« Le film d’horreur ira jusqu’au paroxysme final » par Alain Accardo

02/10/2021

Le point de non-retour a été dépassé pour l’humanité. Nous ne pourrons pas plus faire marche arrière en matière de réchauffement climatique, qu’en matière d’épuisement des terres rares, ou de recul de nos vertus les plus anciennes. Tout est à revoir de fond en comble, sans quoi la fin du monde interviendra « dans quelque temps » et ce ne sont pas les transhumanistes à la Elon Musk qui nous en sauveront. Un texte pessimiste et superbe du sociologue Alain Accardo pour QG

Pour un esprit bien informé des malheurs de notre temps, il devrait être clair que la probabilité d’y porter efficacement remède est désormais pratiquement inexistante. C’est là le résultat le plus certain de la dernière grande révolution structurelle de notre histoire : la mondialisation capitaliste, avec tous ses effets, que les théoriciens du social avaient commencé à subodorer au XIXe sans pouvoir encore les imaginer en vraie grandeur, comme nous en avons le triste privilège.

En effet, tant que de par le monde, au long des siècles, l’état d’arriération et de sous-développement des populations premières, de morcellement et de désagrégation des royaumes et des empires, avait laissé encore une possibilité de confrontation entre fractions « barbares » (moins évoluées)  et fractions « civilisées » (plus évoluées) de l’espèce humaine, ce processus dialectique avait entretenu l’apparence d’un « progrès » civilisationnel lié à une diversité effective des modes de vie et d’organisation des peuples. Il y avait toujours, quelque part dans l’oekoumène, des populations décrétées « primitives », qu’il convenait de tirer de leur « primitivité » (ou de leur « sauvagerie », ou de leur « retard » de développement), en profitant de l’occasion pour les spolier de leurs biens, de leur liberté et de leur identité, pour le plus grand bonheur des impérialistes et esclavagistes, de toute envergure.

La mondialisation capitaliste a mis fin à toute « primitivité » déclarée des uns par rapport aux autres, en homogénéisant toujours plus les modes de production, de gestion et d’existence dans tous les domaines et donc en provoquant une perte croissante de diversité anthropologique. Aujourd’hui, de New-York à Melbourne, Le Cap, Berlin, Londres, Moscou ou Pékin, les mêmes impératifs vitaux (économiques et culturels) tendent à façonner les mêmes stéréotypes comportementaux : au-delà même des intentions et des volontés exprimées par les uns ou les autres, tous sont devenus esclaves consentants de la société de consommation. La logique objective des structures est à la longue toujours plus forte, semble-t-il, que les principes intellectuels et moraux proclamés. Pour n’en donner qu’un seul exemple, mais combien éloquent, il suffit d’évoquer l’incapacité, mi-voulue, mi-subie, des grandes puissances de la planète (toutes orientations confondues), à honorer les engagements qu’elles ont pris solennellement et à tenir leurs objectifs officiels en matière de lutte contre un réchauffement climatique qui pourtant menace leur survie même, à plus ou moins long terme.

Apple Store du World Trade Center à New York, 2021

Une réflexion sur l’état actuel du monde qui ne prendrait pas en compte le fait majeur que le point de non-retour a été dépassé dans des domaines déterminants, serait par là même privée de pertinence. Affirmer cela, ce n’est pas jouer les Cassandre, ni les Savonarole: ce ne sont pas nos « vanités », mais nos vertus les plus anciennes que nous avons jetées au bûcher de la modernité et les dégâts sont incommensurables. Nous ne pouvons pas plus faire marche arrière en matière de radioactivité des déchets nucléaires, qu’en matière d’épuisement des terres rares dans nos mines, ou qu’en matière de recul du sacré dans notre représentation du réel. Les faits sont sans équivoque. On peut évidemment toujours imaginer des palliatifs capables de retarder, ou plutôt de masquer un temps les carences et les menaces, on ne pourra pas rembobiner le cours des choses pour le repasser autrement. Le film d’horreur doit aller jusqu’au paroxysme final. Etant donné toutefois que ces processus s’accomplissent dans l’ensemble, en un laps de temps très supérieur à la durée moyenne d’une vie individuelle, on peut affirmer, avec une raisonnable assurance que, sauf conflagration générale soudaine, « la fin du monde » n’est pas pour demain matin. Seulement pour « dans quelque temps ». Prédiction d’autant mieux fondée que plutôt qu’un événement ponctuel, précisément localisé dans le temps et dans l’espace, la fin de l’aventure humaine, potentiellement inscrite dans la révolution du néolithique, va probablement se terminer par une longue concaténation de processus de toute nature, à des rythmes variables, avec sans doute des accélérations ou des accumulations perceptibles d’une génération à l’autre, comme cela a commencé à se produire avec la fonte des calottes glaciaires, l’acidification des océans ou la disparition progressive des abeilles, des chardonnerets et autres specimens de la diversité animale. Ce qui signifie que les deux ou trois générations d’humains actuellement en vie sur la planète, ont encore le temps, pour la plupart de se rassurer et pour quelques-uns de s’angoisser, en regardant grandir leurs enfants et petits-enfants, en leur imaginant des carrières juteuses et délectables à leur sortie du système scolaire, comme traders à la banque Rothschild ou animateurs à la télévision ou footballeurs au PSG, bref, dans des carrières de millionnaires potentiels prêts à l’optimisation fiscale.

C’est précisément l’erreur que tout gouvernement digne de confiance devrait s’attacher à éviter. Si nous étions capables de distinguer davantage le bon grain de l’ivraie, nous confierions le soin d’organiser notre phase de lente agonie à ceux qui auraient le mieux appréhendé les causes fondamentales de notre fiasco. Nous ne pouvons savoir combien de décennies ou de générations il reste au genre humain avant que ne prenne fin l’extinction de masse en cours qui va emporter, irrémédiablement, cette civilisation mondiale pestilentielle, corrompue jusqu’à la moëlle par l’argent et la volonté de puissance. Mais ce que nous, les humains de bonne volonté, pouvons faire dans le temps qui nous reste, ce que nous avons le devoir de faire, par dignité, par respect pour nous-mêmes et par humanité pour ceux qui survivront, c’est de prémunir ces derniers contre toute récidive, de les vacciner contre toute rechute, en entreprenant l’aggiornamento radical et impartial, que nous n’avons jamais effectué que par bribes et par intermittence au fil des siècles, parce que jamais, à aucun moment, nous n’avons cessé de nous raconter des histoires et de nous fabriquer des illusions, et que nous nous sommes obstinés à jouer gagnants à la fois sur le tableau du réel et sur celui du fantasme.

Plage en Méditerranée, la nouvelle « mer de plastique » européenne

Peut-être ne pouvait-il en aller autrement (et dans ce cas pourquoi précisément ?), mais les civilisations terrestres se sont bâties sur des mythologies, étrangement semblables dans leur apparente diversité. Sous couvert de nous révéler la vérité de nos origines et la réalité de notre condition, ces constructions, qui se présentent toujours comme aléthiques et descriptives, se sont révélées essentiellement axiologiques et prescriptives, c’est-à-dire qu’elles n’ont jamais servi qu’à imposer et légitimer un arbitraire culturel (religieux et philosophique) généralement favorable aux puissances établies, aux « gros », aux « magnifiques », à des Pazzi et des Médicis, mais rarement, voire jamais à des Ciompi et autres « minuti » de Florence et d’ailleurs. Pour autant tout n’est pas à rejeter uniformément dans cet héritage, et l’une des tâches les plus urgentes auxquelles nous devrions consacrer le sursis que nous laisse l’Histoire, si elle nous en laisse un, ce serait justement de réfléchir avec discernement à ce qui a fait la valeur de ces valeurs qui ont façonné et dominé jusqu’ici le genre humain. Cet indispensable travail, les esprits les plus vigoureux des sciences historiques et sociales ont commencé à le faire. Il importe de le poursuivre.

Dans l’hypothèse d’un prolongement de l’odyssée humaine, nous devrions, instruits par notre expérience, mettre nos successeurs en garde contre l’imitation ou la récupération de nos délires, c’est-à-dire contre la forme prise par notre propre bêtise, contre notre mythologie et tout ce qui a partie liée avec elle, ses carrières et ses filières, laïques et ecclésiastiques, ses aréopages, ses chamans et ses caciques, ses boutiquiers, ses artisans et ses grandes surfaces, ses corbeilles et ses spéculateurs, ses cadres, ses journalistes, ses artistes et ses gladiateurs, ses hiérarchies et ses classements, ses médaillés et ses recalés, ses podiums, ses olympes, ses édens, ses Styx et ses Erèbes, ses Champs Elysées et ses Matignons, ses ENA, ses IEP et ses HEC, ses « élites » et ses zélotes, ses Paris et sa Province, enfin l’ensemble du monde économique, social et culturel existant, quoi ! Notre époque s’honorerait d’un tel examen de conscience, si seulement on parvenait à s’arrêter un instant pour y réfléchir. Mais justement, c’est ce que nous ne savons plus faire. Nous n’avons plus d’autre frein que les virus et les pandémies ni d’autres reposoirs que les lits de réanimation.

« Plutôt qu’un événement ponctuel, localisé dans le temps et dans l’espace, la fin de l’aventure humaine va probablement se terminer par une longue concaténation de processus de toute nature, à des rythmes variables. »

C’est dire que tout est à revoir. Absolument tout et de fond en comble. Voilà une tâche digne de l’humain. Trop tardive, c’est sûr, mais autrement moins folle et plus utile que d’aller coloniser Proxima Centauri, entreprise démentielle autant qu’irréalisable qui ne servirait jamais qu’à faire prospérer les Elon Musk et leur néo-flibusterie sans nous émanciper le moins du monde des sempiternelles oppositions scolastiques entre Je et Nous, Naturel et Surnaturel, Raison et Sentiment, etc. Quoi qu’il en soit, au moins savons-nous désormais qu’il faut changer le dénouement imaginé par Homère pour l’Odyssée. Ulysse n’aura jamais pu retrouver le chemin d’Ithaque ni les bras de Pénélope. Ithaque, en effet, a sombré, submergée par la montée des mers et Pénélope s’est noyée dans un marécage de déchets plastiques et d’excréments répandu par les croisières touristiques en Méditerranée, de Gibraltar aux îles ioniennes.

Alain Accardo

Sociologue, professeur émérite à l’université de Bordeaux, proche de la pensée de Pierre Bourdieu, Alain Accardo a notamment participé aux côtés de celui-ci à « La Misère du monde ». Collaborateur régulier du Monde Diplomatique et de La Décroissance, il est notamment l’auteur de : « Le Petit-Bourgeois gentilhomme » et « Pour une socioanalyse du journalisme », parus aux éditions Agone

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9 Commentaire(s)

  1. Beau plaidoyer.
    Je retiens en particulier : « On ne peut pas raisonner seulement en écologiste ou en défenseur des animaux , en sportif ou en défenseur des arts et de la connaissance , il faut raisonner humanité, comment on tourne la page?! »
    La formule « dialectique individuel-collectif » va bien. Perso, je dirais dialectique « acteurs-sujets » qui inclut la lutte.
    Tout cela, Accardo le rate ou l’oublie dans sa tribune. Pour parler comme F. Lordon, il est dans l’anthropocène, alors qu’il faut aborder le problème par le capitalocène.

  2. Un dernier petit com sucré pour la route
    Apres je retourne au taf j’suis bankeroute

    Vous zavez dit « zumains, zoumis » ?
    Voici la blague dont ils sont sortis

    《 Zumains et zoumis sont sur un rafiot qui prend l’eau.
    Le rafiot se renverse, qu’est ce qui reste ?
    Les zoumis mis dessous, les zumains mains dessus… 》

    Blague Z 😎

  3. Troisième lecture de cet article pour en dégager les idées-forces. De Accordo je connaissais le nom et un ouvrage sur les journalistes précaires retrouvé en haut d’une pile au milieu de mes cartons de livres. Feuilleté, le pavé m’a mis au clair avec sa pensée et raccord avec sa pesée des faits.

    Merci à QG de nous offrir à lire et commenter cet arpenteur des failles de notre société, qui lit dans sa misère et ses décrépitudes la finitude de notre monde, arguments écolos et moraux en tête. Mais de là à en conclure, comme il s’y adonne avec délectation parfois, à la fin « pratiquement » certaine de notre humanité, me semble pure provocation de sa part. Mes propres signaux d’alarme sur les points qu’il soulève sont au rouge sang, pas encore au noir de suie (quoique certains récents événements…), et il est d’autres planches de Salut qu’il ne mentionne qu’à peine qui mériteraient une pesée, même légère. Mais au moins les mentionnent t-il… Ouf! L’Espoir d’une sortie par le haut de cette plongée dans les bas-fonds du matérialisme historique de notre civilisation est sauf!

    J’ai bien ri (jaune cela va sans dire, flirtant avec l’humour noir) en lézardant entre les mots pour retrouver trace de ce « film d’horreur », annoncé dans le titre, qui hante ces lignes. Pourquoi ai-je pensé à un mix de « La route » et du « Rocky Horror Picture Show » matiné d' »Elyseum » ? À vous de me le dire ! Quand le sociologue dévisse et se mue en scénariste catastrophe à sensations, que faut-il en penser ? Faut-il continuer à « penser » d’ailleurs ? Il peut ne s’agir que d’une tournure de style pour amplifier le cri et inviter les regards attentifs à creuser les veines dans lesquels l’auteur décèle les rares potentiels d’avenir pour sortir des filets-ornières de ce monde perdu… Tombons d’accord là-dessus Accordo, de accuerdo ?

    Du coup, j’ai repris quelques veines de ce texte en saillie pour les mettre en exergue ici, assorties de brefs commentaires inspirés de la loi des contraires, pour poursuivre l’aventure spéléologique :

    《malheurs de notre temps… probabilité d’y porter efficacement remède est désormais pratiquement inexistante.》

    > « Pratiquement » selon les voies présentes en effet mais d’autres pistes s’ouvrent hors système et s’expérimentent de façon embryonnaire : décroissance, primauté du local, retour à la terre, systèmes d’échanges alternatifs à la monnaie, nouvelles voies de recherche très diverses y compris politiques et spirituelles (voir ce qui se passe en Amérique latine notamment),… Le critère écologique présenté comme une catastrophe annoncée, obstrue notre regard et nous écrase. Il nous empêche de nous inscrire dans un rapport de « création » à l’événement et nous reduit à n’être qu’un événement dans la Création, alors que nous, les zumains, en sommes un avènement appelé à se révéler à lui-même. Et la crise que nous traversons peut nous y amener. Vaste sujet…

    《mondialisation capitaliste, la cause》

    > domination et spoliation institutionnalisée à l’echelle monde, voila la chose, mais le Monstre est lourd. Jurassik Finance et Politique ploieront sous leur propre poid et s’effondreront, non sans créer beaucoup de dégâts. Agilité, souplesse et endurance pourront se redresser et s’élancer… mais pas sans avoir survécu à un longue periode de sécheresse induite par l’auto-destruction de l’ancien monde. Nos scénarios respectifs convergent et divergent sur ce point focal. Je vois toute crise comme une opportunité de création comme dit précédemment et je cherche en toute situation la voie du changement. Vous avez dit révolution permanente ?

    《Epuisement de la dialectique « sauvage primitif »/ »civilisé civilisateur »》

    > l’argument le plus concluant de ce texte. Son idée maîtresse. Incisif et sans appel pour ainsi dire. Je souscris. Elle annonce la stérilité prochaine du monde capitaliste qui a besoin de conquêtes pour progresser, en plus de nous ramener aux origines primitives de l’homme en pensée. Cette seule évocation de la sauvage primitivité de l’Homme vaut mention. Albert Einstein disait qu’il ne savait pas quand aurait lieu la 3ème guerre mondiale, mais qu’il savait avec quoi se fera la quatrième : des bâtons et des pierres ! On croyait avoir réussi à domestiquer la primitivité de l’homme avec la science, des dollars et des bibelos à gogo jetés à tous en pâture dans la Grande Conso ? La voilà qui s’apprête à résurgir plus sauvage encore… La vérité c’est que l’homme au dela de l’opposition primitif/civilisé, est resté barbare. Il ne s’est paré que d’oripeaux sophistiqués qu’il a appelé « civilisation » pour se faire une petite gloire… mais il est resté barbare. Toute la question est là. Comment sortir de cette barbarie ?

    《homogénéisation dans tous les domaines》

    > poursuite de l’idée précédente. Vers une uniformisation et un enferment de l’humanité dans un stéréotype veul et docile, à l’image de cette population de mass-vaccinés teleguidés. La terre comme prison à ciel ouvert pour la plus grande partie de la population… Triste sort qui nous est réservé en effet. Un petit nombre résistera (c’est mon mantra, il en faut bien en ces périodes de sombre pronostique). Retour probable à un certain « état de nature » de ces resistants contre l’hygiénisme imposé. Le retour d’une certaine primitivité ne peut que surgir face à la pression du système-monde. Survivance oblige, elle s’accompagnera d’une certaine furie.

    《 tout est à revoir. Absolument tout et de fond en comble.

    mythologies, héritage : arbitraire culturel (religieux et philosophique) généralement favorable aux puissances établies

    réfléchir avec discernement à ce qui a fait la valeur de ces valeurs qui ont façonné et dominé jusqu’ici le genre humain. 》

    > On touche là le fond des choses. C’est là que tout se jouera. Ce qui tapisse le fond de notre être… Invitation à retourner la pierre donc. On y est. Reste à savoir laquelle… L’auteur nous invite à nous saisir de « Ce qui a fait la valeur de ces valeurs » … Ai-je bien saisi le bon fil ? La valeur de ces (fausses) valeurs… Le pourquoi on fait tout ça ? Conquérir, dominer, spolier, tuer, détruire… ? Notre fascination pour le mal en somme ?C’est ce que je vois se profiler ici du moins. Et surtout notre facilité à y céder. C’est peut-être dans la facilité et sa recherche effrénée (patente dans notre monde et son miroir « consommation ») qu’il faut voir la clé de notre problème.

    À quelle « valeur des valeurs » se réfère t-on aujourd’hui, que poursuivons-nous sinon la facilité avec laquelle on nous offre de pouvoir jouir, changer, vivre…sans effort, en achetant ceci ou regardant cela ? Derrière la recherche de la facilité qui est renaclement à l’effort, il y a la vitesse et ce qui l’attise, le dard de la hâte, l’impatience. L’homme veut tout, tout de suite. C’est un sale marmot qui chouine, dévore et déchiquete tout ce qui lui passe sous la main pour assouvir ses envies et désirs… « La force vient à celui qui se contient ou se contraint » disait Léonard de Vinci. Je vois mieux là ce qu’il voulait dire…

    Pour clore ce retour en com, je proposerai en écho contraire au « film d’horreur » annoncé, genre nanard de série Z du cinéma américain s’il en est, une plongée dans le cinema russe des extrémités…. Le Stalker de Tarkovski qui n’est pas qu’un retour à la lenteur et à l’effort (antidotes à la hâte et ses consoeurs vitesse et facilité) mais une proposition de retour au silence… Quel autre antidote à cet  » arbitraire culturel » que nous sert la « science » des élites à longueur de journée ? Un jour ou l’autre il faudra bien arrêter le robinet des pouvoirs et trouver à puiser ailleurs. C’est un peu ce que nous faisons ici, non ?

    Merci

  4. Qu’est devenu mon commentaire posté hier soir vers 21-22 h ?
    Je le reformule ici de manière plus tranchée :
    Alain Accardo vieuxconnise de plus en plus avec ses « nous » (« nous » devons faire ci, « nous » devons faire ça), « nous » qui rendent tout le monde responsable des problèmes actuels. Comme tous les petits bourgeois gentilhomme, il vise en particulier les problèmes écologiques.
    C’est le capitalisme productif et financier qui est responsable; c’est pas « nous » !

  5. Je ne suis d’accord qu’en partie. Je pointe uniquement la base économique de nos problèmes : le capitalisme.
    Mais le capitalisme ce n’est pas seulement un rapport aux choses, les marchandises, l’argent, la production, …Si on en reste là, on a une série de ‘solutions’ qui n’en sont pas : la décroissance , les énergies dites vertes, une mauvaise application de nos possibilités techniques … (je pourrais expliciter tout cela)
    Le capitalisme est avant tout un rapport entre les hommes et en définitive le comportement d’un individu.
    Le capitalisme ne permet pas d’avoir une vision d’ensemble à long terme avec des individus responsables, c’est tout le contraire qui se tisse au quotidien.
    Ce sont les bases de nos rapports de production, des rapports de classe qu’il faut changer, c’est un changement de civilisation.
    La démocratie vue à travers le modèle que l’on considère comme le plus accompli du point de vue des libertés (les USA) , n’est qu’une illusion savamment entretenue et renforcée par les échecs de ceux qui voulaient changer le monde et qui s’y sont mal pris même si bien sûr on les y a bien aidés, par la violence d’abord.
    Le problème peut se résumer sur un plan subjectif entre l’acceptation d’un niveau élevé de collectivisation et la volonté des individus d’être libres.
    La collectivisation telle que je la comprends n’est pas seulement un ensemble de contraintes, la liberté d’un individu n’est pas le concept de l’individu naturel dont la spiritualité serait la seule garante de sa liberté, la liberté de l’individu c’est d’abord son rapport aux autres. Je n’ai pas besoin pour ma part de spiritualité , ma ‘spiritualité ‘ est matérielle , ce sont les autres: l’humanité concrète qui se construit elle-même. Pour ce qui existe après , on peut faire plein de supposition, on peut croire en tout ce qu’on veut mais le problème c’est de vivre concrètement et intelligemment avec les autres et la nature.
    Cette vision concrète d’une dialectique entre le collectif et l’individu, doit nous permettre de construire un monde plus enthousiasmant et plus respectueux.
    Mais on fait de l’écologie quelque chose qui est en dehors des rapports sociaux de production. Le manque d’une maîtrise à long terme de nos technologies qui nous auraient permis de ne même pas rencontrer ce problème climatique et qui nous fait adopter des pseudos solutions .
    En fait si l’on suit le chemin à courte vue des écologistes organisés politiquement , c’est l’appauvrissement encore plus rapide que celui que nous impose le capitalisme et ce sera une réduction drastique de nos libertés. Donc le risque c’est de voir des révolutions-révoltes qui seront plutôt portés vers l’extrême droite ou la logique d’affrontement , la seule que l’impérialisme américain connaisse, nous entrainera vers la guerre mondiale de trop.
    A force de suivre une logique électorale et ses petites préoccupations, on ne construit rien de solide , rien de sérieux. Il faut prendre le temps.
    Car il va falloir s’affronter non seulement aux puissants mais à toute une partie de la population qui dégénère (c’est bien sûr le système qui la manipule, il a toutes les cartes en main) vers l’incapacité de comprendre quoique ce soit dans ce qui arrive et ceux qui en seraient capables mais qui n’essaient même pas.
    Pour moi rien n’est perdu mais avant de se reprendre on risque de toucher le fond et ce sera très dur pour tout le monde.
    On ne peut pas raisonner seulement en écologiste ou en défenseur des animaux , en sportif ou en défenseur des arts et de la connaissance , il faut raisonner humanité, comment on tourne la page?!
    Une dernière chose: notre premier ministre a apporté son soutien et son amitié à un délinquant de 4 millions je crois, je voudrais apporter mon soutien et mon amitié à tous les petits délinquants ou mère et père de famille qui trichent avec la loi , qui font des petits larcins … pour s’en sortir uniquement ou pour prendre un petit peu de bon temps.
    La vilaine justice que monsieur le premier ministre et d’autres ne saluent pas, elle aurait condamnée par vengeance , c’est un beau message qui retournera à la face de ces mêmes petits politiciens; Soyons juste Sarkozy a condamné les propos de Zémour sur Pétain et les juifs, pourquoi ne le traîne-t-on pas Zémour devant la justice pour négationnisme comme on l’aurait fait il n’y a pas si longtemps?
    Après de tels propos honteux certains s’apprêtent encore à voter pour lui, les médias seront un gros obstacle … à notre liberté.

    1. Beau plaidoyer.
      Je retiens en particulier : « On ne peut pas raisonner seulement en écologiste ou en défenseur des animaux , en sportif ou en défenseur des arts et de la connaissance , il faut raisonner humanité, comment on tourne la page?! »
      La formule « dialectique individuel-collectif » va bien. Perso, je dirais dialectique « acteurs-sujets » qui inclut la lutte.
      Tout cela, Accardo le rate ou l’oublie dans sa tribune. Pour parler comme F. Lordon, il est dans l’anthropocène, alors qu’il faut aborder le problème par le capitalocène.

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