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Le capitalisme ensauvagé – Quartier LibreAvec Ludivine Bantigny

Émission du 27/09/2022

David Libeskind a reçu Ludivine Bantigny, historienne du travail, des inégalités, et des mouvements sociaux. À l’heure où Ursula von der Leyen, main de fer néolibérale de Bruxelles, met sous tension les peuples européens, faut-il dénoncer plus que jamais la violence historique engendrée par le système capitaliste? Marchandisation effrénée, colonisation, effondrement des écosystèmes, le terme « ensauvagement » ne prendrait-il pas sa source tout en haut de notre pyramide économique? Notre invitée livre une réflexion éclairée sur ces thèmes.

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20 Commentaire(s)

  1. j’ai eu envie de répondre ,, vivement le pére Noel ,!!
    , mais bon quand méme ,,!!

    les pieds sur terre j’ai envie de dire ‘ qu’importe ceux qui ne se melent de rien pour vivre bientot la féte ‘illuminée ou pas dans leurs quartiers !!

    ……………. ,je VIS beaucoup sur le terrain au quotidien ,,,
    c’est un flux ,mou, muet,,,apeuré!!
    hélas je le constate ,, et je rejoins içi ,,JANCOVICI ,,, (superbe échange proposé par vous avec lui ,, merci!!)

    je le rejoins aussi ici ,,quand il dit , ,’y a plus jus dans les cerveaux )!!

    mais sur le terrain de l »échange ,, du propos de la réflexion, et des mots assurés, je tire à profit pour m’en emplir,,, venant de vos intervenants ainsi que de vos commentateurs,Lumiére SOIT!!
    n’en déplaise …………………

  2. Je me souviens  » L’Horreur économique » de Viviane Forrester, alerte cruelle, inédite à l’époque ( en 96 ) et magnifique !
    David Libeskind a raison de rappeler cette filiation …
    Mais autre livre qui dépeint l’horreur, cette fiction de Stephen King « Running man » :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Running_Man et je le mets en rapport avec la sensibilité de LB au sujet de la santé privatisée ( et dont sont privés les + pauvres partout sur la planète ).
    Ludivine Bantigny est passionnée, convaincante, emportée par son discours et sa pensée, et par l’urgence que ses solutions ( fin de l’entretien : entre élections et actions + locales, + patientes, + expérimentales ) démentirait presque… 🙂
    La savoir au Parlement de la NUPES, notre Louise Michel contemporaine ( ou sa soeur par-dessus le temps ), est encourageant pour la Gauche.

    .

      1. Heureusement, il y a Ludivine : quelle magnifique présentation elle nous a proposée de son ouvrage ! Quelle vivacité ! Quelle solidité ! quelle clairvoyance ! Un grand merci !

        Mais on sait que certains traitres CFDTistes pensent pouvoir réformer le capitalisme, sans révolution, sans communisme !!!

        – « Lénine, qu’en penses-tu ? »
        – « Lénine, oh ! oh ! où es-tu ? »
        – « Mais où est-il ce con ? Léééniiine ouh ouh ! »
        – « Mais, nom de Dieu, on nous l’a volé !!! »

        Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier !
        Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné,
        on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon Lénine.

        Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ?
        Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ?
        N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête !
        Rends-moi mon Lénine, coquin. (je me prends moi-même le bras).

        Ah! c’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis,
        qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre Lénine,
        mon pauvre Lénine, mon cher ami ! on m’a privé de toi ;
        et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support,
        ma consolation, ma joie ; tout est Fini pour moi,
        et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre.

        C’en est fait, je n’en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré.
        N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter
        en me rendant mon cher Lénine, ou en m’apprenant qui l’a pris ?
        Euh ? que dites-vous ? Ce n’est personne !?
        Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin, on ait épié l’heure ;
        et l’on a choisi justement le temps que je parlais à ce traître de Gratinéos.

        Sortons ! Je veux aller quérir la justice,
        Et faire donner la question à toute la maison : à servantes,
        à valets, à Aude, à Marisa, et à moi aussi. Que de
        gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me
        donne des soupçons, et tout me semble mon voleur.
        Eh ! de quoi est-ce qu’on parle là ? De celui qui m’a dérobé ? Quel
        bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ?
        De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie
        que l’on m’en dise !

        N’est-il point caché là parmi vous ?
        Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils
        ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons ! vite ! des
        commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des
        gègènes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre
        tout le monde; et si je ne retrouve pas mon Lénine, je me pendrai
        moi-même après.

        1. Yo! J’ai bien ri en lisant cette « scapinette » (je n’ose écrire « fourberie 😉). Lénine volé ou envolé ? J’ai vu une biographie très élogieuse de Poutine qui le présentait comme quelque chose comme la double réincarnation du Vladimir qui a fondé la Russie (à Kiev) au xiieme siècle, et de vladimir oulianov l’envolé sus-nommé. Avez vous été chercher du côté du Kremlin ? Comme le nain qui voyage dans Amelie Poulain, votre Lénine est peut-être parti prendre l’air. Moi je dirais qu’en ce moment il sillonne les territoires.

          1. Je voulais faire un peu rire, en effet. « Les fourberies de Scapin » auraient tout à fait pu convenir : il y a un style Molière constant qui traverse toute son oeuvre ! Là, c’était « l’avare », un des multiples monuments de Molière que j’ai essayé « d’exploiter ». Si vous avez ri, c’est que mon audace était quelque peu « jouable » !

          1. Merci dameB.
            (« dameB » ça me fait penser aux romans de Chrétien de Troyes ; on ne disait pas « madame » à l’époque, mais « dame » pour une femme de rang.

  3. J’ai l’impression que plus d’une critique sur le « capitalisme », il s’agit d’une critique des conséquences du « capitalisme » notamment sur l’aspect sociétal (travail, santé, relations entre les individus, rapport à l’argent…). Cela n’est pas surprenant puisque Ludivine Bantigny est historienne du travail et non économiste.

    Comme nous vivons dans une société capitaliste et à une époque d’un capitalisme triomphant au niveau mondial depuis la chute de l’URSS. Même la Russie, la Chine sont des sociétés capitalistes c’est dire (du point de vue économique, seul qui importe quand on traite d’un système économique), et il ne reste plus peut-être que la Corée du Nord pour proposer une alternative économique. Il semble que le capitalisme ait bon dos et que l’on puisse lui imputer tous nos malheurs, comme si finalement sa critique devait faire sienne le postulat des capitalistes : l’argent, le capital, décide de tout, pour tout donc on peut le critiquer (CQFD).

    Et c’est là où à titre personnel, j’ai envie de prendre un peu de recul.

    Car par exemple sur l’exemple de la santé, on sait bien qu’entre le capitalisme américain et européen, il y a une divergence de fait sur le traitement à appliquer à ce secteur. Pour les Américains c’est essentiellement une problématique privée, pour les européens il s’agit là d’un bien public. Dans les deux cas, cela ne remet pas en cause le système capitaliste. La manière de gérer le système sont essentiellement les mêmes, ce sont les mêmes méthodes d’organisations entre hôpitaux américains et européens, entre les laboratoires pharmaceutiques, les pharmacies sont similaires, les professionnels de santé… seul change en réalité qui paie la note. Au niveau américains ce sont les assurances ou les particuliers, au niveau européens la collectivité, la sécurité sociale, avec une petite partie de plus en plus grande pour l’usager qui de plus en plus devient client (à l’instar de son homologue de l’autre côté de l’atlantique).

    Avec cet exemple que l’on pourrait dupliquer sur d’autres secteurs, autant publics (éducation…) que privé d’ailleurs. Par exemple dans certains pays capitalistes les ventes à pertes sont interdites et dans d’autre la législation ne légifère pas. On se rend compte que finalement le système (économique) capitaliste est borné ou assujettis par un environnement qui lui est en théorie supérieur (législation, culture, réalités économiques du pays comme ses ressources, ses points forts/faibles…) et qu’il y a autant de capitaliste qu’il y a de pays voire de capitalistes.

    Aussi est-il juste d’en faire l’alpha et l’oméga de nos sociétés ?

    Je crois que non et je pense qu’il faut bien comprendre que le capitalisme ne devient tout puissant et donc responsable de tout que s’il est « ensauvagé » comprendre que s’il n’y a plus rien qui puisse lui faire obstacle, le maitriser. Et qu’un système économique ne peut se substituer en réalité au pouvoir politique (dont celui de faire des lois) qui lui est supérieur. Et quand le système politique est sous la coupe du capitalisme (donc de ses ultrariches, ses oligarques) déjà nous ne sommes plus vraiment en démocratie, mais d’autre part tout ce qui découle de cette inaction du politique n’est pas la faute du capitalisme, mais bien la faute de la faiblesse du politique.

    Par exemple quand Poutine prend le pouvoir, il réunit tous les oligarques (sauf Abramovich) et leur explique très clairement qu’il est temps de payer des impôts, et tous leur arriérés, faute de quoi ils vont perdre leur entreprise et mal finir. Il me semble que l’oligarque de Youkos, Mikhail Khodorkovsky (aujourd’hui opposant réfugié à Londres) qui a crû qu’il blaguait l’a payé très cher (prison et entreprise confisquée puis exile). Idem en Chine le pouvoir politique n’est pas en dessous des oligarques, il est au-dessus. Jack Ma en a récemment fait les frais.

    La vérité c’est que dans l’occident décadent, le politique n’est plus une vraie force capable de s’opposer au grand capital. Qui par exemple peut imaginer un seul instant que Macron pourrait réunir à l’Elysée tous les grands patrons et fortunes, à commencer par Bernard Arnault et leur dire comme Poutine, la fête est finie vous vous êtes suffisamment engraissés sur le dos des français et de la France, vous payer vos impôts ou c’est prison et confiscation du patrimoine ?

    C’est inimaginable, même aux USA les patrons des grandes banques s’ils veulent raccrocher au nez du président ou ne pas le voir, ils le peuvent.
    Donc je crois que si on acte que le capitalisme est le cœur du problème, on ne voit pas qu’en réalité c’est reconnaitre sa victoire, qu’il a pris la place du politique et que donc c’est lui qu’il faut réformer au lieu de réformer le politique.

    Or il n’y pas de vraies alternatives économiques au capitalisme qui en tant que système économique est assez logique. Là on est dans la discipline économique. Notamment la comptabilité, le contrôle de gestion, la recherche de rentabilité qui parfois prend la forme du profit…sont somme toute cohérent et rationnel. On pourrait réformer la comptabilité par exemple inclure les critères environnementaux et sociaux, calculer des résultats et des prix de vente d’une manière différente mais sortirions-nous pour autant du capitalisme ?

    Par contre réformer le politique, cela est la vraie mission, afin que le politique encadre le capital et ne lui soit pas soumis. Afin qu’en vrai le pouvoir soit au peuple, ou à minima à l’intérêt du peuple (concept de nation) et non au bénéfice du capital, donc des riches, donc de ceux qui ont intérêts à la reproduction des inégalités de revenus et au maintien de leur position dominante.

    Sans surprise quand Ludivine Bantigny parle des alternatives au capitalisme (donc au système économique) elle bascule consciemment ou pas dans le politique et mentionne « la démocratie des soviets » où soviet veut dire conseil. Tout est dit on parle bien de démocratie, donc de politique. Même si le communisme en tant que système économique était par ailleurs différent du capitalisme.

    En conclusion, sauf à accepter la soumission irréversible du politique au capital, et donc le triomphe du capital ensauvagé comme horizon indépassable. D’où alors la nécessité de réformer le capitalisme en priorité et de l’intérieur (donc devenir très riche et changer le système à son tour, prendre le pouvoir de l’argent. Il faut noter qu’hélas quand les gens deviennent très riches, très souvent ces problèmes ne les intéressent plus et ils profitent à leur tour d’un système qui à leur niveau peut être agréable. Notons quand même que certains patrons moraux et qui pensaient à leurs salariés ont aussi existé et existent toujours.). Il convient de consacrer à mon avis toute son énergie à la réforme du politique et lui rendre sa supériorité de fait sur le capital. Rappelons que l’état dispose de forces armées, de la justice, de prisons. Et surtout que l’état est plus riche que les riches (c’est encore vrai pour un pays comme la France, mais Bill Gates je crois est plus riche que de nombreux états pauvres…) Il ne faut pas se leurrer et choisir ses combats. En fait il convient de se rappeler que pendant longtemps en France un monarque (dit de droit divin) était supérieur aux bourgeois. Et que même s’il défendait surtout ses intérêts particuliers, il représentait les intérêts du peuple, de la nation.

    J’ajoute que pour modifier un système économique, la tâche est beaucoup plus ardue que modifier un système politique. En effet dans un monde interconnecté, autant réformer son système politique peut se faire sans prendre en considération l’extérieur. On l’a vu avec la Russie et la Chine, qui font du business avec le monde tout en administrant leurs pays à leur sauce (bien ou mal c’est à chaque pays de décider de ce qui est bien pour lui). Autant réformer un système économique ne peut se faire sans prendre en compte l’extérieur, on vit dans un monde où il y a la nécessité de l’échange. Donc sauf à vouloir faire comme la Russie de l’entre deux guerres et opter pour l’autarcie, ce qui est une possibilité, je pense que la France pourrait vivre en autarcie mais cela ne va pas sans sacrifice (plus d’importations, c’est plus de biens produits pas cher en Chine, donc à Noel des jouets en bois pour les gosses par exemple). Il est plus raisonnable de considérer que le système économique d’un pays doit s’intégrer dans l’architecture globale et qu’à moins de la modifier entièrement (et dans ce cas comment ? conquérir la planète ? arriver avec du soft power à ce que les autres nous suivent ?), il vaut mieux faire comme les autres au niveau économique sauf à vouloir se retrouver seul. Et faire comme on veut en politique chez soi. Il faut que le politique redevienne au-dessus du capital.

    1. Réflexion intéressante qui s’appuie sur la fin de la domination du politique au profit de l’économique (un virage qui a été fait en Occident au sortir des crises petrolières de 1973 et 1979), qui s’est poursuivi dans les années 90 par la désindustrialisation et l’essor des services bancaires, puis s’est achevé par la prise de contrôle de la Finance des marchés sur les États après la crise des subprimes de 2008.

      Le capitalisme a réussi à se répandre et s’imposer à l’économie mondiale en s’adaptant aux particularités des États et de leur économie (la Chine pratique un capitalisme d’État), parce qu’il ressort d’une dynamique pour ainsi dire, « naturelle » à l’homme, la prédation, que la mondialisation et ses possibilités de profit colossaux, a rendu féroce. Il est vain de vouloir le changer. Tout l’enjeu des luttes fut de contrer et corriger les déséquilibres engendrés par les prédations du capitalisme qui triomphe aujourd’hui.

      Quelle issue ? Redonner au politique la primeure ? Par quel biais des lors que les institutions sont vérolés et verrouillés ? Que le plus grand parti de France est celui de l’abstention et la désillusion ?

      En attendant que l’homme fasse « un saut quantique », une mutation intérieure de son être qui lui fera préférer le partage et l’entraide à la compétition et la guerre, nous pouvons espérer voire le peuple lui même réinvestir les services collectifs laissés en déshérence par l’ État en faillitte, et ce faisant, réinventer de nouvelles façons de s’organiser en société pour pourvoir aux besoins de tous et de chacun.

      J’ai longtemps été idéaliste, romantiquement idéaliste. Je suis resté romantique au coeur mais mon idéal social s’est durcit d’une écorce de réalisme. Je sais aujourd’hui que seule nécessité fera loi. Les français trouveront en eux la force de bousculer l’ordre des choses, quand ils seront acculés. Les GJ ont manifesté des trésor d’ingéniosité et d’entraide, d’auto-organisation et d’auto-mobilisation qui laissent présager de l’existence de ressources et forces tapies qui attendent leur heure. Mais je doute que le Signal attendu annonce un scénario de type « prise de l’Elysee ».

      Si révolution il doit avoir, et il faut qu’il y en ait une pour sortir de l’impasse de la 5eme république, je pense qu’elle aura plus de chance de réussir en prenant et occupant des positions à la périphérie des lieux de pouvoir, dans un double mouvement d’abandon des pouvoirs centraux et de reconquête de ce qui fait « Maison commune » sur le terrain local, mais je peux me tromper. Le pouvoir actuel semble miser sur l’affrontement direct à grands renforts de provocations et de militarisation de la police, et j’y vois un piège. Nous sommes déjà peu ou prou vassalisés. Notre République est fantoche. Le pouvoir n’attend qu’une occasion pour acter un « changement de mode de gouvernance », entendez par là, un changement de régime. Il faut veiller à ne pas lui en donner l’occasion.

      L’évolution mondiale tend à l’hyper croissance des grands ensembles. Usa, UE, Chine, Brésil, Inde, Russie,… sont tous des géants rivalisant de grosseur. Jusqu’où cela ira t-il ? L’esprit de prédation poussé jusqu’à la démesure à engendré des monstres jurassiques. Je mise sur la mutation en espèces plus légères, plus souples et plus mobiles pour survivre au cataclysme qui vient.

      1. J’ajoute en annotation à ma reflexion que le politique tel que nous le connaissons et les luttes qu’il a servi, s’est construit sur les masses ouvrières produites par la Révolution Industrielle, elle même sortie d’un exode rural massif et l’abandon d’une économie de subsistance pour entrer dans une économie de croissance. J’ajoute ici pour la circonstance, que l’avenir qui s’ annonce serait plutôt du genre économie de survivance.

        Les masses ouvrières ont développé leurs modes de lutte en réponse aux conditions qui étaient les leurs. Où sont les masses ouvrières en Occident aujourd’hui ? On comprend mieux comment et pourquoi le politique s’est délité, en particulier en France où il suit la courbe de la désindustrialisation de son économie que le passage à l’euro a achevé.

        Si le politique doit renaître, il prendra pied dans le terreau des besoins et des souffrances du petit peuple actuel, en paupérisation et manque de travail pour la plupart. Le monde industriel a engendré l’organisation syndicale qui reproduisait peu ou prou dans sa lutte les structures et les codes du monde du travail où se jouaient l’essentiel des luttes. À quels besoins chercheront demain à répondre ceux qui se lèveront ? Selon quel mode et codes d’actions ?

        À l’évidence ils agiront avec ce qu’ils ont et sont, puisés à ce qu’ils vivent. Je doute que ce monde au tissu social éclaté fabriquant de la solitude et de la désespérance en barre, mais où s’horizontalise le maillage humain en base, engendre les mêmes modes d’union et d’action sociale que ceux sorties des masses ouvrières organisées de façon hiérarchique et dirigiste.

        La difficulté à imaginer ces modes, à œuvrer à leur avènement, tient à l’invisibilité des vrais nécessiteux dont personne ne se soucie. Et pourtant ils sont là et avec les GJ, ils ont hélé qu’ils existent et que pour ce qui est de leur mode d’union et d’action, la donne est vraiment en train de changer : « pas de chefs, pas de Partis. Pas de religion, pas de politique » . « RIC, RIC, RIC ! »

        1. Une dernière note sucrée-salée en guise de douceur pour le dessert.

          J’ai parlé des territoires sur lesquels je fonde beaucoup d’espoirs et de vues parce que j’y vis. Mais il est un autre lieu mis au ban de « la société du pouvoir », où se fomentent de tout autres modes d’union et d’action en réaction au monde d’aujourd’hui, ce sont LES BANLIEUES !

          Là la donne est toute autre, faite de mixité et de proximité. Ici les structures politiques traditionnelles ont le plus de chances de muter sur ce qu’il reste d’organisation et présence militante. Mais il faudra faire avec un élément exogène de taille : la religion musulmane. Passerelles car il y en a : la recherche de la justice sociale inscrite dans les valeurs cardinales de l’islam : zakat et ramadan, charité sobriété et partage. L’islam est sorti du désert le plus hostile. Il est taillé pour les temps les plus difficiles. N’a t-il pas résisté à la puissance soviétique ? Je m’arrête là. Je ne faisais que souligner ses endurance et adéquation profondes aux temps qui viennent. Reste sa matrice sociale exogène et antinomique à la nôtre. Mais l’Orient, est et sera toujours l’Orient de l’Occident n’est-ce-pas ? Nous avançons depuis des siècles comme deux frères siamois dos à dos. L’inespérée chance que nous offre notre époque sur le terrain des banlieues françaises où vit la plus importante communauté musulmane d’Europe, est celle d’un face à face sur le terrain du quotidien. L’occasion d’un retournement de situation historique ? Défi pour les deux parties à relever ensemble. Si Orient et Occident parvenaient à trouver là un terrain d’expérimentation de l’entente, et osons le mot, celui d’une alliance fraternelle, alors le monde pourrait basculer en miroir.

          Ajouterai-je pour finir que cette bascule est dejà à l’œuvre et viendra des FEMMES ? Se lève ici le voile sur la véritable Puissance en réserve qui se déploie…

          Sororalement vôtre !

          Æric 😉

          (Æ surligné d’une tilde hispanique est le sigle qui signe mes films depuis 2006, fil entamé avec la réalisation de deux documentaires sur la communauté musulmane de Montreuil et la construction d’une mosquée en 2009 et 2010 après 6 ans d’enquête sur ce territoire. Territoire, vous avez dit territoire ?)

          1. Une petite larme en vers
            Pour mieller le dessert ?

            J’ai évoqué zakat et ramadan
            Pour faire pont franc
            Entre Orient et Occident
            Dans les lieux mis au ban

            En rue comme sur les places
            En ville comme en façade
            Zakat et ramdam donne bonne part
            À collecte et vie sociale

            Mais loin des bars
            Et des coursives du noir
            Loin des échanges de comptoir
            Quelle donne mettre sur la table ?

            Je vous la donne dans le mille.
            Oubliez Dieu, Jesus le fils et tutti quanti
            Inutile de dire Allah vous ne saurez pas
            Le pont c’est Avé Maria!

            Lira qui voudra
            Comprenne qui pourra

          2. Ce que je comprends, c’est que la seule femme à avoir eu un enfant avec Dieu, c’est Marie (dans la trinité, le Saint-Esprit est Dieu).
            Marie a eu aussi son Ascension céleste (Assomption) tout comme Jésus.
            Et nous sommes, effectivement, selon vos propos, dans le temps de l’Assomption (élévation) terrestre ou sociale des femmes actuellement. Bien vu, donc !

  4. Bon topo qui remet les idées au carré. Ludivine Bantigny démonte et expose « l’horreur du capitalisme » (mot de David Libeskind) et sa dynamique « ensauvagée » avec clarté et pédagogie.

    Le capitalisme se soucie avant tout de créer de la « valeur d’échange » et ce au détriment même de la valeur d’usage d’un bien ou d’un service. En clair il se soucie avant tout de vendre et d’engranger des profits quite à vendre du vent, et du vent il en vend ! Il se soustrait à tout autre impératif au nom d’une « rationalité comptable ». La vie humaine elle-même est comptabilisée dans ses équations comme un coût anticipé soumis à la règle du risque/profit, et passe le plus souvent dans les pertes acceptables. Bref, le capitalisme est un cannibalisme froid, C’est le Compte fait Roi.

    La deuxième partie sur le survol des alternatives au capitalisme, communisme en tête est aussi intéressante. Je rejoins Ludivine quand elle se fait annonciatrice de « révolutions » (au pluriel tel que je l’ai entendu) à venir face à un « système verrouillé », en soulignant leur caractère varié et decloisonné, qui appelle en retour à la « fédération » des forces en action. « Fédération » un mot important souligne Ludivine. Tellement qu’il peut servir de base à l’organisation des mouvements à venir.

    Une considération visionnaire selon moi qui s’inscrit inévitablement dans le temps long et l’essaimage de foyers de changement au niveau local, et corrolaire, leur « fédération » à plus large échelle. Le rimbaldien « changer la vie », récupéré et trahi par des politiciens en mal de slogans, n’a pas pris une ride, mais il se délocalise et reprend ses couleurs ici. Des partis il descend et revient dans la vie des gens. L’évocation de la Commune de Paris qui a tant inspiré le poète fut de mise. Effluves romantiques… L’urgence de la situation (crise économique et sociale, durcissement des régimes démocratiques, dérèglement climatique, guerre en Ukraine…) nous laissera t-elle le temps d’agir ?

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