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Des GAFAM à Macron : pourquoi nous sommes sur la route de la servitude – Quartier LibreAvec François Meyronnis

Émission du 20/07/2022

Aude Lancelin a reçu le fondateur de la revue Ligne de risque, pour évoquer l’impact grandissant des GAFAM sur nos libertés individuelles, et la complicité de Macron dans ce « coup d’état planétaire ». Comment le capitalisme a-t-il fait de la technologie son cheval de Troie dans nos démocraties? Pourquoi la crise sanitaire a-t-elle été une aubaine pour l’expansion du tout numérique et des outils de surveillance? Jusqu’où ira Emmanuel Macron dans sa volonté de fusionner la France avec le marché? Entre science, philosophie, et politique, notre invité pense les évolutions idéologiques à l’oeuvre

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15 Commentaire(s)

  1. merci pour cet entretien avec M. Meyronnis, dont les analyses sont très stimulantes.

    En particulier, il décrit je crois avec raison cette haine de l’humain au cerveau trop lent, définitivement et de façon incurable, sauf à lui implanter une puce afin qu’il soit en prise instantanée avec « Le Dispositif ».

    Or il me semble qu’il n’est plus nécessaire d’avoir recours à ce niveau de biotechnologie, et que Le Dispositif est déjà bien intégré dans nos sociétés grâce aux téléphones portables; en effet, à chaque instant, des millions d’humains sont bipés en même temps et vont s’interrompre, pour lire tous en même temps une notification, du style « Macron a dit que… » ou « Poutine menace la centrale nucléaire » bla bla…Ces « notifications » maintiennent l’individu dans l’obligation de tourner son regard vers la (soi disant) réalité, sous peine de se sentir « déconnecté », voire en danger, s’il n’a pas connaissance de la dernière version du dernier variant.

    Et tourner son regard c’est le mot, car si ces « infos » étaient affichées par exemple sur un écran au milieu d’une rame de metro, on verrait tous les regards se tourner en même temps vers cet écran.

    Le téléphone portable donne à chacun l’illusion qu’il reste un individu à part entière, alors qu’il n’est qu’un élément d’une foule qui absorbe la consigne du moment.
    Un jeu de Jacque a dit planétaire auquel les joueurs n’ont pas conscience de jouer, étant chacun les yeux rivés sur sa tablette; sinon, il se verrait parmi ses semblables, marchant à cloche pied sur le pied gauche, ça l’interpellerait…

  2. Personnellement j’ai beaucoup apprécié la très grande tenue intellectuelle de ce penseur que je ne connaissais pas. Merci QG média pour votre oeuvre d’ouverture ! Pour autant, je reste sur ma faim…
    Si l’analyse est d’une grande justesse, la vision claire, la parole très éclairante, je regrette qu’aucune perspective ne soit esquissée par F. Meyronnis s’agissant des moyens d’actions à notre portée qui pourraient nous éviter la fin programmée de l’humanité. Quid du politique pour F.M dès lors qu’il applaudit l’abstentionnisme et se félicite que les trois forces en présence aient été neutralisées (car toutes trois aussi « catastrophiques »), par un électorat très astucieux (comment d’ailleurs prêter une quelconque intention stratégique et délibérée à un vote qui ne représente que soi dans l’isoloir ?!)
    Où se situe notre avenir dès lors que la politique est morte, asphyxiée, vieil héritage désuet des temps humanistes ? S’agit-il de lutter contre l’Etat profond en oeuvrant pour un activisme underground, de type dark web, sociétés secrètes et « comités invisibles » ? Est-ce à ma portée ou à celle du maraicher du coin, la journée de travail finie, d’enfiler notre uniforme de héros des puissances du bien contre les puissances du mal ?

    La guerre à venir ne sera-t-telle que l’apanage des plus intelligents d’entre-nous, guerre des cerveaux seule à même de régler l’avenir de l’humanité ? Autrement dit F.Meyronis n’est-il pas en train de nous dire qu’il considère lui-même (penseur du bien) qu’une grande partie de l’humanité est déjà inutile dans la 5ème ou 6ème guerre qui vient ? Mon boulanger serait-il déjà « has been », trop « retardataire » pour éviter que Musk nous vende ses puces cérébrales ? La baguette de pain et les bouches qu’elle nourrit, inutiles, car décidément encore trop « humanistes » ?.

    Que l’on m’explique : qu’est-ce qui peut nous sauver de la déshumanisation et de l’eugénisme si ce n’est l’humanisme ? S’il y a une urgence, c’est bien que le politique réinvestisse la question de l’humanisme ! L’humanisme n’est pas une vieille lune, c’est LA question qui nous tiendra vivants, et libres. Le problème c’est qu’homo economicus s’en contrefout depuis un certain temps… de l’humanisme.

  3. J’ai laissé le rail des mille tracas de fin d’année qui accaparait mon esprit, à l’invite de mon amie DameB qui m’a fortement invité à écouter en entier cette émission. Merci à elle !

    Je rejoins sur bien des points, et surtout sur le fond, le propos de François Meyronnis, claire et forte voix lucide dans le désert intellectuel français, où perce même, ici et là quelques accents et bouffées d’air métaphysique, en opposition au projet transhumaniste, véritable fléau qui menace l’humanité d’une extinction programmée.

    Que puis-je ajouter ici sans sortir du cadre de ce média et de sa ligne éditoriale qui fasse sens et nourrisse en retour la réflexion ? Peut-être ceci qui n’a pas été nommément évoqué : le monde cybernétique repose certes sur la technologie et ses possibilités sans cesse décuplées, comme rappelé pertinemment en évoquant la puissance à venir des ordinateurs quantiques, et s’il isole chacun devant son écran dans le but de « diviser pour mieux régner » (vieil d’adage toujours d’actualité), il se fonde aussi sur le paradigme ultime du « marketing » (science du contrôle de la consommation) enseigné dans les grandes écoles de commerce, qui est le « one to one », la possibilité d’adresser à l’individu nommément identifié, la publicité personnelle adaptée au besoin ou désir suscité par le marché, au moment où il surgit chez l’individu concerné. Vous me suivez ? Ces gens ne cherchent pas seulement à nous isoler chacun derrière nos écrans, ils ont en projet de nous tenir en laisse en contrôlant à notre insu désirs et besoins suscités. Cookies, traces internet diverses, pubs personnalisées qui surgissent sur vos écrans attestent déjà de cette percée. Jusqu’où cela peut-il aller ? Je vous laisse imaginer…

    Autre point d’importance, la contre-offensive que nous pouvons mener pour échapper à cet esclavage généralisé qui vise à nous décharneliser jusqu’à nous faire abandonner le langage, outil de pensée qui fait de nous des êtres de réflexion, d’imagination et de création, et donc de liberté, pour nous enfermer dans des relations virtuelles faites de connexions et partages de bips simultanés émis par des puces implantées… Le retour à une vie simple et naturelle et à une oralité renforcée. J’ai à plusieurs reprises abordé ce thème sur ce site, à grands renforts de commentaires vérsifiés pour évoquer le poétique comme recours pour faire vivre en l’homme ce qu’il lui reste de forces enlevées. Je le nomme ici comme un acte de résistance face au tout technologique matérialiste, fonctionnaliste et utilitariste. Les robots et les ordis peuvent dépasser l’homme en rapidité. Jamais ils ne pourront le rejoindre dans sa faculté de sentir et de s’ouvrir à un indicible et un invisible qui fonde sa véritable part d’humanité, Humanité où s’entend par consonance les mots humus et humer.

  4. Bonjour à toutes et à tous,
    Il me semble que « la gauche » a beaucoup de mal a questionner la science et les technologie. Lorsque j’étais gamin (au siècle dernier) on était persuadé qu’en l’an 2000 on ne travaillerait que trois heures, qu’il n’y aurait plus de guerres, de maladies ni de famines……. Mes parents étaient des militants communistes (du temps ou le PCF faisait 25%, si si çà a existé) et ils croyaient dur comme fer que la science et tout ce qui va avec allait nous émanciper et réparer toutes les erreurs de la nature. Cette croyance est encore très forte à gauche d’où l’impossibilité de prendre au sérieux les « délires des transhumanistes et des milliardaires qui y sont associés. Lors des nombreuses discutions nocturnes sur le rond point avec des militants de la gauche dite « radicale » (on a constaté leur radicalité lorsqu’ils se sont empressés de signer leur petite autorisation à eux même pour pouvoir faire leurs courses ou sortir leur chien) j’ai pu constater que la plus part ne savaient pas ce qu’était le transhumanisme et celles et ceux qui s’étaient vaguement intéressé au sujet prenaient çà pour de la SF, au pire du pur délire. Lorsque je leur disait que c’était une vraie idéologie et qu’il fallait lire ou écouter au moins une de leur nombreuses conférences,rien, déni complet du danger de cette idéologie et de la pensée des Libertariens qui vont de paire. Toujours la vision ancienne de la lutte des classes qui elle aussi a évoluée, elle existe toujours mais n’est plus exactement celle que voyait le barbu.
    En 2006 le multimilliardaire Warren Buffet déclarait ; une lutte des classes fait rage. C’est Ma classe, LES RICHES, qui a déclaré cette guerre et c’est elle qui est en train de la gagner. Et de confirmer en 2011 que cette guerre avait bel et bien été gagnée.
    Je pense très sérieusement que oui, il, faut prendre très au sérieux les « délires des milliardaires et de leurs compagnons transhumanistes et Libertariens sinon on est cuit car leurs capacités de contrôles, de nuisances, de violences et de convictions (voir les nudges) sont pratiquement illimités¨Si on avait un doute, je pense que la crise covid nous a fait entrevoir leur capacité à faire faire n’importe quoi à pratiquement n’importe qui.. Présenter un QR code afin de pouvoir boire un café assis, debout, assis, debout, oui la muselière va bien avec, Il est temps de réfléchir sérieusement à tout cela si l’on veut aller de l’avant et être à nouveau inventif , d’avant garde car pour le moment la gauche est à la traine des idées neuves et ne fait que trouver des petits arrangements avec le Capital (hausse du SMIC, taxer un peu les riches,…..) rien de vraiment révolutionnaire, et un vrai manque de vision d’une société nouvelle, vraiment nouvelle.. C’est horrible mais les transhumanistes et leurs copains libertariens, eux, proposent une société radicalement différente et nous y entrons à grands coups de QR code.
    A propos des bracelets pour les collégiens de la Sarthe vu sur contre attaque
    https://contre-attaque.net/2022/07/29/meilleur-des-mondes-des-bracelets-electroniques-pour-notre-bien/
    Bonne journée et bonnes vacances pour celles et ceux qui ont les moyens de s’en payer

  5. Toujours intéressant d’entendre des voix avec lesquelles nous ne sommes pas en alignement parfait. Et il dit des choses probablement assez justes sur le transhumanisme…
    Mais franchement, ne pas faire de différence fondamentale entre la FI et le RN… ne pas dire un mot du racisme structurant le second… Parler de « catastrophe » pour les deux projets… Je peux être très critique de Mélenchon, mais j’ai vraiment du mal avec ces gens qui semblent s’être trouvés une âme de militant pendant la crise sanitaire, parlent de « muselière » pour le masque (le black block aussi ils sont muselés du coup?), critiquent le projet « cybernétique » et « transhumaniste » de l’oligarchie, mais sans aucune analyse de classe, sans aucune lecture économique….
    L’extrême gauche n’aurait pas les bons outils parce qu’elle n’a pas un discours centré sur le transhumanisme ? Et si c’était plutôt de prétendre s’attaquer à l’oligarchie sans renverser le système de production économique, qui était complètement à côté de la plaque et sans effet ?
    Les milliardaires ont le pouvoir de mener leur projets délirants parce qu’ils sont milliardaires, c’est à dire parce qu’ils volent la valeur créée par le travail d’autrui. C’est à ça qu’il s’agit de s’attaquer. Le reste c’est de la masturbation cérébrale d’intellectuel de salon qui a trouvé son marché-niche pseudo subversif.

    1. « Le Département de la Sarthe dotera tous les collégiens d’un bracelet connecté. L’objectif est d’améliorer l’état de forme des collégiens. » voir https://www.sarthe.fr/index.php/actualites/un-programme-sport-sante-pour-les-collegiens. Je pense que c’est aussi à cela qu’il faut s’attaquer, M. Meyronnis voit clair. L’emprise cybernétique s’installe, très progressivement, avec les apparences de la bienveillance et dégoulinante de bonnes intentions…

    2. en lisant votre commentaire et la réponse d’Etienne Dantan ci-dessus, je ne comprends pas votre dernier argument : les collégiens de la Sarthe (en attendant ceux des autres départements) doivent-ils accepter sans mot dire le bracelet connecté, et le programme sport-santé qui va avec en attendant que le système de production économique soit renversé et l’oligarchie mise hors de nuire? Autrement dit les essais de mise au pas de la jeunesse ne rentrerait pas dans le cadre de la lutte des classes.
      Que François Meyronnis ne s’en réclame pas, c’est bien regrettable. Que de votre part vous déclariez incompatible de lutter contre les projets délirants des milliardaires, sans jamais les dénoncer, mais seulement contre « le vol de la valeur créée par le travail d’autrui », voilà un mystère bien incompréhensible qui aura largement alimenté l’abstentionnisme électoral et militant. Le recours à l’anathème en guise d’argumentation (« Le reste c’est de la masturbation cérébrale d’intellectuel de salon qui a trouvé son marché-niche pseudo subversif. ») ne fait qu’obscurcir ce mystère.

      1. Je ne dis pas qu’il ne faut pas s’y opposer. Bien au contraire.
        Je dis premièrement qu’on est droit d’attendre d’un intellectuel, qui prend quand même un brin la posture d’avoir compris ce que le reste du monde n’a pas compris, qu’il ait la conscience politique nécessaire pour faire une différence plus décisive entre l’extrême droite et l’extrême gauche, et leurs projets politiques. Qu’on pourrait espérer aussi qu’il s’aperçoive que la machine médiatique tenues par les milliardaires sert la soupe à l’extrême droite et Marine Le Pen avec presqu’autant d’enthousiasme qu’elle a craché sur la gauche et Mélenchon. Et que sans arguments solides il ne peut pas balayer le projet politique d’extrême gauche d’un revers de « c’est la catastrophe » ou « c’est dépassé ».

        Je dis secondement que s’attaquer uniquement à certains projets absurdes et mortifères des milliardaires, c’est absolument insuffisant, car c’est se condamner à toujours perdre, puisque ne s’attaquant pas à la source de leur pouvoir, on leur laisse éternellement celui de nous écraser, quelque soit la forme que prenne leur dernière folie.

        Ca ne veut pas dire qu’il n’y a qu’un combat et qu’il ne doit prendre qu’une seule forme. J’ai adoré l’effervescence des gilets jaunes, je suis persuadé de l’impérieuse urgence des combats anti-racistes, féministes et écologistes pour ne citer que ceux ci. Mais certains combats sont quand même structurellement liés au capitalisme. Et parler des milliardaires et de leurs projets sans cette lecture, je trouve que c’est un sacré angle mort politique.

  6. Bonjour Mme Lancelin,
    suite à l’écoute de cette entrevue, je viens d’acheter le n°3 de la revue de F. Meyronnis (Ligne de risque).
    Dans l’éditorial, on peut lire « l’une des figures les plus comiques, tellement elle est persuadée de son importance, tout en sombrant dans la confusion, nous voulons parler d’Alain Badiou, vient de sortir une brochure – Remarques sur la désorientation du monde – qui nous a littéralement secoués de rire. On y décèle à chaque ligne la haine et le mépris de toute liberté, comme si le gouvernement macroniste n’avait pas été assez loin dans les mesures de restriction. » Mais aussi, plus loin : « quelques individus néanmoins ont sauvé l’honneur : notamment Bernard Henri Lévy, Barbara Stiegler et les auteurs du Manifeste conspirationniste. »
    Je ne m’attendais pas à ce que vous invitiez un écrivain qui fustige Alain Badiou et félicite BHL ! Petite douche froide dans mes fragiles repères… ça fait du bien quand l’été est fondant ! Décidément, j’ai bien fait de m’abonner à QG, c’est bien meilleur qu’un climatiseur, merci !

  7. Oulala ! Et en plus il a oublié Soros !

    Concernant la « rétroaction » (élément central de la cybernétique) qu’il fait remonter au milieu du 20ième siècle, on peut rappeler que le régulateur (cad l’élément rétroactif) de Watt date du 18ième siècle, et que son principe était connu au 15ième siècle. Par ailleurs, la rétroaction existe chez l’homme depuis l’aube de l’humanité (quand on a trop chaud, on se met à l’ombre) ; plus près de nous, quand l’eau est trop froide sous la douche, on ouvre un peu plus le robinet d’eau chaude ; il y a aussi des systèmes automatiques où l’on choisit sa température sur une molette, et la régulation est ensuite automatique, sans autre action régulatrice humaine et sans recours à l’informatique (système Grohe).

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