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Le grand entretien post-déconfinement – Quartier LibreAvec Emmanuel Todd

Émission du 07/07/2021

Aude Lancelin recevait Emmanuel Todd, historien et démographe, pour un grand entretien passionnant sur les leçons de la crise du Covid, les nouvelles luttes de classes en France, le vote vert, les manifestations du Comité pour Adama, la revue Front Populaire d’Onfray, entre autres sujets à ne pas manquer.

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3 Commentaire(s)

  1. Je repique au commentaire sur l’ouvrage d’E. Tood !
    Pour évoquer une position d’Emmanuel, position qu’il a développée sur une autre chaine TV, mais pas ici sur QG ( https://www.youtube.com/watch?v=rY_8JzoW5hc ). Emmanuel orienterait-il son discours en fonction du public ? Pourquoi pas, après tout.
    Cette position concerne la signification de l’expression « lutte des classes ». E.T. tient expressément à préciser que pour lui « lutte des classes » n’est pas lutte armée, n’est pas action de guerre ! Sur le fond, il a parfaitement raison, la lutte des classes est la contradiction d’intérêt entre prolétariat et bourgeoisie : ça s’appelle un « rapport social » et, comme tous les rapports sociaux (absolument tous), ce sont des rapports adversifs, cad d’opposition. Cette opposition peut prendre différente forme, dont l’affrontement violent et sa version ultime la révolution. Mais E.T. ne veut pas entendre parler de révolution apparemment.
    Je trouve dommage qu’il ait crû nécessaire de préciser sa conception « non violente (!) » de la lutte des classes, d’autant que la question ne lui était pas posée par le journaliste !
    Voilà pour Tood qui reste néanmoins pour moi une vraie référence.

    J’en profite pour faire aussi la promotion d’un livre récent sur l’écologie (bien que j’aie en détestation l’écologie dominante actuellement, celle EELV). Il s’agit du livre d’Hervé Kempf, livre qui est la bouffée d’oxygène que nous manquait en la matière. Le titre est un poème à lui tout seul :
    « Que crève le capitalisme ».
    Enfin un livre qui va droit au but en matière d’écologie philosophique cad d’écologie qui analyse les causes réelles des catastrophes écologiques actuelles. Qui les analyse et les nomme, et qui propose même un remède : « qu’il crève ! » en parlant du capitalisme. Il en profite aussi pour nommer les stratégies écologique inutiles et illusoires (consciemment inutiles et illusoires cad les stratégies de trahisons) et les porteurs de ces stratégies cad la cinquième colonne du capital au sein du mouvement écologique (exemple Nicolas Hulot) ; quel plaisir de lire cela !!!!!
    Hervé prend la peine de faire l’histoire simplifiée du capitalisme !
    Il prend aussi la peine d’inventorier rapidement les différents modèles éventuels de substitution au capitalisme ; bien que non communiste semble-t-il, il ne crache pas de mépris sur le communisme : au contraire, il a repéré avec humour un nouveau point G pour se moquer des hommes politiques qui nous sortent « Goulag !  » dès qu’on leur parle de communisme (comme on parle du point Goldwin sur internet).
    Ca se lit facilement, le langage est simple, mais c’est profond ! Toutes les qualités !
    14€50, 120 pages.
    Les écologistes ne sont pas tous pourris !

  2. Je suis plutôt d’accord avec E. Todd et j’ai beaucoup de respect pour lui mais justement, notre devoir est d’être critique surtout lorsque je me ‘sens’ dans le même camp.
    Alors bien sûr il y a seulement 0,1% ou 1% de la population qui serait à exclure de notre camp mais
    le côté subjectif des individus masque facilement la réalité surtout lorsque la quasi totalité des médias ne sont pas dans notre camp.
    C’est pour cela qu’en ce qui concerne les priorités, j’ai un autre point de vue par rapport au racisme.
    On ne peut pas s’adresser aux gens que par le biais d’une objectivité même si c’est celle de la lutte des classes on est bien d’accord c’est tout le monde contre les 1%.
    Un autre point de vue sur la priorité du racisme car les gens des ghettos vivent pleinement le racisme même si ce n’est pas celui des USA. Je pense que le racisme au sens large du terme est la face subjective de l’objective lutte des classes.
    Racisme au sens large du terme car en effet le racisme français n’est pas trop celui de la couleur de peau, c’est celui de la personne qui ne vit pas comme nous, qui n’a pas la même religion, qui nous envahit, qui est pauvre et donc qui profite de la sécu etc. Bref tous les maux de la société viennent de là, Macron peut continuer.
    C’est un racisme , un vrai racisme car ces gens là, n’ont pas à avoir les mêmes droits que les français comme c’était déjà le cas en Algérie dite française par exemple.
    Ce racisme n’est pas moins grave que le racisme moins ‘raffiné’ du nègre.
    Prendre en compte prioritairement ce racisme c’est une opposition directe au capitalisme et c’est la seule façon pour le progressiste français ‘blanc’ de fraterniser avec les progressistes des ghettos car il y a un espace, ne serait-ce que parce qu’on ne vit pas au même endroit même si on est pas beaucoup plus riche ou parfois moins riche.
    Si la droite insiste sur l’identité française qui serait chrétienne, la religion musulmane n’utilise pas moins la pression religieuse pour contrôler ses ouailles. Au lendemain de Charlie, j’ai entendu le fameux ‘ils l’ont bien cherché’, j’aime beaucoup cette personne encore mais je n’ai pas oublié.
    Une autre que je dirais progressiste, me parle du sultanat comme forme de gouvernement !?
    Donc il y a à mon avis ces deux problèmes à prendre en compte du côté des progressistes qui ne veulent pas d’une ‘ghettoïsation’ de la lutte .
    Accepter ce que nous disent fortement les gens des ghettos sur la priorité de l’antiracisme au même titre que la lutte des classes, prendre en compte le fait que les réactionnaires politiques et religieux de tous bords veulent prendre le contrôle de la population au travers des religions.
    Sinon on prend le risque de luttes qui n’auraient aucun sens à part celui de faire la part belle aux capitalistes. Un rassemblement progressiste ne peut être que laïque. Il faut dire des évidences.
    Pour l’écologie je suis d’accord avec Todd, si l’écologie arrive au pouvoir le prix des énergies et donc du reste va être tel qu’on risque d’avoir un retournement irrationnel anti-écologiste, cela serait dommage. D’ailleurs on commence à nous parler de l’acceptation que les français doivent avoir par rapport à des mesures écologistes et donc eux aussi vont nous faire de la pédagogie.
    Pour le statut de la femme , j’avoue que j’aurais tendance à le mettre sur le même plan que le racisme, il doit être vécu comme cela par la femme consciente, avec la même rage que le petit jeune de banlieue harcelé par les contrôles. Idem pour l’homophobie. Femmes + homos + lutte des classes+ banlieue , j’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup de copines et de copains.
    Et alors! Si on n’arrive pas à rassembler sur la justice concrètement, ils s’entretueront pour des choses qui n’en valent pas la peine!
    A un moment donné si l’on est démocrate , on ne peut pas faire le bonheur à la place des gens ni leur dicter ce qui est bien pour eux.
    Lorsque Todd pense qu’il faut des élites et qu’ils ne croient pas au populisme , il aurait dû s’attarder sur la question à mon humble avis.
    J’ai lu des élites très fortes , très intelligentes dans leur discipline notamment trois qui pensaient que pour résoudre les problèmes sociaux il fallait créer un corps de techniciens du social. Sur la forme ils n’ont peut-être pas pensé qu’il n’y avait même pas d’argent pour l’hôpital! Sur le fond il ne s’agirait donc que d’un problème technique et nous comme des idiots et des sectaires jaloux on pense que c’est un problème d’injustice, de pouvoir, d’accaparement des richesses, d’exploitation …
    Alors au niveau des élites, j’espère qu’il en reste assez, Todd notamment, un petit coup de brosse ça ne fait pas de mal. J’ajoute Aude Lancelin et tous ceux de QG … si mon commentaire ne passe pas …
    Plus sérieusement il faudrait parler du cadre normal dans lequel la démocratie populaire devrait s’exercer et les mesures à prendre, les élites étant absolument nécessaires mais dans le respect de ce qu’a décidé le peuple et sous son contrôle réel et donc avec les institutions qui vont avec.
    Je ne me défausse pas mais je me pose déjà des questions sur mon droit à faire des commentaires un peu long …
    Pour la lecture je trouve l’explication un peu courte, c’est vrai c’est dur de lire surtout au début mais l’effort consenti va avec la motivation, et je prétends qu’il y a des sociétés qui peuvent donner le goût de l’effort intellectuel sans transformer les enseignants en pitre. Deux sujets: la démission des enseignants de leur rôle dans la société et ce qui va avec: la facilité avec laquelle ils se sont laisser dénigrer, la facilité avec laquelle ils ont accepté les méthodes de management. Je ne développe pas , rassurez-vous !
    l’explication un peu courte : désolé pour ma suffisance, mais même Marx je me targue de le compléter …

  3. Emmanuel Todd, derrière son argumentation scientifique, montre une analyse et des choix politiques tout à fait personnels (je veux dire que ce n’est pas exclusivement son analyse scientifique qui détermine ses choix politiques, bien que sa stratégie de justification le laisse un peu entendre). C’est tout à son honneur. Le sociologisme, sous prétexte de rigueur et d’objectivité, chasse trop souvent le parti pris politique.

    Je me retrouve bien dans sa distinction et sa priorisation entre « social » et « sociétal » (distinction qu’il développe dans les termes « rapports de production » et « ça » (45mn34). Il ajoute que le « ça » ne peut advenir véritablement en France qu’à la condition de régler la question socio-économique des « rapports de production ». Intéressant.

    Perso, je pense qu’une lutte n’empêche pas l’autre (la question étant « qui souffre de quoi ?), mais que le « ça » ne doit pas se faire au détriment de la lutte sociale, car, en fait, le « ça » (sociétal) peut tout à fait exclure la question des « rapports de production », alors que l’inverse n’est pas vrai. Cad qu’un noir « égalisé », ou bien une femme « égalisée » – si je peux me permettre cet attribut hardi – peuvent tout à fait – et légitimement – être partisans du capitalisme et ennemis des nationalisations généralisées et tout ce qui s’en suit ; alors que le communisme exclut a priori toute discrimination sociétale. C’est d’ailleurs pour cela que les combats du « ça » serviront toujours à la bourgeoisie pour secondariser, et même culpabiliser, les combats sur les « rapports de production ». L’égalité H/F et l’égalité N/B, sont totalement compatibles avec le néolibéralisme, la financiarisation, la mondialisation, l’inégalité des richesses etc … C’est pour cela que les militants du « communisme » ne doivent pas se laisser monter sur les pieds par les autres luttes du ça (qui demain, fourniront peut-être des bataillons ennemis) : la lutte des classes visent des objectifs plus larges et complexes que les luttes du « ça ».

    En ce qui concerne l’écologie, la chose est plus compliquée, car 2 analyses politico-scientifiques sont pour l’instant en concurrence, à savoir « écologie compatible avec le libéralisme » (tout le marigot bourgeois, qu’il soit progressiste ou réactionnaire : PS, EELV, PCF, LR, RN, LREM), et « écologie incompatible avec le libéralisme » (la gauche prolétarienne + écolos responsables comme ReporTerre). Pour moi, l’écologie dont rêvent les bobos, est totalement incompatible avec le libéralisme; ils veulent le beurre, l’argent du beurre, et même la crémière, ces saligauts.

    En conclusion, tous les éléments du « çà » ne peuvent pas être analysés identiquement vis à vis des « rapports de production ». Y’a du travail !

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