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« Une crise politique qui vient de loin »Avec Alain Badiou

Émission du 09/05/2023

Aude Lancelin a reçu Alain Badiou pour un grand entretien exclusif. Le philosophe français vivant le plus lu et traduit dans le monde évoquait ses « Mémoires d’Outre politique », publiées aux éditions Flammarion. Le récit de 50 ans d’engagements politiques, depuis sa jeunesse sartrienne jusqu’aux années rouges, où il enseigna la philosophie à Vincennes.

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40 Commentaire(s)

  1. Relu vos posts de cette page ce matin d’une traite pour me laisser traverser une dernière fois par votre vent tournoyant, léger et enflammé, avant de quitter ce fil sur Badiou.

    J’ai retenu deux propos qui m’avait échappé en première lecture.

    Les lectures conseillées à propos des GJ dont vous soulignez l’inventivité dans le domaine social (ce qui vous distingue de Badiou qu’au demeurant vous défendez avec flamme), et la nécessité incontournable d’une révolution dans ce pays selon vous.

    J’ai lu et apprécié le livre d’Aude Lancelin sur les GJ que vous mentionnez. Il dit tout de la position et des jeux troubles des pouvoirs (politiques, institutionnels, intellectuels et médiatiques) face au peuple. Le chapitre 23 est puissant et remarquable. Il signe pour ainsi dire l’ouvrage. Je me souviens l’avoir relu d’une traite et avoir été saisi de plein fouet par son écriture. Toute l’expérience de QG m’aura d’ailleurs ramené à cette simple et nue vérité. Si vrai changement il doit y avoir, il ne pourra que venir de et porté par la base pour submerger les pouvoirs.

    Quant à la lettre de Lénine citée j’en retiens une phrase : « le fait capital dans la vie actuelle de la Russie, c’est le soulèvement paysan. ». L’Histoire n’a peut être pas assez médité ce fait. Le communisme révolutionnaire, idéologie politique née de la Révolution industrielle, a pu être porté par les classes ouvrières et industrieuses, mais il a surtout pris racine dans des pays à forte présence agricole et terrienne, comme la France et la Russie.

    Qu’en est-il de la France aujourd’hui ? La désindustrialisation, le chômage massif, la précarité grandissante des couches défavorisées, la paupérisation des classes moyennes, le fossé générationnel (la prochaine grosse crise), à quoi s’ajoute depuis la gestion désastreuse de la crise Covid et de l’énergie, le saccage du tissu des petites et moyennes entreprises, contribuent à créer une nouvelle couche sociétale qui sédimente fortement et qui se distingue résolument des populations en déshérence de naguère.

    Comme dans un bain d’electrolyse, ce jus de mare est polarisé par les doubles sentiments de dé-possession (de ses droits, richesses, souveraineté…) et de dé-réalisation de soi, au profit d’une caste invisible hors-sol, hors-bain pour ainsi dire, qui gouverne de plus en plus sans vergogne avec mépris et l’implacabilité.

    Pouvoir monolithique, institutions verrouillées et vérolées, partis et syndicats corporatistes affidés au système, intellectuels muselés et médias vendus,… Quelle chance y a t-il d’espérer un quelquonque changement par les voies d’en haut, légales et institutionnelles ? Je n’y crois plus. Révolution ? La seule issue (à moins d’une invasion). Mais pour quel avènement ? Avec quels moyens et sur quelle base ? Le communisme de papi siet-il encore aujourd’hui à nourrir d’espoir concret des hommes qui ne partagent que sentiments de perte ? Que peut-il sortir de commun et d’uni de ce bain actuel ?

    Vaste sujet de réflexion que je vous remercie d’avoir fait tournoyer en moi. Je repars avec toutes ces éléments épars et la pensée tourneboulée à souhait. J’ai de quoi méditer en nos temps de décérébralisation forcenée. Merci QG !

    1. Retour de flamme.

      Ré-bonjour Whirlwind

      « The speed of the thinking of youthness goes behind the head like the hair of a comet » ; « la vitesse de la Pensée du rajeunissement file derrière la tête comme les cheveux d’une comète » chante le viel indien transcendentaliste que j’accompagne à la guitare pendant nos nuits de fête.

      https://youtu.be/wS3LUe8dLxI?list=PLAG_KI8P9VqFTytZblcKeBm7ajqthSpF2

      Vôtre tourbillon m’a fait l’effet d’une toupie et je me suis retrouvé toute une nuit charivari à voir danser dans le ciel de ma pensée mes idées chahutées par vos propos. J’ai senti tous mes os éclatés éparpillés à vau-l’eau. Ce n’est qu’après le troisième café matinal passé un jour et deux nuits à tambouler que j’ai pu rassembler le squelette de mes idées. S’est glissé dans le puzzle un os que j’ai capté dans le flyx. J’avance un brin cahin-caha ré-articulé que je suis mais j’ai désormais moyen d’arpenter le chenal que j’avais entrevu il y a bien longtemps, sauf que maintenant je vois la faille 😊👌

      Merci pour ce vent tournoyant. J’ai de quoi filer en comète. Je referai un passage éclair pour livrer « the hair of my thinking of youthness » 🏵️

      1. Paysage éclairs.

        Aucune révolution n’a pu péreniser un temps soit peu son action sans adhésion d’un tissu paysan enraciné sur un territoire. Même les révolutionnaires doivent manger.

        La figure présidentielle diminuée au point d’être devenue dans les faits caricature de sa caricature a fait plus qu’ouvrir le champs à la destitution de la figure du chef dans les esprits. Elle l’a incarnée.

  2. .
    @ainuage,
    Je suis dévoilé.e !
    Merci pour votre validation de ma « mini-thèse » 🙂 mais développez vos nuances .., ça m’intéresse.

    Comme je l’avais dit, j’ai acheté le tome I de ses Mémoires. Aux premières lignes, lues en librairie, l’écriture en est fluide et claire la compréhension.

    Sinon, sur tweeter, de quoi autrement cogiter 😉 :
    https://twitter.com/lacancircle/status/1658401279880876034?s=46&t=tCghcP9m0gfzBwXc1M-A3w
    .

    1. Lu l’article. Ça fait froid dans le dos en effet. Ça remet l’échine dans l’axe. Je vivais aux Usa à cette date. J’en aurais des histoires à raconter sur le racisme qui sévit là-bas, les duretés de la police, la mentalité des WASP mais aussi les grands espaces, l’horizontalité des relations, la franchise cash… L’Amérique est si contrastée.

      Des souffrances des Noirs je n’ignore rien mais je préfère retenir pour ma part le Blues, chant transfiguré et transfigurant qui emporte l’âme là où le feu est bleu. L’homme qui se libère sort d’abord par sa tête. C’est dans l’esprit que se remporte les batailles. La chair ne fait que suivre le cours tumultueux de nos pensées. Et pour aller au combat, à tout prendre je préfère la Joie comme arme. Elle seule fend l’escape, ce grid mental qui enserre nos regards et grippe nos actes

      Joyeuse et belle journée à vous !

      https://youtu.be/_oL_pCjPgUg

  3. j’aime bien rebondir ………………..
    ..rebondir ?????? c’est apporter force à la pensée de celui,,ou de celle là Qui peut en ouvrir une porte ‘

    je reprends ici ce que nous dit AERIK
    si « Macron n’est pas le problème » (Badiou), il incarne néanmoins tous les symptômes révélateurs de la maladie qui frappe la France, la rupture profonde entre le peuple et ses élites dirigeantes.
    …….
    ou donc est le probléme ?

    faiblesse?
    ,
    manque d’affirmation ?

    ( GJ ?,ou autre ,, tout le mode réactionnaire a bon dos )

    allons !! ou AILLEURS PEUT ETRE ,,,,,,,, ?

    ALLONS ailleurs ENFIN,,,,dameB

  4. Bonjour à toutes et à tous,

    Je ne voulais plus faire de commentaires mais là…….. Ces intellectuels bourgeois ne se rendent pas compte que pour nous les gueux il n’y a pas eu de retours possibles vers une situation bien confortables et qu’après avoir fantasmé comme des brutes sur les aspirations des prolos ils nous jeté comme des merdes dans les tréfonds de la beaufitude.

    Mais que dit ce « grand penseur » : qu’il a préféré adhéré au ps car le PCF bien qu’étant contre la guerre d’Algérie (contrairement aux bourgeois socialistes) n’était pas très clair….
    Les porteurs de valises bravo mais lui non merci car il ne savait pas ce que voulait le FLN……
    Régis Debré en Amérique Latine bravo (il a d’ailleurs été en prison) mais lui, seul ce qui se passait en France l’intéressait….

    Heureusement pour lui 68 et la révolte petits bourgeois intellos arrive, pas un mot sur tous les prolos emprisonnés et ce pendant des années (lire l’historienne Kristin Ross : mai 68 et ses vies ultérieures) OUI de la théorie à gogo mais nous les gueux pendant les années 70 on y a cru et on a tout abandonné, boulot, famille, potes de la cité et aucun retour en arrière possible. Mais le mépris de classe continu des années plus tard avec les GJ qu’il nomme « petits bourgeois » et que? dire Macron démission çà ne suffit pas. Preuve ultime qu’il a vécu le mouvement des GJ dans son petit salon parisien devant BFM. Bref ce Monsieur est un grand porteur d’idées mais pas de valises…..
    Pour finir l’apothéose avec la révolution culturelle de Mao qui était une révolution uniquement contre le Parti… En URSS on appelait çà beaucoup moins hypocritement des purges pour le même résultat : les pleins pouvoirs à un seul homme. Notre grand penseur reste accroché au timonier et au mat haut……
    Quand on l’écoute on est prêt à militer pour la retraite à 40 ans

    Conclusion maritime s’impose: les soixante huitards ont viré de bord, quelle situation……..

    1. Joie de vous retrouver avec vos bottes crottées sur ces planches parisiennes. J’y suis aussi repassé furtivement. J’ai vu cligner au loin depuis la vigie de mon vaisseau quelques signaux et j’ai viré de bord pour une embardée éclair. Je profite de ma tournée des popotes pour vous adresser ce salut « maritime » 🏴‍☠️🔥😎

      Je suis retombé au cours de mes lectures sur ce Post où vous m’adressiez lien de ces chants basques en écho à mes airs de musique.

      https://youtu.be/Cm98HDDQRJo

      Je les ai fait résonner dans la maisonnée ce matin. Quel Envol sur fond de tristesse, quelles profondeurs ! Je suis resté sans voix. Il a réveillé et tendu ce sentiment qui m’êtreint face à cette France qui craque, se fissure, et se défait sous nos yeux en même temps qu’il m’a enjoint à rester debout, digne et fort devant l’abîme qui s’ouvre devant nous. Écho plaintif et grave à ce que j’ai entendu résonner sur la tombe du soldat inconnu le 8 mai dernier avec un brin d’espoir. Je vous le retourne aujourd’hui accompagné de ces rocailles pour se remettre en jambes et reprendre la route ragaillardi 👣

      https://youtu.be/9RYy_8u4blk

      https://youtu.be/nkk6NYEFdUk

      https://youtu.be/hrwRAjCr_lA

      PS. Je trouvais que ça manquait un peu de musique 😉

      Pps. Le « Steve Seasink » est pour Ainuage s’il me lit. Voilà un Ricain dont les paroles sont pour lui…👌😎👍

        1. Merci pour ce clin d’œil partagé.. Joie de vous retrouver.

          « Politicians and bankers are all the same…

          Politiques et financiers sont tous les mêmes… »

          J’ai pensé à vous à l’écoute de ce refrain dans l’espoir de vous faire partager cette voie de résistance qui existe au creux de l’Amérique et qui s’appelle La Route. Je trouve qu’elle s’exprime fortement ici.

          Elle est né du refus de la guerre du Vietnam et elle a enfanté les beatniks, les hippies, les rock and rollers,… et s’est retrouvé en 1969 pour un jam géant à Woodstock avant de se fondre dans les étoiles. Elle a laissé trace de son passage et continue de vivre aujourd’hui en sons et voix dans les cœurs et les mémoires. Elle a rejoint le Grand Concert de l’Univers d’où elle nous appelle. Certains perpétuent son chant. Steve Seasink, Cam Cole, entre autres que j’ai linké ici. Ils maintiennent ouvertes ses voies d’évasion au cœur même de la puissance US.

          La Route oppose à la « pleonexia » qui superstructure la société et le monde dans son ensemble (voir le dernier article d’ Accardo sur QG) son esprit de dénuement en mouvement et agit en son sein comme une force d’entropie. D’où sa puissance de refus et de résistance. Je suis heureux que vous l’ayez senti malgré la différence de culture entre les pays.

          La Route, née en Amérique pays de migrations s’ il en est, siet-elle à la France et aux Français, pays de terroirs et d’enracinement ? Jack Kerouak (l’auteur du plus spirituel des romans, Sur la route, qui est aussi le phare de ce mouvement) au soir de sa vie à fait un bref séjour dans la Bretagne de ses origines le temps d’un « satori » pour planter l’arbre de son devenir avant de s’en retourner s’éteindre outre-atlantique. Avait-il pressenti que le monde reprendrait sa course de changement d’un élan surgit de France ?

          À l’heure où le monde bascule vers une possible guerre mondiale, de France sont sorties récemment des foules en houle hautes en couleurs et des clameurs, dans les rues, sur les places les routes et les ronds points, accompagnées désormais de tambourinades casserolées pour dire non au pouvoir, et refuser le sort qu’on reserve aux classes populaires sur toute la terre. Au pays de la gastronomie et des frigos vides, voilà bien qui signe avec puissance et inventivité (Stiegler sur QG) , une façon de déstabiliser les forces dominatrices et accaparatrices en place en prenant le bitume à témoin. La réaction apparemment disproportionnée du gouvernement actuel à ces casserolades et manifestations collégiales de refus, en dit long sur la réalité de la menace que le gouvernement pressent monter. J’en déduis que le sol a réellement commencé à trembler.

          Et je tremble avec lui… Mais en musique. Quite à valser autant le faire d’un bon pied.

          Are you rolling?

          Je tente un Mix entre la Route et la casserolade l’histoire faire jonction entre le bitume et les étoiles depuis le village d’Astérix où j’ai pris racine. Un trip « Au champs armoricain » pour faire dring-dring (et non pas bling-bling) que je prévois d’étonner dans ma contrée et dans ma cuisine. Au plaisir !

          https://youtu.be/9wqQuDmNxoA

      1. Merci Aerik pour ce démarage de journée en musicale, je jette à la mer une autre découverte (pour vous) Basque, et oui au Pays Basque il n’y a pas que des bergers qui poussent la chansonnette. Mais un peu de respect tout de même pour ces bergers car ils se font des affrontements chanté tout en vers (impro totale) et pour certains « BERTXU » que j(ai rencontré totalement analphabètes
        https://www.youtube.com/watch?v=ynWydaRsyhQ&t=132s
        bonne écoute

        1. Belle émotion ! J’ai navigué tout en rondeurs et douceur sur ces eaux basques musicales. Cette langue tresse sa mélodie en lianes mélancoliques et fait danser ses mots-sons comme des perles pudiquement enjouées. J’en suis ressorti saoulé de paix. Merci.

          Pardonnez-moi si je vous ai donné l’impression de manquer de respect à qui que ce soit dans mes précédents coms. Je précise que mon rire dans ces circonstances est candide. J’ai gardé la tête dans les étoiles. Je ne ris pas à mal. Mon rire qui peut se faire autodérision tient plus de la « Décompression cérébrale »….

          https://youtu.be/w4_PIhPa2V4

          Belle suite à vous

          1. c’est « sur la route » qui m’a permis de prendre mon sac à dos et de quitter définitivement Montreuil, l’usine de chiotte, la cité pas radieuse et changer radicalement de vie. Des livres et des hommes. Quand au cerveau c-est Hendrix qui me l’a complètement retourné j-avais 12 ans et pas du tout préparé à écouter çà, quelle claque. Deux créations qui ont plus changé mon existence que n’importe quel Maximo Maximus révolutionnarus tendance plus plus
            Un révolutionnaire oublié de l’histoire Ukrainienne même par Annie Lacroix-riz (étonnant non???)
            https://www.youtube.com/watch?v=DMG2amrSHVI&t=2s
            Bonne écoute

          2. La Route avec Hendrix! May! Respect ! On a bel et bien de belles choses en commun.

            C’est Jack qui m’a fait prendre le large de chez les Pèlerins d’Arès après 30 ans de bons et loyaux services, en passant par la cuve de Madal dans le Médoc, les GJs de Bordeaux, et la place d’Exarchia à Athènes. Son « rien derrière, tout devant » m’a donné la force dans la foulée de lâcher la Capitale et ses mirages pour chausser des bottes crottées en Bretagne, « chez les crevards », ainsi que l’on m’a présenté la contrée à mon arrivée.

            Quant à Hendrix SA TOF est sur mon phone et sa musique en top de mes playlist. J’ai pris comme lui la tangente de la guitare face à ce qui se passe. Je suis sorti du ventre de ma mère métro Robbespierre à Montreuil à 10h20 heure locale, pendant l’orage qui a interrompu le concert de Woodstock de l’autre côté de l’atlantique, quelques heures avant que Jimmy n’entonne son final. Ça marque…

            https://youtu.be/Am7qzzgGOGU

            🏴‍☠️😎🎶

            Et parlant de bottes crottées, j’ai une tranchée à finir de creuser pour sécuriser le futur poulailler. Je gratte la terre en journée et mes cordes en fer la nuit et les jours chômés. Bon Mel’! la terre la pierre le fer pour des mains d’ouvrier de la Onzième 😉

    1. Bonjour
      Dans ce qui suit quelques remarques sur ce que Alain Badiou dit dans cette conférence, mais aussi dans celles qui l’ont précédée depuis le début de l’année.
      qui doit être dit est nécessaire.
      4 sujets indépendants :

      0- LES GILETS JAUNES
      Comme plusieurs commentateurs, je pense que Badiou s’est planté sur la question des Gilets Jaunes. Une nouvelle force révolutionnaire -au sens social du terme, pas au sens d’une organisation – ne surgit pas casquée et prête au combat du crâne de…
      cela donne envie de renvoyer Badiou vers ce qu’écrivait Mao de la naissance du mouvement paysan (« ni un dîner de gala, ni une œuvre littéraire ni un dessin ni une broderie »).
      Quoi d’étonnant que certains groupes portent les stigmates de la société qui les a engendrés….?
      Est-ce que pour autant cela discrédite définitivement leur révolte anti-autoritaire ? leur refus de la délégation de pouvoir.

      1- LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE
      Son idée qu’un affrontement dans une 3ème guerre mondiale entre capitalisme parlementaire et capitalisme du Parti-Etat est intéressante mais malheureusement peut-être trop simple. En se focalisant sur cette contradiction fondamentale qui risque effectivement d’aboutir à un conflit mondial, il ignore ce qui se profile à l’horizon avec la montée en puissance de l’Inde par exemple. Quid de la Russie ? Quid des nombreuses puissances locales de seconde grandeur (Le Brésil) Bref le pire n’est pas absolument certain et les contradictions entre des pôles capitalistes (impérialistes) de différents types pourrait aboutir à une situation qui différe d’une configuration bipolaire…..

      2- SUR LA QUESTION DU COMMUNISME
      Il fait une impasse totale au nom de « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » qui marque ce qu’il appelle par ailleurs une première version du communisme, une impasse sur ce qui a servi d’étendard à la seconde version du communisme.:
      Prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous. C’est la négation de cette réalité qu’il y a des nations opprimées – des nations et leurs peuples – dont le combat pour se libérer de l’impérialisme (des impérialismes) est une composante essentielle de la lutte de l’humanité pour sa libération du capitalisme.
      L’équation nationalisme= bourgeoisie = capitalisme est un peu simplificatrice. Un se divise toujours en deux et si le nationalisme est une des figures de la réaction, tout le vingtième siècle vibre du nationalisme révolutionnaire qui n’est certes pas l’autoroute menant au communisme. Cela dépend des configurations (la Chine ! Le Vietnam ! Cuba) mais néanmoins contribue à affaiblir le front impérialiste qui les combat (ou cherche à les corrompre….) Et ce tte séquence du nationalisme révolutionnaire n’est pas close……
      En ce sens, il prive Lénine d’un de ses apports fondamentaux par rapport au premier communisme. Le second communisme, c’est bien : « tout le pouvoir aux soviets ! », certes, pour ce qui est de la question de l’Etat. Mais c’est aussi – analyse de l’impérialisme par Lénine – la reconnaissance du caractère révolutionnaire de la lutte libératrice contre l’oppression nationale.
      Et dans le meme mouvement, cela réduit l’apport de Mao à la seule Révolution Culturelle : Feu sur le Quartier Général (la bourgeoisie dans le parti-Etat), certes, mais oubliant totalement que la longue marche de la Chine pour sa libération (en tant que nation et peuple) est passée par la guerre NATIONALE contre l’impérialisme nippon et que les apports de Mao dans cette période sont précieux (De la Contradiction par exemple).
      Face à la mobilité et à la volatilité du Capital – presque l’ubiquité – Badiou reconnaît bien les pesanteurs de l’attachement des peuples à leurs langues à leurs cultures et à leurs terres mais il ne semble pas en saisir toutes les potentialités révolutionnaires.
      Nul étonnement – sur la base de telles prémisses – que Badiou semble ignorer le bouillonnement de l’Amérique Latine ou la longue marche des Palestiniens,
      Étonnant pour quelqu’un qui est entré en politique par la porte de la guerre d’Algérie,… mais en même temps à relier (peut-être ?) à son renoncement à porter des valises…

      3- SUR LA PLUS-VALUE
      Autre point qui me gêne est dans ce qui me semble un point de vue réducteur sur la notion de plus-value.
      La plus-value est une forme historique particulière, celle correspondant à la pénétration des rapports marchands jusqu’au cœur de la production – quand la force de travail devient marchandise-,
      C’est une forme particulière du surtravail.
      La civilisation (littéralement l’apparition des cités et de l’Etat) et l’histoire (de la lutte des classes !) à commencé avec la genèse du surtravail et avec la lutte pour son appropriation.
      Et si l’Etat disparaîtra, le surtravail lui ne disparaîtra pas avec le communisme. : c’est l’existence d’une part du produit de l’activité humaine qui déborde au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour reproduire ce qui existait au départ. Ceci hors de toute conception productiviste obsessionnelle. La question est celle de Mao enquêtant dans les usines de Shanghai pour répondre justement à : dans quelles conditions est généré le surtravail (de manière despotique ou démocratique ?) et comment garantir qu’il sera ré approprié dans l’intérêt de l’immense majorité ?
      Pas étonnant qu’avec ce point de vue Badiou soit désarmé pour répondre à l’énormité proférée par un des intervenants dans une de ses conférences : ‘l’Etat dans la période de le construction du communisme serait le seul moyen incontournable d’assurer la contrainte au travail’ … Là il y a des pages de Marx à retrouver sur pêcheur le matin et travailleur le soir…

      1. « Face à la mobilité et à la volatilité du Capital – presque l’ubiquité – (…) Badiou semble ignorer le bouillonnement de l’Amérique Latine (…) , »

        Bien vu. Je partage votre enthousiasme pour ce qui se passe et prépare depuis longtemps en Amérique Latine.

        Un petit air de cumbias pour changer ? 😉 (changer se dit cambiar en espagnol… Cumbias para cambiar… 😊)

        https://youtu.be/IhgnxSSc8gQ

      2. Bien vu. Badiou, contrairement aux apparences, est un peu dandy. Il cultive le paradoxe, la singularité (souvent fuyante d’ailleurs).
        Son histoire de « négativité » ne tient pas. Les révoltes n’entrainent pas toutes des révolutions, mais elles sont indispensables néanmoins quand ça devient intenable. D’ailleurs dans le marxisme (hégélianisme), la transformation est définie comme une double négation : négation, puis négation de la négation. Sans doute fait-il la différence entre négation et négativité ?
        Ce qui change la « subjectivité », c’est la multitude intersectionnelle des rapports sociaux toujours en mouvement (on peut toujours nommer cela « évènements »).

        1. 👌😎👍

          Superbe looping! J’ai swingué de la caboche en enfilant vos lignes sur « la singularité » de Badiou et son paradoxe.

          Il porte sur lui la proximité qu’il a vécu avec une certaine classe ouvrière dans le passé. J’ai bien noté qu’il a précisé qu’il s’agissait principalement de personnes issues des anciennes colonies et j’en suis venu à penser que sa difficulté à percevoir autre chose qu’une négation négative dans les mouvements populaires qui agitent la France aujourd’hui venait peut être de ce qu’il navait jamais vraiment côtoyé ce petit peuple franco-français. Nul reproche, simple supposition « subjective » en réaction à l’image de pâtre des montagnes sûr de lui et des hauteurs qu’il côtoie, qu’il envoie à l’image.

          Vous avez dit « dandy »? 😉

  5. Merci Aude pour cet entretien, cet homme est en pleine forme physique et intellectuelle, l’oeil  » frise «  », pétille souvent accompagné d’un léger sourire. On l’écoute avec un grand respect et pour ma part je reste un peu secouée par ce qu’il dit,, ce qu’il prédit, en espérant quand même qu’une autre solution sera trouvée pour nous sortir de ce bourbier dans lequel on est tombé..

    J’ai beaucoup apprécié mais j’avoue qu’il va me falloir un moment pour tout digérer. Je vais avoir de quoi  » penser  » et c’est déjà beaucoup en ces temps où l’exercice n’est pas trop pratiqué, ni toléré …..

  6. « Le problème de la France ce n’est pas Macron, c’est l’état de l’État et de sa démocratie parlementaire. »

    Antinomique à Alain Badiou sur bien des points, je le rejoins là ainsi que sur son analyse de la géopolitique actuelle qui nous annonce une troisième guerre mondiale entre bloc US et bloc chinois, qu’une simple incident peut démarrer.

    Rien de très réjouissant à priori donc dans cet entretien, si ce n’est l’assurance tranquille du bonhomme qui parle, qui sait que l’Histoire est faite de jalons et ruptures, de tentatives et d’échecs, d’avortements et de dévoiements, parfois d’éclairs et d’éclaircies, qui font malgré tout avancer la pensée et l’humanité.

    La civilisation occidentale mourrante aura engendré la mondialisation par la violence. Quel pays peut se dire aujourd’hui « maître de son destin »? Tous sont interdépendants désormais. Que la mondialisation se perpétue, mue par l’avidité et la quête de puissance, dans le sens de l’hégémonie d’un seul, est pour ainsi dire pour l’heure inéluctable. D’où la forte probabilité d’une troisième guerre mondiale (que certains comme Todd pensent déjà là), vu les forces en présence, et en conséquence de quoi, un sort de ballottage pris entre de puissantes mâchoires pour de nombreux pays.

    La France dans tout cela ? Ancienne puissance impérialiste de premier plan au début du siècle dernier, elle fait aujourd’hui figure de vassale US/UE en passe d’être dépossédée d’elle-même par ses créanciers et ses figures de tutelle. La trahison de ses propres élites et la déréliction de ses forces productives n’est plus à démontrer. Ses forces intellectuelles et morales se sont affaissées (voire les médias et l’édition), son idéal s’est nanifié. Quant à ses forces de contestation, elles n’ont pas encore assez consciemment mûri le projet que porte en leur sein leur « négation » de l’existant, pour se faire clairement entendre et faire force de proposition d’union voire d’action à grande échelle. Elles sédimentent encore. Et pourtant…

    « Négation ». Il y aurait beaucoup à dire autours de ce mot employé par Alain Badiou pour qualifier l’action des GJ et autres « dégagistes » ainsi qu’il les nomme. Contrairement à Alain, je pense que s’est manifestée dans la négation des GJs, une nouveauté « politique » sans précédent, qui porte en germe une possible refondation du « politique » lui-même qui peut affecter le monde comme naguère la Révolution et son rejeton, l’État-Nation. Nouveauté qui ne peut au demeurant que échapper à Alain Badiou, parce que cette nouveauté est La Négation, entendez par là le rejet catégorique, de la colonne vertébrale de ce qui a toujours constitué et mu le « Politique » lui-même (la verticalité, la loi du chef, l’arbitraire), pour faire éclore l’aspiration à une horizontalité première. Vaste horizon…

    Entendons nous bien. Je ne parle là que « d’aspiration à ». .. Vue la lutte pour l’hégémonie mondiale d’un seul à laquelle est en proie le monde, il faut s’attendre à ce que cet horizon reste caché pendant longtemps encore, mais comme l’aube qui point toujours d’abord en vapeurs avant l’aurore, brumisant l’air de pales lueurs, ce qui s’est dégagé des GJs en France (qui auront toutefois réussi à envoyer un fort signal au monde) nous aura permis d’humer la vigueur et la chaleur des forces tapies qui œuvrent dans le silence et la froideur de nos nuits.

  7. Très intéressant. Malheureusement sur les gilets jaunes, malgré vos tentatives, Badiou reste têtu et esquive plus ou moins vos remarques. Je pense qu’on ne le fera pas bouger là-dessus. Pourtant, les gilets jaunes ont été pour moi un évènement comme 68 l’a été pour lui. Et sans les gilets jaunes, je ne me serais peut-être pas intéressé à la gauche radicale, à l’histoire de la Révolution française, et je ne regarderai peut-être pas cette vidéo ce soir.

  8. .
    D’abord merci à vous d’avoir invité Alain Badiou, sa présence manquait à QG.
    Premières impressions :
    Sur sa mère, on est comme vous, Aude Lancelin, étonné, tant la mère est fondatrice dans bien des destins.
    Mais là, il y a le père, modèle, héros ; pour rester dans l’actualité, un peu comme pour Daniel Cordier, Jean Moulin qui resta vivant ( comme une étoile morte, – lui assassiné -, mais qui continue d’éclairer notre Histoire ), toute sa vie de cent ans…
    Tentative d’hypothèse psy, en mode mineur et sans prétention 😉 : comment égaler ce père indépassable et qui ( ou car il ) côtoya la mort ? En tout cas, la révolution est toujours à venir, ce qui est d’ailleurs vrai 🙂 … de plus les « révolutions » actuelles, hexagonales, type Gilets Jaunes n’étaient pas pour AB assez politisées, ( pourtant les ronds-points inventaient, comme en leur temps les établis, quelque chose d’inédit et d’estimable : un apprentissage du commun ).

    Mai 68 : « Un événement c’est quelque chose qui va remanier le subjectivité », phrase admirable et le philosophe reprend son essor nous entrainant dans son sillage et le ciel des idées…

    À suivre …
    .

    1. En attendant ma suite à poster sur l’entretien, ce point de vue ( et qui ne prend pas en compte les derniers rebondissements, type drapeau, type portrait Géant aux Champs ou Narcisse imposé 😉 dans les mairies : épiphénomènes peut-être mais dérive avérée, comme la mairie de Saint-Brévin et son maire mis en danger – menacé, sa maison incendiée – et démissionnaire, en montrent la gravité. ) :
      https://www.frustrationmagazine.fr/arreter-de-craindre-le-danger-fasciste-craindre-le-danger-macron/

      1. Merci pour ces 2 coms qui montrent que si « Macron n’est pas le problème » (Badiou), il incarne néanmoins tous les symptômes révélateurs de la maladie qui frappe la France, la rupture profonde entre le peuple et ses élites dirigeantes. Même la monarchie et la féodalité respectaient peu ou prou l’homme du sol car elles avaient conscience qu’il les nourrissaient et qu’elles leur devaient d’être là où elles étaient. Idée prégnante qui a survécu jusqu’à Mitterand qui se pensait au delà des divisions partisanes en invitant la nation à gravir avec lui la roche de Solutré et Chirac qui se mettait en scène au Salon de l’agriculture pour caresser le cul des vaches (chacun son style).

        Que nous ont offert nos récents présidents ? Des sorties western avec les journalistes à sa botte, des virées matinales en scooter pour porter des croissants à une belle et des sorties en scooter des mers pour se faire belle gueule au soleil. C’est peu dire que la fonction présidentielle a pris un coup dans l’aile. Qu’incarne t-elle aujourd’hui sinon l’ambition, la veulerie et la fatuité ? Qu’en attendre désormais ? Que nous propose les autres prétendants ? Je n’ose à peine m’exprimer sur le sujet par crainte de perdre ma dignité. Hormis un Jean Lassale chez qui je sens encore une pâte humaine soudée à la chair du peuple français (le chant qu’il a entonné sur QG le soir des présidentielles restera pour moi le grand moment de cette élection funeste), et qui a fait le constat de se retirer de la vie politique au vu de ce qu’elle était devenue, je ne vois rien ni personne en lice qui puisse redonner à la vie publique élan et force. Je les cherche et les attends désormais de la base fourmillante. Fourmis, fourmis…

          1. S’il vous fait au moins rire c’est bien. J’aime rigoler aussi. D’ailleurs avec la musique c’est la seule chose qui me tient lieu de réconfort et joie de vivre.

            Partant pour un « funny trip » (voyage drôle en anglais, drôle de voyage dans les faits)?

            https://youtu.be/ECwpzWQMhTs

          1. Bonjour Whirlwind

            Vôtre nom, vent tournoyant en anglais, m’évoque cette indianité qui aime à nommer selon les tempéraments et faits d’armes actés.

            J’apprécie votre prose, entendez par là votre écriture et ce qu’elle porte. Fond et forme sont intrinsèquement liés. Vous méritez bien votre nom, j’ai l’impression d’être traversé par une petite tornade de feu et d’enthousiasme quand je vous lis sans tout partager de vos idées et points de vue. Cela remue ! Merci.

            De tout ce que j’ai vécu en 2 ans sur QG, c’est ce qui m’a le plus nourri et apporté : les échanges entre commentateurs réguliers. Certains sont désormais à jamais inscrits dans « le ciel de mes idées », l’air de mes phrasé et le sillon de mes pensées. La vraie richesse d’un média comme son capital, c’est son public, non ? Comme le vrai spectacle d’une projection est dans la salle. Le cinéma a débuté dans les fêtes foraines et c’est au « paradis » que tout se jouait in fine 😊 « . Paradis, paradis. Est ce que je siffle des airs de Paradis »? 😂

            C’est au fruit que l’on reconnaît l’arbre dit un dicton. C’est à son public que l’on reconnaît un média. Ce fut un honneur de partager avec vous ainsi qu’avec tous ici.

            Belle continuation à vous ! J’embarque de mon côté pour un « May Flower week-end » que j’envisage comme une longue traversée sans retour en arrière.

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      Suite 1 notes et réflexions ( Historique ) :

      « Mon père est lié aux évènement les + fondamentaux de l’Époque ». Il revoit son père au balcon, à Toulouse, à la Libération. Difficile de faire plus magnifique et exemplaire.

      Ce qui dans la Résistance l’a impressionné à jamais, c’est cette « proposition au peuple entier » qu’elle opérait  ( si peu nombreux qu’aient été, en fait, les résistants, mais son père l’était … )

      Badiou rencontre Francis Jeanson ( son ainé de 13 ans ) https://fr.wikipedia.org/wiki/Réseau_Jeanson mais contrairement à lui, quoique dénonçant sans réserves le crime de la colonisation et étant radicalement du côté des colonisés dans leur guerre d’Indépendance, il « a renoncé à la tentation du sublime », s’est refusé à faire partie des « porteurs de valises », parlant par comparaison déceptive de « l’obscur travail auquel il se livrait » ( son militantisme socialiste dans l’hexagone ).

      La guerre de décolonisation, il l’envisage comme « possibilité de transformation, idéologique profonde » mais s’engager physiquement, militairement, en « expatrié volontaire » ( comme il le dit curieusement ), aux côtés des combattants d’Algérie, il ne le fera pas.

      Aude L. égrène la liste des intellectuels prestigieux, signataires en soutien au réseau Jeanson, lors du procès, et parle de « sentiment mélancolique », qu’on partage devant les noms des disparus ; citant Lacan, ami de Badiou :
      « Pourquoi la grandeur se fait rare ?  » La réponse de Badiou est sans appel ce sont « les nouveaux philosophes » qui ont saccagé l’héritage.

      À Régis Debray, il voue toujours « tendresse et admiration » pour s’être engagé auprès du Che, prenant tous les risques qu’on sait…

      Lorsqu’il dit cette phrase forte :
      « Mai 68 m’a coupé la parole » on pense d’abord à Linhart devenu mutique après son expérience d’Établi, mais le concernant, lui, philosophe, point d’implication maladive, mais une transformation interne, intime, fécondante. Mai 68 est un « Évènement qui va remanier sa subjectivité »  ( phrase déjà relevée ). 

      La joie, la joie, la joie !, ( on pense à Pascal et à son Mémorial ! ) qu’il éprouva à entrer dans la « Révolution » de Mai ! Il rappelle cette  « manifestation ( décisive pour sa radicalité ) qui partait du centre de Reims et qui se dirigeait vers l’usine Chausson en une fusion visible de l’étudiant et de l’ouvrier. » ( description quasi onirique déjà lue dans un autre de ses écrits ), et il parle de la  « constitution d’une subjectivité commune » à partir de quoi, il dit : «  Nous »

      À suivre …
      .

      1. .
        Suite 2  notes et  états d’âme ( Fin provisoire de ce Contre-courant un peu particulier puisque c’est Badiou qui répond aux questions de Aude Lancelin ) et nous sommes ravis que l’émission reprenne bientôt avec eux deux et leurs invités.

        Retour à la mélancolie due aux «  difficultés grandissantes » qu’il rencontre durant les années post-68 …

        AL revient aux Gilets Jaunes qu’elle a défendus ( à travers manifs, couverture par QG et son beau livre-hommage au jeune GJ suicidé https://www.babelio.com/livres/Lancelin-La-fievre/1244925 ); elle relit à AB qui leur consacre quelques pages dures, ses mots : « anti-fiscalisme petit bourgeois, envie des symboles de la richesse, anti-élitisme de pacotille », mais les bijoux de pacotille ont leurs scintillements qui peut valoir or. 🙂
        Pour moi, j’ai observé la naissance du mouvement avec vif intérêt et il m’a fallu batailler pour convaincre des proches, au tout début, qui taxaient les GJ d’antisémitisme = accusation rédhibitoire ( il y eut sans doute quelques cas mais vraiment à la marge ), et aussi d’ignorance ( mais la lutte et l’Histoire ça s’apprend, ils le prouvaient ! ) ; cependant contrairement à A. Lancelin ou Florence Aubenas, je n’ai pas ( pas plus que Badiou 😉 ) rejoint les ronds-points où pourtant se jouaient une forme neuve de mise en commun démocratique ( j’ai par contre eu connaissance de gens ( par ex ) un ouvrier retraité ) qui se sont engagés en politique par là, et sont toujours dans ce mouvement, définitivement politisés. )
        Pour ce qui est de « la fixation maniaque sur la personne de macron », le slogan : « même si macron ne veut pas, nous on est là ! » m’agaçait ( m’agace 😉 ) aussi par la répétition du nom honni ( comme m’exaspère de voir sa photo, collée sur les fils, y compris critiques, de la tweetosphère ), jusqu’à ce qu’aux dernières manifs-retraite, j’en mesure le bien-fondé : toutes décisions prises seul contre tous ( l’Assemblée, le peuple ) et ce qui compte de contre-pouvoirs dans le monde du travail, à commencer par les syndicats traités comme des chiens.

        Mais pour revenir à Badiou, penseur : 
        « Définir ce qu’on veut plutôt que ce qu’on ne veut pas » et « les politiques sont malades de la négation » sont deux propositions pertinentes ; pour moi par exemple, j’avais trouvé, lorsqu’ils ont changé de nom, que le NPA péchait précisément par son ANTI- capitalisme au détriment de la LCR qui S’AFFIRMAIT comme communiste et révolutionnaire.
        Il ajoute + loin «  tout mouvement politique qui est strictement négativité a de bonnes chances d’échouer » donc « savoir de quelle affirmation la négation est porteuse » est un questionnement qui suit logiquement et ouvre le champ de la réflexion. Mais c’est là qu’il peut y avoir divergence car le refus, le rejet, le « non » à une politique insupportable ( on y est ) est pour nous le préalable indispensable à tout changement.

        Pour lui « L’état parlementaire est une machine morte » « Le système parlementaire est une figure mise en place dont il n’y a rien à attendre » et le philosophe, qui ne vote plus depuis un demi-siècle, va défendre avec force de conviction son point de vue, – cf + bas -, même si, nous qui votons avec espoir et … déception, ne le suivons pas dans ce dégagement des échéances électorales ( sauf exception, comme, pour moi, au second tour de 22 ).

        Son exemple concernant les retraites qui est refus de la loi ( non votée – et on s’attend à ce qu’un nouvel article 40 entrave la proposition d’abrogation Liot – mais promulguée par Macron ) mais pas uniquement, nous renvoie à cet autre slogan magnifique des manifs :
        « La retraite, elle est à nous, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder! » (chanté, bis, ter, etc. 🙂 )

        Dans son argumentaire Alain Badiou rappelle que la démocratie est censée, à la racine, être le pouvoir du peuple ; dans l’état de nos démocraties il n’en est que la représentation sous l’oeil du maitre des marchés, le dirigeant capitaliste ; ainsi des journaux, propriété de capitalistes et instruments complaisants de la représentation. Sans bouleversement radical, c’est à dire sans Révolution, rien ne change donc véritablement.

        Aude Lancelin rappelle que tous les journaux ( le sien qui est aussi le nôtre ) qui ne sont pas possédés par des milliardaires à travers publicités et injonctions, conservent leur liberté.

        Retour à l’Histoire : Badiou est toujours maoïste, il se fait rare 😉 , il se réfère toujours à la Révolution culturelle où s’ancra son engagement d’une part, d’autre part parlant de Marx, il rappelle que le modèle, en dépit de ses imperfections ( dès lors qu’on se »cogne au réel » ), de réalisation du communisme fut la Commune de Paris.

        Face à la contre-révolution des nouveaux philosophes des années 80, lorsque AL lui demande pourquoi ceux ( tel Glucksmann ) qui était dans l’action révolutionnaire de mai, ont opéré cette révolution réactionnaire, il répond sans hésiter : 
        «  Ils pensaient que ce mouvement  allait les mettre au pouvoir ». Peut-être d’autres raisons ont elles joué, pour lui, sans intérêt.
        Quoi qu’il en soit, l’élection de Mitterrand ( personnage honni de lui à cause de l’Algérie et davantage ) qui pour « le peuple de gauche » fut un autre avènement, enterra, pour lui, la Révolution hexagonale…

        Question sur la guerre en Ukraine, vite expédiée : penser que les EU ont toujours raison et simultanément oublier les semi-fascistes ukrainiens…

        « Nous allons vers la guerre mondiale »  US / Chine type guerre de 14 est, par contre sa position, ou sa prophétie ( de malheur ).

        « Je suis trop faible pour céder » ( inspirée, sauf erreur, de Lénine ), phrase paradoxale dont il a fait sa maxime et qui affirme son attachement indéfectible à l’hypothèse communiste. 

        Aude va revenir aux derniers présidents «  Il s’était déclaré explicitement l’ennemi de 68 » fut rédhibitoire pour Sarkozy. Quant à Macron sur lequel elle insiste et pour cause : il est omniprésent !, il dit qu’il est « une  imposture », « un coup d’état intra parlementaire », qu’ « il a tous les défauts » mais pas de quoi lui consacrer un pamphlet comme à Sarkozy qui avait une « carrure réactionnaire personnelle ». On note aussi  concernant EM deux bémols : sur l’Algérie et sur Taiwan … 
        « Je comprends que les gens se soulèvent contre lui mais du « caractère purement négatif des mouvements » il n’y a, selon lui, rien à attendre ; le départ de ce « petit fonctionnaire du Capital sans envergure » ne signifiera pas grand chose et il clot ainsi le sujet : «  je pense qu’il va aller vaille que vaille jusqu’au bout qu’on n’en parlera plus après » ; il a dit aussi qu’il serait remplacé par « un cheval de rechange du Capital ». C’est probablement vrai mais en l’état de soulèvement de la France, la coupe ou plutôt la casserole est pleine !

        notes de fin :

        « Le système parlementaire, ça consiste à désigner des fondés de pouvoir du Capital » ( Marx )

        «  Un communiste ne peut être à la tête d’un parti parlementaire «  ( je pense à Elsa Faucillon qui, bien que n’ayant pas été choisie par ses camarades du PC, pourrait l’être, autrement que Roussel. )

        « Tout le pouvoir aux soviets! » ( Lénine )

        L’espoir serait que « surgisse une expérience » neuve, ici ou + probablement ailleurs …

                                                      * * *

        p.-s. je vais acheter ce premier volume, de ses « Mémoires d’outre-politique » https://editions.flammarion.com/memoires-doutre-politique/9782080421050 dès demain. 🙂

        Mon commentaire est un peu long, vous n’êtes pas obligé de le lire en entier 😉 , mais c’est que le retour de AB est un évènement.
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          1. Comment ! comment ! se contenter des liens ???? quelle folie ! Whirlwind vous êtes bien une femme (comprenne qui pourra) !
            Votre post est une véritable petite thèse dont on sent bien qu’elle veut un peu sauver Badiou ! Avec raison car Badiou n’est pas blanc ou noir. Malgré, ou à cause, de sa jeunesse d’esprit, il exagère ou il radote (on hésite).
            En tout cas, votre petite thèse est un vrai plaisir, bien que j’aie quelques menues nuances de point de vue.

        1. Non seulement ce com n’est pas trop long mais il est précieux. Une vraie fiche de lecture que j’ai entendue résonner comme des percus. Je suis preneur de la suite. L’écrit s’imprime et fait trace. L’image et l’audio filmique ?

          Le rapport de AB au père qui tire le nerf de ce fil qui n’est pas sans évoquer la psychanalyse m’amène simplement à dire en retour comme vœux pour l’avenir, « ne pas faire comme papa » pour pudiquement m’éviter de dire « tuer le père et Cie ».

          Je connais bien la ritournelle. Ancien « membre éminent parmi les plus proches et appréciés collaborateurs » du prophète Mikal parmi les Pèlerin d’Arès, j’ai fini après 30 ans de bons et loyaux services par me payer la tête de mon prophète pour dénoncer ses mensonges et manipulations et j’ai viré paria en roue libre avec la Parole-Mère en noir dans le plumage.

          https://youtu.be/LcInwzXhALs
          (diffusion pirate de mon ancien comparse d’une pièce d’artillerie de choix)

          AB reste habité par la nécessité d’une incarnation de la figure d’un Pouvoir. Je suis convaincu à l’inverse que l’avenir des sociétés libres se construira sur un vide en ce lieu, à l’image du temple des Juifs construit autours d’un vide, le Saint des Saints  » « 

          1. Et à propos des percus que j’ai entendues
            Parce que c’est toujours mieux en musique
            Visez en lien à 1’46 et 9’09 la vrille manouche
            Dans ce concert filmé de Rodrigo y Gabriela, une autre « Whirlwind » qui tambourine 😉

            Magic!

            https://youtu.be/KV2ixprDrK8

            Belle suite à vous !

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