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« Les riches, vrai fléau climatique »Avec Hervé Kempf

Émission du 26/09/2024

Bénédicte Martin a reçu Hervé Kempf, directeur de la rédaction de Reporterre et auteur de la bande dessinée « Comment les riches ravagent la planète » aux éditions du Seuil, pour un grand entretien consacré au rôle des riches et du techno-capitalisme dans la catastrophe écologique en cours

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1 Commentaire(s)

  1. Belle émission.

    Hervé Kempf est un mec gonflé. Un de ses précédents livres s’intitulait « que crève le capitalisme » : chez EELV, ils ont dû s’étrangler avec ça, eux qui rêvent d’un capitalisme écologiste. Avec « que crève le capitalisme » on pouvait prendre Hervé pour un communiste, mais à la lecture de l’ouvrage on s’apercevait qu’il était plus attiré par un collectivisme anarchisant que par le communisme proprement dit. Nul n’est parfait.

    Aujourd’hui, avec sa BD, il réitère dans … autre chose. Il vise « les riches » plus que « le système » capitaliste, et conséquemment son orientation semble plus fiscale que … systémique ; il s’est donc un peu assagi en en restant à des mesures fiscales hard en l’endroit des riches.

    Cependant, en final, il précise que les gains fiscaux doivent d’abord viser l’éradication de la pauvreté et ensuite financer la protection de la planète : cette incise préalable l’honore grandement. Cependant, ensuite, on ne parle que d’impacts climatiques et de sanctions fiscales.

    Le « problème » que pose d’abord la richesse individuelle ce n’est pas l’écologie qui n’est qu’un effet induit de la fragilité de la nature. Le problème de la richesse, dans son essence même, c’est la pauvreté. La richesse des uns se gagne par la pauvreté des autres : unité des contraires ! qui dit riches dit pauvres ! Il ne peut pas y avoir « que » des riches. S’il n’y avait que des riches, le mot riche disparaîtrait du vocabulaire. Tout « concept » est abstraction, au sens de contraste, de distinction, de séparation. La langue est toujours quelque peu un reflet du réel, et ce réel de la richesse/pauvreté, dans sa mécanique, a été élucidé scientifiquement par Marx : appropriation d’une « plus-value sur le travail » par les propriétaires des moyens de production, des moyens de travail : si les appropriateurs du travail sont plus riches, les désappropriés du travail sont plus pauvres. D’autant plus dans un environnement concurrentiel (liberté d’entreprendre) qui pousse forcément à rogner sur le prix du travail pour rester compétitif, ou à vendre plus cher l’objet fabriqué si le marché (dont la bourse) est à la hausse. Mais la plus-value boursière, le travailleur n’en profite pas.

    Le petit capitaliste local à la « papa », dominant hier, (qui pouvait (?) rester sage, modéré, dans son appropriation ordinaire), est en voie de disparition : le système capitaliste néolibéral ou même néo-néo-néo-libéral, hyperboliquement CONCURRENTIEL et ANONYME a fait son apparition : les titres de propriété (actions boursières) circulent, s’échangent au même rythme que des données dans un ordinateur, ou que des marchandises autour du monde (d’ailleurs, il se dit chez les « branchés » que le monde est un village).

    La concurrence est mondiale. Le totalitarisme néo-néo-néo-libéral (dit « globalitarisme ») s’appuie sur les 3 « règles » (et non pas « lois », car non démocratiquement décidées) suivantes :

    1- « concurrence des produits » (amplifiée par la LIBRE CIRCULATION DES MARCHANDISES).

    2- « concurrence de la main-d’oeuvre » -bientôt mondiale- (amplifiée par la LIBRE CIRCULATION DE LA MAIN-D’OEUVRE).

    3- « concurrences actionnariales » (amplifiée par la LIBRE CIRCULATION DES CAPITAUX).

    – La libre circulation des marchandises, si elle fait baisser le prix des produits grâce à la concurrence, fait corrélativement baisser les salaires puisque l’actionnariat (concurrentiel), décideur désormais anonyme, veut préserver ses bénéfices/dividendes avant tout : le client s’y retrouve, mais le salarié (cad le même, en fait) y perd. (l’intersectionnalité du client/salarié, quelle galère !).

    – La libre circulation de la main-d’oeuvre, fortement encouragée par le patronat (voir Annie Lacroix-Riz), si elle permet à des habitants de pays économiquement faibles d’émigrer vers des pays développés, fait baisser les salaires dans ces mêmes pays.

    – Quant à la libre circulation des capitaux (the last but not the least) elle est certainement la plus perverse des libertés du totalitarisme néo-néo-néo-libéral. Outre qu’elle permet à quelques entités dominantes (les plus riches) de faire leur loi sur le marché mondial (comme Black Rock) ; elle ouvre aussi insidieusement les capitaux à la portée de milliers … de salariés. En effet, actuellement, les plans d’épargne en « actions » (ou partiellement en « actions ») se multiplient (c’est la nouveauté depuis 20 ans) à destination de mr Toulemonde ou presque (votre Banque vous en propose, votre Assurance vous en propose, votre Mutuelle vous en propose etc). Ces sociétés financières savent bien que les attentes de ces clients (de petits à moyens « riches/salariés ») sont uniquement le « rendement », cad l’orientation la plus défavorable aux salariés des sociétés par actions concernées. Les indicateurs suivis par ces clients-salariés sont la valeur boursière du moment et son rendement annuel, comme tout actionnaire. La gestion à long terme des entreprises concernées (que ces nouveaux actionnaires ne connaissent pas), ils s’en foutent. Ils se comportent comme n’importe quel trader ou vautour industriel (Tapie, etc ….) : faire, en toute inconscience, cracher les entreprises (les salariés souffrent –> le rendement augmente ponctuellement → le titre monte → le titre est revendu : dans le meilleur des cas l’entreprise repart mais les salariés y ont perdu tous leurs avantages ; ou même l’entreprise se casse la gueule, et dans ce cas les salariés ont tout perdu, et les pigeons d’actionnaires du dimanche, aussi). Sans le savoir, en toute bonne conscience, des salariés jouent contre des salariés. Pour en convaincre d’autres à nouveau, on a inventé des labels attractifs : actionnariat solidaire ou responsable : ce qui fait plaisir ici, c’est que ce sont eux qui se feront le plus plumé … mais avec la bonne conscience touchante d’avoir donné un magnifique … potlatch à l’ennemi de classe qu’est le financier professionnel qui, lui, achète et vend ses titres au bon moment, et qui ne rend jamais volontairement ce genre de potlacht. Olé !

    Conclusion : l’identité « salarié »/« actionnaire », nouvelle forme d’intersectionnalité pour le pékin moyen aventureux, risque fort d’être défavorable à la « classe » des salariés, plus qu’à la « classe » des actionnaires. L’intersectionnalité du PDG, lui aussi à la fois actionnaire et salarié, mais homme de gestion et de pouvoir sur un même lieu, cad son entreprise, (contrairement au pékin moyen) est fort différente.

    Incise : Bénédicte Martin ne s’est pas vraiment trompée lorsqu’elle a parlé d’eugénisme à propos du transhumanisme de Laurent Alexandre : je suis convaincu que 1 siècle plus tôt, il aurait été un partisan de l’Eugénisme. « L’homme augmenté » qui lui est cher, ressemble un peu à l’homme sélectionné des eugénistes. Un peu.
    Néanmoins, je crois que l’utérus artificiel serra un jour « librement » choisi par des femmes fécondes pour éviter la grossesse.

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