CONTRE-POUVOIR: « Zemmour, symptôme du raidissement des dominants » par Alphée Roche-Noël

12/10/2021

De la France, Éric Zemmour donne une généalogie mensongère, et jette en pâture des fantasmagories à des ignorants sans boussole, nostalgiques d’un passé qui ne fut jamais. Néanmoins, la rigueur intellectuelle et la morale sont vouées à l’échec face à lui. Ce dont il est le symptôme c’est d’une tentative de relégitimation des dominations récemment mises à l’épreuve: celle des hommes sur les femmes, celle des « Français » sur les « sang-mêlés », etc. Le combattre ne sera pas aisé, avertit Alphée Roche-Noël dans la nouvelle livraison de sa chronique pour QG

Il était écrit que je devrais consacrer dans cette chronique du « temps de cerveau disponible » au cas Zemmour, le nouveau phénomène de foire de la société politico-médiatique. Je le regrette, aussi vrai que l’époque regorge de sujets autrement nécessaires, aux plans théorique comme pratique. Mais ignore-t-on, dans un hall de gare, un colis que l’on sait piégé ? De toute évidence, il fallait sacrifier à l’exercice : parce que l’individu est là, parce qu’il devrait, sous quelques jours ou semaines, se déclarer officiellement candidat à la présidentielle, parce qu’il pourrait, sous quelques mois, coiffer ses concurrents au poteau, pour, peut-être, devenir « notre » prochain césar.

Ayant concédé à la fatalité ambiante ce fait que Zemmour est devenu un thème central, incontournable, de ce qu’il reste de débat public, et que, partant, il est impossible de simplement l’ignorer, on voudrait au moins pouvoir le combattre pied à pied. On voudrait que les arguments semés çà et là par Noiriel, Le Bras et des dizaines d’autres intellectuels dissipent le délirium tremens qui entoure ce triste numéro de comique-troupier ; et cependant l’on sent bien que le grain de sable qui pourrait enrayer la mécanique actuellement à l’œuvre n’appartient pas à la sphère de la raison, ni même sans doute à celle du cœur.

Le 23 septembre 2021, Eric Zemmour fait face à Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV devant 3,81 millions de téléspectateurs

À ce propos, j’ai écouté, le 23 septembre, Mélenchon porter la contradiction au polémiste préféré des médias (et des capitalistes qui pour une bonne part les possèdent). Le député de Marseille a dit des choses très belles, notamment sur la créolisation, ce concept de Glissant qu’il a su faire sien et remettre au goût du jour. C’était la manière intellectuelle et morale, c’était la manière noble de lutter. Et pourtant il a suffi d’un mot, d’un slogan pour balayer cette tentative d’intelligibilisation du monde : ce mot, c’était « islam », ce slogan « l’identité de la France ». Convoquer ces fantasmes, c’était d’emblée abolir toute faculté de jugement ; c’était couler une chape de plomb sur les consciences. En acceptant de descendre dans une lice où personne n’avait voulu aller – couardise ou clairvoyance ? –, Mélenchon est devenu le chevalier d’une époque sans chevalerie, rompant ses lances contre les ailes d’un moulin. Fallait-il se prêter au jeu ? Démosthène n’a pas empêché Chéronée, mais il a au moins laissé les Philippiques. Je crois pour ma part qu’aucun acte de résistance n’est tout à fait vain ; mais il peut passer du temps avant qu’on en aperçoive seulement les fruits.

Il se trouve en effet que face à Zemmour, la manière morale, la manière intellectuelle sont vouées à l’échec. Ceci pour une raison élémentaire : malgré les artifices, les diversions dont il est coutumier, les effets rhétoriques dont il use, les références qu’il manie comme des formules magiques, Zemmour incarne le refus de l’effort d’entendement, le renoncement à la faculté de savoir et de comprendre. De l’humanité, il donne une généalogie mensongère, de la France, une image extravagante, et ces illusions, il les jette en pâture à des ignorants sans boussole, nostalgiques d’un passé qui ne fut jamais – du moins à l’état pur. Pour quiconque croit dans la raison humaine, ces accès de psychose collective ne peuvent qu’être une source de profond désespoir, et Zemmour, qui existe moins par ses élucubrations que par l’attention d’un public tour à tour énamouré, horrifié, en tout cas fasciné, en est un symptôme caractéristique. 

Si, sous l’apparence de la logique et des constructions élaborées, le discours de Zemmour est factuellement inexact, dans la mesure où ses conclusions reposent sur des énoncés biaisés, sur des chiffres tordus, sur un amoncellement d’anecdotes, d’assertions, au mieux de statistiques, qui, mises bout à bout, ne forment pas une démonstration, mais tout au plus une impression pour les esprits influençables, si ce discours est souvent délirant, obsessionnel, obsidional même, il n’est pas absurde pour autant. Il n’est pas absurde en ce sens qu’il est tendu entièrement vers un but : relégitimer les dominations mises à l’épreuve par les récents mouvements de la société et de l’histoire : celle des hommes sur les femmes, celle des « Français » sur les « immigrés », celle des chrétiens sur les membres d’autres confessions religieuses, celle de l’Homme sur la nature et, faut-il le rappeler ?, celle des puissants sur les humbles. Le paradoxe génial de ce néfaste prosateur est qu’il est parvenu à faire passer le combat des oppresseurs pour celui des opprimés. Il faut dire que d’autres avant lui avaient ouvert la voie.

« Le discours d’Eric Zemmour est tendu entièrement vers un but : relégitimer les dominations mises à l’épreuve par les récents mouvements de la société et de l’histoire : celle des hommes sur les femmes, celle des « Français » sur les « immigrés », celle des chrétiens sur les membres d’autres confessions religieuses. »

L’amusant de cette affaire dont il vaut mieux rire que pleurer, c’est le spectacle de la grande débâcle de la droite – qui précède, n’en doutons pas, sa grande recomposition. Rappelons-nous ce temps pas si lointain où Zemmour n’était encore que l’intellectuel organique d’une famille politique à laquelle il n’avait pas la prétention officielle de participer – électoralement s’entend. Partout, il avait son rond de serviette ; il était notamment « chez lui » chez « les Républicains ». Quelques longs mois plus tard, lorsqu’il a commencé de se murmurer qu’il pensait à la présidentielle, il est devenu partout infréquentable. Les libéraux bon teint qui l’avaient imprudemment toléré le jugent désormais trop extrême ; l’extrême droite officielle, qui l’avait encensé, le trouve bien peu crédible. Et tandis que chacun craint pour sa place, Le Pen père jouit de pouvoir raconter ses agapes avec Zemmour et Ursula von Ribbentrop, lâchant au passage ce commentaire glaçant : « la seule différence entre Éric et moi, c’est qu’il est juif » [1].

Le destin de la droite est toutefois de peu d’intérêt en tant que tel, et l’on devine que ce n’est pas là où je veux en venir. L’intéressant, encore et toujours, c’est ce que la tragicomédie de la politique – portée à la caricature par l’élection présidentielle française –, nous dit du Pouvoir. « Toute société oppressive est cimentée par cette religion du pouvoir, qui fausse tous les rapports sociaux en permettant aux puissants d’ordonner au-delà de ce qu’ils peuvent imposer », a écrit justement Simone Weil [2]. Si la gauche de gouvernement a, par construction, peu interrogé la « religion du pouvoir », la droite reste la gardienne de ses saints mystères. Or, cette même droite a échoué dans sa mission historique, qui consistait, en mettant en avant la sociodicée du mérite, de l’« ascenseur social », de la « démocratie », etc., à rendre acceptables l’oppression et l’exploitation de l’humain par l’humain.

Le compte Twitter de BFM TV a cité 432 Zemmour en septembre 2021. Trois fois plus que les deux candidats arrivant derrière lui, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
Source: @checknews

Il y a certainement plusieurs droites en France – trois, disait René Rémond – mais il y a une dialectique du conservatisme qui intrique profondément ces droites entre elles, même lorsque leurs motifs, leurs pratiques et leurs buts paraissent différents. Entre un extrême centre et une extrême droite prétendument inconciliables, mais qui ne cessent de se passer « la rhubarbe et le séné », il y a tout un champ des possibles, un marais dont une partie consistante est prête à évoluer vers une expression à la fois plus rabougrie et plus authentique d’elle-même – plus dure également, car dépouillée des artifices qui le rendaient à peu près présentable. Une migration de Neuilly à Versailles, si l’on veut, pour reprendre en les détournant des propos d’Anne-Sophie Beauvais rapportés dans un récent reportage d’Ariane Chemin [3]. Si Zemmour a émergé, c’est parce qu’une fraction relativement insignifiante de la population totale, formant une fraction significativement importante des électeurs actifs, craignent  pour leurs privilèges de classe, de sexe, de « race » [4]… et d’âge. S’il finit par doubler les représentants organiques, patentés, de la droite de gouvernement et de parti, c’est parce qu’au même jeu qu’eux, il les surclasse, en osant dire tout haut ce qu’ils croient préférable de chuchoter. Sous cet aspect seulement, on peut dire que justice est faite.

Nul ne sait où nous mènera cette déplorable histoire. On pourrait multiplier ici les pronostics, supputer que Zemmour, nouvel idiot utile de Macron, pourrait aussi bien se révéler l’idiot utile de Le Pen ; que dans tous les cas de figure, le résultat d’un duel de cette sorte serait hautement incertain ; qu’aucune force « de gauche », populiste, écologiste ou social-démocrate, n’est actuellement en mesure de troubler le match entre le représentant de l’extrême centre et les représentants concurrents de l’extrême droite ; et, ayant bien tout pesé, on ne serait guère plus avancé. Sans doute alors le plus raisonnable est de convenir que la seule chose à peu près sûre, en ces temps de doute, est que l’avenir est entièrement repeint en noir. Qu’il accède à l’Élysée ou qu’il soit renvoyé, in fine, à son rôle de scribe de l’idéologie réactionnaire contemporaine, Zemmour, dont la romancière libanaise Dominique Eddé nous apprend que son nom signifie « klaxon » en arabe [5], aura été un coup d’avertisseur sonore, signe du raidissement des dominants (et également du pourrissement des institutions). En attendant de voir quelle forme pourront prendre nos combats futurs, on me permettra, pour une fois, de dépecer une célèbre formule gramscienne que j’aimais jusqu’ici prendre en bloc : de laisser l’« optimisme de la volonté », de ne garder que le « pessimisme de l’intelligence ».

Alphée Roche-Noël

[1] Ivanne Trippenbach, « Jean-Marie Le Pen soutiendra Zemmour s’il est “mieux placé” », Le Monde, 3-4 octobre 2021.

[2] Simone Weil, Réflexions sur les causes de l’oppression sociale, Paris, Gallimard, « Folio », 1998 [1955].

[3] « Versailles, laboratoire de la droite », M, le magazine du Monde, 9 octobre 2021, n° 525.

[4] Mettre ce mot haï entre guillemets, c’est signifier qu’on ne l’emploie pas pour se l’approprier, mais pour décrire et dénoncer les conceptions, les pratiques sociales et les systèmes qu’il continue de nourrir plus ou moins explicitement.

[5] Le Monde, 7 octobre 2021.

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20 Commentaire(s)

  1. Voilà un com qui me réjouit doublement. Oui à l’ouverture dites vous, alors ouvrons les vannes.

    J’ai connu un Roger, autodidacte à vif et sauvage à souhait quand il s’agissait de penser et de parler. J’aimais sa verve et son style : jean de banlieue et veste soignée, aureolés par des cheveux bleus portés en crête à l’iroquoise dans ses beaux jours. Solitaire nocturne à la sensibilité épidermique qui ferraillait dès que l’occasion se présentait, il portait en lui la nuit du monde comme un fardeau qu’il éclairait de feux scintillants en lâchant ses mots comme des brûlots. Je ne serai pas étonné d’apprendre qu’il ait rejoint à sa manière les GJ et cette gronde humaine qui s’élève des lieux mis au ban par les pouvoirs omnipotents. Nous avions en commun un « idéal » teinté d’anarchisme, une même aversion pour la bien-pensance et un certain « rentre-dedans ».

    J’ignore où il croise aujourd’hui, mais j’ai toujours une pensée attendrie pour le bonhomme quand j’y repense. J’ai rêvé de lui la nuit où je vous ai écrit un brin contrit. Votre retour sur cette page me donne l’occasion de le saluer en pensée comme je vous salue, et salue votre retour en réponse à mon invitation de se rencontrer…

    « À condition de virer le capitalisme » dites-vous. Mais n’est-ce ce qui nous réunit tous ici ? Vous vous dites « matérialiste » mais qui ne l’est pas ? Même pour un « spirituel », la finalité est et demeurera une vie heureuse pour tous dans la chair sur cette terre. Gandhi, Martin Luther King, l’abbé Pierre, le « théologiens de la libération » ne sont pas en reste il me semble dans leurs luttes contre les injustices. Même s’il est vrai qu’ils font plutôt exception parmi les gens de religion (une cage mentale de domination), raison pour laquelle je préfère employer les concernant le terme de « spirituel », qui m’évoque davantage une disposition à s’ouvrir et se nourir d’un Invisible innomable et insaissable, présent et actif au cœur de la matière, que l’on y croit ou non. Passons… L’urgence n’est pas de partager des croyances mais des actions.

    Le capitalisme est un fléau de cupidité nourri par le mensonge et la malignité qui s’impose partout, ronge les sociétés et plombe le monde comme une pierre au pied. Le contrer, le mettre à bas pour en finir avec cette spoliation généralisée qui se mue aujourd’hui en oppression, est pour moi concommittant à toute action et espoir de voir le monde changé et les hommes reprendre leur destin commun et leur destinée individuelle en main.

    Je ne suis pas « communiste » ou « marxiste » au sens où la plupart l’entendent. Je suis un « spirituel » ouvertement anarchiste à la Tolstoï ou la Thoreau, conscient que cet idéal n’est pas viable aujourd’hui collectivement parlant. L’homme est trop mauvais. Raison pour laquelle je taggue mes mots et griffonne mes lignes. Je reconnais en Marx un grand penseur et un éclaireur, et tout ce que le « communisme » porte dans son histoire d’expériences, d’actions communes, de propositions pour le monde et le « bien commun », me parle. Je l’ai défendu naguère mais je suis sorti du « politique » à 20 ans en 1989 quand le mur de Berlin est tombé. Ce qui ne m’a pas empêché de vivre 30 années avec une fille de « rouge de chez rouge » (à un point que vous ne pouvez pas imaginer). Alors les « cocos » je connais ! C’est au demeurant à mon sens, la seule force politique organisée de nos jours assez nourrie, sur le terrain face au capitalisme. Il y a bien les GJ mais ils viennent de sortir du nid et peinent à se fédérer et ont à mon sens un tout autre rôle à jouer, non moins important, de redéfinition, recomposition et reconquête des territoires dont ils n’ont pas encore conscience.

    Voyez les élections ! Je n’aime pas Mélechon (tribun démagogique dont je me méfie) et sa France insoumise mais il est le seul à rassembler une force tangible sur l’échiquier politique qui fait trembler les lignes. Et à quoi puise t-il ? L’avenir du « communisme » est à une refonte de ses idéaux et moyens d’action, car il y a là un ferment qui reviendra en force, je l’espère, en ayant pris acte des leçons de l’Histoire, pour faire revenir les institutions et moyens de production, dans l’idée maîtresse de « servir le Bien commun » et non les intérêts d’une caste égoïste, meprisante et dominatrice.

    Voilà pour aujourd’hui. Vous avez planté le décor, j’ai mis la table. Je fais le voeu de vous retrouver un jour pour partager une binouze voire une bonne bouffe !

    À la revoilure 😎

    Éric

  2. Je lis de ARN concernant EZ qu’il y a de sa part une intentionnalité dans « le refus de l’effort d’entendement, le renoncement à la faculté de savoir et de comprendre » bigre ! de quelles tares cet olibrius de Z est-il raréfié ?
    Pourquoi utiliser un vocabulaire philosophique de plus de 60 ans d’âge ? pour stigmatiser l’obsolescence du personnage donc des propos qu’il déverse ?
    Il est vrai qu’il charrie des apories d’anciens régimes (royauté, napoléonien, pétainisant) ce qui ne fait pas de lui un archéologue des lumières.
    Cependant la critique qu’il fait des politiques institutionnelles nationales suivies depuis un demi siècle révèlent des éclairs de lucidité.
    En effet quand avec Giscard-Barre et Bruxelles a été imposée la politique du regroupement familial c’était bien pour assurer au « patronat » un volant permanent de main d’oeuvre à disposition dont l’hébergement se réalisera dans le logement social dont les occupants devaient laisser leur place et aller plus loin dans un lotissement de maison individuelles promues par A. Chalandon. D’autres considérations ont participé à l’inauguration du « grand remplacement ».
    Ce mille feuille vieux de un demi siècle ne peux plus être mis en vitrine même réfrigérée ces gâteaux sont invendables même aux gogos …alors on en fait quoi ?
    Parmi cette pâtisserie il y a le millefeuille de l’Education Familiale sans doute le plus rassis : anecdote: en 2016 lors de Nuits Debout l’accueil avait autorisé la tenue de plusieurs réunions sur la laÏcité. Celle à laquelle j’ai assisté était menée par une équipe d’enseignants « français » de collèges publics
    de Seine Saint Denis cette réunion était conduite par l’un d’entre-eux qui a été une charge contre cette « laïcité obsolète ». Il illustra rapidement son propos en prenant son cas personnel comme enseignant de français en 6e. Interpelé par une collégienne qui lui indiquait que l’origine de l’homme telle qu’enseignée était contraire au Coran. Sa réponse a été ça se vaut (avec Darwin) ! Lui ayant fait remarqué que cela relevait d’une faute lourde j’ai dû mon salut à une partie de l’assistance. Maintenant on coupe la tête…
    Alors que faire ? je discute avec EZ si l’occasion se présente car en 40/60 ans tous les pouvoirs qui se sont succédés nous ont fait avaler de sacré couleuvre. Je considère aussi qu’il est temps d’y mettre un terme et plus nombreux nous serons plus rapidement le processus sera enclenché.
    Lors de Nuits Debout F. Lordon avait exposé à la Bourse du Travail une méthode visant à utiliser le cadre institutionnel afin de le revoir en totalité, quitte à le remplacer. Par exemple les 3 codes Dalloz avec lesquelles je travaille font plus de 10 000 pages à eux trois. Tâche immense mais une jeune étudiante présente en grève à la faculté de Tolbiac (1er et 2e cycle) proposait de constituer des groupes de travail dans de nombreuses facultés ce qui était la solution. Sauf que curieusement le pouvoir de cette époque a mis les moyens pour réduire cette occupation sans ménagement aucun.
    Ce projet reste en l’état.
    Tous les protagonistes de l’époque (2016) ont déserté alors on fait avec ce qui reste et on prend sa place et on la tient.
    R.S.

  3. Je reponds ici au dernier com de Ainuage car le fil devienait très étroit.

    Je partage ce que vous dites là. Je m’informe prioritairement auprès de RT pour les mêmes raisons que vous et je fais la part des choses.

    Votre com se termine sur QG et les escaliers qu’il nous offre. Alain Badiou disait avant hier sur QG TV qu’il nous voyait historiquement à l’aube de ces 50 années qui courèrent de 1848 au début du XXeme siècle qui vit l’avènement d’un parti communiste fort et appelait à relancer cette recherche de fond pour relancer l’aventure « communiste », son mot à lui qui ne m’effraie pas.

    Je partage ce point de vue et je suis venu sur QG dans cet espoir là. En dépit de certaines dissonances dans les échanges, inévitables et meme souhaitables car pas de vie sans cela, il y a là sur QG un vivier et une qualité qui peut le permettre. C’est mon côté « idealiste romantique », qui fait tiquer Rey Roger (🙏), qui me fait avancer en ce sens.

    J’espère avoir un jour l’occasion de vous serrer la main et partager un moment pour acter cela ailleurs que derriere un écran.

    Au plaisir de vous lire

    Ps. Merci pour le titre « la fin de l’homme rouge ». Connaissais pas. M’en vait me le procurer pour vous rejoindre en pensée.

    1. Oh! merci pour ce sympathique commentaire !
      Oui ce serait bien de pouvoir se rencontrer, et je vous remercie sincèrement de cette idée. Mais j’ai 2 gros défauts : je ne monte quasi jamais à Paris, bien qu’une de mes filles y habite (elle vient nous voir régulièrement en province où elle a … aussi beaucoup d’ami(e)s). Et puis je tiens (encore un peu !!!!) à l’anonymat.
      Merci encore.

  4. Merci pour cet article et les deux commentaires précèdents que j’ai aimés lire, bien que Z soit loin d’etre ma tasse de thé.

    Zemmour veut dire « klaxon » en arabe ? Nomen est omen disait les anciens. Je vois pour ma part en Z une sorte de mange-mort qui se repaît dans les médias mainstream de ce qui reste de vie politique de ce pays, semblable à ces oiseaux noirs que l’on voit pulluler au milieu des décharges publiques en Amérique latine. Il fait son beurre de la décomposition ambiante et s’il avertit de quelque chose, « klaxon » oblige, c’est d’abord de la nature décrépie du lieu où il se tient et de ce qu’il ingère.

    Reste qu’en France, selon l’adage mitterandien, les élections se mènent sur les flancs durs et se gagnent au centre. Je gage que Zemmour, candidat « cheval de rechange du cac40 » selon Aude Lancelin (propos tenus sur Pdatv), est aussi pour le coup une sorte de cheval de troie avec effet repoussoir. Il aide à populariser des idées d’extrême droite qui feront le lit d’un candidat plus lisse au final qui préservera encore pendant un temps à notre république fantoche, les apparences d’une république démocratique

    Si je tends un œil et une oreille à ce Z, c’est pour voir ce qu’il becte et entendre ce qui se mijote, que l’on nous resservira bien ficelé avec ce qu’il faut de bouillon de poule pour nous faire avaler la soupe plus tard. Car si on doit se le farcir, cela peut se produire en président ou ministre, il faudra avoir bien affûté nos lames tellement les point qu’il aborde sont sensibles (francité, islam, monde juif,…). Et se préparer à faire la grimace à défaut de pouvoir se rendre directement en cuisine si ça devient immangeable.

    Désolé pour le langage rustique, quand le Z déboule, je broye du noir et je parle vert… en attendant de voir rouge ?

  5. Post éminemment intéressant de REY ROGER ci-dessous.
    Bon ! Roger, apparemment, tu (si je peux me permettre) n’as pas compris la domination par l’âge ? C’est pourtant simple :

    Début de vie :
    o le nourrisson est dominé par son frère ou par sa sœur plus âgés : salauds d’ainés : il faut qu’ils s’excusent !
    o Les ainés sont éduqués par les parents bien sûr. Domination parentale : salauds de parents ; il faut qu’ils s’excusent !

    Fin de vie :
    o les retraités sont payés à rien foutre. Ca crée des déficits entrepreneuriaux. On va dire aussi que ça ampute le pouvoir d’achat des plus jeunes ; domination encore : salauds de retraités ! Il faut qu’ils s’excusent !

    Milieu de vie :
    o là, ça devient lyrique. JJ Goldmann avait donné le ton avant tout le monde avec sa chanson démago qui suggérait que les quadras et quinquas « trustaient » les meilleures places au détriment des jeunes dans le monde du travail (il en savait des choses avant tout le monde, le JJ) : salauds de quadras, salauds de quinquas ! Il faut qu’ils s’excusent !

    En fait, à part les intersectionnels, je ne vois que le gouvernement et le patronat qui puissent trouver un intérêt à la dénonciation de l’âge comme privilège indu (domination) :
    – le gouvernement pour réduire les pensions de retraite (privilèges injustes car non liés au mérite en soi, puisque « tous » les vieux en profitent).
    – le patronat pour supprimer les augmentations de salaires « à l’ancienneté » : c’est un des combats majeurs du MEDEF actuellement pour améliorer la compétitivité des entreprises. Les vieux sont trop chers, il est temps d’inciter à leur lapidation idéologique.

    En fait, la stratégie idéologique du patronat consiste à imposer l’idée que l’âge n’engendre pas de mérites mais des privilèges : c’est ça l’enjeu de la manœuvre ! Seules l’activité «profitable» (=valeur produite moins salaire) et la prise de risque « boursière » sont des mérites.

    C’est extrêmement grave.

    D’autre part, et dans un autre registre (mais, cependant, encore intersectionnel), le fait qu’Alphée s’excuse, se justifie lourdement d’utiliser le mot «race» me choque quelque peu. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de «dé-conceptualiser» la vie. Un concept n’est pas forcément une réalité ; d’ailleurs tout concept a, par définition, sa part d’irréel. Mieux, les êtres purement imaginaires existent : ça s’appelle la réalité de l’imaginaire (qui, bien évidemment, ne peut pas être confondue avec la réalité de la réalité, cad avec la réalité matérielle qui inclut les rapports sociaux). Les concepts servent à échanger des idées, donc à penser. Par exemple, je ne crois pas en Dieu, mais j’utilise sans aucune retenue le mot Dieu, même si, au nom de Dieu, les pires massacres ont été, et sont encore perpétrés (nous commémorons aujourd’hui un certain assassinat au nom de Dieu !).
    Moi, c’est tuer les mots, les concepts, qui me parait un crime.
    « Le mot et la chose » : vieux débat, jamais clôt apparemment !

    De la même façon : que les « blancs » de peau d’aujourd’hui soient tenus de s’excuser pour des crimes coloniaux d’hier, dans lesquels ils n’ont pris aucune part, me parait hors d’entendement ! L’héritage par le sang de la responsabilité de crimes passés me semble d’ailleurs un fait non seulement injuste, mais raciste. En quoi la couleur de peau génétiquement héritée, peut-elle tenir lieu de responsabilité morale ou pénale pour des crimes passés ?
    A cet égard, l’héritage « idéologique » me paraitrait plus juste (même s’il demeure absolument inacceptable) : ainsi, il n’est pas rare de voir accuser les communistes d’aujourd’hui d’avoir «du sang sur les mains», en référence aux soi-disant goulags et crimes Staliniens du passé etc … C’est vrai que l’union soviétique a perdu 20 millions d’habitants dans sa lutte héroïque (et très très solitaire) pour écraser et faire reculer les armées nazies jusqu’à Berlin ; Berlin où l’armée rouge est arrivée finalement exsangue.

    Si les Ricains n’étaient pas là
    Vous seriez tous en Germanie
    A parler de je ne sais quoi,
    A saluer je ne sais qui !
    (Michel sardou)

    Les Ricains ? Vraiment ?
    Beaucoup de films, ça c’est sûr ! mais de morts …. combien ?

    Et avec ça, tous les intellectuels de gauche tremblent de ne pas être classés «intersectionnels» dans le Landerneau mondain de la pensée.

    1. Je lache un dernier com sur cette page, l’histoire dire que j’aime aussi les nuages…

      Vous faites mention des 20 millions de russes qui ont payé de leur mort la victoire sur le nazisme. C’est considerable et dans la memoire russe, un sacrifice inoubliable ! La Russie a en effet payé le prix fort et c’est un des leitmotiv de Poutine pour ramener la Russie à la table des grands dans le concert international. Tout ça pour dire qu’on en a pas fini avec la Russie. Elle n’est plus « sovietique » mais elle a gardé ses ambitions vivaces. Un petit détour par RT vous en convaincra. Voyez la part de reportages sur sa force militaire à l’ecran et l’interview de Poutine donnée sur un trottoir parisien sur une grande avenue en plein jour, avec seulement un cordon de protection à distance pour assurer sa sécurité (https://youtu.be/Y5ZKw0fEDXg). On est où là, à Paris ou à Moscow ?

        1. Lecteur régulier de RT ? Si vous êtes abonné à leur chaine vous avez du voir passer quelques unes de mes infographies. J’y ai travaillé régulièrement pendant toute la période des GJ. Ambiance sous-marinier. On y envoyait des scuds toute la journée.

          À une jeune Diane chasseresse venue de l’Est qui nous pilotait, j’ai posé la question : quel regard portez vous en Russie sur le passé soviétique ? Elle a esquissé une jolie moue pour masquer sa gêne et d’un air évasif m’a marmonné :  » ma mère dit que dans ce temps là tout le monde avait un toit et un travail ». Relance de ma part : « Et le manque de liberté, vous n’en souffriez pas ? ». Elle, plus évasive encore : »tout le monde avait à manger ».

          Il y avait plusieurs ouvrages sur l’héritage de ce passé et sur les tables des journalistes, dont je zieutais les titres et les back de couv quand je traversais la salle de rédaction les matins où j’embauchais à 5h.

          À méditer…

          1. Non, je ne suis pas abonné à la chaine.

            Oui, je vais méditer ! mais je connais tout cela par coeur. L’ouvrage « la fin de l’homme rouge » est assez clair là-dessus. Mais ne pouvant plus supporter les chaînes du « CAC40 voleurs », je me rabats sur l’ennemi Russe financé par le gouvernement russe. C’est d’ailleurs bizarre que nos chaines du CAC 40 ne soient pas, elles, tenues d’afficher qu’elles sont financées par des industriels et des financiers milliardaires qui tiennent l’Etat français.

            En tout cas, RT et Sputnik sont des anticommunistes « discrets »; et on n’y entend pas le lèche-cul macronien que l’on connait chez les 40 voleurs !

            « La matinale » du Média n »est pas mal non plus pour un tour d’horizon des infos, et un commentaire d’actualités.

            NB : concernant la force de frappe Russe, bien évidemment c’est la meilleure du monde, sans propagande aucune ! Ah ah! Et en plus, ils ont des Diane chasseresses ! les veinards ! Avec QG, on a des escaliers pleins de promesses ! c’est plus romantique.

  6. Il faut bien faire des remarques même sur les textes qu’on aime bien.
    Je cite : « craignent pour leurs privilèges de classe, de sexe, de « race » [4]… et d’âge » par âge je pense que Alphée Roche-Noël a voulu parler de patriarcat. Je pense qu’il faut faire attention, non parce que je suis vieux , ma remarque n’est pas d’ordre psychologique, mais parce qu’il désigne un responsable qui n’en est pas un.
    Les EELV ont sans vergogne désigné les boomeurs responsables de tout à plusieurs reprises , la dernière fois c’était une erreur ont-ils dit, je suis persuadé qu’ils continent à le penser et à le propager. L’électoralisme ne recule devant aucune lâcheté ou bêtise.
    Je vais souligner ce que je pense vrai malheureusement : »Sans doute alors le plus raisonnable est de convenir que la seule chose à peu près sûre, en ces temps de doute, est que l’avenir est entièrement repeint en noir.  » et comme le grand révolutionnaire cité le dit : »de laisser l’« optimisme de la volonté », de ne garder que le « pessimisme de l’intelligence ».
    Donc merci pour ce rappel.
    Quand on ne veut pas agir collectivement c’est à dire créer une organisation révolutionnaire (donc basée sur la lutte des classes) en retenant les leçons du passé , il n’y a objectivement plus grand chose à faire. On me dira il y a le PCF ou LO. Non, le PCF n’est qu’un marche pied pour les réformistes (PS ou EELV), LO c’est très bien mais je ne suis pas particulièrement Troskiste même si c’est un militant qui a été assez malin pour rester en vie et combattre Staline (les autres ont été fusillés), mais marquer une organisation révolutionnaire par un nom cela veut dire qu’on est moins ouvert aux autres . Cela a eu son intérêt, c’est historique mais la richesse de pensée du mouvement ouvrier ne se résume pas à ce grand révolutionnaire. La base c’est Marx , d’accord mais même Marx n’a pas tout dit , n’a pas tout pensé …

    1. Super com ! Merci. Je rebondis sur la fin qui m’a laissé sur ma faim… ou ma soif je ne saurais dire.

      « La base c’est Marx… » dites-vous, mais puisque l’on est ici à touiller le Z qui nous prépare une poule au pot, j’aimerai pousser un cocorico. Y’a pas que Marx dans la basse-cour noire-rouge, y’a aussi Proudhon, de Besançon ! Ça en jette dans la besace et ça noircit honorablement le tableau ! 😎

      1. Je me sens très proche de certains anarchistes, ceux qui ne regardent pas trop leur nombril. C’est comme les révolutionnaires romantiques qui s’écoutent parler.
        Pour ceux qui se disaient (disent) marxistes : certains (beaucoup) rejetaient ce qu’ils considéraient hors de leur marxisme le vrai : ils n’étaient pas dans la ligne, idem avec les trotskistes . Proudhon, désolé , c’est non, en général , je suis pour un vrai débat qui va jusqu’au bout des choses, l’opportunisme est une impasse, on se fait plaisir c’est tout.

        1. Merci pour votre réponse.
          Je prends votre message comme une sorte de fin de non-recevoir et je me demande comment poursuivre cet echange, aller au bout des choses?
          Je n’ai pas de ligne idéologique. Seulement une aspiration à la liberté absolue et un monde changé. Marx comme Proudhon,mais aussi beaucoup d’autres, m’inspirent : Tolstoï, Camus, Derrida, mais aussi Jésus, Bouddha,… tous ayant en commun d’avoir fait bouger les lignes en ce sens.
          Aujourd’hui je vois le monde sombrer dans l’absurde avec au premier plan une crise de l’Homme : son incapacité grandissante à se penser lui-même, s’élever et s’unir à l’autre. Individualisme, narcissisme, atomisation de la société, poids des pouvoirs qui se substituent aux relations humaines… transforment nos vies en vies mecaniques, abstraites et vaines. Comment sortir de cela ?
          Je n’ai pour l’heure qu’un mot : rencontre!
          L’homme est d’abord de chair et si cette chair ne vibre pas physiquement de la voix, du regard, de la présence de l’autre, que peut-on espérer construire ensemble ? C’est bien la raison pour laquelle les Pouvoirs cherchent aujourd’hui à isoler et nous enfermer en nous-même devant nos écrans plats. Comment faire emerger le Fond dans ces conditions là?
          Des lors, je ne vois qu’une seule alternative : se voir.
          L’occasion se produira peut-être qui sait ? La saisireriez vous si elle se présentait ? J’habite la Province mais il m’arrive de monter sur Paris. Un seul échange pourrait peut-être denouer cette situation et nous permettre de reprendre un sentier altier ?
          Qu’en pensez-vous ?

          1. Bien sûr, j’en serais très heureux.
            L’ouverture est absolument nécessaire et enrichissante. En tant que matérialiste , je dois beaucoup à la pensée idéaliste mais je suis plus que jamais matérialiste.
            Le problème peut se dissoudre en traitant les choses concrètement. Comment veut-on vivre? Là, je peux me retrouver d’accord avec des tas de gens à une condition : on ne fait pas semblant , on vire le capitalisme. Sinon, je suis bien chez moi avec mes bouquins.
            Je veux pas faire l’intello, je n’ai aucun diplôme universitaire, je suis autodidacte.
            A bientôt.

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