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Iran, le sens d’une révolution – Quartier InterditAvec Mahnaz Shirali

Émission du 29/11/2022

Itzel Marie Diaz a reçu Mahnaz Shirali, sociologue et politiste franco-iranienne, pour comprendre l’ampleur historique des événements en Iran lors de la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022. Pourquoi sa mort entre les mains de la police à Téhéran a déclenché une colère sociale brutalement réprimée dans le pays? Quelles sont les revendications précises du peuple iranien ? Peut-on croire un jour à un renversement de régime? Notre invitée répond à ces questions et met en lumière le caractère inédit de ce soulèvement.

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12 Commentaire(s)

  1. J’ai enfin tout visionné de cet entretien. Quelle claque calme nous met mme Mahnaz Shirali ! claque d’intelligence, claque d’ironie, claque d’assurance, claque d’espérance, claque de sociologie, claque de courage. Y’a des nanas qui ont des couilles tout de même ! (tout le monde comprendra … qu’elle prend des risques).

    Les religions traditionnelles s’ancrent dans le passé, et à ce titre elles n’ont pas vocation à diriger le présent, car diriger c’est toujours et obligatoirement diriger la modernité, l’actualité du moment, cad les inévitables changements inhérents au développement de nouvelles forces productives (dont les « portables » qui permettent des « réunions » quasi permanentes, réunions révélant à chacun l’Acteur réel qu’il constitue avec toute la jeunesse).
    Quand les anciens modes de production (cad, en fait, les anciens rapports sociaux cristallisés dans des pratiques sociales= l’ancien mode de vie) entrent en conflit avec les nouvelles forces productives, on entre alors dans une ère de révoltes et de révolutions.
    Ce ne sont pas les consciences qui déterminent la vie, c’est la vie réelle nouvelle, avec ses nouvelles forces productives, qui détermine les consciences nouvelles. Et dans ces consciences nouvelles, les mœurs anciennes, liées à l’ancien mode de production, sont perçues comme des entraves aux nouvelles évidences de la vie.
    (en gros, c’est du Marx !)

    Ceci dit, pourquoi le « monde Arabe » ne sent pas les choses comme le « monde Iranien » alors même qu’y domine la même religion et les mêmes problèmes de foulards ? Tout simplement parce que le problème n’est pas centralement religieux, ou pas tant qu’on le croit ; le foulard est un accessoire, un symbole identitaire perçu différemment dans chacun de ces mondes musulmans, mondes qui ont des histoires différentes ! L’Iran a certes été occidentalisé, mais à travers ses dirigeants Iraniens, et à travers les marchandises : il n’a jamais été colonisé. Les pays arabes, si !
    Dans leurs choix populaires, religieux et culturels, les arabes luttent encore contre l’occident colonialiste ; chez les femmes, le foulard est leur drapeau anti-occidental, qui permet de « se compter ». En france, chaque porteuse de foulard, outre de vraies convictions religieuses, envoie un signe de renforcement de l’Acteur islamique arabe anciennement humilié par le colonialisme et par le racisme : ce processus est un processus banal d’actorisation, peut-être involontaire, peut-être volontaire ? on ne sait, et on ne le saura jamais !
    En tout cas, ce foulard « dit », elles disent, tels certains gilets jaunes solitaires en ville (oui, oui, ça existe), « on est là » et on est nombreuse. Plus on s’affiche plus on rallie et plus on se consolide et plus on encourage ! Même quand elles manifestent uniquement leur liberté religieuse légitime, elles manifestent aussi, malgré elles, contre les anciens colonialistes perçus de plus comme racistes.
    Ce n’est pas la même lutte qu’en Iran où cette problématique d’actorisation, elle aussi plus ou moins volontaire, est exactement inverse : les sans-foulards iraniennes disent, têtes nues, « on est là », on est nombreuse (Acteure) contre les religieux qui nous les brisent ; on préfère l’occident laïc car on n’a rien contre cet occident duquel on a toujours su se protéger et qui nous ouvre un voie inespérée de liberté, et d’égalité désormais naturelle (le développement technologique est favorable aux femmes) avec les hommes.
    La religion n’est pas le centre de tout cela. Ici, elle est instrumentalisée.

    Et on remarquera que dans ces deux problématiques inverses, les hommes, dans chaque pays respectifs, soutiennent les femmes, « leurs » femmes. A moins que ce soit l’inverse, et dans ce cas homme et femmes forment le même acteur (ou acteur-e pour les puristes impénitents).

  2. « Ce n’est pas un mouvement féministe
    C’est une révolte révolutionnaire
    Les hommes sont prèsents aux côtés des femmes
    Ils ont compris que le changement de la société iranienne passe par la libération des femmes

    C’est le premier mouvement en Iran sans référence religieuse
    C’est un mouvement laïc  »

    Ces 2 points pointés en extraits
    Je retiens de cette vivante ITV
    Qui signent l’islam d’aujourd’hui
    Tel que je l’ai perçu et compris

    Depuis maintenant bientôt 10 ans
    Et qu’incarne en pointe l’Iran
    Pays musulman le plus en avance
    Force due à ses passé et intelligence

    Le changement en Islam
    Ne viendra pas de mollahs
    Où d’un nouveau jihad
    Il viendra des femmes

    Ce qui agite le monde musulman
    Au point de le rendre ultra-violent
    Est l’impensable surgit dans ses rangs
    La perte de la foi au contact de l’Occident

    Rigorisme et terrorisme sont crispations
    D’une religion qui perd poids et fonction
    Et voit sa population remettre en question
    Dogmes croyances règles et traditions

    Plus dur est le fer
    Plus grande la colère

    L’Église ne s’est pas remis de l’Inquisition
    L’Islam se remettra t-il de ces dureté et persécutions ?
    Il se prépare pour sûr une sortie de la religion
    Un avènement qui ne dit pas son nom

    Quelle issue à cette évolution ?
    Seule certitude hausse des tensions

  3. Très intéressant entretien sur ce qu’est une théocratie en acte : archaïque, mortifère et répressive jusqu’à la mort de qui s’en écarte.
    La sociologue parle de l’éducation des générations, des grands-parents pro-Révolution islamique ( ne pas oublier que les + engagés et politisés d’entre eux sont morts pendus haut et court, comme l’évoque Marjane Satrapi dans sa remarquable BD Persépolis ), aux parents sous le joug, – les femmes surtout, mises sous voile -, aux petits enfants, élevés, en réaction à cette oppression, en liberté dans l’espace privé de leur famille et qui exigent, désormais, la même liberté dans l’espace public.
    Elle parle en souriant du jeu avec les symboles, – le voile enlevé/les cheveux lâchés en est le + remarquable ! – que manient ces jeunes gens ( filles et garçons ), et dans le même entretien, + loin, sans perdre son calme, de la menace de mort que fait planer le Parlement Iranien qui la réclame pour des milliers d’ « enfants » de moins de vingt ans, – rebelles, visibles car ils se filment et se diffusent -, pour ceux d’entre eux qu’on a arrêtés ( quand ils n’ont pas déjà été tués ! 🙁 )
    Elle parle d’ailleurs du « trésor » que représentent les réseaux sociaux grâce auxquels, la sociologie travaille en temps réel.
    Elle parle de la solidarité entre Iraniennes et Afghanes et on le comprend vu leur proximité géographique et de revendication ( pas de solidarité spécifique arabe : si on se réfère au seul voile, ce ne peut évidemment être le dénominateur commun ), il faut comprendre aussi que ce mouvement révolutionnaire inédit ne se réfère pas du tout à la religion, sinon pour contester le pouvoir abusif des « enturbannés », il est aspiration à la liberté corps et âmes. 🙂
    Elle attend de la communauté internationale, une réaction – comme celle qui a fait bouger la communauté pour l’Ukraine -, au niveau de l’enjeu immense pour son pays ! Elle dit de l’Iran qu’il est, d’une certaine manière, occupé par les mollahs, d’aucuns diraient « colonisé ».
    Il est plus que nécessaire, – le temps de cette interview -, de rester concentré sur l’Iran, car c’est le moment de Vie de Mort iranien qui se joue là.
    Sur twitter, suivi en temps réel, le mouvement révolutionnaire lancé par la mort de la jeune femme Kurde massacrée par la police des moeurs, à Téhéran, et repris par le slogan :  » Femme Vie Liberté » est relayé ici, admirablement, de tweet en tweet :
    https://twitter.com/FaridVahiid/status/1597862288803106853?s=20&t=6d6mOQ0_HYpvjfrFxhrB1g

  4. bien évidemment , tout ici évoqué là mérite le respect ,,MERCI Itzel Marie Diaz d’avoir reçu Mahnaz Shirali sur la plateforme de QG

    ,,on peut rester sans réponse

    il nous semble inimaginable de vivre encore dans ces moeurs et leurs mesures restrictives et inadmissibles (la peine de mort!!) la jeunesse aujourdh’ui encore se léve ici(enIRAN) et là bas( eN CHINE° et que dire des pays soviétiques …………..
    Il faut soutenir ces mouvEments là et ici MAHNAZ sHIRALI nous démontre que cela est possible ,, par le biais des réseaux sociaux ( qui ne sont pas que dévastateurs ,,ils ont leur capacité à nous permette et l’information ,, et voir les actions possibles )

    en France ,, le peuple s’est levé plus d’une fois pour combattre et gagner sa liberté ,, prés de nous 1968,,et plus encore 2021 avec les GJ ,oui ,,
    ……..
    …………..;; que dire ,,. ? que faire ,,?

    interpeller la communauté internationale ?

    moi je m’interroge , différemment surement

    ,,je regarde le quotidien autour de moi ,, et j’essaie d’en mesurer la prise de Hauteur ,, celle là meme dont l’homme puisse se sentir capable ,,

    ,,,,c’est peu,, mais c’est aussi Beau COUP d,oeuvrer ,,oeuvrer à gravir une marche vers un plus Haut que Soi

    il y a des luttes qui nous semblent insurmontables ,, certes elles le sont.

    MAIS peut etre à notre vie d’homme pouvons nous etre acteurs au jour, le jour,

    LES UNS AVEC LES AUTRES et LES UNS POUR ET AVEC LES AUTRES
    ,,pour cela il faut marcher lentement avec ténacité et confiance aussi peut etre en ce qui peu à peu se dégagera ..là!!
    cordialement ,,
    ………………..

  5. Bonjour à toutes et à tous, Merci pour ce témoignage et grand respect pour cette population qui souffre, toutefois je me permet avec précautions d’apporter un petit bémol. Je dis avec « précautions car je ne voudrai pas que l’on se méprenne sur mes propos, loin de moi d’aller comparer ce que les Iraniennes et Iraniens subissent et notre situation que ceci soit bien clair. Il me semble toutefois qu’il faut cesser d’affirmer comme le fait cette personne que la France est un Pays de libertés, je conçois très bien qu’elle le pense (en tant qu’Iranienne) mais nous Français, nous devons cesser de le croire ou de le prétendre car dans notre doux Pays on peut mourir lors d’une fête de la musique (à Nantes et les policiers responsables récompensés) on peut avoir le pied arraché par LBD lors d’une rave parti (Redon) on peut perdre sa vie le jour de son anniversaire (Adama Traoré) on meurt très souvent dans nos belles prisons, on prend 6 mois ferme pour graphiti à la craie (GJ Lille) ou se retrouver condamné car son fauteuil roulant devient « arme par destination (GJ Toulouse) se retrouver emprisonné strictement pour rien comme hélas de très nombreux GJ, subir une répression ultraviolente car opposés à des projets inutiles (Notre Dame des Landes, Bure, Mégabassines et la mort de Rémi Fraisse) subir des années d’emprisonnement par pure délire politique (affaire Tarnac, Georges Ibrahim Abdallah), mourir de tirs de LBD uniquement parce que l’on vit dans un quartier pourri et j’en passe car la liste est TRES LONGUE, et que penser de toutes ces nouvelles lois totalement liberticides , nous en reparleront lorsque la toute nouvelle qui se prépare sortira (celle qui prévoit de très lourdes amendes pour blocage de lycées, rond point ou autre), je ne m’étendrai pas sur le connardovirus avec sa perte de citoyenneté pour celles et ceux qui ont eu le malheur de se poser des petites questions ni sur la toute nouvelle folie du jour (interdiction du jeu de société ; antifa le jeu) et que dire d’un Pays ou la corruption est totalement assumée, alors oui, je pense que nous ne devons plus continuer à faire croire au reste du monde que nous sommes dans un pays de liberté, il me semble qu’il faut s’opposer systématiquement à cette belle légende en étant bien conscients que bien évidemment dans d’autres Pays c’est bien pire (mais est ce une raison valable pour accepter ce qui se passe chez nous?). Je finirai par une note optimiste en admirant la jeunesse Iranienne qui lutte et à toutes les jeunesses du monde.
    Bonne journée à toutes et à tous, force et courage à toutes et tous les humiliés de la terre

    1. Un immense merci, Delacre, pour ce post remarquable. Je développe. (je n’ai pu visionner que 10 mn).

      En Iran, ce qui est en jeu, c’est une certaine liberté religieuse (qui fait beaucoup « symbole »), cad au fond la liberté de penser, avec quelques implications matérielles directes telles que port ou pas de tel ou tel vêtement: cad enjeu d’apparences. Il est légitime de revendiquer des marges sur ce créneau symbolique qui, en l’état, secondarise symboliquement la place des femmes, alors même que le développement technologique actuel rend totalement caduque cette secondarisation. Cependant, n’oublions pas qu’une libéralisation « intermédiaire » (cad un peu au-delà des apparences) a eu lieu en France il y a peu (libération sexuelle), avec des conséquences gravissimes sur le plan non pas seulement des apparences, mais plan fortement matériel : institutionnalisation de la pédophilie, du viol des enfants … au nom de LA liberté.

      La revendication foulardesque des femmes iraniennes est légitime car la tranquillité vestimentaire des femmes dans l’espace public ne doit pas être moindre que celles des hommes (certes les légitimes exigences de pudeur en société restent encore différentes entre femmes et hommes -le torse nu des hommes est toléré, pas celui des femmes- mais … ne compliquons pas le problème).

      Les femmes iraniennes, une fois « libérées » foulardesquement parlant, découvrirons rapidement ce que le foulard leur dissimule, à savoir une autre limitation encore plus omniprésente dans la vie : je veux parler de la limitation financière de la liberté, invisible à l’œil nu, mais pourtant considérablement plus « matérielle » que la précédente. En clair, LA Liberté dans ses formes pratiques réelles (c’est-à-dire « les » libertés) est essentiellement l’apanage des riches. Delacre nous en parle indirectement en faisant allusion à la répression des pauvres dans leurs revendications financières. Les libertés sont essentiellement des trucs de riches, qui les revendiquent à tue têtes à travers LA fameuse liberté.

      Tout le monde peut voir que les riches ont plus de « libertés » que les pauvres ; plus de libertés, cad plus de degrés de libertés, plus de marges de manœuvres, plus de pouvoirs d’agir, plus de forces productives, forces productives de libertés. Le capital financier est une force productive de libertés. D’ailleurs les financiers ne s’en cachent même plus : voici la publicité d’une grande banque française (Crédit Agricole) qui nous explique comment acquérir de la liberté :

       »
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      Débutant ou initié, financez tout ou une partie de l’achat de votre camping-car.
      Quel que soit le modèle, neuf ou d’occasion.
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      Le budget vous fait peur ? Pensez à louer votre camping-car lorsque vous ne l’utilisez pas.
       »

      Elle est pas belle la vie ???????????????

      Conclusion : gardons toujours en tête la distinction radicale entre revendications sociétales (foulard) et revendications sociales (fric).
      La Finance est prête à tout accepter sociétalement parlant ; mais elle est aussi férocement prête à tout refuser, et même à régresser, socialement parlant.
      Les bobos, par exemple EELV, priorisent le sociétal : ils (elles) revendiquent même la liberté de porter le voile. Il faudra qu’on explique à Sandrine Ruisseau la différence entre un acteur et un sujet, ainsi que la dynamique entre l’un et l’autre.

      1. Bonjour ainuage,
        étant donné que vous n’avez visionné que dix minutes je vous laisse le temps d’aller jusqu’à la fin car il me semble (si j’ai bien compris) que les revendications de la jeunesse Iranienne et maintenant des plus vieux (grève du bazard) n’est pas qu’une histoire de foulard mais que çà va bien plus loin que le religieux, vous me direz si je me trompe. Quand à ce que je dénonce çà ne concerne maintenant plus que les pauvres car à Notre Dame des Landes et autres on ne voit pas beaucoup de p’tits gars des cités mais bel et bien des gosses de bobos ainsi que beaucoup « d’écolobobos grisonnants », Rémi Fraisse n’était pas un fils de prolo, Julien Coupa (tarnac) non plus, maintenant la répression et les restrictions de libertés touchent tous les corps sociaux (sauf bien sûr les super bourgeois) pas encore autant que les plus pauvres mais patience çà vient .
        Bonne journée

        1. Oui, ce qui prouve que j’aurais peut-être dû dire :
          « La Finance est prête à beaucoup accepter sociétalement parlant, même si pas tout, et en particulier pas les manifestations écologiques destinées à faire obstacle à des projets visant à enrichir les financiers ».

          Mais, en final, cela revient donc toujours à protéger la finance et corrélativement, à accentuer la pauvreté. Ce qui prouve que le motif réel des coups de bâtons et des grenades n’est pas du tout anti-écologique (anti bobo) mais bien anti-social. Alors même que les manifestations écologiques des bobos sont belles et bien des manifs écologiques cad « sociétales », et pas du tout des manifs contre la pauvreté cad pas des manifs « sociales ».

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