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Faut-il abolir la prostitution ? – Quartier InterditAvec Claire Charlès

Émission du 06/10/2021

La journaliste Itzel Marie Diaz, nouvelle membre de l’équipe de QG, a reçu Claire Charlès, la porte-parole de l’association féministe Les effronté·es, qui milite pour l’abolition de la prostitution. Au programme: Marx et l’abolitionniste, lobbying des travailleuses du sexe et évolution des lois. Un format court consacré aux profondes mutations et avancées juridiques liées aux situations de prostitution, sujet controversé et souvent caricaturé dans les médias mainstream

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5 Commentaire(s)

  1. Merci pour cette émission, j’aurai appris quelque chose: à 19 min 10 c’est que « l’enjeu d’une société progressiste c’est de dire ce qui est normal et pas normal. » Si c’est ça je me demande si je ne préfère pas une société non progressiste.
    Il serait aussi intéressant de voir si 90 % les femmes de ménages dans les bureaux à 6 heures du matin n’auraient pas elles aussi le désir de sortir de cette aliénation! enfin si la légalisation est un échec comme elle dit renseignez vous sur le résultat de l’interdiction en Suede par exemple où la prostitution n’a pas disparue, mais est devenues clandestine dans des conditions atroces et dangereuses,
    SVp invitez quelqu’un du strass pour faire un équilibre.
    Merci

    1. Malheureusement comparaison n’est pas raison !
      Bien sûr que les femmes de ménage voudrait améliorer leur condition de travail, mais leur refus de choisir la prostitution pour gagner beaucoup plus, prouve bien que la prostitution constitue une activité encore plus atroce. Cette comparaison n’a donc pas de sens.

      La Suède est devenu le pays le plus libéral qui soit : l’alliance du libéralisme et du gangstérisme est quelque chose de banal dans le monde entier. Ca arrange bien les gouvernements libéraux de confier les basses oeuvres au gangstérisme. Il y a des gens qui demandent qu’on légalise les drogues pour éviter le gangstérisme : pourquoi pas ! mais une femme n’est pas une drogue, c’est un être humain !

      Le mieux est qu’on trouve du boulot pour toutes les femmes !

  2. C’était la bonne personne (et mêmes les bonnes personnes) pour évoquer ce sujet de la prostitution:
    – clarté du propos (exemplifications très parlantes : «les zones du corps sont investies très différemment dans notre culture»; «un cas de prostitution par goût sexuel ne peut pas être généralisé»; d’ailleurs ce goût n’est qu’une apparence, un discours…).
    – fondement moral du propos (que je traduis comme ça: la prostitution pour gagner sa vie, par définition, ne sera jamais une liberté, et elle témoignera toujours de quelque chose de pourrie dans un système).
    – pertinence des arguments.

    S’il y a un élément (parmi bien d’autres) que je retiens dans le discours de mme Charlès, c’est celui qui relativise quelque peu le concept de «liberté» (dans l’émission, à propos du soi-disant «libre» choix de se prostituer : il parait qu’une Association bien-pensante revendique ce type de liberté!).

    Cette espèce d’adoration inconditionnelle et irréfléchie pour le mot liberté, m’énerve quelque peu. Marine Le Pen, du RN, parle d’ailleurs soudainement de «libertés chéries»; c’est tout dire! Elle vient donc de passer du fascisme au capitalisme! Il est clair que pour mme Le Pen, il s’agit des libertés bourgeoises: de la liberté d’entreprendre (d’exploiter), de la «libre» concurrence, de la «liberté» des prix etc … de la liberté d’embauche ET de la liberté de licenciement, de la liberté de choisir tel sous-traitant (le moins cher) plutôt que tel autre (le plus cher), ce qui est inscrit dans le code du commerce, etc … Et, bien évidemment, de la liberté symétrique (donc notion d’égalité : on croit rêver !) de l’employé de choisir son employeur ou de le quitter (d’ailleurs «si t’es pas content, tu es « libre » d’aller travailler ailleurs que chez moi»: discours connu).

    Quand on n’a pas le choix, y a t’il vraiment «liberté» ? Lorsque tout passe par la monnaie, et que la monnaie se fait rare, on est «contraint» (et non pas «libre») d’acquérir cette monnaie d’une façon ou d’une autre, surtout lorsqu’on a charge de famille (Brassens : «comme on était léger d’argent, le marchand nous reçut à bras fermés»). Hé oui: «à bras fermés» le marchand! les bras du marchand ne s’ouvrent qu’en échange du sonnant et trébuchant métal!

    J’ai toujours considéré l’idée de «servitude volontaire» (qu’on voudrait appliquer aux prostituées « volontaires ») de La Boétie comme une idiotie, une arnaque. A cette époque, la notion d’Acteur (de classes sociales) n’existait pas; la classe des serfs n’était pas «constituée» en tant qu’acteur, cad n’était pas, ne pouvait pas être organisée en parti, cad en force productive efficacement agissante. Il n’y avait que de menues révoltes locales bien vite matées par les noblesses locales et leurs gens d’armerie! Il n’y avait rien de volontaire dans leur servitude; du fait qu’ils ne possédaient rien, que leur corps, ils ne pouvaient pas faire autrement que d’être serfs pour vivre ou survivre: pas de regroupement facile (le travail était majoritairement disséminé dans les campagnes ; les villes (les bourgs) étaient alors peu développées, et les serfs n’y étaient pas présents principalement: la ville était le domaine des commerçants-artisans avec leurs apprentis; les nobles locaux y avait un pied à terre.

    Pour terminer: à propos de cette Association bien-pensante et libertaire qui revendique l’idée de «prostitution par goût personnel», et donc de «liberté de prostitution»: ces gens là -libéraux capitalistes dissimulés- opposent apparemment à leurs contradicteurs la quasi-insulte (typique du post-modernisme) de «puto-phobes». Il suffirait donc d’accoler le suffixe «phobe» pour dire «le tout» de l’explicitation des luttes sociales et des inégalités. Le «sujet», les sujets, dans leurs psychismes, seraient donc «phobiques» ou bien «non-phobiques». C’est court comme explicitation. On voit déjà le bout du nez du freudisme, chantre de l’individualité: la phobie est une maladie et donc les phobiques des malades … Voilà bien la manière du post-modernisme qui, hypocritement, ne vise qu’une chose: annihiler la domination (ô le vilain mot !) intellectuelle de la pensée marxiste dans l’explicitation de l’histoire: chez eux (les post-modernes cad les phobo-phobes), l’individu, le sujet généralisé, prime sur l’acteur, alors que dans le marxisme c’est l’inverse (pour le marxisme c’est l’acteur qui engendre le sujet, et un acteur n’est jamais phobique)(une Association de phobiques n’est pas phobique : elle lutte).

    Les amalgames rhétoriques pseudo-marxistes (comme «travailleuses» du sexe) visent aussi à la confusion entre les genres «marxisme» et «post-modernisme». Idem pour le rapt intellectuel du concept de «domination» dont on nous gargarise (là, du coup, on a les dents du fond qui baignent, et par le haut et par le bas).

    1. Je réécoute (ce qui est rare) avec un immense plaisir cet entretien … tout simplement magistral. Ca déblaye le terrain de toutes les ruses qui justifient idéologiquement la prostitution, cad qui écartent le questionnement moral -de dignité- de la question de la prostitution. Oui, le rôle d’un Etat progressiste, c’est bien de dire ce qui est bien et ce qui est mal, et de règlementer en ce sens.

      J’avais insuffisamment saisi certaines idées émises (mme Charlès a une élocution parfaite mais un peu rapide).
      Oui, Marx a explicitement considéré que déjà aux temps anciens, le rapport social Homme-Femme était vraisemblablement le prototype des rapports sociaux structurels de l’époque (quelque part sur QG j’ai donné un lien sur un texte de « l’Idéologie allemande » qui évoque cela).

      Cependant, dans le discours de Claire, l’usage du mot « domination » me contrarie quelque peu. Même si l’intersectionnalité a quelque chose de « juste », ce concept ne dépasse pas ce seul niveau primaire de « domination ». Pourtant, subsumant (si j’ose dire) les dominations, il y a des « acteurs », des « enjeux », des « forces productives », autant d’éléments essentiels qui fondent les rapports sociaux cad les rapports de lutte (avec des formes parfois guerrières, parfois pacifiques). La respiration du monde c’est la lutte, la contradiction, et il y aura toujours un rapport social qui remplacera l’autre, ou même des renversements de forces à l’intérieur d’un même rapport social : le prochain renversement, le plus important, sera la domination explicite du prolétariat sur la bourgeoisie (dictature). mais là, silence relatif chez les intersectionnels qui pactisent sans cesse avec la bourgeoisie (voir un certain mr TIN). S’il y a une domination, une dictature, qui fait peur à la bourgeoisie c’est bien celle-là. Je me demande d’ailleurs si ceci n’explique pas cela ! comprenne qui pourra !

      Certaines dominations sont absolument nécessaires: il est normal que l’adulte domine l’enfant pour lui transmettre une éducation (ici, l’enjeu c’est ça) ; si l’enfant est soustrait à la domination de l’adulte dans l’éducation, l’enfant dépérira rapidement (l’injonction « ne traverse pas la rue sans regarder si il y a une voiture », qu’elle soit susurrée ou criée, émane d’une domination nécessaire de l’adulte sur l’enfant ; de même, la domination de toute « société » sur ses éléments individuels à travers un « Droit » est une domination nécessaire aussi, qui, le cas échéant d’ailleurs, protègera les femmes de la prostitution et des proxénètes.

      La seule loi qui supprimera toute domination c’est la loi du marché, la loi de l’offre et de la demande, et ça, la bourgeoisie l’a bien compris. La liberté de l’offre, la liberté de la demande, c’est la liberté pour tous, sans domination puisque chacun est « libre » d’acheter ou de vendre, de prendre des risques ou de ne pas en prendre. Etre dominé, n’est-ce pas être amputé de sa liberté ?

      Et il a bien fallu cet hurluberlu de Sartre pour affirmer que l’Homme était, par essence, condamné à la liberté. Avec ça, lui, il a condamné à la fois la révolution et l’intersectionnalité. Bravo Jean Paul. Et avec Simone, ils ont signé une pétition en faveur de la pédophilie. Les luttes changent, les rapports sociaux demeurent.

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