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Briser les chaînes de l’esclavage moderne – Quartier InterditAvec Zita Cabais-Obra et David Desgranges

Émission du 09/01/2023

Itzel Marie Diaz a reçu Zita Cabais-Obra, ex-victime d’esclavage, et David Desgranges, avocat, vice-président du Comité contre l’esclavage moderne. Privée de papiers et de liberté par un couple de Parisiens aisés, Zita Cabais-Obra raconte le quotidien infernal qui fut le sien, et l’aide juridique et sociale qui lui a permis de s’en sortir. Par quels moyens l’esclavage arrive-t-il à exister et être dissimulé encore aujourd’hui en France? Quelles sont les populations les plus touchées? Comment le CCEM, et d’autres associations, mettent en lumière ce problème majeur et attirent l’attention de l’État sur une réalité qui n’appartient pas au passé? Une prise de parole puissante à découvrir sur QG.

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14 Commentaire(s)

  1. Bonjour à toutes et à tous,
    Très bel entretien, témoignage important et merci à Itzel Marie Diaz pour sa sobriété.
    Question : pourquoi avez vous décidé de militer?
    Réponse : pourquoi j’ai décidé de militer ?Mais c’est tout simple……………..
    Je me permet (puisque nous sommes également sur un sujet d’entraide et de solidarité) de rendre hommage à un autre militant des libertés et des autonomies Adolfo Kaminsky décédé le 9 janvier. Il a sauvé la vie de milliers de personnes grâce à ses talents de faussaire et il trouvait que l’humanité était malade et qu’il était grand temps qu’elle se soigne. Cet entretien de QG en est un bel exemple.
    Hommage à Kaminsky
    https://contre-attaque.net/2023/01/09/adolfo-kaminsky-vie-heroique-dun-faussaire-resistant/
    Force et courage à toutes celles et ceux qui vivent dans l’invisibilité

    1. Je découvre. Adolfo, la noblesse, le coeur, le courage.

      « les papiers » : les papiers d’identité !!!!! Nous y revoilà. Comme avec mme Zita. Le rattachement à une identité « nationale » c’est, qu’on le veuille ou non, un des premiers éléments « actorisant » de l’individu, cad ce qui participe à en faire un sujet au sens « d’un plus » en matière d’identité et de consistance : avec ses papiers, tout individu bénéficie du « soutien implicite » de sa nation d’appartenance.

      Confisquer « ses papiers » à une personne, c’est la priver de la considération que s’octroient les nations entre elles. Bref c’est dégueulasse, c’est le début de l’esclavage, l’esclave n’ayant rien à attendre de personne, par décision de l’esclavagiste.

      Mais, inversement lorsque ces papiers notifient, en plus, un caractère non pas national mais religieux ou ethnique (au sens de culturel), par exemple la judéité, ça peut devenir « un moins » face à des personnes qui souhaitent l’éradication de cette culture cad cet acteur, fût-il consistant (je veux simplement dire ici qu’elle ne concerne pas une ou deux personnes- l’acteur juif n’étant pas un acteur numériquement insignifiant même s’il n’est pas dominant sous ce critère).
      (Si les chinois étaient 1000, ça fait longtemps que l’Amérique les aurait mis dans une réserve).

      1. Curieuse relation que notre civilisation entretient avec l’écrit en général. A peine sorti du ventre de notre mère, PAF ! Acte de naissance ! Passé la majorité, rePAF ! Carte d’identité. Sortie de territoire ? Re-rePAF ! Passeport. Sortie du rail de la légalité pris la main dans le sac ? PAFPAF ! Loi et tribunaux ! Je dis PAF mais je devrais écrire BAF ! Comme Baffe !

        Un papier peut avoir plus d’importance pour votre vie que tout ce que vous portez en vous d’expérience vécue. Nos « papiers », le linceul de notre « identité » au sein de la « nation » qui nous porte en son sein, sur lequel est imprimé ce que l’on ne choisit pas de notre existence : le nom que nos parents nous ont donné et notre date de naissance, et qui vaut surtout pour laisser-passer, ce qui pour certains, comme Zita, fait en plus office de laisser-vivre-libre ?

        Nul en Français au lycée (pensée jugée confuse, expression tortueuse et maladroite, fautes d’orthographe et de grammaire en pagaille…), au point d’avoir dû être accompagné des années durant par mes professeurs, en soutien et cours de rattrapage, j’ai longtemps entretenu avec l’écrit et l’écriture en général un rapport conflictuel. Je préférai dessiner en classe car cette activité me permettait de « sortir mes oreilles » et de m’extraire du superflu pour ne garder des cours que l’essentiel.

        Je n’ai trouvé le pont vers l’écrit que lorsque j’ai pu m’ouvrir à la poésie et plus tard les Écritures. « POÈTES, VOS PAPIERS ! » chante Leo Ferré. Depuis j’imprime et j’archive fébrilement, compulsivement même, tout ce que je trace et peut récupérer comme papier porteur de mémoire, de sens et d’émotion.

        Suis-je mort à la vie sauvage et libre qui était la mienne avant cette plongée dans l’encre ? Possible car depuis je cours éperdument après les mots et comme Derrida qui tenait à tout mettre par écrit de ce qu’il pouvait produire comme pensée, je remplis depuis ce jour quotidiennement mes carnets. Et dire qu’une seule allumette peut tout réduire à rien tout de cette vie que l’on se crée par contumace dans le seul but de laisser trace.

        Quand j’ai lu votre note sur le rapport que peut entretenir nos »papiers » avec ce qui fait reconnaissance identitaire au sein de la « Nation », j’ai tilté et je me suis dit : tiens, y’a un os à ronger là, un truc à creuser. Une tombe ? Car l’écrit comme mise à mot est peu ou prou aveu de l’omniprésence de la mort dans nos vies. Comme si en définitive sans papier ou sans écriture, nous ne serions rien qui vaille d’être mentionné ou même d’exister.

        Nulle offense, ni même désaccord ou soupçon de polémique, je m’interroge tout simplement, je réfléchis, non à voix haute mais en notes mises à bas, après avoir été baffé par vos mots écrits, tellement vivement que j’ai éprouvé le besoin d’écrire ceci. De la claque au cri pour le nouveau-né, de la baffe à l’écrit pour moi ici, même tirant d’eau, même tir d’os ! Il faut le reconnaître en effet, Nation et Identité entretiennent un lien étroit avec le papier qui va bien au-delà du simple « laissez-passer » fonctionnel et juridique. Je cherchais un fil à dérouler pour entamer l’écriture d’un livre, je crois que vous m’avez donné là une entrée en matière, comme matière à en découdre avec ma propre pensée, que je vais dérouler. Merci.

        1. Depuis que le monde est monde cad depuis que l’homme vit en société (cad toujours), les papiers d’identité (ou signes d’identité) ont existé. Selon les circonstances, ces papiers ou signes sont forces productives ou pas.

          (j’ai essayé de mettre cela en poésie, mais je n’y suis pas parvenu).

          1. La musicalité de votre prose se fait entendre… J’ai bien saisi le fond de votre pensée que vous exprimez ici qui m’a fait tilter, entendez par là, fait briller un feu qui a éclairé ma propre nuit et fait vasciller. Ô certitude mienne, ô préjugés miens, je m’en viens vous affronter !

            J’ai failli écrire en première instance pour le signifier que les papous se signaient et s’identifiaient avec des os dans le nez en pensant à ce que vous écriviez qui venait ouvrir une brèche dans ma pensée, là où je pensais les papous hors écriture donc hors de notre mode de pensée.

            Écrire pour moi c’est toujours peu ou prou lutter. Vous avez allumé un feu et ouvert une brèche. Hâte de m’y engouffrer, avec ce mot « nation », natio !, en ligne de mire qui m’est récemment revenu en tête pour repenser ce qui fait socle en communauté. Qu’est-ce donc qui fait vraiment « Nation » et signe notre « identité » ? Ou dit autrement, ce qui fait passage de l’appartenance à la reconnaissance…. 🙏🤗🔥

            Entre autres questions et voies que cela ouvre et soulève… Existe t-il un « signe » universel que l’humain pourrait produire qui signerait son appartenance à toute l’humanité conçue comme UNE et le comme la, ferait reconnaître comme tel ? On a le ballon de foot aujourd’hui, mais c’est un peu ras de terre… Laissons reposer, la nuit porte conseil. DameB me suggère pour ce soir, de me fondre en musique pour oublier mes misères… Musicalons donc pour cette soirée. Une note c’est comme un ballon, ça a s’écrit tout rond et mieux encore, ça voyage dans les airs… 🎶 Y paraît que les anges écoutent et jouent du Mozart et que Dieu aime le jazz parce que c’est l’impro totale, un peu comme son Univers…? 😜

          2. à AERIK.

            J’ai craqué récemment sur une définition très concrète du concept de « nation » qu’a proposée il y a peu, sur QG, l’économiste atterré (et non pas altéré) David Cayla :
            une nation c’est un groupe d’individus « soumis » plus ou moins volontairement à un même droit. Le droit est essentiel pour moi. C’est lui qui définit et garantit LES libertés ET LES non-libertés (LA liberté n’étant qu’une allégorie bourgeoise non identifiable dans le réel : cette allégorie signifie, en fait, la liberté selon ses moyens).

            Même si le droit est injuste pour certains des « chacun »
            (selon sa classe sociale, mais plus globalement selon la multiplicité intersectionnelle des enjeux qui le concernent, le rapport de classe n’étant pas le seul rapport social du « chacun » ou « pékin » moyen),
            il a l’avantage de dire clairement les règles et donc de déterminer quelque peu le fameux « vivre ensemble » afin que celui-ci ne soit pas totalement laissé à l’arbitraire du plus fort. Mais ne rêvons pas, c’est le plus fort qui fait le droit en final ; et LE plus fort ce n’est pas le pékin moyen : c’est plutôt LA plus forte, cad la classe des capitalistes financiers.

            Pour terminer, la nation s’identifie la plupart du temps à un territoire (1ère identité ?). Précédant la fixation précise des territoires, c’était l’appartenance à la tribu qui « obligeait » le comportement de chacun (par exemple, les Francs avaient un droit tribal –la loi salique- qui n’était pas exempt de privilèges accordés à la noblesse).

          3. Merci cher Ainuage pour ces rappels fondamentaux.

            Je me revois en prépa étudiant toutes ces notions basales qui fondent le Droit et décrivent la façon dont notre société l’institue.
            Tout ce que vous écrivez là me semble juste. Vous ne seriez pas un peu charpentier par hasard ? 😉 (Petite note perso au passage, Jésus était charpentier naval)

            Je pensais que le propre de notre société était d’entretenir un rapport écrit, donc fixatif, avec le Droit énoncé en lois, raison pour laquelle je dis souvent que nous ne vivons pas dans un « État de Droit » comme il est d’usage de le considérer, mais dans un « État de lois ».

            Le Droit relève pour moi d’une réalité inaliénable et naturelle inscrite en tout homme quelqu’il soit. Je pensais les papous dans un autre rapport à l’expression de ce Droit Naturel, mais en définitive si j’en reviens à Derrida et son concept d’architrace, je dois bien convenir qu’ ils ont eux aussi une manière d’inscrire le Droit et donc de le figer dans une forme « d’écriture » qui donne à certains plus de droits qu’à d’autres, ces autres étant généralement dans toutes les sociétés, les plus faibles, le plus fort s’imposant toujours au final par le biais de ces signes qui le différencie et le distingue des autres.

            Si donc l’écriture ou toute forme d’inscription signe la force et la forme d’un pouvoir, que pourrait être une inscription qui signerait l’absence de pouvoir au sein d’une société, sinon un Vide ou un Creux posé comme pierre d’angle du « vivre-ensemble » ?

            Paradoxe car l’écriture née d’une entaille ou d’une incise est par nature un creuset ou un évidement.

            C’est ce terre-plein que vos feux ont rendu visible en un éclair et ont fait lien avec ces quelques vers écrits en 1990 qui reviennent me hanter régulièrement.

            « Viens, allons voir si creux est assez là.

            (…)

            J’écris, je trace, je creuse.
            Dieu efface »

            Et qui me relie aussi, en tant que « juif spirituel » à cette notion de Saint des Saints au sein du Temple qui ne contient rien.

            Bref, je tourne autours du pot retournant en tous sens ces notions pour saisir ce qui pourrait faire expression d’une Nation qui aurait en visée l’absence de tout pouvoir en son sein.

            La soirée de QG de ce soir animée par David Libeskind tourne autours de l’anarchisme. Ça tombe bien, nous allons pouvoir poursuivre nos échanges dans la foulée sur le prochain fil.
            Chapeau QG pour le choix et l’enchaînement des soirées. Depuis la rentrée (et même avant mais depuis septembre c’est particulièrement pregnant), c’est un vrai collier de perles ajustées ! Ici une Intelligence est à l’œuvre, c’est le moins que l’on puisse dire.

    1. Reprise matinale de ma réflexion après nuit agitée marquée par cette émission.

      Je retiens de ce visionnage un brin tardif, la définition donnée de l’esclavage stricto sensu, par rapport à toutes les autres formes d’abus et d’exploitation de la personne humaine (traffic, traite, servitude, travail forcé,…) que l’on peut constater dans le monde : chosification.

      L’esclavage moderne a cela de particulier, ai-je retenu, qu’il chosifie la personne humaine sur tous les plans, corps esprit et âme. Merci pour cette énoncé qui me porte à réfléchir car j’ai coutume de dire que nous sommes tous peu ou prou encore en esclavage et il est vrai qu’il faut quand même bien distinguer cet état particulier d’une soumission totale assortie généralement d’une humiliation voire negation de la personne humaine. La force de cette émission étant de nous mettre face au témoignage de Zita Cabais-Obra qui porte sur son visage toute la douleur et souffrance contenue de cette condition inavouable dans le chevrotement de sa voix et la supplique de son regard.

      D’ordinaire j’écoute QG, qui fait office de « Radio Londres » du soir dans ma chaumière. Hier j’ai rivé mes fanaux sur la personne de Zita. Je revois ses cernes lourdes de pleurs rentrés et salue son courage de témoigner avec retenue et pudeur à visage découvert de ce qu’elle a traversé. L’écoute empathique de la journaliste et les explications froides du responsable du CCEM aidant à cadrer porter et éclairer son propos. Je dirai bien Bravo pour ce coup de force mais ce mot me semble déplacé en la circonstance. Alors je dis simplement Merci pour ce coup de projo.

        1. Quelle intensité, oui !

          En tant que cinéaste je salue le choix d’un fond noir sur plateau pour porter ce genre de témoignage. Il aide à « faire image » à l’écran là où d’ordinaire la télévision ne fait que porter la voix. « La télé c’est de la radio illustrée » m’avait dit un réalisateur à mes débuts dans le métier. C’est « le cinéma, héritier de la peinture, qui fait image » dans notre culture avait-il précisé.

          Faire Image, tout un art, qu’avait bien cerné Godart. Ou quand émotion et sens vibrent à l’unisson. Une véritable image se reconnait à cela qu’elle imprime le regard ou la rétine, et persiste au delà du visionnage, en charriant avec son souvenir le battement d’un cœur sensible et dans l’Écho de sa résonance le trouble d’une émotion profonde, indescriptible. Je continue de souffrir en revoyant Zita et en même temps, sa souffrance m’humilie et ravive la conscience. Curieux chenal que celui d’une véritable image…

          Un ami m’a offert récemment une fenêtre ouverte sur Netflix pour les fêtes. J’ai parcouru en tous sens leur offre. Lassé après deux semaines de soirées canapés qui ne m’ont laissé qu’ une impression de boum boum superfétatoire et d’écrasement de ma pensée, j’ai été réconforté de retrouver dans ce simple visage et cette voix ce qui fait vraiment Cinéma. D’où ce simple Merci QG que je réitère ici.

    2. EMPATHIE ,et PERTINENCE

      comme 2 notes acollées au rythme d’un son malheureux, pour donner à vibrer une autre note CELLE de l’ESPOIR;;;
      …………..
      ,,, par ces mots là nommés par AERIK ,en,venant ce jour sur QG

      PERTINENCE ,,(celle des entrevues proposées et de la qualité des intervenants )
      et
      EMPATHIE (voilà ce qui vient toucher et mon coeur et mon Ame )

      J’y AI découvert une 3° note

      ESPOIR ,par la présence de ces lieux d’écoute animés d’hommes et de femmes ,à leur tour engagés dans la relation à l’autre ;

      cet AUTRE en qui germe et germera une autre Humanité

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