrer forces populaires

          Police aujourd’hui
          Rôle dans les quartiers sensibles d’Occupation du territoire
          Police de RENSEIGNEMENT qui joue sur et de sa proximité avec la population
          Participe du principe d’incarcération de masse (Foucault – surveiller et punir)

          Police
          Liée à l’Etat-Nation
          Collaboration entre Droite et Gauche pour protéger classes dominantes
          Liée au capitalisme car lié au système de domination et d’exploitation qui entraine des « violences d’Etat » légitimées par la Loi.

          Contrepoint

          Des solidarités se forment en réponse aux injustices et souffrances subies par la Police et le Pouvoir et génèrent la formation d’organisations comme autant de réponses à la nécessité de survie.

          Génération d’un mouvement profond d’autogestion et de solidarité populaire pour une société d’émancipation »

          1. .
            Foucault vivant, après « Surveiller et punir » écrirait « Surveiller et pourrir » car ça ne s’est pas arrangé depuis qu’il est mort …

            Pour le poème de l’été, qu’il soit pour Nahel : 🙂

            N’ … a vécu qu’un instant : 17
            A … ns de sa vie d’
            H … omme-enfant
            E … ffacée par une arme
            L … étale, désespérément

            *

          2. Foucault… « surveiller et (laisser) pourrir »! Tel pourrait bien être en effet ce qui désigne la politique judiciaire en France et l’attitude générale du Pouvoir à l’égard des classes nécessiteuses. Mes notes vivait de Foucault en effet et je crois me souvenir que le jeune sociologue y avait fait notablement référence. Merci pour cette mention.

            Si l’ascenseur social fonctionne encore bon an mal an, ce n’est pas grâce aux pouvoirs mais à la volonté farouche de ceux qui veulent s’en sortir. Mais pour combien de temps encore ? Macron lamine ce qui reste de tissu institutionnel et de service public dans les couches délaissées, sa gestion du Covid à fragilisé les PME, l’uberisation du salariat empêche une majorité de jeunes de s’engager dans un avenir à long terme, l’augmentation de l’électricité met à mal tous les indépendants et artisans tandis que la Police réprime de plus en plus durement tout mouvement de contestation venue de la base.

            Tout est fait pour nasser, déliter et laisser pourrir la France d’en bas. Avec pour objectif de ghettoiser la misère créée ? Pas étonnant que les forces de l’ordre prennent de plus en plus des airs de Kapo aux méthodes expéditives jusqu’à se sentir le droit de tuer impunément un adolescent innocent.

            Touchant votre poème sur Nahel.
            Vous avez l’art de la ponctuation.
            Jacques Drillon disait de la virgule qu’elle marquait une ellipse, et que le point multiple regardait de très loin le point et appelait en retour la recherche d’une explication… Suspension du jugement donc.

            Suspendu entre terre et ciel. Voilà l’effet que me fait votre poème pour NAHEL. Comment mieux marquer la stupéfaction de l’événement ? Un jeune adolescent abbatu de sang froid par la Police lors d’un contrôle de routine, cela laisse…. Comment dire, désespérément sans voix ? Pas sans voie d’avenir pour nous sortir de là, je l’espère ! La France d’en bas n’a pas dit son dernier mot et nous avons avec QG un beau porte-voix 😉

  2. SUPERBONJOUR,

    Je tiens à partager cette conférence de Françoise Verges car je pense que les réflexions de cette Dame peuvent grandement nous aider à comprendre ce qu’il se passe avec les générations dites issues de l’immigration. Pour bien appréhender ce sujet décoloniser notre esprit ne peut que nous aider à comprendre non seulement « l’autre » mais nous même aussi.
    https://www.youtube.com/watch?v=GobkB_Ohyp4
    Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne écoute de cette excellente conférence

    Le grongnon de QG qui ne fait pas que grongnonner

  3. Entretien intéressant mais j’aurais aimé qu’il soit question aussi de l’héritage colonial et esclavagiste , qui imprègne certains pans de notre société : la police, les médias, politiques, le travail , santé…
    Il y a un racisme systémique qui ne doit pas être mis de côté…

  4. Devant un tel homme, devant une telle accumulation de savoir sur la question ( plutôt l’ensemble de connaissances, sous de multiples aspects), bref devant un spécialiste, pas un pseudo, pas le premier venu, on ne peut que se taire et écouter, en prenant des notes. L’information que nous avons, d’où la tenons-nous. Des media que vous savez tous, ce n’est pas un secret, pas du tout fiables. D’un suivi attentif aux multiples problèmes des banlieues de la part des partis politiques. Je ne sais pas vous, mais pour moi c’est macache bono besef. Quoi, les banlieues, les jeunes des banlieues…, une nébuleuse. Et on découvre soudain dans cette im-prévisible explosion… Analysons le comme un nouveau symptôme d’une société contrairement à ce que l’on ne veut pas voir, profondément, disons le, malade. De toutes façon à nouveau beau travail de Q.G.

  5. Jour bon,

    Il se peut que mon sonotone soit défectueux mais il me semble que ce Monsieur a dit plusieurs fois que l’intégration jusqu’à présent a toujours fort bien fonctionné et que l’ascenseur social marche très bien. Bizarre il me semble en entendant des personnes de cette fameuse « réussite » (comme Youcef Bakni, Fatima Ouassak, Malika Mansouri, Assa Traoré……..)que l’ascenceur tombe souvent en panne et qu’il y a plus de ,je cite le Monsieur, « résidus » que de notables dans les dits quartiers. Le terme de « résidus » lorsque l’on parle d’êtres humains me charme l’oreille, quel doux mot….
    Donc cette nouvelle génération d’enfants issus de l’immigration, oui depuis cinq ou six générations ils ne sont toujours pas appelés Français
    mais : génération issue de l’immigration. On pourrait même être un peu plus précis en disant Français pauvres pour qui le contrat social n’existe pas, je m’égare, c’est l’âge!!!
    Cette « nouvelle » génération spontanée , je dis spontanée car les générations précédentes qui devraient être leurs parents, grands parents, arrières grands parents etc. sont (si j’ ai bien entendu avec mon sonotone défectueux) sont maires, députés, chirurgiens,préfets, hauts fonctionnaires, journalistes…. n’habitent pas dans ces fameux quartiers.
    Cette génération spontanée est donc (je cite toujours) plus violente car plus déstructurée, moins encadrée socialement (sauf par la police il me semble) et , petite perle, ils sont plus jeunes……
    Ils sont plus jeunes donc (je cite toujours) dans la consommation ;ils pillent, ils sont dans un consumériste irresponsable….. Au passage de très nombreux témoignages confirment que ce qui a été pillé grandement ce sont les magasins d’alimentation donc la bouffe a été la première cible de ces jeunes décérébrés.
    Il y a d’après ce Monsieur un clivage entre eux et les générations Rachida Dati, là encore dans mon panel de personnes cité plus haut (nous n’avons pas les mêmes références de réussite) je ne vois pas de clivage, je vois au contraire des personnes bien présentes dans les « quartiers » contrairement à la fameuse ex ministre.
    Je pense (oui çà m’arrive) que la seule différence entre ces jeunes pauvres des « quartiers » et les jeunes pauvres de la « France périphérique » est tout simplement la couleur de peau et un autre traitement de la part des éducateurs de rue de la BAC, on peut écouter les témoignages d’Edouard Louis pour comprendre la misère de la France d’en bas.
    Ayant passé mon enfance dans le 93 (à Montreuil) dans une jolie cité de rêve, je peux dire que il nous arrivait de recevoir, parfois, des morceaux de plafond dans le réfectoire et que le chauffage n’était pas au top. Pourtant ,à cette époque lointaine, la commune était PC (du temps ou le PC était populaire) et faisait le maximum en fonction de ses moyens pour les gueux que nous étions. Nous étions majoritairement blancs (même les immigrés) mais pauvres et çà se remarquait car lorsque nous allions à Paname les contrôles étaient fréquents et les discothèques interdites, eh oui mon bon Monsieur.
    Les potos qui sont restés me confirment que la situation ne s’est absolument pas arrangée (malgrès la grande réussite de Rachida Dati).
    Quand à la dite jeunesse des émeutiers par rapport aux autres génération je crois bien que Malika Mansouri fait une petite allusion aux conditions de vie pendant le connardovirus.
    Quand au constat de la politique de la prétendue gauche écoutons l’entretien, que QG rediffuse, entre Youcef Brakni et Ruffin çà met dans l’ambiance car dans les dites organisation de « gauche » le plafond de verre existe bel et bien et après avoir fait la lèche aux associations de quartier lors des présidentielles peux d’élus de couleur dans la fameuse NUPES.

    Je termine en m’étonnant du fait que le Monsieur compare les quartiers à des ; « espèces de ZAD »….. Il nous montre là sa grande connaissance, son grand savoir d’expert de l’expertise de l’analyse des ZAD et des « quartiers.
    Il est vrai que sur les ZAD on récupère pour construire car avec les Résidus on fait du neuf.

    Force et courage à toutes et tous les beaux Résidus de la terre et rappelons ce que disait Durruti « détruisons tout car nous seuls savons construire.
    Un petit débat avec ce Monsieur et Youcef Brakni serait je pense fort instructif.

    1. Salut Delacre

      Je n’ai rien à opposer à ce que vous dites là, avec talent humoristique de surcroît. Votre plume s’est faite lame des plus effilée dans ces sourires malicieux servis au cimeterre. Je croirais avoir affaire à Kali en personne si vous n’étiez homme. Pour sûr, Olivier Roy en prend pour son grade. Un peu plus et vous l’envoyiez au cimetière.

      Merci donc pour ce filet de prose remarquable qui lui tend une perche salutaire. Une confrontation avec Youcef Brakni ? Beau contraste. Prenez mes mots comme une sincère marque de respect à votre endroit ainsi qu’un Salut que j’adresse aussi à celle qui sabre dans le noir. La dernière fois que je l’ai croisée, elle m’a sourit du regard avant de s’évanouir comme un mirage, la lame pointée vers le bas. Je me permettrais juste d’emprunter à votre endroit la même sente que j’ai prise la dernière fois que j’ai croisé cette figure pour recevoir en retour le sourire de son regard et non de sa lame.

      Glissant sur vos mots, je note que vous y alliez fort des les premiers pas. Vous dites d’Olivier Roy qu’il dit que l’ascenseur social fonctionne « très bien » pour sonner la charge et tirer l’épée avec joie. Très bien ? Je n’ai pas tout à fait entendu cela. Il faut dire que mon sonotone branché sur les failles et les harmoniques me fait entendre d’autres sons en contrepoint qui change la donne au final.

      Olivier Roy a certes dit à plusieurs reprise que « l’ascenseur social fonctionne ». Point. Il a cité des exemples, évoqué des situations positives (Youcef Brakni n’en fait-il pas partie ?) qui atteste ses dires. Il a aussi précisé que cet ascenseur ne fonctionne pas pour tous, qu’un plafond de verre existe bel et bien, que rien n’a été fait pour régler les problèmes et même pire, tout ce qui a été engagé à détruit le tissu social de ces contrées. La fin de L’ITV est sans appel. Olivier ROY dit clairement qu’aujourd’hui la situation s’aggrave pour ceux qui ne peuvent sortir de ces lieux depuis toujours délaissés par les pouvoirs qui considèrent ces territoires comme des « espèces de Zad » qu’ils traitent avec une politique sécuritaire disproportionnée, et leurs habitants jugés « irrécupérables » comme des « résidus ». La banlieue n’est-elle pas comme son nom l’indique, depuis toujours le lieu des « mis au ban »?

      Voilà ce que j’entends dans les propos d’Olivier Roy qui a bien notifié à plusieurs reprises qu’il ne présentait là « que des faits » qu’il fallait considérer sous un angle sociologique pour ainsi dire, et non son appréciation personnelle. En se plaçant sur ce terrain où prime l’objectivité du social, il entend à mon sens lutter intellectuellement contre l’instrumentalisation qui est faite de ces faits par certains partis et courants de pensée qui visent à ramener ces problèmes à des problèmes d’immigration et derrière de religion pour traiter ces problèmes comme des problèmes d’immigration et de religion afin de rendre viscéral le débat public qui devrait rester de raison sur le terrain social. Vous le dites vous même en rappelant que du temps de votre jeunesse, les mis au ban de la Cité étaient blancs. Ils furent auvergnats, bretons, creusois,… Avant de venir des fins fonds de la France coloniale et de s’appeler immigration après la décolonisation.

      J’hésite à poursuivre. Le mot « religion » est si tangentiel car là aussi mes oreilles ont tinté qui me font dire qu’Olivier Roy connaît vraiment très bien son sujet et qu’il manie les mots avec la retenue qu’il faut pour garder position et voie d’action dans le monde intello. N’a t-il prononcé deux fois avec un certain ton (relayé par le montage qui l’a servi en gros plan) le mot « butin » pour parler de ces « émeutes » sociales ? Voyons voyons… Butinons butinons… « Le Butin » n’est-il pas le titre d’une sourate notable du Coran ? Je divague très certainement. M’engager dans ces parages culturels (je le préfère à religieux dans ce contexte) me ferait évoquer le prophète Muhammad et certains de ses choix, celui de Lawrence d’Arabie et bien d’autres au cours du XXeme siècle notamment, qui ont choisi la guérilla comme mode de combat et la Razzia quand il n’avait plus que cela pour vivre. Ne fût-ce pas d’ailleurs celui de tous les révolutionnaires en herbe et maquisards, de Castro à Cuba à la Résistance française pendant la guerre ? Décidément je m’égare… Où voulais-je en venir ? Ah oui, à ces mots magiques « Concorde civile ». Ça sonne mieux que guerre n’est-ce pas ?

      Comment parvenir à cette « concorde civile » ? D’abord commencer par regarder les faits détachés de ce qu’on leur fait porter frauduleusement. Reprendre les choses à la base. Si on veut faire société il faut d’abord prendre les choses sur le terrain social. Olivier ROY ne fait pas un autre travail que celui là selon moi. Son soucis me semble t-il, ce sur quoi finit l’entretien, est le « lien social » qui disparaît partout et pas seulement dans les banlieues. N’a t-il pas appeler à recréer un nouvel « imaginaire » pour refaire société ? Édouard Glissant pourrait être une belle pente à suivre pour dérouler le fil de ces propos. Simple suggestion en contrepoint de la votre. En montagnard vous attaquez la pente de face, en marin je préfère me hisser sur sa crête pour prendre et surfer sur la Vague. 😊

      Bien à vous et bel été !

      Au plaisir de vous retrouver sur ces pages à la rentrée, je retourne à mes sons et mes images. Je vous emporte dans mes pensées… Comment vous ignorer ? « Au commencement était »…. un gros pavé 😜

      ☮️

      1. Toujours intéressant de voir comment d’autres personnes interprètent des entretiens, je pense que si j’ai la dent un peu dure c’est sans doute dû à mes origines sociales et obligatoirement ma vision des choses et les mots sont aussi des émotions. Par contre son insistance pour dire que « l’intégration » (je déteste ce mot) fonctionne très bien ne vient pas de mon sonotone défectueux et lorsqu’il parle de plafond de verre c’est uniquement au sujet des partis politiques. Personnellement bien que n’étant pas immigré, je ne me sens absolument pas intégré dans cette société et tout au long de ma vie j’ai rencontré beaucoup plus de désintégrés.
        Bel été à vous aussi et si l’envie vous fait passer par le Pays Basque prévenez qu’on s’organise.
        Quand au gros pavé je suis toujours dessus et tout autant passionné d’autant plus qu’il m’a permis de découvrir des sites archéologiques délirants et des petites conférences qui vont bien avec

        1. Merci pour ces dires cher Delacre. Je tiens à préciser toutefois que je conçois parfaitement que l’on puisse penser ce que vous dites là avec la dent dure et qu’il fondamental que vous le dites. Un autre commentateur a d’ailleurs salué vos propos dans lesquels il a du se reconnaître et c’est d’ailleurs tout l’intérêt (et le mérite) de QG de nous offrir la liberté de nous exprimer jusqu’à malmener ses invités. Vous comprendrez aisément que certains jouent en retour les défenseurs.

          Un vivier d »intellectuels et d’ouvriers » selon la formule consacrée est bel et bien actif ici même si c’est en différé par écrans interposés et dans un rapport unilatéral, et il se produit avec une grande liberté de ton et de propos. ALLEHUIA ET MERCI QG ! On ne recréera pas ensemble un nouveau socle pour penser ensemble autrement et refaire société.

          J’ai baigné dans le religieux musulman en banlieue, notamment au sein de la ville de Montreuil que j’ai arpentée de part en part caméra en bandoulière pour faire le tour des mosquées pour un documentaire, et j’apprécie tout particulièrement chez Olivier Roy son propos détaché de ces aspects pour ramener les réalités de la banlieue, où ces questions affleurent sans cesse, à leur seule dimension sociale qui devrait être le soucis premier de l’Etat et le domaine où il est attendu qu’il agisse. D’où l’intérêt de bien écouter Olivier car ce qu’il dit est tout à fait recevable et exploitable pour nourrir intellectuellement une action publique.

          Si on laisse le débat public s’envenimer autours de l’immigration par des problèmes d’origine ethnique ou de religion, on risque fort un jour de voir revenir en force par ces voies l’État lui même sur ces questions où il est censée garder neutralité.

          On voit où nous ont conduit les faux débats sur le voile qui discriminaient tout particulièrement les musulmans et impactaient directement les banlieues. À diviser la société française sur des sujets brulants et pousser à la guerre des marqueurs identitaires jusqu’à la rupture du lien dans des institutions publiques. Pour un fichu voile sur la tête ! L’extrême-droite ne vise pas autre chose. Elle semble d’ailleurs avoir d’ores et déjà contaminé le « centre » dont se réclame Macron jusque dans sa gouvernance.

          Je pense aux offensives récentes de l’Etat sur le terrain du Covid qui a outrepassé son rôle en départageant la population entre Vax et nonvax. Il a créé dans les esprits une condition de sous-citoyen pour justifier une sous-citoyenneté dans ses actes. Marque d’un hygiénisme en politique qui est le propre de l’extrême-droite et qui justifie à lui seul le qualificatif « d’extrême-centre » par allusion.

          J’espère m’être fait comprendre. Le sujet est pour le moins ardu.

          A la prochaine ! Je croyais que c’était la dernière de l’année sur QG mais le site affiche encore un LIVE à venir.
          .

          1. le problème ne date pas du voile car encore une fois mes copines, dont les parents étaient immigrés, portaient la mini jupe, je me répète mais les parents voulaient que leurs enfants soient plus Français que les Français et si les islamistes ont gagné du terrain c’est bien à cause de « l’intégration » et du pacte sociale rompu, car contrairement à ce que ce Monsieur dit, non çà ne marche pas car encore une fois la population des pauvres qui vivent dans ces quartiers est bien plus nombreuse que les Rachida Dati des beaux quartiers donc on ne peut pas parler de résidus. Au passage il ne dit pas d’ou il tient çà.
            Par ailleurs, ne prenez pas celà pour une insulte ou une remarque déplacé à l’encontre de votre travail mais faire un reportage et vivre dans les cités c’est pas la même chose du tout loin de là. Vous le savez très bien, les personnes filmées ne montrent ou disent que ce qu’elles veulent voir pire imaginent ce que vous voulez voir ou entendre.
            Allez, cadeau un petit jeu de mot de mon enfance
            « L’ Arabie cé ou dites ? par là mec
            Ce genre de blagounette à deux balles faisait marrer TOUT le monde et on en est arrivé ou des personnes « bienveillantes » continuent à parler de générations issues de l’immigration, il va falloir attendre encore combien de siècles pour ne plus entendre çà?
            J’ai réécouté l’entretien ce qui me fait confirmer ma petite analyse à une sesterce.

          2. Cher Delacre,

            Je crois que l’on ne se comprends pas. Quand Olivier Roy parle de « résidus » (et d’autres choses) je pense qu’il évoque la façon dont les pouvoirs perçoivent et traitent ces populations. Il ne fait pas part de son opinion personnelle, bien au contraire. En cela il dit et parle clair pour ceux qui cherchent à voir et comprendre à ce niveau là ce qui se passe.

            Quant à moi, je ne ne sais que trop combien enquêter sur une chose et la vivre est différent. Mais quand je dis que j’ai « baigné » dans le jus, je veux dire vraiment prendre un bain. Je n’habitais pas loin de mon lieu d’enquête au demeurant, dans le XXeme entre les cités de Saint-Blaise et de la Réunion avec mes deux enfants en école dans le secteur de la maternelle au bac. Je ne vais évoquer davantage ma vie je vous demande seulement de garder vos piques pour d’autres que moi même si vous dites ne pas vouloir me brusquer. Je ne suis pas un petit bobo endimanché. Un petit tour dans ma contrée et ce que j’y vis vous en convaincra. Cela dit je ne vous en veux pas. Il m’arrive de penser et dire la même chose à d’autres que vous percevez là comme moi. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai fini comme paria. Un exemple
            ? Un certain Thierry P. de Terra Nova. Je refaisais le monde dans sa cuisine avec lui les samedis soirs quand nous étions étudiants. Le jour où je lui ai dit qu’il s’était fait « bouffer la cervelle » il n’a pas aimé et m’a mis au rencard de ses relations. Combien comme lui ? Beaucoup d’amis du à ma façon de conduire ma vie. Fin de Narration.

            Bref vous m’avez piqué au vif (j’ai aussi mon tempérament) et j’ai sorti mon dard. Je pense que nous sommes quite.

            Pour le reste, comment dire. Je crois, si je vous ai bien lu qu’il nous faut sortir de ce concept « d’immigration » ou de populations « issues de l’immigration » si nous voulons aborder les questions sur le plan politique, car s’il y a bien une chose propre à la France en dépit de toutes ses ombres historiques, c’est le projet, et d’abord l’idée, d’une pleine citoyenneté pour tous, quelque soit ses convictions et origines. Alors pourquoi en faire mention quand cela ne réveillé que discrimination. Il nous faut bien cependant aborder la question… Gros dilemme !

            Comment aborder ces questions quand il nous faut penser et parler pour réaliser ensemble ? Olivier Roy choisit le pur terrain social et j’y donne en partie foi pour ce qui est d’aborder nos institutions. Je cherche encore un chenal dans ce dédale miné qu’est le débat public et vous me donnez l’occasion de vérifier combien il est ardu de s’y engager. Car le débat est une chose, et La CHOSE publique en est une autre. Elle doit permettre à chacun de se reconnaître en tous et permettre à tous de reconnaître chacun. Quadrature du cercle quand tu nous tiens…

            « La terre est une sphère, elle invite au départ du nomade
            L’Univers est quadrilatère, il appelle la parole du Sage » (1990)

            Il faut dire que je me situe dans une perspective difficilement partageable pour le moment car non encore advenue. J’hésite à poursuivre sur ce plan car il demanderait de sortir une longue vue sur l’histoire de France pour entrevoir un impensable : l’affaiblissement et le repli, progressif ou brutal selon les circonstances, du pouvoir central en France, LA CHOSE sus nommée en question. Une issue incontournable à terme selon ma vision. Le pendant à l’actuelle situation ? Une confédération de petites nations, chacune avec sa couleur, ses mœurs, ses façons. Ce qui peut rester de cette France capitale en base pour faire union ? C’est tout l’enjeu de la question. Car ne nous leurrons pas. Quand la situation pétera, nous nous retrouverons avec des situations territoriales très diverses, certaines antinomiques voire antagonistes et il faudra pourtant bien trouver le moyen d’en venir à cette « concorde civile » pour retrouver espoir et relancer le vaisseau France dans l’avenir. Sur quels termes l’asseoir ? Le social qui peut déboucher sur le sociétal autours d’une table me semble un bon point de départ pour imaginer refaire société. Reste à choisir les plats pour féderer les forces. Suis-je ainsi plus clair ?

            « Concorde civile »…. Quels mots magiques. Ils pourraient bien faire étoiles dans un fracas public et faire pont pour franchir les digues. Pour l’heure ils cuirassent d’or blanc ce fil rouge en ligne. 🙏

          3. Désolé, mais je ne cherchais vraiment pas à vous « piquer au vif », j’étais sincère lorsque je disais ne pas remettre votre travail en question……mais après tout prenez le comme vous l’entendez.
            Bonne journée

    2. Un petit peu de musique pour clore ses dires ?

      Parlant de Vague restons en MER et puisque la tonalité de ces échanges est comme dire… Acidulé ? Je vous invite à découvrir la Liquid Sound Company avec ce flow

      https://youtu.be/puCOijBcv1Q

      Et puisque c’est l’été et qu’Edouard Glissant s’est invité là, faisons échouer cette vague sur les rivages des Antilles. Plutôt que Cuba ou la Martinique, je choisi la Jam-à-IK 😉 en mode Natural Mystic. Quoi de mieux qu’un Bob sur la tête quand on est sur la plage ou en mer au soleil ☀️

      https://youtu.be/Z0lufcRgZlA

  6. ☀️ ROY’AL ! ☝️

    Avec jeux de lettres-noms s’il vous plaît.

    Olivier ROY interviewé par Aude Lancelin nous a offert belle hauteur de vue et profondeur de propos pour nous dépeindre le portrait d’un Macron perdu, isolé voire désemparé, au milieu d’une France qu’il ne connaît ni ne comprend, une France sur la brèche en proie à de profondes ruptures notamment avec sa jeunesse (le fleuve sombre qui court dans nos doutes) qu’il malmène perversement à tout bout de champs pour lui imposer sa vision d’une « Start-Up Nation ».

    Tenant d’un État qu’il a étêté de sa Haute Fonction pour porter seul le pompon, et d’institutions rejetées par une part signifiante de la population, qu’il a détourné de ses fonctions (mackinsleyisation des conseils, militarisation de la police, contournement de l’Assemblée Nationale,…) pour mieux imposer ses décisions, Macron fils prodige de la politique-fiction se révèle en butte avec un Réel pregnant et vif sous le regard scal’pel d’Olivier Roy.

    « Non Sire », pourrions nous lui dire, « la France n’est pas une « Star-Up Nation » (dont l’anagramme soit dit en passant est « Nato’s rat Input » = influx du rat de l’Otan), elle est le pays déclencheur des révolutions ».

    Cela Olivier Roy ne le dit pas mais le tableau que brosse l’émission d’une France traversée par un gouffre de problèmes irrésolus et pour certains irresolvables en l’état (jeunesse en rupture de ban, enfermement du pouvoir dans une logique sécuritaire, population invisibilisée en quête de reconnaissance renvoyée dans ses dortoirs, confiscation des médias et de la vie intellectuelle par une élite affidée au pouvoir, démocratie étouffée par les violences…) laisse entrevoir au delà des troubles de rue dans les quartiers qui ne sont pour l’heure rien de plus que des émeutes à visée « consumériste » pour rafler du « butin » selon Olivier Roy, la gronde qui sourde dans les soutes d’une France coupée de la mondialisation.

    Sur les quartiers, l’immigration, l’islam en France,… Olivier Roy remet les pendules à l’heure. L’ascenseur sociale fonctionne encore et tient lieu de courroie mais les problèmes de fond se creusent. Ils viennent d’une banlieue en déshérence abandonnée par les pouvoirs, gauche en tête, qui n’ont rien fait ces dernières décennies pour sortir les gens de leur misère et ont par ailleurs sapé le maillage social de ces contrées à coups de chasse aux sorcières en invoquant rigidement la laïcité à cors et cris et chassant aveuglement les terroristes islamistes.

    Il est urgent de réinvestir ces lieux désertés par tous les partis, les chercheurs, les éducateurs,… prévient en substance Olivier Roy. Les moins de 12-13 ans vivent désormais dans un monde que même leurs aînés d’une dizaine d’années sortis des bans ne comprennent plus et ne parviennent plus à tempérer. Le réel cogne à la porte. Lacan est passé par là je crois pour nous rappeler que quand il surgit si l’on ne s’y est pas préparé, c’est toujours avec fracas. Olivier ROY parle là de la jeunesse des banlieues en déshérence. Je pense que l’on peut évoquer ce problème à géométrie variable pour tout un pan de la jeunesse actuelle en France, covidée de surcroît (Delacre dirait quelque chose comme confinoconnardovirusée😉).

    Autre motif d’alerte entendu hier soir sur la Gauche en perte de vitesse et la France en quête d’union : la nécessité impérieuse de repenser ce qui fait lien au delà des partis et des convictions de CHACUN. Vaste sujet qui nous peut emmèner très loin et que je préfère laisser reposer pour le moment en attendant d’y revenir armé d’une plus profonde réflexion, pour le ramener à ces deux mots entendu de la bouche d’Aude qui ont fait coulé une lumière Or-blanc sur le fil de l’émission : « concorde civile » .

    1. Non seulement ce n’est pas absurde
      Mais c’est plein de sens
      C’est la Macronie qui est Absurdie
      Car elle répond à tout par la violence

      Comment s’étonner en retour que rougissements surgissent
      Quand depuis des décennies on laisse surgeons pourrir ?

      Et pour ce qui est de dire de ces jeunes pousses natives
      qu’elles agissent « sans conscience politique »
      Je préfère entendre en elles le cri de la faim
      D’une sous-France au ban poussé à jeun dans la Polis

      Ce n’est pas « sans conscience » qu’elles agissent
      C’est en conscience actée de la fin du Politique

      1. ses références à la gauche sont limitées à une fausse gauche qui n’a fait qu’accompagner le « système » (Mitterrand (83…) Jospin…hollande et son « héritier »…) En évoquant les insoumis il ne fait que survoler le sujet pour mieux le discréditer oubliant ainsi que dans l’actualité c’est le mouvement qui s’est le mieux comporté en stigmatisant l’absence de réponses politiques et le rejet général des révoltes urbaines tant à droite et à son extrême que parmi une certaine (‘gauche traditionnelle…) qui se refusent à analyser les raisons profondes de ces révoltes et ne voient que la réponse sécuritaire et répressive …

        1. Bonjour Georges

          Je suis heureux de vous découvrir sous une pluie de mots bien écrits qui me disent que vous êtes de cette gauche qui est restée fidèle à la Gauche dans laquelle vous reconnaissez la LFI que vous défendez bien. Je respecte cela. Je connais bien cette sensibilité que j’ai côtoyée de très près dans le passé. S’il n’était que les militants, les idées, les projets… Je serai peut être tenté de soutenir voire d’abonder. J’ai failli le faire pour faire avancer le projet d’une VI constitution que Melenchon fut le seul à porter vraiment sur le débat public. Hélas, je suis juste plus que réservé à son égard pour des raisons que j’ai déjà explicitées sur cette page.

          Au demeurant la LFI n’a jamais gouverné ni été dans aucun gouvernement que je sache. Olivier ROY qui parlait de la gauche parvenu au pouvoir ne s’est donc pas trompé en disant que la gauche n’a rien fait. Les déclarations et prises de position de Melenchon ne valent que pour ce qu’elles sont : des mots !

          Je l’entends hier appeler à des « actions révolutionnaires et subversives » car le temps presse dit-il. Je pourrais entendre ce qu’il dit. D’ailleurs je fais souvent le même diagnostique que lui (il est un des rares politiques que je suis pour son intelligence). Mais que fait-il lui même ? Que fait son parti et ses membres officiels ? S’y risqueront-ils vraiment pour donner l’exemple ou attendront-ils sagement que la situation tourne pour rafler la mise ? Une révolution ne se commande pas. Elle surgit et après on voit.

          Bonne journée à vous

Laisser un commentaire