« Même si Berger ne veut pas, la base est là! », par Nathalie Athina

25/01/2020

Ce 24 janvier à Paris, on n’aura pas manqué de remarquer, dans l’imposant cortège hétéroclite (Ô esprit de la giletjaunisation!) un groupe de syndicalistes de la… CFDT !

Ce 24 janvier à Paris, on n’aura pas manqué de remarquer, dans l’imposant cortège hétéroclite – Ô esprit de la « giletjaunisation » ! – un groupe de syndicalistes de la… CFDT ! Des primo-manifestants de ce syndicat sont désormais sortis dans les rues, finalement piqués par le virus contagieux de la contestation, et entre les informaticiens, les conservatoires municipaux, et autres Inalco (« Institut des langues orientales »), ce petit mais signifiant cortège nous interroge.

Le mouvement social, intense depuis  2016, puis redoublé à partir de 2018 avec l’entrée en scène majeure des Gilets jaunes, et enfin amplifié depuis le 5 décembre avec la grève contre la réforme des retraites, est toujours fort du soutien de la majeure partie de la population française (70% selon un sondage publié par « le Point » du 24 janvier 2020 ). La sortie de route du syndicat réformiste, mené par Laurent Berger, était finalement bien peu surprenante, au regard des nombreux précédents des années passées. On se souviendra de la défection de ce syndicat, en 2016, lors de la lutte contre la loi « Travaille », et des déclarations de la direction de la CDFT parlant d’ « un projet de loi qui peut potentiellement être porteur de progrès » et condamnant déjà à l’époque les réfractaires qui, malgré tout, étaient descendus dans les rues.

Ce qui est remarquable désormais, c’est – empreinte Gilet jaune là encore? – cette libération de la parole, de l’action. Des syndicalistes, tout en assumant leur étiquette, semblent bien vouloir dénoncer ce qui apparait comme une trahison de la part de leurs dirigeants. Qu’est ce que cela signifie? Probablement une amplification du mouvement par la prise d’initiatives de composantes sociales, jusqu’ici absentes par « obligation », mais finalement poussées par l’irrésistibilité de l’appel populaire, et se trouvant enfin confortées dans leur refus. Un refus, également, de tolérer plus longtemps ce qui leur semble injuste et inéquitable, en s’affranchissant de l’autorité incarnée par leur « tête »?

Peut-être bien oui, et la défection de plus de 5.000 adhérents de la CFDT depuis le début du mois de janvier révèle un malaise bien présent, illustrant à merveille cette parole de Bourdieu: « L’histoire sociale enseigne qu’il n’y a pas de politique sociale sans un mouvement social capable de l’imposer.« 

Nathalie Athina

Voir la vidéo des militants CFDT présents le 24 janvier à Paris, ici:

Laisser un commentaire