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Affaire Poivre d’Arvor : la loi du silence – Quartier InterditAvec Hélène Devynck

Émission du 27/10/2022

Aude Lancelin a reçu la journaliste Hélène Devynck, une des victimes de PPDA, pour témoigner sur les accusations de viols et d’agressions sexuelles qui pèsent à son encontre. À ce jour, c’est plus de 90 femmes qui témoignent contre l’un des hommes les plus connus de France. Pourquoi est-il si difficile de briser le silence? Quelles sont les leçons à tirer de ce #MeToo au sein des médias? Avec la récente remise en cause de la prescription des faits, l’espoir d’un procès renaît. Notre invitée se livre sur tous ces éléments et raconte son histoire dans un entretien intime et puissant sur QG.

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28 Commentaire(s)

  1. Admirable prise de parole de Hélène Devynck et effectivement, l’ayant entendue, on a envie de lire son livre : témoignage, essai, dépassement de soi …
    Il y a ce qu’elle dit, dépassant son seul cas – car là est bien une des caractéristiques de son entreprise d’écriture : parler pour soi bien sûr ( plonger au risque de se perdre selon l’image de la falaise qui ouvre le récit nous dit-on ), mais aussi et peut-être surtout pour d’autres que soi -, sur les carrières avortées de jeunes femmes qui auraient pu devenir journalistes, écrivains ( comme elle ), et ont abandonné tout désir d’être après avoir été humiliées ; de même, elle évoque le cas de femmes moins jeunes, moins profil « anorexique » donc moins « coeur de cible » comme le dit Aude L, mais à qui elle se sent aussi, humainement, sinon littérairement, reliée.
    Je trouve également ce qu’elle attendrait ( et son visage s’éclaire 🙂 ) d’un authentique procès qui pourrait avoir lieu avec défense, oui, dans les règles de droit, descente dans le psychisme du mis en cause, et possibilité pour ces femmes d’être écoutées, entendues, leur estime de soi restaurée, d’une grande profondeur.
    La profondeur et la hauteur de vue, jointes à ses mots choisis, pesés, dits d’une voix posée, belle et grave ( celle qu’on lui connaissait du temps qu’elle présentait le journal de Lci ), émeuvent et forcent notre admiration.
    Tout cela fait, on le saisit, de son livre « Impunité » un au-delà de l’ « affaire classée » par quoi Hélène Devinck a vu sa plainte d’abord reçue.
    Entretien à relayer et livre, à l’évidence, à lire.

    1. @Hélène Devinck,

      j’ai fini, hier soir, votre livre, il est à la hauteur de votre entretien avec Aude Lancelin, admirable ! Vous y prenez et surtout donnez la parole à toutes les autres, inégalement jeunes et fragiles au moment des méfaits, mais piégées comme vous, femme libre, qui allez pourtant endurer le même viol et la même violence, le même abaissement, la même menace ( car on sent physiquement planer le danger … ), le même sort que vos soeurs d’humiliation et qui allez fourbir vos armes : les dépôts de plaintes, les témoignages et les recoupements, les tribunes, la réflexion, l’engagement, pour être le fer de lance, par l’écriture, de ce combat solidaire : vous et elles ensemble !

      Que souhaiter ? Que votre livre ait un prix en tant que témoignage de ce que toutes avez subi, du fait de l’omerta, du fait de la « culture » du puissant ( quel qu’il soit ), que tous couvraient par complaisance, complicité ou veulerie, comme on recouvre une or dure ( est, à cet égard, frappante la reconnaissance de son « intense activité sexuelle » ! dans son bureau ! C’est à la fois risible 😉 et abject ).

      Mais que « Impunité » soit primé aussi, en tant que remarquable écrit et qu’ainsi il soit lu du plus grand nombre, – c’est, je crois, déjà le cas à le voir en librairie -, et ait un plus grand écho encore, validé par vos pairs, se justifierait …

      Car, vous êtes écrivain, c’est évident, – j’ai commencé votre livre le 30 novembre, fini le 1er décembre ! -, continuez à écrire, on vous lira. avec intérêt et joie. 🙂

  2. J’avoue avoir abandonné la lecture des commentaires !

    Je viens seulement ici remercier Aude d’avoir donné la parole à cette femme, courageuse. à fleur de peau qui témoigne pour toutes celles qui ont subi ces agressions et ces viols, et qui demandent justice tout simplement, que l’on reconnaisse ces crimes impunis, longtemps cachés, tus. On entend dans sa voix la détresse, la douleur, l’incompréhension, le silence que l’on veut imposer sur ces sujets mis depuis peu au grand jour.

    Aujourd’hui tous ces scandales d’abus sexuelles éclatent, la parole se libère et je pense que de nombreuses personnes découvrent l’ampleur des dégâts.

  3. Merci pour ces mots très justes, ces images fortes, la tapisserie, la falaise…Merci de votre lucidité quand vous dénoncez les propos banalisant la difficulté qu’il y a encore et toujours à oser parler. Vous avez raison, malheureusement, d’accuser l’état archaïque des esprits sur le viol.

    Je suis née 10 ans plus tôt, en 53; et j’ai reçu une éducation encore radicale à propos des rapports avec les hommes, Pour mes grands mères , mon père, la seule attitude raisonnable pour une fille, c’était de se méfier, de ne pas tenter le sort… forcément mauvais, qui attend une jeune fille trop naïve, trop imprudente, trop libérée : violée, fille mère, déshonorée, avortement clandestin, mariage non choisi… que des emm…..

    Cela peut sembler risible maintenant, car la contraception est passée par là, et la génération suivante a été éduquée avec le discours de la liberté sexuelle obligatoire. A mon avis, cette facilité n’a fait que produire -chez des hommes de pouvoir- encore plus d’impudence et de licence, et dans l’entourage de ceux-ci encore plus d’indifférence et de complaisance. Et chez bien des parents, qui n’étaient pas préparés à accompagner leurs filles devant qui s’ouvraient grandes les portes d’une liberté pour eux inconnue, il y a eu beaucoup de naïveté, trop de confiance dans l’ascenseur social, forcément sans prix à payer ; chez bien des jeunes filles, trop de confiance dans le boss chez qui elles allaient faire carrière, forcément un bon père honnête! Les années TF1 en question, c’est justement cette période, où une génération de filles arrive dans un monde du travail avec des ambitions auparavant réservées aux hommes. Un monde d’hommes, qui s’étonne de les voir si mignonnes, si libres, dans le meilleur des cas, et dans le pire des cas, ne se gêne pas pour en user. Des oies blanches, aurait dit ma grand-mère.

    Auparavant, il y avait déjà le silence, l’opprobre envers une femme abusée, mais il y avait aussi l’opprobre sur le violeur, qui avait affaire au père, au mari quand la femme le dénonçait, ou « tombait » enceinte. C’était une preuve, ça, au moins! D’ailleurs, sous l’ancien régime, la loi considérait que le viol portait préjudice au mari, pas à la femme!

    Aujourd’hui, il n’y a plus de barrière au déchainement misogyne, en cas de viol les femmes sont seules avec leur triste histoire, seules fautives; leur parole est mise en doute systématiquement, avec les même préjugés qu’autrefois.

    La justice est tellement archaïque et défaillante sur ces questions qu’on se réjouirait presque quand un père casse la gueule de l’agresseur de sa fille. On en est là, même après Me too. Triste.

    1. Bonjour,

      Votre commentaire est intéressant. Il est évident que l’individualisation de la société a pu jouer un rôle dans la vulnérabilisassions des victimes. Comme on dit le loup s’attaque plus facilement à la brebis isolée. Et c’est à mon avis tout le point de la société capitaliste d’atomiser au maximum les individus, de faire en sorte qu’ils soient seuls et vulnérables. Par exemple le mythe de l’indépendance (très présent chez un féminisme) qui veut que tout le monde vit seul rend évidemment les personnes plus fragiles. Quand une personne peut compter sur sa famille, ou sur son conjoint pour payer les factures, avoir un toit… il est plus facile de dire NON. Mais quand une personne est seule et que les factures s’amoncellent et qu’il y a la peur de la rue…. il est plus probable de ne rien dire voire dire oui. D’où aussi l’importance des aides sociales qui contribuent aussi à rendre la personne plus libre notamment celles qui ne peuvent ni compter sur leur famille, ou sont pauvres à la base.

      Il va être difficile d’accepter pour les féministes que quand par exemple Weinstein harcèle Gwyneth Paltrow, c’est son conjoint de l’époque Brad Pitt qui le prend entre 4 yeux et lui dit que s’il lui remet la main dessus il le tue. Et que du coup il ne l’a plus touchée, problème résolu. Depardieu aussi aurait attrapé le Weinstein, il n’était pas bien imposant. Je pense même que certaines femmes auraient pu le corriger. Après il pouvait fermer des portes d’accès à Hollywood voire Broadway, il est né à New-York à la base. Mais bon son pouvoir était sans doute limité dans le cinéma indépendant, Sundance… et même à Hollywood, quel était la vraie nature de son pouvoir ? Parce qu’il y a aussi une part de naïveté des victimes qui voient l’autre comme plus imposant qu’il n’est. C’est tout le jeu du prédateur. PPDA dans le PAF ou la littérature était-il omnipotent ? Certes il pouvait aider ou faire accélérer les carrières, et d’ailleurs il serait intéressant de savoir pour qui il l’a fait et pourquoi ? Mais pouvait-il blacklisté les gens et ne pouvaient-elles plus travailler en lui disant non dans le journalisme ou la littérature ? J’ai des doutes quand même, notamment pour la littérature il y a quand même plus d’une maison d’édition…

      On voit dans ces cas que Weinstein, PPDA…. tout le milieu savait plus ou moins, mais que peu ont osé s’en prendre à quelqu’un qui faisait la plus et le beau temps. Peu ne veut pas dire personne et peut-être que quelqu’un a déjà pris entre 4 yeux le PPDA ? Cela dit il faut que ces personnes puissent se le permettre et le remettre à sa place comme Pitt ou Depardieu. Même si on ne peut faire l’apologie de la vendetta personnelle, ne pas être seul(e) dans la vie et avoir un entourage sain que ce soit familial ou amical est bien évidemment de nature à renforcer l’individu. On peut penser que s’il y a des pourris dans le monde, il n’y a pas que des pourris, il y a aussi des bons samaritains. Comme les syndicats qui renforcent la capacité de négociation des salariés. D’ailleurs les syndicats à TF1 ils glandaient quoi ? On leur a offert des semaines de travail allégée pour qu’ils ferment les yeux ou ne puissent pas voir ?

      Ce qui est intéressant c’est que ce problème de ne pas être seul, avoir des alternatives, est en réalité précisément le point de l’actualité internationale entre un monde hégémonique et multipolaire. Le fait que le monde pendant un temps ait été la proie d’une puissance hégémonique rendait difficile de pouvoir s’opposer à ses excès. Tout le monde avait peur. Même le simple fait d’être informé devenait compliquer. L’émergence de puissances alternatives a permis de pouvoir lever l’omerta. Par exemple on se demande pourquoi les gens ne parlent pas ? Mais quand Snowden a relevé la vérité que le gouvernement espionnait sur ses citoyens et avait outrepassé ses pouvoirs donc violé la constitution qu’il avait juré de défendre, chacun a pu voir le risque qu’il a pris. D’où reconnaitre son courage et que tout le monde n’est pas pourri. On aurait pu dire que s’en prendre à la NSA signifiait la fin de sa vie confortable vu son salaire voire sa vie tout court. Mais fort heureusement pour lui, il a pu trouver refuge en Russie et vivre une vie bien plus agréable que celle qui l’attendait dans les geôles américaines. Certes il a sacrifié sa vie dans son pays, voir ses potes, pouvoir être plus libre…. mais encore une fois, le prix de la liberté à un coût. Et il ne suffit pas de parler de liberté, il faut aussi pouvoir en payer le prix. Et certains sont morts pour ce droit. De même certains opposants russes trouvent refuges aux USA. Et c’est de cette capacité à avoir le choix (ordre multipolaire comme pluralité d’entreprises ou d’opportunités…) que réside sans doute la capacité à pouvoir être libre donc à refuser l’inacceptable.

    2. réponse à ARONDEL,,,

      sauf à savoir que contraception ,, et viol ne sonnent pas sur la méme portée ,,

      j’ai su ,connu ,vécu ,pas mal d’histoires.. en tant qu’infirmiére en clinique privée dans un service chirurgical lié aux avortemets , …….
      et ….à l’occasion d’un diplome universitaire action humanitaire ,, direction jacques LEBAS hopital st ANTOINE /Paris
      comme donc infirmiére ayant étudié en milieu carcéral ,,dans le cadre de ce DU à fleury mérogis établissement des femmes
      nous parlerons peut etre un jour comment à chaque instant vécu Là chaque enfant qui se présente là à déja sa Place dans notreHumanité ,,,

      il se peut que ce soit au delà de cela que nous ayions aujourdh’ui à parler,
      si !!
      si ?
      ,oh si ? !!! si nous avons vraiment le souhait que quelquechose change là aussi ,,y compris CHEZ nos CEUX qui représentent la Justice actuellement ,

      souhaitons qu’ils lisent nos lignes et à leur tour créent un Fil,,
      il se pourrait qu’il se TISSE !!!

      ( bravo Héléne pour ce Joli rappel artistique ,poétique et humain ),
      dameB

    3. Réponse à Arondel.

      Je rajoute une réaction à votre post.

      Cette réaction est l’occasion aussi pour moi de répondre d’une certaine manière au reproche (justifié) de manque de clarté de mon post initial sur les concepts de « sujet », « d’acteur » etc … Je vais essayer de préciser les choses.

      Vous évoquez, avec raison, la place que tenait le père, l’époux, le frère … pour sécuriser une femme. Hérodocte abonde dans votre sens et, de plus, évoque le poids des syndicats pour sécuriser un salarié. Ces remarques sont évidemment valables.

      Concernant le père, l’époux, le frère -mais surtout l’époux qui est le plus proche « protecteur » (le terme est un peu risqué mais tant pis) de la personne- ils peuvent (selon leur taille) effectivement « faire le coup de poing ». C’est efficace apparemment, cad dissuasif comme vous le dites. Cependant, cette commune protection mutuelle que se doivent les époux, issue, comme tout fait social, d’un certain état de développement de la société, n’a rien d’éternelle. La société a évolué, essentiellement grâce à la technologie, vers des options organisationnelles nouvelles (organisations que l’on nomme parfois « système ») : par exemple le télétravail devient possible mais ça peut avoir des effets pervers qu’on découvrira demain. Faut-il pour autant renoncer à l’informatique sous prétexte que le télétravail casse, par exemple, les collectifs de travail ? je pose la question mais n’y réponds pas ici.

      Sous prétexte que le progrès technique (pilule, informatique, voiture, téléphone…) fait évoluer les moeurs en plaçant les femmes à quasi égalité avec les hommes, devrait–t-on renoncer à ces progrès ? Car les conséquences de cette égalité sont immenses ; l’émancipation des femmes reformule les schémas du passé, la morale du passée. Ce qu’on croyait « naturel » et donc « éternel » s’avère « circonstanciel », pas forcément contingent bien évidemment, mais en tout cas déterminer autrement que par les lois éternelles de la nature et de l’esprit.

      Dorénavant, dans ce nouveau schéma de développement, les femmes peuvent tout à fait vivre leur vie sans homme. Demain, les hommes qui voudront des enfants ne seront plus tributaires des femmes : l’utérus artificiel leur permettra peut-être d’accéder à la paternité sans passer par l’union sexuelle : libération de l’homme ( ?). Mais aussi des femmes qui ne seront plus empêcher dans leur vie par les grossesses (je me cache pour écrire cela, car si mon épouse lit cela par-dessus mon épaule, elle m’étripe). Personnellement je n’appelle pas cela de mes vœux : la phase transitoire va être très douloureuse ; il y aura des laisser pour compte. Les partisans du progrès ce sont ceux qui peuvent s’y adapter sans trop de dommages ; ils essayent toujours de dénigrer ceux qui freinent.

      Mais n’est-il pas du devoir de la société (qui enfante le progrès) de permettre, ici, aux femmes, de pouvoir choisir par exemple une vie de célibataire, tout en restant en sécurité. Cela doit être une préoccupation sociale que de compenser la perte de sa protection par l’époux ou le compagnon. Ici, je ne critique aucunement le couple ordinaire dont je peux témoigner qu’il est possiblement producteur de bonheurs.

      Revenons sur la question des protections : le mari, l’ami, le père etc pour la femme ; le syndicat, mais aussi le droit du travail pour le salarié. Voilà une belle illustration de ce qu’est un acteur. La notion d’acteur est indissociable de la notion vulgaire « d’adossement » donc d’appui au sens propre. Parmi les mots ordinaires, le mot « adossement » est celui qui va le mieux. S’adosser à un appui, à un mur, ça parle. S’adosser à un ami, dos à dos pour faire face de tous côtés ; s’adosser à un mari, s’adosser au système judiciaire, à la morale coutumière, ça parle aussi. Quand on lutte, il faut s’adosser à quelque chose ; sans appui on ne soulève pas le monde : ses propres forces physiques personnelles sont importantes mais secondaires par rapport à l’appui en légitimité et reconnaissance, que donne la présence d’une institution, d’une collectivité instituée (mais du coup aussi instituante du sujet). Instituante car l’acteur, au vrai sens propre, ce n’est pas celui qui s’appuie, s’adosse à un mur pour se défendre ; c’est littéralement ceux (CEUX) qui s’appuient les uns sur les autres, qui s’appuient les uns les autres (LES UNS LES AUTRES), pour lutter contre d’autres acteurs. Un mur n’est pas instituant, un appui collectif, si ! Un mur est force productive cad c’est « DU » pouvoir d’agir ; un appui collectif est, en plus, instituant du sujet : car il institue à la fois « LE » vouloir d’agir (légitimité) et « DU » pouvoir d’agir.

      Chaque membre est involontairement instituant pour les autres : les salariés instituent le syndicat comme acteur, tout autant que le syndicat institue les salariés comme acteurs. Le droit du travail, de même, institue, au sein de l’Etat, le salarié comme acteur, cad lui donne légitimité à agir. De même les salariés instituent le système judiciaire en recherchant son appui lors de litige : que serait un tribunal sans procès, sans victime, sans plaignant ?

      L’acteur, ce n’est pas le salarié intuitu-personae, c’est l’ensemble des soutiens auxquels il (le sujet) peut se référer sur un enjeu, soutiens auxquels il peut s’adosser ET réciproquement.

      On voit que le sujet et l’acteur sont intimement liés, mais il faut se garder (malgré les apparences) de penser que c’est le sujet (additionné à d’autres sujets) qui engendre l’acteur (un acteur serait alors une somme de sujets) sous le prétexte que c’est le sujet qui attend des alliances sur son problème. Dans les faits, ce qui engendre le sujet, ce qui engendre ce sentiment de singularité (donc conscient de soi et de ses intentionnalités) ce sont toutes « ses réussites» dans «ses faire contre» avec l’appui d’autres (il peut compter sur eux), et toutes « ses réussites » dans «ses faire pour» le compte des autres (des autres qui peuvent compter sur lui). Aider les autres, être aider par les autres.

      Des autres toujours différents à chaque enjeu différent. Chaque enjeu détermine de nouveaux acteurs. Enjeux de voisinage, enjeux de travail, enjeux de couple etc … Les autres, d’une façon ou d’une autre, nous engendrent en tant que sujet : la forme de ces uns et de ces autres c’est la forme « acteurs » cad entité en opposition. Pour qu’il y ait un « faire pour », il faut nécessairement qu’il y ait un « faire contre ». Double pluralité de l’acteur : pour qu’il y ait un acteur, il en faut deux (deux groupes en opposition) ; et un acteur c’est un groupe (qui s’épaule, qui s’adosse les uns aux autres quelle que soit la forme sociale que cela prenne : la plupart du temps institutions car une institution dénote obligatoirement une collectivité : tribunal, syndicat, ami, mari, frère, ….) (institution collective car socialement cad réellement, le statut d’ami est différent de celui de père et de celui d’époux : ce ne sont pas les mêmes acteurs).

      La femme violée, sans appui en légitimité, cad la femme qui ne compte plus, pour personne (procès en impureté, reproche de déshonneur familial, accusations d’être complice, d’être allumeuse…) qui voit donc se fissurer les édifices d’appui banals de première ligne, cette femme se fissure en tant que sujet, car ce sont bien ces édifices qui l’instituaient en tant que sujet. La fissuration du sujet, c’est ni plus ni moins que ce qu’on appelle la dépression nerveuse. Le vouloir (intentionnalité) d’agir est anéanti par défaut de ce qui donnait « le pouvoir de vouloir », cad la légitimité.

      Voir la 6ième thèse sur Feuerbach de marx (il y a 11 thèses : ça tient sur 2 pages)
      https://instituthumanismetotal.fr/bibliotheque/PDF/marx-theses-sur-feuerbach.pdf

      1. Bonjour,
        Pour l’idée du père ou du mari  » protecteur », en théorie oui, mais dans la vraie vie permettez moi de douter sévèrement.Mes différents parcours de vie m’ont permis de côtoyer a peu près toutes les classes sociales (sauf la grande bourgeoisie) et que ce soit chez prolos, artistes, ruraux, petits bourgeois et autres j’y ai souvent vu des pères ou conjoints alcoolos ou défoncés très souvent violents (aussi bien physiquement que mentalement). J’ai souvenir d’un pote junkie qui avait un père psy et bonjour les dégâts et je me rappelle les réunions de gauchistes révolutionnaires en diable qui blablataient des heures et des heures sur la liberté de la femme pendant que Gertrude faisait la popote et en fin de soirée gérait les gosses car son « Che » d’amour était trop pété. Donc pour moi, je dis bien pour moi, l’homme protecteur ,n’a jamais existé (et je ne parle pas des incestes) il me parait donc difficile d’échafauder des théorie en partant d’une idée fumeuse , j’ai hélas eu beaucoup d’amies ou d’amis détruits par leur environnement familial et souvent le père (mais pas que) est en première ligne.
        Bonne journée à toutes et à tous les fracassés de la vie et merci à Ainuage pour les efforts de simplifications (de mon côté je fais des efforts de compréhension)

        1. Pour le « père », c’était un exemple qui, comme tu le montres, n’est pas une réalité systématique; mais c’est en principe attendu d’un père qu’il appuie sa fille, femme etc.

          Quand il y a carence paternelle, et c’est ce que je montre, la femme, la fille perd en effet un acteur sur lequel compter, dans lequel se consolider.

          C’est d’ailleurs ma conclusion (qui est encore sans doute insuffisamment claire) : l’acteur père-fille, cad un des édifices dont je parle, se fissure, avec un risque de conséquences négatives si tous les autres édifices (autres acteurs) en font autant. Un sentiment d’échec généralisé s’empare de la fille.

          En tout cas, merci de m’avoir lu avec un intérêt critique (et de faire des efforts de compréhension comme tu dis).

          De toute façon cette théorie est anti-intuitive, elle semble présenter les choses à l’envers.

  4. bonsoir à chacun ,, et à chacune ,,
    sur ce sujet d’une ‘gravité glaçante’ tel que le nomme éric,,il m’est difficile d’apporter beaucoup de mots!!

    pour moi, dameB ils viendraient rajouter aux Maux

    Maux ,,les notres,, et ceux de notre humanité ,,

    il y va là,,je pense de notre rapport à l’Autre..et d’OU?!! que nous nous tenions !!

    ,,je poserai seulement cette question ,

    ,qu’offrons nous à celui là ou celle là qui de l’instant,,(l’instant d’hier , l’instant de maintenant , de l’instant du demain à venir)vient à notre rencontre ?

    le sujet est grave et toutes ces réalités savent dépasser nos entendements ,nos faiblesses humaines ,,

    ses réalités évoquées avec autant de courage viennent faire chavirer l’émotion de nos intimités ,,

    qu’en reste t il de ces questionnements ?

    je Crois et je le Crains qu’Offrir en son Coeur et en son Ame un chemin de respect, d’écoute ,et de CE que l’on nommerait tout simplement Amour ne soit pas le Chemin le plus simple

    ,,il demande aussi d’affronter ses propres peurs ,

    ,,merci à nos deux amies , Aude et héléne qui de leurs présences avec une générosité de paroles, ici haussent le débat,,
    cordialement,

  5. Bonjour à toutes et à tous,
    Témoignage réellement prenant et analyse fine et juste. Lorsque l’on voit à quel point il est difficile pour des personnes d’un milieu social très favorisé de témoigner pour une multitude de raisons qui sont très bien exprimées dans ce témoignage, alors comment imaginer ce qu’il peut se passer dans les milieux pauvres et dans les campagnes ou tout le monde connait tout le monde et ce à des dizaines et des dizaines de kilomètres à la ronde. Je reprendrai donc un peu l’idée que je défendais lors de l’entretien du juge Durand c’est à dire qu’il n’y a pas ou tellement peu de structures pour aider les personnes agressées et les familles car il y a des familles qui écoutent et croient les personnes agressées (et qui n’ont absolument rien vu contrairement à ce que pense Evemarie) et qui se retrouvent totalement démunies pour aider du mieux possible la personne. Encore une fois le pénal n’est qu’une toute partie de réponse, l’aide aux personnes agressées et aux familles devrait être au centre.
    Quand à l’imprescriptibilité elle me semble juste car les personnes agressées subissent les conséquences de leur agression toute leur vie, de plus dans de nombreux cas d’incestes les souvenirs peuvent revenir des dizaines d’années plus tard. De plus comme il y a peu de reconnaissances et de prise en charges de ces personnes (encore une fois par manque de structures) beaucoup se retrouvent sous anxiolytiques et autre psychotropes divers qui les plonge dans une sorte de torpeur qui peut durer des années (je connais une personne qui est sous traitement depuis 25 ans). De plus ces traitement leur font prendre de 30 à 40 kgs ce qui fait que non seulement elles se sentent sales à l’intérieur mais leur image ne les incite pas à reprendre de l’estime et du courage surtout dans un monde ou les mannequins filiformes représentent les critères de beauté. Pour avoir rencontré beaucoup (hélas pour le beaucoup) de personnes agressées sexuellement il me semble que l’imprescriptibilité semble de mise.
    Quand au sempiternel argument, oui mais sommes nous bien sûr qu’elles disent vrai, ou comme l’argument avancé par Hérodocte que vu le nombre de témoignages , en plus au sujet d’une personne médiatique sommes nous bien certains qu’elles ne sont pas influencées……..Là on touche le fond soit de la bêtise ou de l’ignoble car Hélène Devynk explique très bien les conséquences d’un témoignage qui sont majoritairement dramatiques alors petit conseil aux avocats du diable en herbe ; vos gueules!!!!!!!!
    Merci à Ainuage de faire un peu plus clair, car le non éduqué que je suis a eu bien du mal à comprendre son commentaire et je me demande si j’ai vraiment compris ou vous vouliez en venir.
    Bonne journée à toutes et à tous , force et courage à toutes et tous les crève la faim avec une pensée encore plus forte pour toutes les victimes d’agressions sexuelles

    1. Approbation totale.

      (NB : je sais que je ne suis pas clair, peut-être parce je suis encore incertain sur le concept (pourtant à l’intérieur de moi, je suis en certitude : bizarre). Aussi, à force de macérer une question et sa réponse, on perd le chemin passé, qui est pourtant nécessaire à la communication. Je vais essayer d’être plus clair).

  6. merci pour cet entretien, cette dame est magistral, et aude l’interroge avec empathie, voila ce qui nous manque a NOUS les victimes, comme elle le dit la société nous veut victimaires, mais en vraie on est en colère, on se défend bcp après, et on est souvent plutôt nerveuse, surtout celles.ceux violé.e.s ou atteint.e.s dans l’enfance et en famille, la ou nous devrions etre protégé , certain.e.s d’entre nous avons été en enfer.. et ca nous rend nerveuse, pas cool, pas la victime rêvée, le moment victime c’est dure.. vaut mieux etre en colère, la conscience de ce qu’on a vecu, la conscience de la violence sociale a notre égard, de la violence des femmes , ca c’est le pire (pas de sororité pour les violée.e.s en famille, mm pas avec les fratrie, nous sommes les famille les moins lié), les vielles frustrées adorent défendre les violeurs, et mm en famille qd le violeur est exclus, la victime reste seule sans aide, la famille a tellement honte d’avoir accepter , et vu (forcement) le violeurs agir, que la.les victimes sont seule, jamais on nous écoute, par contre on nous croient , jamais vu de violée pas crue, mais la société , nos familles, s’en foutent.. et pire on nous juge, conne, pute, chiante.. et tt notre vie, est changer, pas de resilience, de mecs, d’ailleurs sur mes bulletin scolaire, on voie exactement quand les violes s’arrêtent, c’est si triste, les violes ralentissent le cervaux, la sidération dure plus que qq heure après, c’est long.. mes profs me jugaient lente, et des l’arrêt des violes, brillante, rapide, oui ca bousille nos vies, et le manqie d’amour c’eest rien a coté, les bobos qui pleurnichent parceque le maman les as pas aimé, ca ssuffit, nous nos meres nous aimaient pas et les peres peuvent violer, et famille CSP+, centralien et educ nat, pas des prolos. .

  7. Force 10 ce grand entretien. Une descente aux enfers. La gravité glaçante des faits relatés et de l’ampleur du phénomène laissent pantois, même pour un professionnel des médias.

    Que dire sinon soutenir et saluer le courage d’Hélène Devynck de payer le prix fort du témoignage et d’Aude Lancelin de relayer des combats d’avant-poste sur des sujets qui fâchent.

    J’ai écouté avec grande attention toute l’émission. Je me permettrai juste une mention tellement le sujet est délicat. J’ai relevé cette question : faut-il prendre le risque de dire ou pas ? Hélène Devynck le déconseille et avoue avoir agit avec une part d’inconscience quand elle s’est engagée dans ce combat. C’est de connaître le prix d’une parole libérée qui lui permet de dire cela.

    Je respecte entièrement son point de vue et le partage, autant que je loue sa part d’inconscience, car ses position et talent de journaliste lui ont permis de porter haut la voix de beaucoup qui n’ont ou pas les moyens et talents, ni d’autres choix que de se taire.

    Merci pour ce grand entretien qui ne laisse pas inchangé.

  8. Pour ceux qui voudraient voir à quoi ressemble un lieu de travail toxique dirigé par un prédateur, le film scandale fait entrer au cœur de la rédaction de la « puritaine » et « conservatrice » Fox News et sur les agissements de Roger Ailes qui ne sont pas sans rappeler ceux de PPDA et TF1 notamment le fait que des gens savaient et soit n’ont rien fait soit ont participé comme l’assistante de Roger :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Scandale_(film,_2019)

    Une chose n’a pas été dite sur le climat actuel de l’ère Metoo relativement à TF1. C’est que TF1 depuis la télé numérique, l’explosion des offres de streamings, la concurrence d’internet… n’est plus le grand groupe qui fait la pluie et le beau temps sur le PAF. Son journal de 20H autrefois appelé « la messe » du 20H et dans laquelle officiait donc PPDA à l’image d’un prêtre défroqué, rassemblait parfois plus de 15 millions de téléspectateurs pour un pays d’à peine 60 à l’époque. Ces temps sont aujourd’hui révolus et quelque part les accusatrices de PPDA peuvent remercier l’affaiblissement de ce groupe et du programme. Rappelons que la concentration, le monopole, n’est jamais bon. Cela étant dit avec le rapprochement de TF1 et M6, la concentration dans les médias, on peut craindre une nouvelle omerta à l’échelle française même si heureusement qu’internet reste plus ou moins libre. Cependant le précédent du Covid 19 peut poser question, tout comme celui de la guerre en Ukraine… de là à penser que Zuckerberg ou Twitter… vont interdire Metoo un jour ? Rappelons que Musk qui vient de racheter Twitter a lui aussi son scandale sexuel.

    Sur le fond de l’affaire PPDA semble de toute évidence une personne malade. Une sorte de boulimique du sexe qui le consomme de manière gloutonne sans appréciation (d’ailleurs rappelons qu’un rapport non consenti ne peut foncièrement pas être épanouissant, c’est simplement la satisfaction d’une pulsion), pour remplir un vide qu’il ne remplira jamais. L’aliment femme est vomi, ou jeter après usage. Ce trouble psychique n’est pas sans rappeler l’anorexie dont souffrait sa fille (c’est moi ou Hélène Devynck à laisser penser que l’anorexie de la fille de PPDA pouvait être la conséquence de la maladie sexuelle du père, donc que sa fille a peut-être aussi été victime ?) Si en plus on ajoute que comme beaucoup de personnages publics, il est peut-être narcissique ce qui provoque un défaut d’empathie pour les autres et ses victimes. Pire qu’il se croyait dans son délire pour un tombeur ou un homme à succès… on peut réaliser la difficulté pour lui de bien comprendre ce qu’il se passe ou s’est passé. Et donc le fait qu’il se défende si bien. Ce genre d’addiction peut se traiter de nos jours, mais encore faut-il reconnaître que l’on a un problème et que cette sexualité n’en est pas une mais est un symptôme d’un mal plus profond. Le fait de s’être retrouvé en position de force dans une rédaction et une entreprise qui lui était soumis, se sentant tout puissant et intouchable n’a pas dû aider. C’est là où il faut ressortir comme au foot, que nul ne devrait être au-dessus de l’institution. Hélas dans le sport, les médias, l’art… la personne peut incarner l’institution.

    Cela n’excuse pas son comportement mais permet de rappeler que les personnes sans doute les plus coupables dans ce genre de cas sont « le terreau », toutes les personnes qui savaient et n’ont rien fait. Alors que savaient-elles ? pensaient-elles que PPDA les tombait toutes grâce à son charisme, son charme, sa culture (bon clairement ce ne pouvait être pour ses qualités d’Appolon quoique les goûts et les couleurs…) et que les femmes étaient « consentantes » ? ou ne pouvaient-elles ignorer à l’instar de l’assistante de Roger que c’était bel et bien de l’abus d’autorité, l’utilisation d’une position et d’un « réseau » (on comprend par exemple pourquoi il faisait cela dans son bureau de TF1, lieu qui lui donnait de l’autorité et lui permettait d’utiliser la structure à ses fins personnelles et non professionnelles). C’est à chacun de savoir avec sa conscience.

    La mention de Michèle Cotta alias Madame promue grâce à Mitterrand qui l’aurait fait passer à la casserole ne manque pas de croustillant. En plus dans le rôle de la défenseuse de la cause féminine… et pourquoi pas citer Catherine Nay pendant que l’on y est ? Il faut bien comprendre que le journalisme comme actrice comme d’autres métiers type hôtesses… ont longtemps été occupées par des femmes jeunes et jolies qui pour être recrutées, gravir les échelons plus vites ou juste conserver leurs places dans des structures où les hommes (et par hommes comprendre l’homme blanc) étaient aux manettes ont trainé des réputations sulfureuses. De sorte que quand certaines filles disaient à leur père je veux faire actrice, il leur disait tu veux faire pute. Goebbels déjà sillonnait les plateaux du cinéma de propagande pour trouver sa prochaine maitresses (Weinstein n’a rien inventé). Et les rédactions pour certains politiques, ou certains patrons étaient cela, des pièges à filles. Et dans ce contexte, cette culture, bien malins qui pourrait dire quand la fille était pleinement consentante ou utilisait le sexe pour son ascension sociale ou n’était pas consentante et agressée sexuellement ? Je pense qu’hélas outre le fait que beaucoup des faits de PPDA, mais n’oublions pas Hulot par exemple soient prescris, arriver à prouver l’agression ou le viol peut dans bien des cas être ardu. Parce qu’il faut des éléments matériels en droit si on ne veut pas se retrouver parole contre parole… et dans ce cas il est impossible de départager, sauf à faire comme aux USA et détruire la crédibilité d’une des partie en enquêtant sur sa vie et en ressortant des cadavres enfouies du placard. Souvenons-nous par exemple de l’accusatrice de Luc Besson qui a été déboutée avec pourtant un dossier non prescris et des éléments de preuves comme le rendez-vous professionnel dans une chambre d’hôtel. Or il est hélas possible que les ambitions fassent que certaines acceptent l’inacceptable. Et ce n’est pas propre qu’aux femmes, certains hommes aussi sont dupés par leurs ambitions, si bien qu’ils fassent des choses qu’ils n’auraient pas fait. Et cela c’est la nature humaine, sans parler de l’expérience de Milgram et de la fameuse soumission à l’autorité.

    Si on veut en finir avec cela, il faut bien évidemment faire un constat lucide faute de quoi rien ne changera. Il faut commencer par assainir les espaces de travail, cela peut être fait avec des bureaux ouvert sur l’extérieur, pas de clés, des caméras…. mais surtout il faut assainir les esprits, rappeler aux gens qu’ils sont tous en définitif responsables de leurs actions et de leurs ambitions. Et que s’il est légitime pour une femme de vouloir exercer ces métiers (actrices, journalistes…) ou tout simplement travailler, cela ne doit pas les amener à accepter n’importe quoi ou considérer qu’il n’y a pas d’alternatives dans la vie. Moi je n’ai jamais été témoin de ce genre de choses mais une fois une collègue m’a dit que lors d’un recrutement, le recruteur lui a proposé un poste en échange d’une faveur sexuelle, elle est partie, n’a pas eu le poste et a continué sa route. Il y a toujours d’autres entreprises, d’autres pays, il y a la possibilité d’être son propre patron, et il y a la possibilité de changer de voie. Ce qui est vrai pour les femmes est tout aussi vrai pour les hommes, et le prix de la liberté et de la dignité peut être élevé. Mais sans doute vaut-il toujours d’être payé.

    Sur l’imprescriptibilité des faits de viols. Je pense que la prescription juridiquement est la matérialisation du fait que les êtres oublis et ne peuvent plus se défendre passer un temps. A partir de là comment procéder à un vrai procès si en plus les éléments matériels ont disparu, par exemple supposons que le bâtiment où a lieu l’agression n’existe plus, que les éventuels témoins sont morts…? Je ne suis pas convaincu que dans ces conditions quelque crime que ce soit puisse être imprescriptible en droit. Si on veut réellement faire des procès en droit et pas des simulacres de justice. Qui pourrait par exemple se souvenir d’un jour particulier, de sa vieille ou de son lendemain, 50 ans après les faits ? A partir de là je crois qu’il vaut mieux habituer les gens à porter plainte le plus tôt possible et à se faire aider quand ils sont victimes d’un évènement traumatique, parler quand ils vivent un traumatisme que ce soit avec leurs proches ou des professionnels. Libérer le plus vite la parole, et la conscience… notamment pour ne pas avoir de dépression…. Voir un psychiatre, un psychologue… de sorte que les verrous qui se mettent en place parfois lors d’un traumatisme sautent le plus rapidement possible. Je ne crois pas que ce soit sain de juger des personnes âgées qui parfois sont grabataires et ne peuvent pas se défendre. Soit on recherche la justice, soit on cherche la vengeance, ce sont deux choses distinctes. Les tribunaux devraient rendre la justice. Et l’ingénierie juridique qui a été utilisée aux USA lors du procès R Kelly pour faire sauter la prescription (utilisation de lois contre la mafia pour un artiste) est des on ne peut plus douteux d’un point de vue juridique. Si cela c’était passé ailleurs qu’aux USA, en Iran par exemple peut-être que cela aurait fait plus parler. Il faut bien comprendre que les manipulations juridiques créent des précédents qui à terme pourraient toucher tout le monde pour n’importe quoi. Il faut raison garder. S’il est normal de donner du temps aux mineurs victimes pour être suffisamment adulte pour porter plainte. Je crois que les adultes devraient avoir des actions limités sauf bien sûr les cas où ils sont handicapés, malades… et ne peuvent se défendre.

    Enfin sur le fait qu’il y a de nombreux témoignages concordants, je vais me faire l’avocat du diable, désolé, mais comment savoir si les victimes ne se sont pas influencées ? Qui sait quand elles se sont rencontrées ? Qui sait les éléments qu’elles ont lu dans la presse ou autre… cela ne peut faire office de preuve dans le cas présent. Si on a 10 femmes des 4 coins de la France qui ne se sont jamais rencontrées ne sont pas publiques… là OK çà fait preuve. Mais sur l’affaire publique PPDA à l’ère d’internet tout est hélas possible.

  9. Tant qu’une personne, cad un sujet (ici mme Devinck), n’est pas acteure, elle ne peut agir : un sujet n’agit jamais, car par définition un sujet est assujetti, cad qu’il n’est rien ! Rien. Les sujets du roi n’étaient rien, sinon des faire-valoir du roi.

    « Oh Oh ! Voilà une affirmation bizarre et choquante » pensera-t-on ! « la négation du sujet ? quelle abjection ! » ; « elle n’avait qu’à agir la Devinck, se défendre, porter plainte à l’époque de son viol, et comme cela elle aurait été acteure, et il n’y aurait pas eu prescription ! ».

    Non ! réponds-je ! Ca ne marche pas comme cela. On n’est pas acteure parce qu’on agit ; on agit parce que préalablement on est acteure !

    « Oulala ! qu’est-ce que c’est encore que ça ? »

    Avant d’agir, il faut préalablement être acteure. Et être acteure signifie être nombreuses, cad que chacune sente, intuite, que sur son enjeu (la dénonciation, la réparation du viol, et j’irai jusqu’à dire la résistance lors du viol – mais là, je suis moins sûr) elle n’est pas seule : inutile de connaitre physiquement toutes ses soutiens ; se sentir, se vivre acteure sur un enjeu (chaque enjeu détermine une acteure spécifique) c’est sentir de l’approbation autour de soi, du soutien ! seulement alors on se sent de passer à l’action, on se sent légitime et capable de passer à l’action.

    Mais il y a une autre condition : on ne peut être acteure, cad être en pouvoir et en vouloir d’agir, que si en face il y a résistance, difficulté : c’est d’ailleurs cette opposition qui fait qu’il y a enjeu, cad une « visée » et une « résistance à la visée » ; cette résistance d’en face, ce deuxième acteur nécessaire au trouble et à la réponse au trouble, ce deuxième acteur donne corps au premier ; et cet acteur, c’est le coupable et son clan ! l’acteur d’en face ! Si en face, il n’y a pas de violeur, ou si il n’y a pas les soutiens que celui-ci intuite, il n’y a plus d’acteur donc plus d’acteure non plus. Double pluralité de l’acteur(e).

    Quels sont les soutiens que ce deuxième sujet intuite et qui le constitue comme acteur ? La jurisprudence, l’environnement professionnel, et les systèmes organiques qui les soutiennent ; la loi qui veut des preuves (avec raison sans doute !?) ; mais aussi les autres hommes (l’idéologie générale et non pas l’intérêt général) qui fomenteront une suspicion de délire, d’hystérie, ceux qui voient des chaudasses partout comme Charcot et ses folles, et à sa suite Freud idem. C’est dans le marigot du freudisme que des traitres comme mme Badinter puisent leur force, leur inspiration : le freudo-lacanisme reste un acteur extrêmement puissant en France. En France : Badinter, Roudinesco, Dolto ! Du malheur de naitre en France quand on est une belle femme.

    NB : l’acteure fort peut aussi générer des simulatrices (désolé pour les femmes victimes) tout comme l’acteur fort génère des profiteurs.

    1. Oualou!

      J’ai l’habitude des virevoltes et des vrilles, des piqués en pointe et des falaises escarpées mais là j’ai eu du mal à vous suivre et mis du temps à trouver ou poser mes ailes pour me laisser porter. J’ai cru comprendre in fine que vous dénonciez le caractère systémique de la situation et ses enchaînements pernicieux.

      Toute personne qui veut agir ne peut que se retrouver en but au système, et se retrouve relégué hors ipso facto pour éviter l’effondrement de l’édifice. Le combat change de ligne de front, d’assiegé en revolte il devient assault mais contre une citadelle contre laquelle il a l’air d’une mouche.

      Le nombre est-il à ce point déterminant dans la lutte ? Je pense que oui mais les effets de seuil dépendent de l’effet de levier. Une seule voix forte peut en valoir mille. Et à l’être d’internet des réseaux et des phones, la donne à changé. La sensibilisation et le basculement d’esprits en conscience a opèré. Des voix courageuses s’élèvent, d’autres les relayent; les mots font leur chemin les maux avec.

      S’agissant de sujets qui soulèvent l’irrationnel en l’homme, comment d’étonner que l’inconscient soit convoqué ? Freud et Lacan ne sont pas à ignorer, ni Dolto. Ils ne sont plus de notre époque. Leurs paradigmes n’étaient pas les nôtres mais des constantes demeurent. Leurs clefs ouvrent encore des portes. Je pourrais citer aussi Jung. La psyché humaine est complexe et extrêmement plastique. Certains individus sont des archétypes que l’on pourrait croire tout droits sortis d’une analyse freudienne et en même temps, ce qui nous sauve de toutes ces representations, c’est la part inaliénable et irréductible qui gît en chacun. Ce point minuscule et noir de Rien du tout dont tout peut toujours surgir.

      1. Il faudrait que je rédige quelque chose de plus clair, en effet !

        Ce n’est pas évident d’assembler psychologie et sociologie (perso je suis du côté « sociologie » qui pour moi est LE SEUL chemin pour éclairer la psychologie. Je récuse le terme « psycho-sociologie » et le remplace par « socio-psychologie ».

        Autant dire que pour moi Freud, Lacan, Dolto, c’est poubelle !
        Pour Jung c’est un peu différent. Sa notion d’inconscient collectif me parle évidemment, car ce qui fonde un acteur c’est OBLIGATOIREMENT une « certaine multitude » qui partage un même enjeu, une même position « sans forcément en avoir clairement conscience et sans forcément se connaitre ».

        En effet, si les membre de la multitude ne se connaissent pas forcément, par contre ils se devinent (« s’intuitent »), et ce par des manifestations :
        (exemple internet et ses commentaires)
        (exemple le nombre de manifestants dans la rue pour un certain enjeu)
        (exemple les réactions, les émotions communes à propos d’une certaine information sur des scandales, des attentats, … Durkheim parle d’approbation ou de désapprobation sociale)
        (exemple la suspicion commune que manifestent des hommes -et aussi des femmes- envers certaines femmes « violées »);
        Il existe de multiples signes d’approbation qui donnent légitimité à l’enjeu ; on se sent légitime (cad acteur) quand on pense que le « sens commun » est avec nous par exemple !
        On va défendre une coutume parce que c’est une coutume cad quelque chose de partagée !
        La loi est aussi une des manifestations ordinaires de la multitude : lorsque quelqu’un, dans une querelle, dit « je suis dans mon bon droit », il signifie par là que tout le système judiciaire cad la société est « avec lui ». Ca donne une force considérable (acteur fort). Quand on est « en tort » dans cette même querelle, d’évidence on « la ramène » moins, car personne ne nous soutiendra (acteur faible).

        Voilà pour une réponse rapide. Ce n’est pas forcément une histoire de « système », mais ça peut l’être. Je ne me réfère que très peu à l’ouvrage intitulé « l’acteur et le système » qui concerne beaucoup trop l’entreprise.

        Ce qui est difficile à comprendre c’est que c’est ce type de rapports sociaux qui fondent le sujet, et non l’inverse. A la naissance le bébé n’est pas un sujet; c’est un animal qui fonctionne sur le mode réflexe (là je vais me faire tuer par les lectrices); il devient sujet dans ses rapports sociaux à la mère (ou autre éducateur); sa conscience se développe alors. Il peut ainsi fonctionner sur un mode intentionnel.

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