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Climat : la catastrophe est déjà là – Quartier LibreAvec François Gemenne

Émission du 16/06/2022

Aude Lancelin a reçu François Gemenne, membre du GIEC, spécialiste de la géopolitique du réchauffement climatique, pour un entretien choc. Alors qu’un fort épisode de canicule frappe la métropole, les prévisions pessimistes des rapports du GIEC semblent de plus en plus concrètes. Crises migratoires, territoires inhabitables, conflits liés à la raréfaction des ressources : que réservent les prochaines décennies ? Notre invité décrit les profondes mutations qui nous attendent. Une émission importante à découvrir sur QG !

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7 Commentaire(s)

  1. Un lien intéressant sur les origines des pollutions par le CO2 et autres gaz :
    https://www.youtube.com/watch?v=GVJRZqI6h2k
    Malheureusement il manque l’origine par classe sociale : elle montrerait que la pollution émane à 99% de la classe des « producteurs » de biens, cad des propriétaires des moyens de productions ; la consommation n’étant que le corollaire (nécessaire et non pas libre) de l’offre que la production propose.
    Agir sur la production est la seule voie possible !

  2. Je partage les analyses de Ainuage;

    de plus, je n’ai pas très bien compris le propos sur l’intervention française au Mali, qui serait un échec faute d’avoir tenu compte des causes profondes (climatiques, donc,) D’où les djihaddistes , qui joueraient,, eux , ce rôle de protection des terres, et comme tels seraient reconnus nécessaires par la population … ils protègeraient leurs terres contre quoi au juste, les djihaddistes ? contre la désertification des sols?

    J’avais plutôt l’idée que des terres agricoles , jadis vouées à la production vivrière, étaient accaparées par des sociétés préférant imposer des monocultures, et qui forcent ces populations à l’exode rural. Mais je suis sans doute une victime naïve de la désinformation…. par des lobby?

    Quand M. Gemmene évoque la question de la déforestation au Brésil, c’est le même tour de passe-passe: on ne peut quand même pas empêcher les brésiliens de brûler leur forêt , si ça leur rapporte du PIB !! Ah bon?? ……….. il ne faudrait pas oublier que la monoculture du soja brésilien sert à nourrir le cheptel à viande pour les occidentaux, qui sont les acheteurs. De même pour l’huile de palme, produite au Brésil , en Asie, et ailleurs, et importée par notre industrie agroalimentaire.

    Donc c’est bien à ce niveau qu’on peut agir, en réduisant notre consommation, viande, et autres… ce qui ne serait pas négligeable à l’échelle européenne. L’Europe a bien réussi à convaincre ses 300 millions d’habitants de se faire « vacciner », elle a tout à fait les moyens de propagande pour imposer une diminution de la consommation, et décourager les agricultures qui détruisent l’environnement.

    Il s’agit bien de volonté politique.

  3. Beaucoup à dire sur l’intervention de mr Gemenne, intervention que je considère comme plutôt globalement négative sur le fond (sur la forme c’est impeccable, il maitrise).

    – Son discours est basé, évidemment, sur un diagnostic alarmiste (nous sommes noyés sous ces diagnostics alarmistes : « c’est déjà trop tard », « c’est mort », etc etc afin que ce soit le consommateur qui prenne en charge la gestion du problème). Nous croulons depuis 30 ans sous les diagnostics alarmistes ce qui prouve qu’aucune solution porteuse d’espoir n’est en vue, alors que toute la planète souhaite que ça change. Toute, sauf les responsables de la catastrophe cad l’industrie capitaliste. Ces diagnostics biaisés sont proférés répétitivement par toute sorte de gens (des pékins moyens, des gamines manipulées, des universitaires, des politiciens) qui semblent toujours invoquer l’espèce humaine en général (« nous », « on » est responsable), comme si l’espèce humaine en général était un acteur (pour qu’il y est un acteur, il faut nécessairement qu’il y en est deux).

    – En vérité, ces « nous », ces « on » désignent les consommateurs que nous sommes tous. L’ «acteur» commence ici à faire son apparition derrière l’enjeu de consommation (qui s’oppose à celui de production). Ici, immédiatement et immanquablement l’accusation d’ «égoïsme» (du consommateur) se fait entendre : «les gens sont égoïstes» ! à la suite de cette grave accusation contre chaque individu (non, ce n’est pas le capitalisme le responsable) vient souvent, tout aussi immédiatement, le mea-culpa de modestie du locuteur qui s’inclut dans cette catégorie des « égoïstes » ; c’est un classique de la manipulation pour faire accepter dans le calme la sentence ; ça ressemble un peu à la stratégie du raciste honteux (exemple Nadine Morano) qui se nie prudemment en disant qu’elle n’est pas raciste parce qu’elle adore le couscous et a des amis «noir de peau». Mr Gemenne conspue les égoïstes, mais déclare être égoïste lui-même : c’est sa façon à lui de faire du Morano !

    – Puis vient la question intéressante d’Aude sur ces anti-capitalistes qui tiennent le capitalisme comme seul responsable de la crise écologique, et qui se refusent donc (par exemple Frédéric Lordon) aux « petits gestes » écolos de tout un chacun. Là, la longue réponse de mr Gemenne (de 8mn à 21mn) est, sous sa voix chaleureuse, absolument glaçante : c’est un plaidoyer monstrueux, mais bien enrobé, contre toute action qui viserait à une solution politique radicale de style « accusation, puis abandon du capitalisme » ; en matière de fausseté, la solidité de son discours consiste à ne rien rejeter a priori, mais à affirmer, à développer uniquement des préférences, des priorités fortes, consistant toutes en des actions citoyennes (= « non politiques »), prioritairement individuelles, ou sinon par petits groupes («mêmes les grandes actions citoyennes du passé ( ?) n’ont pas été efficaces» dit-il !). Actions individuelles et médiatiques sont préférables ; vraisemblablement parce que ça touche le pékin moyen assis devant sa télévision (ce qui est important, c’est que le pékin moyen reste assis devant sa télévision, et n’aille pas manifester dans la rue) : par exemple, la télévision montre une jeune fille (simple victime manipulée) qui s’attache «seule» au filet de tennis de Roland Garros ; ou alors l’ingénieur de chez Total qui «individuellement», sans faire de bruit donc, va convaincre son patron en faveur de solutions « vertes ». Franchement, il faut oser proférer de telles solutions ! (allez, une chanson pour Total ! à 1mn 10 sec https://www.youtube.com/watch?v=KKOESy_yq3w) . Ce qu’il veut, ce sont des «mini minorités» agissantes, et même autant que possible des minorités individuelles. Cad non politiquement dangereuses. Quelques héros solitaires valent mieux que des manifs politiques. A ce stade de l’entretien, nous pouvons dire que nous avons affaire ici à un individu particulièrement sournois, sinon suspect politiquement. Notons que Mr Gemenne intervient comme conseiller technique à la fondation Cartier (voir détail en fin de post).

    – Le pire se poursuit pourtant quand, justement, il aborde enfin le domaine des actions « politiques » incitatives. D’après lui, il faut privilégier la méthode des réparations financières (des dommages et intérêts en quelque sorte) en faveur des pays victimes d’impacts écologiques, de la part des pays coupables d’impacts écologistes. On atteint ici des sommets dans le grotesque du libéralisme : en gros, il propose de mettre en place une sorte de permis de polluer, et indirectement permis de tuer ; il suffit que le pollueur paye un dédommagement pour pouvoir polluer. Nous revoilà ainsi revenus au fameux système des Indulgences Catholiques, qui nous reviennent de la Protestante Amérique. Tout comme chez nous, en France, Bernard Arnault a pu éviter la prison, pour un délit d’espionnage politique à long terme de l’intimité de François Ruffin, en payant simplement une amende. Amende qui doit représenter une moindre proportion dans le revenu de Bernard Arnault, qu’une contravention routière basique dans le revenu d’un smicard !

    – En matière géo-politique, ça se poursuit par un moment « philosophico-scientifique » à propos des ruptures de linéarités (linéarités qui permettent, en théorie, de faire de la prospective avec des modèles simples cad des modèles linéaires) ; il introduit la notion connue de changement qualitatif qui brise la linéarité (passage brusque du quantitatif au qualitatif, ou saut qualitatif ou dépassement d’une contradiction (cf Hegel, Marx, sans les nommer). En régime de « saut », la prospective est difficile. Et donc …. ???
    Ensuite, son affirmation que la Chine et l’Inde sont les premiers pollueurs mondiaux est totalement fausse : l’exportation des nuisances, mais aussi de l’origine des nuisances, doit nécessairement mondialiser l’analyse. Certes Chine et Inde produisent pour leur population, mais elles produisent tout autant pour les pays occidentaux qui trouvent ici qualité et tarifs intéressants (profits à la clé). Les chinois consomment mais le reste du monde occidental consomme aussi la production chinoise. En fait, la CONCURRENCE oblige à réduire les coûts, donc réduire -entre autre- la sécurité climatique. Le modèle de consommation est un modèle occidental y compris en Chine. Si la Chine a adopté, sous contrôle du Parti Communiste, le modèle de production occidental, c’est pour résister nécessairement à l’agressivité américaine inimaginable, cad résister à l’impérialisme américain (qui partout dans le monde cherche des guerres capitalistiquement lucratives, comme en Serbie hier via le Kosovo, comme en Russie via l’Ukraine actuellement, et bientôt en Chine via Taïwan). Ca me paraitrait légèrement injuste que ce soit la Chine, pays beaucoup plus pacifique globalement, qui payent des amendes lorsqu’elle pollue pour fabriquer majoritairement pour les pays occidentaux dont l’Amérique. Par ailleurs, l’Inde et les pays du tiers monde servent de poubelles à l’occident.

    – Philosophie …suite, et encore …. ! « Les « politiques (les hommes politiques) » sont à la remorque de la société civile à cause du système électoral qui «oblige» les politiques à plaire à l’électorat » !!!! Là on commence à ne rien comprendre : veut-il supprimer les élections ? Souhaite-t-il la révolution? serait-il communiste? veut-il réaliser la dictature enfin totale du patronariat ? Non, en avançant on comprend mieux sa stratégie, car il poursuit : « les politiques sont à la remorque de leur électeurs … dont les lobbies » : les lobbies sont amalgamés aux électeurs ! En fait, il s’agit de légitimer les lobbies en les faisant entrer dans la catégorie des électeurs : magnifique exercice de confusionnisme. Les lobbies seraient des électeurs comme les autres ! Et sa philosophie confusionniste continue avec l’opposition : «cause» (la cause écologique) et «intérêt» (les intérêts des citoyens ?). Le climat serait une simple « cause » que plaident les écologistes, mais le climat, lui, ne peut pas plaider lui-même ses intérêts, sa cause ! Wahou ! ca plane ! Ainsi, dans sa démonstration le « climat » devient un acteur dont les intérêts ne seraient pas représentés. C’est très fumeux !
    Il me semble que toute « cause » n’existe que parce qu’il y a des « intérêts » derrière ! Les deux ne peuvent absolument pas être séparés ! l’un suppose l’autre. Et subjectiver/acteuriser le climat ne rime vraiment à rien !

    Pour conclure, je retiens que Mr Gemenne ne parle jamais de capitalisme, de régime politique, et très peu de politique en général (c’est Aude qui a essayé d’introduire la question du capitalisme et de l’anticapitalisme). Pour mr Gemenne, comme pour beaucoup d’écologistes non-politiques, l’entité active c’est le sujet, l’individu ; pas la classe sociale, pas l’acteur (collectif).
    Or, il se trouve que la « misère écologique » et la « misère sociale » dans le monde ont une même cause qui est une cause politique (cad une lutte d’acteurs) qui oppose les capitalistes et les prolétaires, ces derniers étant des consommateurs minimalistes par nécessité. L’impact écologique personnel d’un capitaliste riche étant 1000 fois plus important que celui d’un travailleur pauvre. Je parle ici du capitaliste dans sa vie privée, pas du fonctionnement de ses entreprises. Ce qui dé-responsabilise l’actionnaire vis-à-vis des impacts de la production industrielle, c’est l’anonymat des sociétés anonymes (celles de la Bourse).

    Le capitalisme se caractérise par :
    – la privatisation des plus-values du travail
    – la socialisation des pertes (grâce à la mainmise des capitalistes sur les Etats en tant qu’organisations)
    – la privatisation des plus-values boursières (spéculation sur le marché des valeurs industrielles et monétaires) qui amplifient l’exploitation indirecte de la nature et des humains.
    – la liberté des prix (spéculation sur le marché des biens)
    – la concurrence féroce entre entreprises, avec son corollaire « contraire » que constitue la tendance « monopolistique » industrielle privée (« unité », et même « identité » des contraires ici du fait que concurrence et monopole se traduisent identiquement par l’exploitation maximum de la classe ouvrière). Voir le fascicule de Lénine : « impérialisme, stade suprême du capitalisme » pour la tendance monopolistique : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp.htm

    En guise de conclusion :
    Personnellement je participe volontiers (sans excès) aux petits gestes individuels de tri, de consommation, d’encouragement vers un peu plus de sobriété (pour l’internet politique, non, je ne participe pas à la sobriété).

    Voici un lien vers une présentation de François Gemenne : https://www.iddri.org/fr/iddri-en-bref/equipe/francois-gemenne . On apprend que François Gemenne est conseiller technique de la fondation Cartier pour ses expositions d’art contemporain orienté « écolo-bio ».

    Voci un autre lien sur le blog de Frédéric Lordon https://blog.mondediplo.net/pleurnicher-le-vivant qui tourne quelque peu en dérision la fondation Cartier d’art contemporain, ainsi que ses épigones de légitimation bourrés de titres universitaires.

    Il y a ici l’exemple d’un «verdissement» de l’image d’un industriel échappant à l’impôt grâce à sa fondation d’art contemporain.

    1. je partage entièrement votre analyse, et suis écoeurée par ce gloubi-boulga insidieux et hypocrite. Après avoir constaté qu’on ne reviendra pas en arrière, la conclusion tirée par certains serait donc d’aménager les dégâts de façon à en tirer parti , pour leur parti, s’entend. (Une extension de La stratégie du choc ?)

      Je m’interroge sur la passivité d’Aude Lancelin, complaisance ou anesthésie ?

  4. j’ai reçu beaucoup de choses dans cet entretien entre François GEMENE et Aude LANCELIN ,, merci à eux deux de nous offrir des chemins ouverts ,,Par un souçi de vérités et d’orientations des idées reçues parfois de gche à droite en éclairant de nouvelles bréches ,,

    bien sur ce peut etre assez pessimiste ,,parfois de se sentir impuissants à agir ,,!!

    meme entouré de merveilleux personnages qui sont là à se battre,aujourdh’ui et rejetés demain,,PAR (?)et POUR (?) ,,, «  » ne nommant rien ni perrsonne, » » merci à eux d’éclairer ce que nous imaginons comme justes de nos connaissances nos points de divers diversifiés ,, ou contradictoires ,,,

    .;;en conclusion j’entends une fois encore ,, que le réveil de notre conscience en tant que citoyen aura et a déja largement sa place ;;

    comme le dit xavier BEAUDOIN voila ici une forte rencontre …………………….;C’est bien riche, interpellant et constructif.
    cordialement , dameB

  5. Merci pour cet excellent entretien. Nul n’est parfait, je n’attends plus de paroles prétendant l’être. Que cela fait du bien d’entendre simplement une réflexion, une expérience, une cohérence. François Gemenne, parmi bien d’autres, fait partie des personnalités que notre société gagnerait à connaître et écouter davantage. Merci à Aude Lancelin et à toute votre chaîne de participer à porter ses propos tout en lui posant vos propres questions. C’est bien riche, interpellant et constructif.

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