« Il est très compliqué de savoir comment on va se sortir de l’épisode Covid, unique dans l’histoire de l’économie » par David Cayla

25/09/2021

Faut-il craindre une crise économique majeure en 2022, voire l’éclatement d’une bulle financière? La faillite en cours d’un géant immobilier chinois présente-t-elle des risques pour le monde entier? Le pire est-il encore à venir pour la zone euro? L’économiste David Cayla a répondu à toutes nos interrogations dans un grand entretien accordé à QG

Les indicateurs économiques semblent être au vert en France, avec une croissance estimée à 6,3% du PIB et un taux de marge record pour les entreprises. Est-ce le signe que tout va mieux dans la meilleure des reprises économiques ? Pour QG, l’économiste David Cayla, membre du collectif les Économistes atterrés, alerte sur le haut niveau d’incertitudes macroéconomiques actuel, notamment en raison des faillites qui se profilent, de la situation internationale incertaine, autant dans la zone euro qu’en Chine, ou encore des craintes de krach boursier, lié à une éventuelle fin de politiques monétaires extrêmement accommodantes. Interview par Jonathan Baudoin

David Cayla est économiste à l’Université d’Angers, membre du collectif Les Économistes Atterrés, et auteur de « Populisme et néolibéralisme »

QG : En raison des perspectives de croissance pour 2021, le gouvernement table sur un retour au « niveau d’avant-crise » à la fin de l’année. Est-ce crédible selon vous ?

David Cayla : Non. Quand on a eu une chute du PIB d’environ 8% en 2020 et qu’on a une croissance de 6,3% en 2021, cela signifie qu’à la fin de l’année 2021 on sera en-dessous du niveau de 2019. Certes, la croissance annoncée semble très forte, mais en réalité à la fin de l’année 2021 on se retrouvera à un niveau de PIB de près de 2% inférieur. Non seulement on ne reviendra pas au niveau d’avant crise, mais en plus on ne reviendra pas à la tendance antérieure, celle d’une croissance annuelle de l’ordre de 1%. Dans le meilleur des cas, on ne peut espérer effacer la crise qu’en 2023 ou 2024. Par rapport aux autres pays de monde, et notamment aux États-Unis, l’Union Européenne et la France connaissent au demeurant un niveau de reprise d’activité plus faible.

QG : Dans son rapport du 1er septembre, l’Autorité européenne des marchés financiers attire l’attention sur un risque de krach financier, en raison notamment de l’évolution de l’inflation et de la valorisation des actifs financiers. Peut-on craindre l’éclatement d’une bulle et quelle pourrait être son ampleur ?

On est vraiment dans le noir. C’est très compliqué de savoir comment on va se sortir de cet épisode unique dans l’histoire de l’économie. On a quand même connu un arrêt brutal de nombre de secteurs de l’économie. En France et dans la plupart des pays développés, cet arrêt s’est accompagné d’un soutien très important de la part de l’État pour compenser les pertes et éviter un effondrement. Mais ce soutien public a souvent pris la forme de prêts et s’est accompagné d’une forte hausse de l’endettement public. Concrètement, au niveau financier, ce qui va se passer est assez difficile à savoir. On peut avoir une partie des dettes privées qui ne seront pas remboursées, donc des faillites, notamment dans les secteurs très touchés que sont la restauration, le tourisme, la culture, etc.

L’autre incertitude est celle que pointe le rapport que vous citiez, à savoir la question de l’inflation. Celle-ci est due en grande partie à la difficulté qu’ont certains industriels à s’approvisionner en matières premières ou en composants industriels qui sont nécessaires à leur production. Les chaînes de production ont été en partie endommagées, c’est-à-dire qu’il y a un certain nombre de sous-traitants qui ne produisent pas ou plus, qui sont confrontés à des ruptures de stock. Cela entraîne une hausse des prix dans ces secteurs liée à une raréfaction des ressources.

Prévisions d’évolution de la dette publique française jusqu’à 2022, Insee

Toute la question est de savoir si cette hausse des prix est conjoncturelle, si elle durera seulement quelques mois le temps que s’organise la reprise, ou si elle est structurelle et durable. Si la tension sur l’offre persiste, c’est-à-dire si la production peine à satisfaire une demande qui augmenterait soudainement parce que les ménages décideraient tous ensemble de diminuer leur épargne, alors il pourrait y avoir une hausse des prix durable. Le risque serait alors que les banques centrales soient amenées à augmenter leurs taux d’intérêt, ce qui pourrait entraîner une forte baisse des cours des actifs financiers. Ce n’est cependant pas le scénario le plus probable.

Si je résume, il y a plusieurs risques. Un risque d’endettement public et privé lié à la crise du Covid, et le risque du retour de l’inflation qui pourrait entraîner la fin des politiques monétaires extrêmement accommodantes. Dans ces deux cas il pourrait effectivement y avoir une crise financière, mais à vrai dire personne n’en sait rien. Il est très difficile d’avoir des certitudes parce qu’on est confronté à une crise unique dans l’histoire économique et qu’en plus la reprise ne se fait pas au même rythme partout dans le monde. Enfin, rien ne dit que les vagues épidémiques soient définitivement derrière nous.

QG : Faut-il anticiper une crise économique par ricochet, et dans ce cas, quels en seraient les signes avant-coureurs, en-dehors de la sphère financière ?

Le premier signe avant-coureur c’est le nombre de faillites dans le secteur privé. Avec la fin des mesures d’aide, on pourrait observer la multiplication des faillites de petites entreprises, en particulier dans les secteurs les plus affectés par la crise. Il faut surveiller cela avec attention et éviter que des entreprises rentables et efficaces ne soient emportées par la vague. Il y aura forcément une hausse des faillites, car les mesures d’aides ont protégé un certain nombre d’entreprises de la liquidation. Toute la question est de savoir si ces faillites pourront être facilement absorbées, ou non, par les créanciers.

Deuxièmement, il faut regarder ce qui se passe dans le secteur financier. Si l’énorme épargne se réduit, le risque pourrait être, pour l’État, d’avoir des taux d’intérêt qui remontent parce que les ménages se mettraient à désépargner. Ce serait bien pour l’économie d’un côté, mais cela pourrait rendre plus difficile, pour l’État, de trouver des acquéreurs pour financer sa dette publique. Dans ce cas, faute d’intervention de la banque centrale, il pourrait y avoir une hausse des taux d’intérêt.

L’autre chose qu’il faut regarder, c’est ce qui se passe aux États-Unis car ce sont eux qui, en général, déterminent les politiques qui vont arriver ensuite sur le continent. Et là, la question qui va se poser est de savoir si les États-Unis vont continuer à soutenir massivement l’économie, comme ils l’ont fait jusqu’à présent. Les politiques budgétaires expansionnistes vont-elles se poursuivre ? La politique monétaire restera-t-elle très accommodante, permettant aux entreprises d’investir à moindre coût ? Tant qu’on reste dans le schéma présent aux États-Unis, l’Europe n’a pas trop de soucis à se faire parce qu’il n’y a pas de raison, vu qu’on est en retard au niveau de la croissance, qu’on freine avant eux. Si les États-Unis commencent à freiner un peu le soutien public à l’économie, cela pourrait enclencher un début de retournement des politiques.

Aujourd’hui, on est dans une situation où les États dépensent encore beaucoup car on veut à tout prix éviter les erreurs de 2011 et accompagner franchement la reprise. Si on commence à changer de logique, cela pourrait entraîner un changement de comportement dans le secteur financier et engendrer un krach. Aujourd’hui, tout le monde essaie de placer son épargne, ce qui fait beaucoup baisser les taux et augmenter le prix des actifs. Si les gens commencent à désépargner, à changer de comportement, l’équilibre fragile dans lequel nous sommes pourrait se rompre.

QG : Ne faut-il pas avoir un regard sur ce qui se passe en Chine, avec le risque de faillite du promoteur immobilier Evergrande, pouvant générer une mauvaise passe pour l’économie chinoise, et enrhumer le monde entier par la suite ?

Pas directement. C’est-à-dire que s’il y a une crise financière en Chine, ce qui est tout à fait possible, même si c’est très difficile à prévoir, il est peu probable que cela affecte directement la finance mondiale. Le système financier chinois est très opaque. Il existe des interférences importantes entre le PC chinois, les grandes entreprises, les gouvernements locaux, et l’État lui-même. On pense depuis très longtemps qu’il y a de grandes chances pour qu’une crise financière apparaisse en Chine, notamment dans le secteur immobilier, qui vit une spéculation effrénée depuis plusieurs années. Par contre, il est peu probable qu’une faillite financière chinoise touche directement le monde occidental parce que le système financier chinois, par son opacité et son protectionnisme, fait qu’il est peu imbriqué avec le reste du monde. En fait, les banques des pays développés – américaines, européennes, japonaises – ne détiennent pas beaucoup d’actifs financiers chinois, donc ne sont pas directement menacées par une éventuelle crise financière chinoise.

Néanmoins, si elle devait advenir, une crise financière en Chine pourrait pénaliser l’économie mondiale indirectement. La Chine n’est pas qu’un pays avec une structure financière défaillante; c’est aussi l’atelier du monde, un pays qui produit beaucoup de composants nécessaires aux industriels du monde entier. Ainsi, un effondrement financier chinois pourrait entraîner une crise économique, la fermeture d’entreprises, des troubles sociaux qui sont susceptibles de poser des problèmes à l’échelle mondiale puisque nous sommes, en partie, dépendants de la Chine pour notre production industrielle.

Allocution d’Emmanuel Macron en mars 2020 annonçant la politique du « Quoi qu’il en coûte »

QG : Plusieurs économistes et investisseurs s’inquiètent de la montée de l’inflation dans la zone euro, mais la Banque centrale européenne n’estime ne pas avoir à intervenir pour le moment car cette poussée inflationniste serait « temporaire ». Partagez-vous cette réflexion de la part de la BCE, et pourquoi ?

Je pense que la Banque centrale européenne a raison de ne pas paniquer. Il y a, effectivement, une petite inflation, mais elle est faible. En France, on parle d’une inflation de moins de 2%. On est en-dessous du niveau d’inflation normal pour la BCE. Dans certains pays, elle est un peu plus élevée. Mais globalement, il s’agit d’une inflation en partie liée aux difficultés d’approvisionnement, de production, elles-mêmes en partie liées à la crise du Covid et aux changements de comportement des consommateurs. Quand on dépense moins d’argent dans le tourisme, dans les voyages, on va le dépenser ailleurs. Cela crée forcément un problème d’adaptation à la nouvelle demande des consommateurs.

Qu’il y ait un peu d’inflation en raison de la crise importante que nous avons subie ne veut pas forcément dire qu’il va y avoir de l’inflation dans les années à venir. Je pense qu’avant de hurler au retour de l’inflation, de serrer la vis et d’arrêter des politiques monétaires accommodantes, il faut vérifier si cette inflation dure ou si elle est limitée dans le temps. Pour l’instant, à chaque fois qu’on a dit qu’il y avait un retour de l’inflation, on s’est trompé. Cela fait plus de 30 ans qu’il n’y a pas de forte inflation dans le monde développé. Les épisodes inflationnistes n’ont jamais été durables parce que le rapport de force capital/travail reste en faveur du capital. Je veux dire par là que les salaires n’augmentent pas beaucoup et qu’ils augmentent moins en moyenne que l’activité économique. De plus, la concurrence internationale est très forte dans les entreprises. On pourrait même estimer que l’inflation est trop faible par rapport à ce qu’elle devrait être. On a un objectif de 2% d’inflation en Europe et on est structurellement en-dessous depuis de nombreuses années.

QG : Est-ce que la crise du Covid-19 a accentué les divergences économiques au sein de la zone euro, telles que vous les aviez décrites dans votre dernier essai Populisme et néolibéralisme (éditions Deboeck) ?

Il est encore un peu tôt pour le dire. Néanmoins on constate que dans les pays d’Europe du Sud, les perdants du marché unique, sont ceux dans lesquels le tourisme est une composante importante de l’économie : la Grèce, l’Italie, l’Espagne. De ce fait, ils ont été très fortement touchés par la diminution drastique du nombre de touristes. Si les flux européens de voyageurs restent importants, le nombre de touristes venant d’Amérique ou d’Asie s’est beaucoup réduit. Ces pays d’Europe du Sud avaient subi une forte désindustrialisation avant la crise du Covid ; avec la crise actuelle ils subissent un deuxième choc, celui de la baisse de l’activité touristique qui les a évidemment plus affectés que l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas.

Le deuxième élément qu’il convient d’évoquer c’est qu’il y a eu un effet vaccin. Quand on regarde l’évolution de la production industrielle en Europe, on s’aperçoit que la Belgique a connu une hausse de 25% de sa production industrielle depuis 2020, essentiellement due au fait que c’est là qu’on produit les vaccins Pfizer. Or, les centres de production de Belgique alimentent le monde entier, puisque les usines qui sont aux États-Unis sont réservées au marché américain. Cet effet vaccin avantage un pays qui est au cœur de l’Union européenne.

La troisième chose qu’on constate c’est que l’activité industrielle allemande souffre encore, notamment l’industrie automobile. Là, on a un pays qui, a priori, s’était plutôt mieux sorti que les autres de la crise du Covid et qui faisait partie des grands gagnants du marché unique. Pourtant, il semble aujourd’hui souffrir davantage que d’autres pays, parce que les chaînes de production tournent parfois au ralenti, en raison du manque de composants électroniques qui sont nécessaires pour produire des voitures et sur lesquels il existe de fortes tensions de production. Par ailleurs, les exportations sont plus difficiles, or l’Allemagne est un grand pays d’exportation. On a vu que l’aéronautique a subi une crise assez forte, les compagnies aériennes ayant arrêté de commander des Airbus. Cela touche l’industrie française, mais aussi l’Allemagne qui produit beaucoup de composants d’Airbus. Autant la Belgique s’est renforcée grâce à Pfizer, autant l’Allemagne se trouve dans une situation plus fragile qu’en 2019, à cause de la difficulté de réorganiser ses chaînes de production et à cause de son modèle économique tourné vers les exportations.

Un dernier élément pour achever ce panorama : les pays d’Europe centrale s’en sortent plutôt bien. Ainsi, la Pologne continue d’avoir une croissance industrielle très forte qui poursuit sa tendance d’avant crise. C’était le pays qui avait la plus forte croissance industrielle en 2019 car il bénéficiait du flux de délocalisations internes en Europe. Il a très rapidement récupéré sa croissance industrielle ; sa production à faible valeur ajoutée apparaît moins sensible que la production industrielle allemande aux ruptures d’approvisionnement dans les semi-conducteurs. Comme c’est un pays où la main-d’œuvre est très peu chère, il profite également des stratégies de relocalisation des industriels européens.

Usine de production Pfizer en Belgique, 2021

QG : Bien que nombre d’entreprises, notamment dans la restauration, le tourisme, soient menacées de fermeture, peut-on dire que d’autres entreprises sont sorties gagnantes de la crise, étant donné leur taux de marge record début 2021, selon les données de l’Insee ?

La situation est meilleure que ce que je craignais il y a un an. Mais attention, on regarde une moyenne. Clairement, le taux de marge des entreprises n’a jamais été aussi haut depuis les années 50. C’est dû essentiellement au soutien très fort qu’a apporté l’État à l’ensemble des entreprises. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de faillites, parce qu’il y a de nombreuses petites PME qui continuent d’être très touchées. Par exemple, le tourisme ne repart pas, ou en tout cas pas au même rythme que celui qu’il connaissait avant 2020. Les touristes chinois ne quittent plus leur pays en raison de mesures de quarantaines très strictes. Par ailleurs de nombreux de pays ont un taux de vaccination faible. Pour les touristes venant de ces pays la contrainte du pass sanitaire se pose. Dans ces secteurs qui restent touchés par la crise, il pourrait y avoir un nombre important de faillites dans les mois qui viennent avec la cessation progressive des aides publiques.

Reconnaissons tout de même que le « quoi qu’il en coûte » a été assez efficace. S’il y a des faillites, il est probable qu’elles seront limitées aux secteurs les plus touchés et possiblement absorbables par le secteur financier. Néanmoins si, dans ce contexte de grande incertitude, la demande mondiale cale ou si une crise financière apparaît en Chine ou ailleurs, il est possible que la reprise s’enraye. Il existe donc de nombreuses incertitudes. Encore une fois, on est sur une mécanique de sortie de crise qui est entièrement nouvelle puisque nous n’avons jamais connu une telle situation. De plus, il est assez difficile de connaître la solidité réelle des entreprises. On sait qu’en moyenne, elles ont beaucoup augmenté leurs marges parce qu’il y a des entreprises qui n’ont pas du tout souffert de la crise et qui ont bénéficié d’aides conséquentes. Mais qu’est-ce qui se cache derrière cette moyenne ? Est-ce qu’il n’y a pas des éléments de fragilité derrière ? C’est difficile à savoir. On peut donc difficilement avoir des certitudes.

QG : Est-ce que la décision d’augmenter le Smic de 34,20 euros par mois au 1er octobre est efficace économiquement et socialement selon vous ?

Augmenter le Smic est toujours efficace socialement ! C’est, sans doute, la meilleure mesure qu’on peut prendre pour augmenter les bas salaires et améliorer le pouvoir d’achat des 40% des ménages les plus pauvres. Ça, on le sait. Par ailleurs, augmenter le Smic ne pénalise pas vraiment l’économie française. Toutes les études qui ont été menées sur la relation entre chômage et salaire minimum montrent que la hausse du salaire minimum, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, n’augmente pas le chômage. Enfin, le salaire minimum ne concerne pas beaucoup l’industrie qui est en concurrence avec le reste du monde. D’abord, la part des salaires dans la valeur ajoutée y est plus faible ; ensuite les salaires sont généralement bien supérieurs au Smic. C’est donc globalement une bonne mesure que d’augmenter le Smic.

Néanmoins, notons que 34 euros par mois de plus, ce n’est pas grand-chose. Le gouvernement, comme souvent, fait le minimum. Si on souhaitait vraiment faire progresser les salaires et limiter les inégalités, il faudrait augmenter davantage le salaire minimum. D’autant que les smicards consomment l’essentiel de leurs revenus. Donc toute hausse du Smic se traduit par une hausse similaire de la consommation et des revenus des entreprises, ce qui est toujours bon pour l’économie.

Propos recueillis par Jonathan Baudoin

David Cayla est économiste à l’Université d’Angers, membre du collectif Les Économistes Atterrés. Il est l’auteur de Populisme et néolibéralisme et de L’économie du réel, tous deux parus aux éditions De Boeck.

À lire aussi

Laisser un commentaire