Quartier Constituant – Edwy Plenel : « Quand les médias choisissent leur camp face à un mouvement populaire »

Émission du 24/03/2020

Quel rôle pour les médias dans le processus constituant ? Pour en discuter, Charlotte Girard et François Cocq ont invité Edwy Plenel, président et co-fondateur de Mediapart, afin de réfléchir tous les trois à la position d’adversaire ou d’acteur que peuvent avoir les médias à l’endroit des mouvements populaires

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4 Commentaire(s)

  1. « C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases »
    cette répartie célèbre m’est venue à l’esprit en écoutant Edwy Plenel, toujours intarissable mais, précisons-le, ici plutôt intéressant, même si y’a à dire …
    Les animateurs sont parvenus à le maintenir dans le thème « Presse et Constitution » ; c’était d’ailleurs presque l’homme idéal pour ce thème.

    J’ai retenu quelques enjeux importants pour le « processus » Constituant :
    – Comment parvenir à la neutralité numérique ? Neutralisation des « pouvoirs » constituants privés (facebook, etc …) : les propriétaires de cette force productive d’échanges et communications (production de l’opinion), peuvent, malgré les apparences, constituer un sacré obstacle à la rigueur du processus (censure, robots, trolls etc …).
    – Comment rendre neutre aussi les services publics de l’information, mais aussi les services privés (actuellement, la production « privée » de l’opinion est quasi totalement dans les mains du pouvoir financier : « les libéraux ne veulent pas qu’on ait la liberté de critiquer leur liberté »).

    Concernant le « contenu » de la Constitution :
    – réduire les pouvoirs de nomination de l’exécutif (exemple pris par Plenel : Mitterrand qui les a élargis à son arrivée au pouvoir ; et d’après Plenel « c’est mal »).
    – Assurer la liberté d’information ; et Plenel de citer un journaliste anglais qui, lors de la révolution anglaise de 1642 affirma : « ceux qui crèvent les yeux du peuple sont ceux qui disent que le peuple est aveugle ». Beau rapprochement avec notre situation actuelle.

    Puis vint cette citation d’une métaphore de Marx qui mérite attention : « les révolutions sont les locomotives de l’histoire », citation à laquelle Plenel « oppose » une autre citation (pas de Marx) qui affirme au contraire qu’une révolution consiste en ce que le peuple du train se lève (et non pas se soulève) pour … tirer le signal d’alarme, pour faire arrêter le train, pour faire une pause, pour réfléchir,… ». Houlala, c’est de l’embrouille ce truc : réfléchir, ça se fait avant de monter dans le train de la révolution en principe. Dans les faits, y’a deux trains : celui qui va à droite et dans lequel on finit par réfléchir parce qu’on en a marre ; et ensuite, le train qui va à gauche dans lequel on affute les couteaux, on agit, on gère. La citation négative de Marx, faisait suite à 1 ou 2 citations « positives » du même Marx par Plenel : comme ça, on comprend qu’il est neutre et totalement objectif.

    Dans les faits, il ferait mieux d’assumer qu’il est totalement anti-révolutionnaire au sens habituel du terme « révolutionnaire » ; nul besoin de ce concept oxymorique de «révolution démocratique » pour justifier son positionnement de social-démocrate. A Médiapart, il applique très bien les bases du management participatif : faire confiance, féliciter, laisser de l’autonomie (ca ressemble au concept de l’entreprise libérée d’Isaac Getz). Ce qui est intéressant chez lui, c’est qu’il a soutenu la révolte des GJ, et qu’il dénonce sans réserve les violences policières.

    Si la question de la liberté de la presse est importante, il faut avoir conscience que ce n’est pas la panacée non plus. Les références à la presse américaine, et à la constitution américaine, c’est l’arbre qui cache la forêt. Certes, l’arbre de la Constitution est joli, mais la forêt américaine, c’est pas vraiment la joie, c’est la jungle ; c’est le pays qui a impulsé le plus vivement le libéralisme et le néolibéralisme ; c’est Trump aujourd’hui ; c’est la pollution. C’est la presse la plus libre du monde, mais la justice sociale la plus injuste du monde. La loi du plus riche. A côté de la liberté de culte, d’expression, de la presse, il y a la liberté de porter des armes. Une presse « libre » ne suffit pas pour assurer la justice sociale. La gentillesse démocratique tirée à 1.000.000 d’exemplaires ne constitue pas une force « productrice » de justice sociale.

    Plenel, connait bien l’Histoire : la révolution américaine a précédé la révolution française de 10 ans, et sa Constitution « aurait » servi de modèle à la Constitution de la première république française (là il y a une querelle de paternité : d’aucuns prétendent que c’est Montesquieu qui aurait inspiré la constitution américaine ! OK, mais n’oublions pas que les anglais ont connu, à la suite de révolutions violentes, un régime constitutionnel et parlementaire presqu’un siècle avant les révolutions américaines et françaises ; et les lumières de Montesquieu « se seraient » largement inspirées du parlementarisme britannique. C’est dans la nation Anglaise, la plus avancée vers l’industrialisation à l’époque, que la révolution bourgeoise a pris naissance et a posé quelques modèles !
    « Papa c’est loin l’Angleterre ? tais-toi et rame ! et à Douvres, fais gaffe à la falaise ! »

    En conclusion, collectiviser l’ensemble des forces productives non individuelles est un excellent moyen de casser la logique de marché, de consommation, et la férocité de la concurrence. Certes ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais il est important de répéter que la « révolution démocratique » n’est pas le seul horizon possible. ILS ne rendront pas les clés si facilement comme dit Lordon. Plenel propose l’horizon séduisant du point G (George washington), il existe aussi l’horizon plus rude et plus efficace du point L (Lénine).

  2. Plenel n’est pas du tout ma cup of tea. Invité de marque ? Un anti LFI chronique et systématique, en dépit de tout bon sens journalistique « de gauche ». Qui s’est fait un coup de pub de très mauvais goût lors des perquisitions contre LFI. Je n’apprécie pas cet homme prétentieux et donneur de leçons qui monologue et pérore , et j’ai beaucoup de mal à l’écouter. Son journalisme de bazar qui cherche surtout à ne pas trop écorner les puissants, se contente de faire du fric sans trop se mouiller. Mauvaise pioche de Charlotte et François pour un tel débat! Tout à fait d’accord avec le précédent commentaire de Pascal

  3. Ça me gêne (et beaucoup plus que ça en fait) de voir cet Edwy Plenel se pavaner ici en tenant aujourd’hui ce discours, sachant qu’il a fait campagne pour Macaron et ses idées, qu’il a été l’un des boutiquiers de la startup nation. Par exemple, en invitant « l’ami du petit déjeuner » aux places d’honneur, c’est-à-dire à la première et dernière émission de la série de live politique de Mediapart pendant la campagne. Par exemple encore, en lui offrant de superbes photos sur plusieurs colonnes à la une (https://bit.ly/2QI1LDl). Et aussi en faisant rigoureusement l’inverse à l’endroit de la Gauche : photos dégueulasses (https://bit.ly/2xlXJcP), à contre-jour (https://bit.ly/2JarIqZ), expressions moches et agressives (https://bit.ly/39f9cs4), et j’en passe… En appuyant constamment, comme les autres, sur le bouton du rassemblement-de-la-gauche, vous savez le bouton rouge libellé « autodestruction ». À coup aussi de fabuleux « saute-cadavre » ou de révélations chocs : qui se trouvait chez Mélenchon, à 7 heures de matin (la marque de l’oreiller sur la joue, ne nous disaient-ils pas, mais sous-entendaient au Stabilo Boss). Même pas honte de tomber si Ici-Paris, il y a ici quelque chose de macronien, « qu’ils viennent me chercher », semble nous dire Mediapart du haut de son pouvoir établit.

    Bouge pas, j’arrive.

    Il s’agissait donc de faire la promotion du banquier pour pouvoir après coup vendre son journal en le dénonçant. Pompiers pyromanes qui effacent les traces, mieux, dénoncent après coup https://bit.ly/2xqCCGw, nous sommes chez le collabo qui s’invente un passé de résistant.

    Bon produit, Macaron fait vendre — je rappelle que lui même se compare à un paquet de lessive (cette campagne se déroulait au fond d’un trou assumé). Il y avait un coup à faire. À tout besoin, une offre, même s’il faut détruire pour s’enrichir, aller, les 5 euros d’APL en moins valent bien un journal. Aujourd’hui on vend du gel hydroalcoolique hors de prix sur eBay, même minable combat. Dans les deux cas des gens vont mourir, les uns de pauvreté les autres de leurs mains sales. Qui ? Moi ? me répond-il, dans un rire de nerveux à macabre. Rire paravent en tout cas, vrombissement d’une voiture en délit de fuite, sans autre choix que d’être lâche.

    Ainsi l’objet de Plenel (et peut-être aussi du journalisme dans son ensemble, ce qui le met sur le même plan que les autres, même s’il s’en défend), ne serait pas d’informer, mais d’abord et avant tout de vendre du papier, de faire tourner à plein la caisse enregistreuse, puis ensuite d’informer, mais de façon homéopathique et sans risque, peut-être même sans contenu, je ne sais pas moi, disons au mieux par le biais d’effets de bord, à l’aide de quelques têtes de gondoles, de buzz… de quelques Cahuzac… transformés en produits d’appel.

    Avec ce genre de principe, nous ne sommes plus dans une démarche politique (donner aux gens ce qui leur permet de voter), mais bien dans une pure opération marketing appliquée à une cible. Finalement peu importe ce qu’ils disent, le seul but étant de satisfaire la cible, pour a minima être acheté par ladite cible. Donner à ses gens ce qu’ils veulent.

    Les nourrir comme un éleveur élève des poulets, en laissant la lumière allumée (parce que les gallinacés bouffent plus le jour et donc grossissent plus vite, ce n’est pas parce qu’ils ont peur du noir), puis le moment venu de les guider vers l’abattoir… Aveuglés par cette lumière toujours « on », gavés de flux de commentaires réécrits par la direction (ou censurés, ce qui revient au même), limités par les quatre murs de leur enclos TINA dont la rédaction prend soin, ils n’oublieront pas de voter Macaron avant de mourir. Faisant là où on leur dit de faire, convaincu que c’est pour la bonne cause. Croyant aussi faire un geste noble. Le piège a fonctionné en 2017, ils tendent les mâchoires de celui de 2022.

    L’idée générale de cette tartufferie mediapartienne étant d’offrir une gamme de produits d’apparences largement ouvertes aux idées fraîches (il est vrai que nos médias sont tellement sclérosants, l’effort à fournir est minimal), mais en entretenant la peur du FN (tient pourquoi ce point commun avec les autres ?), et surtout sans s’éloigner des fondamentaux, à savoir, valoriser Macron, mais avant, puis le descendre (bon un peu hein) mais après. Le tout en oubliant le plus possible LFI ou alors, seulement, juste pour parler d’oreiller et de cadavre, le sexe et la mort, voilà l’angle de traitement de LFI par Mediapart. Je vous le disais plus haut, Ici Paris aux relents de Detective. Idées fraîches ? Vraiment ?

    Tout est affaire de présentation, les gobeurs gobent et ils payent pour ça. L’offre aux packagings ludiques, colorés, attrayants, innovants, n’est qu’une illusion — tout le monde le sait — penser à la photo des biscuits sur le paquet et la véritable allure dudit biscuit une fois sortis du paquet, penser aux sourires des gens dans les publicités qui n’ont jamais de problèmes de SAV, bref « penser printemps »…

    Toutefois, pour que l’opération soit durable, il ne faut pas tuer la poule aux oeufs d’or, car trop d’information tue l’info, ainsi trop de révélations pourraient tuer Macaron (comme on tue un chaton sans le vouloir, en ouvrant une porte trop vite par exemple). C’est ce dosage primordial qui explique pourquoi les macrons leaks par exemple ne donneront rien, car trop toxique à celui qui les fait vivre, à la main qui les nourrit. Comme le big pharma, Mediapart propose un traitement qui ne soigne pas, car sans maladie, plus de médecin. Pas fou Mediapart.

    Mêmes principes pour TF1 et autres BFM qui depuis la nuit des temps choisissent encore et toujours (jusqu’à la mort) Le Pen ou Zemmour, parce qu’ils font vendre. Les effets toxiques de ces choix sont systématiquement minorés par les rabatteurs-sélectionneurs qui les mettent en avant, si souvent, et de toute façon ne comptent pas à leurs yeux, puisque seules comptent les retombées financières. Faire du fric en lançant des bombes sales, tel est leur métier. Mediapart le fait aussi, sans Zemmour, juste avec Marine Turchi qui publie et qui jouit, à chaque fois. Ne vous inquiétez pas Turchi dénonce… rien à voir avec de la promotion. Comme si le FN ne l’utilisait pas, elle aussi. Comme si le silence n’était pas beaucoup plus dangereux pour le FN. Petit parti insignifiant, avec un budget médiatico-publicitaire extravagant. Tu débranches la pub, le truc s’éteint.

    J’avais oublié le nom de l’attachée de publicité du FN à Mediapart, et je constate que même l’algorithme de Google n’est pas dupe, en cherchant « mediapart journaliste le pen », Marine Turchi arrive en deuxième position, juste après un article « Une journaliste de Mediapart refoulée d’un … – Le Parisien ». La boucle est bouclée, résultat d’une bonne campagne de SEO [Search Engine Optimisation]. Marketing rondement mené, la caisse enregistreuse va pétarader.

    Ce qui est encore plus choquant avec Plenel, c’est non seulement qu’il se revendique contre ce dont il a fait la promotion, mais surtout qu’il le fait de l’intérieur. Il est parmi nous, parmi les « nôtres », sur ce plateau avec Charlotte Girard tout sourire dans son pull mohair.

    Desposte ou tartuffe ? Les deux mon capitaine.

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