« Les cabinets comme McKinsey sont dans une logique de sabotage méthodique du service public » par Christophe Ramaux

31/03/2022

L’affaire MacKinsey n’en finit plus d’empoisonner la fin de quinquennat d’Emmanuel Macron, qui se voyait déjà réélu en avril 2022 dans un fauteuil. Pour QG, l’économiste Christophe Ramaux, auteur de « Pour une économie républicaine », démonte les enjeux de ce système tentaculaire, au service du néolibéralisme contre le peuple. Entre gabegie financière, déstabilisation des fonctionnaires, et destruction préméditée des services publics à la française

« L’affaire McKinsey », du nom du cabinet de conseil principalement mis en cause dans le rapport du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil sur la conduite des politiques publiques, déclenche beaucoup d’anxiété du côté du pouvoir. Pèsera-t-elle décisivement sur la présidentielle 2022, alors que tous les adversaires de Macron, de droite comme de gauche, s’en emparent désormais à quelques semaines de l’élection? Le rapport montre combien ces cabinets poussent le pouvoir à aller toujours dans la direction du détricotage des services publics. Il pointe aussi la gabegie d’argent public, a minima un milliard d’euros en 2021, que ce genre de système « tentaculaire » occasionne, s’agissant au demeurant d’une entreprise ne payant pas ses impôts en France. À titre d’exemple symbolique désastreux, la réforme des APL, qui a privé tant de Français de revenus substantiels, a été facturée 4 millions d’euros par McKinsey. Pour QG, l’économiste Christophe Ramaux, membre du collectif les Économistes atterrés, salue le travail des sénateurs sur ce sujet, et défend une économie républicaine, déjà présente à travers l’État social, mais dont le bourrage de crâne néolibéral nous empêche de nous en rendre compte. Interview par Jonathan Baudoin

Christophe Ramaux est économiste, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membre du collectif Les Économistes Atterrés.

QG: Quel regard portez-vous sur l’affaire McKinsey, à travers la publication du rapport du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques ?

Christophe Ramaux: Tout d’abord, il n’y a pas que McKinsey qui est en cause, même si ce dernier a de toute évidence un rôle central dans l’organigramme le plus proche d’Emmanuel Macron. D’autres cabinets sont en cause. Je pense notamment à Eurogroup, un cabinet français pour le coup, qui a notamment joué un rôle dans la Convention citoyenne pour le climat. Certains ont vu dans cette convention un progrès majeur pour la démocratie. Il y a des conclusions intéressantes de cette Convention, même si elle a choisi de ne pas traiter certaines questions pourtant essentielles, comme le nucléaire ou la taxe carbone. Mais il faut savoir que les ateliers de cette Convention – se loger, se déplacer, se nourrir, produire et travailler – étaient coanimés par Eurogroup, lequel a reçu près de 2 millions d’euros pour sa participation à son organisation.

De façon générale, ce qui est en jeu avec les cabinets de conseil, c’est la dévitalisation des institutions de la République. On ne vote pas pour un cabinet de conseil ou pour des experts ! La démocratie a deux pôles. Un pôle libéral, avec la liberté de penser, de s’associer, de se réunir, de manifester, etc. Mais elle aussi un pôle proprement républicain qui n’est pas libéral: les citoyens sont placés sur un strict plan d’égalité, ne comptent que pour un (c’est quand même remarquable, dans nos sociétés si inégalitaires par ailleurs); ils élisent des représentants, qui sont en charge de faire la loi, laquelle s’applique à tous. Le problème qu’on a depuis plusieurs années, en France comme depuis plus longtemps dans des pays plus libéraux comme les États-Unis, c’est la dévitalisation de ces institutions, sous les coups de boutoir du néolibéralisme. Le projet du néolibéralisme est de faire primer le marché sur l’État, les intérêts particuliers des nantis sur l’intérêt général. Le recours aux cabinets privés s’inscrit dans cette perspective avec la volonté de réduire le poids de l’État, pour confier ces missions d’intérêt général au privé.

Le rapport du Sénat sur l’emprise des cabinets de conseil montre que les institutions de la République peuvent faire un travail d’étude remarquable ! Ce rapport montre à quel point la mission confiée à ces cabinets est, avant tout, de faire des économies, de réduire les services publics et les prestations sociales (retraites, allocation logement, allocations chômage). Quand on lit les rapports de ces cabinets, le plus souvent, on est frappé par leur mélange de morgue et d’indigence. Je pense notamment au rapport sur la réforme du métier d’enseignant auquel certains chercheurs ont étonnamment me semble-t-il, cela mériterait d’être creusé, associé leur nom. Ce « rapport », facturé pour plus de 400.000 euros, est tout bonnement affligeant.

Les cabinets de conseil sont dans une logique de sabotage méthodique des services publics. C’est la stratégie évoquée par les conseillers de Reagan, Starve the beast (« Affamez la bête »). Vous désorganisez les services publics, vous réduisez leurs crédits et ensuite vous dites qu’il convient de confier certaines missions à des opérateurs privés. (Comme le montre aussi très bien cette vidéo de Noam Chomsky, NDLR). Bref, au bout du compte, vous externalisez. C’est une logique imparable.

« Ce qui est en jeu avec les cabinets de conseil, c’est la dévitalisation des institutions de la République. On ne vote pas pour un cabinet de conseil ou pour des experts ! »

QG: Partagez-vous la réflexion portée par ce rapport sénatorial selon laquelle l’État donne le sentiment « qu’il ne sait plus faire, alors qu’il peut compter sur une administration dévouée et sur près de 2,5 millions de fonctionnaires attachés à leur métier et à une certaine idée du service public » ?

Bien sûr ! 2,5 millions de fonctionnaires, ce n’est que pour la fonction publique d’État. La fonction publique, en général, c’est un peu plus de 5 millions d’agents, avec les collectivités locales et la fonction publique hospitalière. Le rapport a tout à fait raison de pointer le fait que depuis plusieurs décennies, on a des gouvernements libéraux, de droite comme de gauche, qui ne cessent de fustiger l’État social. On dévalorise, à tous les niveaux, les métiers du public. On insécurise les fonctionnaires en permanence. La crise du Covid a un peu modifié cela, heureusement. Mais le discours dominant chez les gouvernants depuis des décennies, quand on parle du public, des fonctionnaires, c’est: « Il faut réduire les dépenses publiques ». Au lieu de faire un travail de pédagogie auprès des citoyens sur l’importance de payer des impôts, des cotisations sociales, pour pouvoir faire fonctionner correctement des services publics et verser les indispensables prestations sociales, on a, au contraire, un travail de dénigrement systématique de la dépense publique, du travail des agents du public, lesquels sont présentés uniquement comme une « charge » pour la collectivité. D’où par contrecoup les phénomènes de démission, l’absence de revalorisation des métiers du publics à tous les niveaux, sauf pour certains très hauts fonctionnaires qui sont incités à travailler en osmose au sens propre (c’est le phénomène du « pantouflage« ), comme au figuré (avec l’idéologie libérale promue au sommet de l’État), avec le privé. Les administrations publiques ont, en interne, les ressources pour mener à bien les évolutions nécessaires, car il y a évidemment toujours besoin d’évoluer, de changer, d’améliorer la qualité des services publics et des prestations sociales. Mais ces ressources internes risquent d’être rétives à l’idée de démanteler le public. D’où le recours aux cabinets de conseil.

Mobilisation contre le projet de loi Blanquer, ministre de l’éducation nationale, en 2019. Parmi les articles dénoncés: la nécessaire « exemplarité » des professeurs, et la fusion d’établissements scolaires selon leur secteur, entraînant des destructions d’emplois à terme.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue dans le travail de ces cabinets, c’est l’objectif: réduire toujours plus la voilure, faire de l’austérité budgétaire, pour finalement externaliser dans le privé. C’est la boussole des néolibéraux. D’où la quantité astronomique de rapports qui ont été confiés à ces cabinets privés ces dernières années. Parler de rapport est d’ailleurs excessif: ces cabinets parlent eux-mêmes dorénavant de « livrables » ce qui permet souvent de ne livrer que quelques pages… accompagnées d’un Powerpoint. Tout cela à 2.000 euros, ou plus, par jour de consultant.

QG: À travers cette affaire McKinsey, peut-on dire que le secteur privé téléguide la politique économique publique sans tenir compte des aspirations démocratiques des citoyens ? S’agit-il du contre-exemple absolu du modèle que vus défendez dans votre nouvel ouvrage intitulé « Pour une économie républicaine »  ?

Attention, si je puis dire, à ne pas développer un discours qui est celui de la déploration. Celui d’un discours pseudo-contestataire, laissant entendre qu’il ne resterait plus rien de l’État social, ou peu de chose, que l’État serait totalement au service du capital. Attention à ce discours catastrophiste. L’État social fait de la résistance! Il en fait parce qu’au fond on ne peut pas s’en passer. Il y a toujours de la protection sociale et des services publics, même si ceux-ci ont été grignotés, remis en cause. Il importe à mon avis de tenir la ligne de crête suivante: ne pas sous-estimer l’ampleur des attaques néolibérales contre l’État social, qui sont réelles et dont le recours systématique aux cabinets de conseil est une expression ; et ne pas sous-estimer simultanément le fait que l’État social n’a pas disparu, existe toujours et joue un rôle irremplaçable. Attention à ne pas laisser entendre qu’il n’y a plus de protection sociale, plus de services publics, que le néolibéralisme aurait tout emporté. Ce discours scie un peu plus la branche sur laquelle on doit s’appuyer pour une contre-offensive.

Je pense qu’il est plus pertinent d’avoir un discours « positif », soulignant à quel point les retraites ou la santé, quand elles sont publiques, sont plus justes et moins coûteuses que lorsqu’elles sont confiées au privé. Le contre-exemple américain nous le montre amplement. La part des dépenses de santé dans le PIB est 50 % plus élevée aux Etats-Unis (18 % de leur PIB) qu’en France (12 %), alors que l’espérance de vie y est inférieure de 3 ans. Le surcoût engendré par les complémentaires santé, en France, nous le montre aussi. Le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) a ainsi montré que si on faisait une « Grande sécu », ce serait moins coûteux que de recourir à des complémentaires privées, que ce soient des mutuelles ou des assurances privées. De façon générale, je pense qu’il est important de valoriser ce qu’apporte l’État social, avec notamment les services publics et la protection sociale. Ces derniers doivent évidemment être correctement gérés. Cela ne va pas toujours de soi, il faut aussi le reconnaître. Il y a des dysfonctionnements. Mais pour y remédier et mobiliser les fonctionnaires, encore convient-il de ne pas les dénigrer en permanence et mépriser leur travail comme le font depuis des décennies les néolibéraux.

« Les retraites ou la santé, quand elles sont publiques, sont plus justes et moins coûteuses que lorsqu’elles sont confiées au privé. La part des dépenses de santé dans le PIB est 50 % plus élevée aux Etats-Unis (18 % de leur PIB) qu’en France (12 %), alors que l’espérance de vie y est inférieure de 3 ans. »

QG: Dans le contexte de l’élection présidentielle, y a-t-il une ou plusieurs offres politiques étant à la hauteur de l’idée d’une économie républicaine, à vos yeux ?

L’économie républicaine vise à faire faire bouger les lignes du point de vue intellectuel. Je suggère d’opérer un tournant doctrinal. L’économie semble se mouvoir comme un poulet sans tête du point de vue de l’intérêt général. Elle est d’abord au service des plus riches, le pouvoir politique a largement renoncé à toute prise sur elle. Pour reprendre la main, il y a besoin de penser l’économie sur un mode républicain. Concrètement : il y a besoin d’initiatives privées, la concurrence a du bon; mais il y a aussi besoin d’un pôle public qui porte les missions d’intérêt général. Cela est vrai pour les services publics, la protection sociale, mais aussi pour l’écologie. S’il y a bien un domaine où l’intérêt général doit être au-dessus des intérêts privés, n’est-ce pas celui-ci?

Il y a tout un discours qui laisse entendre que la démocratie représentative, les partis, les assemblées, le vote, etc. ce serait ringard. Les libéraux applaudissent des deux mains à ce genre de discours! Regardez ce que propose Macron. Il annonce une multiplication des consultations citoyennes, des débats similaires au fameux grand débat national. Dans ce type de procédure, on contourne les institutions de la République, on contourne le rôle du Parlement, des représentant élus du peuple. Pour revenir à cet exemple: sur certaines questions, la Convention citoyenne pour le climat a incontestablement produit des choses intéressantes. Mais il y avait une armée d’experts derrière. Des cabinets pour organiser le tirage au sort. Et ensuite surtout, des experts derrière les tirés au sort pour les conseiller, organiser les débats, opérer les synthèses Au sein de ces experts, il y a des think tanks et des cabinets de conseil, avec une frontière poreuse entre eux. Les plus importants think tanks sont ceux qui bénéficient d’un financement par le patronat, tel « l’Institut Montaigne », lequel a bien plus de moyens que les « Économistes atterrés » ! La démocratie dite participative a du bon, mais elle ne peut que compléter la démocratie représentative. Cette dernière doit primer au risque, sinon, de remplacer la démocratie citoyenne par une démocratie d’expertocrates.

Concernant les élections mon livre n’a pas vocation à être une mèche courte visant à soutenir tel ou tel candidat, à intervenir dans le débat électoral toujours indispensable et noble au demeurant. Il s’agit plutôt d’une mèche longue visant à refonder le projet alternatif d’ensemble qui nous manque face au capitalisme néolibéral.

Propos recueillis par Jonathan Baudoin

Christophe Ramaux est économiste, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membre du collectif Les Économistes Atterrés. Il est également l’auteur des ouvrages suivants : « Pour une économie républicaine » (De Boeck, 2022) « L’État social. Pour sortir du chaos néolibéral » (Fayard, 2012) ou encore « Emploi : Éloge de la stabilité. L’État social contre la flexicurité » (Fayard, 2006)

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12 Commentaire(s)

  1. Je vous oriente encore une fois sur une interview de Valérie Bugault: ( https://www.mondialisation.ca/a-laube-dune-crise-economique-et-geopolitique-mondiale/5666548 ) . Je n’ai visionné que la moitié de la vidéo, mais c’est du lourd, du clair, du net.

    Valérie Bugault, femme plus qu’éminente, taxée, au mieux, de complotisme par le financiarisme mondial, ou tout simplement ignorée en tant que femme sans titre «viril», nous fait ici une présentation « juste » de notre situation économico-politique !

    Le gars qui l’interviewe (un antivax de perlinpimpin vraisemblablement) cherche avec insistance à la faire parler essentiellement du covid ; elle ne marche pas dans cette combine, et elle développe une analyse mondialo-économico-historique de grande ampleur, ampleur à faire rougir (de plaisir) tout marxiste honnête qui se respecte. Mais elle, ne se réclame pas du marxisme ; nul n’est parfait et encore moins parfaite. Cependant, je vote pour qu’on lui décerne le prix Nobel dans l’ordre de la légion d’honneur du sport politico-scientifique.

    Bref, elle décrypte tout simplement les ressorts historiques et actuels de la dictature du patronat bancaire et industriel. Rien que ça !
    Sachez que Valérie, dans cette interview, nous explique exactement les procédés par lesquels le capitalisme financier est parvenu à imposer «sa dictature», sous l’apparence (cad sous le vécu) d’un libéralisme «naturel». Extraordinaire de précision, de justesse, ne serait-ce que sur la question de la création monétaire que personne ne parvient vraiment à éclaircir, et qu’elle explique, elle, assez simplement.

    Pour le covid à 13mn :
    «les grands labos ont pris des actions dans les gouvernements locaux (France …)» : façon de dire que les «gouvernements» ne sont que des sociétés de gestion qui appartiennent pour partie aux labos. On ne peut être plus clair : le patronat «détient» des parts de l’Etat !

    A 13mn50 :
    «en vérité, le capitalisme est en recherche d’hégémonie sans contre-pouvoir»
    «ceux qui font les lois développent un système légal au service de ceux qui émettent la monnaie» cad, pour elle, les banques privées !
    «Napoléon a créé la banque centrale de France (pour imiter son adversaire anglais, qui a fini par le battre à Waterloo) gérée par les puissances économiques dominantes françaises». Rappelons que Napoléon a été l’artisan de la contre «révolution prolétarienne» qui aurait pu succéder à la «révolution bourgeoise» de 1789 (voir la théorie trotskiste de la révolution permanente, avortée en France par Napoléon).
    «la monnaie peut jouer un rôle public à condition qu’elle ne soit pas accaparée par le privé comme c’est le cas actuellement».
    «Les sociétés anonymes dé-corrèlent le pouvoir et la responsabilité ; et donc les choses deviennent plus faciles pour les accapareurs» de pouvoirs.
    «la France n’est plus au service des populations mais au service des pouvoirs économiques et financiers»
    « à partir du moment où le gouvernement est dans les mains d’intérêts privés, rien ne fonctionne plus» (moi : si, si, ça fonctionne très bien pour les «privés»).

    A 23mn30 :
    «la création de monnaie est au service de qui ? ce sont les banquiers qui créent librement la monnaie pour faire crédit (simple inscription d’une créance, le fric n’existant pas à ce moment-là) : si lors du prêt la monnaie est créée à partir de rien, les intérêts perçus lors des remboursements, eux sont payés en vraie monnaie correspondant à une vraie création de valeur» (fabrication machine, fabrication maison, fabrication voiture, …)
    «dans un conseil d’administration, une petite «majorité» «relative» peut parvenir à prendre le pouvoir, et cela en cascade dans l’arborescence des participations dans d’autres sociétés» (en clair, un loup un peu gros peut faire la loi à 100 petits loups).
    «la «City» londonienne (comprendre : le système bancaire britannique) a créé l’empire britannique, qui a créé l’empire américain, mais qui n’a pas pu créer l’empire du milieu (le système bancaire de la Chine) car il a rencontré quelques «grains de sables» (comprendre : la révolution communiste chinoise) qui l’en ont empêché !»
    « Les banques centrales sont des Etats dans l’Etat car elles ne relèvent pas du droit de cet Etat, mais de leur propre droit…. un peu comme les tribunaux arbitraux »

    A 30mn :
    « les banques privées ont créée des institutions publiques (banque centrale ?) afin de maquiller leurs magouilles privées en décisions publiques ; c’est ça le moteur du capitalisme qui met la garantie publique à son service ».

    Est-il besoin d’en dire plus pour montrer qu’en haut de la pyramide organo-fonctionnelle de la France il y a les capitalistes (alpha) ; puis en dessous il y a l’Etat (béta) ; puis en dessous il y a le peuple (c’est des ploucs) ?

    1. Valérie Bugault décrit simplement le système capitalisme sans la base de l’exploitation, elle en reste et c’est déjà beaucoup, au niveau des systèmes mafieux qui se mettent en place. Je me situe à un niveau très général c’est beaucoup plus complexe , mais ce n’est pas faux.
      Rien d’exceptionnel mais je suis rassuré qu’on puisse découvrir le système capitalisme par un autre moyen que la lecture de Marx. Là où je ne suis pas d’accord c’est que le système capitaliste produit toujours de la corruption, c’est un système où la spéculation est son moteur : de la création de valeur fictive qui doit être compensée par une exploitation plus féroce des travailleurs qui créent eux de la valeur réelle. En fait on peut résumer le modèle de Marx en disant que la seule façon de produire de la valeur c’est par le travail.
      Rudolf Hilferding savait déjà tout en écrivant son livre au début du 20èmme siècle: Le Capital Financier.

      1. Petit rectificatif, Hilferding ne savait pas qu’on pourrait spéculer en donnant des ordres toutes les nanosecondes avec les computers bien sûr. Le responsable ce n’est pas la mondialisation ce n’est que le stade avancé où le capitalisme est développé sur toute la planète et danger c’est la confrontation des impérialismes où les peuples sont toujours perdant, on la voit en Ukraine. Les choses changeront quand on s’apercevra que le fond du problème est l’exploitation du travail.
        Les imbéciles de droite suivis par les imbéciles de gauche, vont désigner après le juif, le tsigane ou le communiste, un nouveau responsable de tout : l’Arabe. Le grand remplacement c’est la main de fer US que les français subiront en se croyant libres et les guerres que USA , Chine , Russie ne vont pas manquer de se faire .

      2. Je suis tout à fait conscient que Valérie ne parle pas de la plus-value sur le travail (exploitation), mais ça, aujourd’hui, tous les économistes le savent. Mais ils ne le trouvent pas anormal puisque, pour eux, le salarié est « libre » de refuser cette exploitation ; et il ne la refuse pas puisqu’il vient « librement » travailler.

        C’est bien parce que Valérie n’est pas marxiste que je trouve absolument nécessaire, important, de publier ses analyses, analyses que personne ne fait à sa place, ce qui lui barre bien des perspectives de carrière. En gros, elle a un cerveau et des couilles et ça mérite qu’on en parle positivement.

  2. « Attention, si je puis dire, à ne pas développer un discours qui est celui de la déploration. Celui d’un discours pseudo-contestataire, laissant entendre qu’il ne resterait plus rien de l’État social, ou peu de chose, que l’État serait totalement au service du capital. Attention à ce discours catastrophiste. »

    C’est là où je ne suis pas du tout d’accord avec vous : ce qui nous arrive est une véritable catastrophe, je ne tombe pas dans la déploration , ceux qui réagissent comme moi tombent dans la lutte , dans la nécessité d’une révolution. Vous dénoncez les choses extrèmement bien et après … on fait avec l’UE , donc sous domination US via l’Allemagne, on suit les règles: libre circulation des capitaux avec les paradis fiscaux etc et avec la concurrence non faussée, on n’a donc pas de monopole de services publics et les banques font ce qu’elles veulent donc elles investissent dans la spéculation. On a 110% de déficit je ne pense pas que vous refusez de payer cette dette? et les machés quand vous voudrez réindustrialiser la France , je fais le pari les taux seront très hauts! Sans parler de la non transparence des affaires, de la main mise des puissants sur les médiats etc
    La moitié des français ne payent pas d’impôts , ils ne peuvent pas , il n’y a pas de redistribution (primaire dites-vous) des spéculateurs et et des banques ou des bénéfices effarants des grandes entreprises pour leurs actionnaires et les PDG , vers le peuple , par contre les idiots de service ou les chiens de garde pensent qu’on redistribue … en prenant sur les classes moyennes . Si vous ne réglez pas ces problèmes vous ne réglez rien. Et vous nous faites croire qu’on peut faire quelque chose ? Il faut désobéir à l’ UE , vous savez très bien qu’on le fera pas pourquoi ne pas dire il faut sortir de l’UE!
    Les gens vont voter en ayant en tête on va s’opposer à l’UE et donc cela suffit , on dort tranquille. Alors qu’en réalité si on tient vraiment tête l’UE explose!
    Et le seul mouvement comptant un peu, FI, ne prépare pas les gens à sortir de l’UE , FI ne le veut pas vraiment, FI serait sans doute déjà devant Le Pen ou pas loin, si elle n’avait pas ce programme énergétique qui ne tient pas , et ce reste de conventionnel . La France pure des gourous écolos tient bon pas de nucléaire fission ou fusion. L’allemagne en a encore pour longtemps avec son charbon mais là ce n’est pas grave.
    La France sera un modèle face aux USA, Chine, Russie, Inde , Allemagne, à nous seul on va faire chuter le carbone.
    Mais comme vous le soulignez: « Dans ce type de procédure, on contourne les institutions de la République, on contourne le rôle du Parlement, des représentant élus du peuple. Pour revenir à cet exemple: sur certaines questions, la Convention citoyenne pour le climat a incontestablement produit des choses intéressantes. Mais il y avait une armée d’experts derrière. Des cabinets pour organiser le tirage au sort. Et ensuite surtout, des experts derrière les tirés au sort pour les conseiller, organiser les débats, opérer les synthèses Au sein de ces experts, il y a des think tanks et des cabinets de conseil, avec une frontière poreuse entre eux. Les plus importants think tanks sont ceux qui bénéficient d’un financement par le patronat, tel « l’Institut Montaigne », lequel a bien plus de moyens que les « Économistes atterrés » ! La démocratie dite participative a du bon, mais elle ne peut que compléter la démocratie représentative.  »
    Mais pour nos écolos et notre Gauche réformiste , la fin justifie les moyens, gauche et droite en 2005, écolos avec leurs manipulations et le faire peur permanent! Cela ne les empêche pas de donner des leçons de démocratie..
    Ne me dites pas que ma petite voix va faire perdre les élections à quelqu’un.
    Je suis désolé mais c’est mon moment cafard, j’aime la diversité , j’aime les gens mais je n’aime pas les idiots et la diversité dans la bêtise ça me pèse trop comme il me reste au plus 20 ans à vivre , je crois que je vais vraiment penser qu’à moi . Bon courage.

    1. Ramaux s’avère être un « petit » socio-démocrate de « petite » envergure ! Il croit que le petit « Etat Social » actuel est un « déjà-là » qui annonce le développement de cet Etat Social.

      En matière de compréhension dynamique, je pense qu’on devrait plutôt considérer la situation sociale actuelle comme un « encore-là » de l’Etat social. Encore-là, certes, mais pour combien de temps si l’on ne se bouge pas le c.l ??????

      Quand on est au milieu du gué, ce qui compte c’est de savoir si la marée monte ou descend !

  3. Votre « président » Macron est bien de son époque. Non seulement il a le jeunisme et le « fringant » pour lui, mais, en outre, ayant accompli auparavant ses armes dans les hautes sphères financières, tout se passe comme s’il avait naturellement intégré ces pratiques de dénigrement et d’agressivité du management « à l’américaine ».
    Telle une seconde nature, cette forme de mépris est si ancrée chez lui qu’il ne s’en rend probablement même pas compte.
    Un peu comme chez les psychopathes, qui sont en outre très susceptibles voire agressifs dès qu’on les place devant leurs forfaits.

    J’ai lu il y a quinze ans déjà le livre que vous connaissez sûrement,  » La société malade de la gestion » (2005) du sociologue Vincent de Gaulejac, qui expliquait déjà les ravages de l’obsession de la « gestion » (entendez déshumanisation, détricotage et co.).
    Les « cabinets de conseil » sont à l’image de notre époque : un ronronnement mi-féroce mi-câlin de business-boys et de petits malins chouchoutés par le pouvoir, se fichant royalement du sort du péquin, des services publics, de la « common decency » chère à un George Orwell.
    Tout ce qui compte, c’est d’être rémunéré une fortune pour de pseudo-rapports qui sont de toute façon idéologiquement orientés, comme l’explique bien l’économiste Ch. Ramaux.

    Le propre de notre époque est la déconnexion quasi totale entre des millions d’honnêtes travailleurs et une élite au pouvoir pleine de morgue, perverse et narcissique, jouant le sort d’une nation à coup de poker menteur.
    Les « cabinets de conseil » sont comme des mercenaires faisant plus ou moins discrètement le sale boulot dans les pays en guerre, et grassement rémunérés par les instances de pouvoir.
    Einar Kleve (Belgique)

    1. Excellent.
      Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue sur QG, bien que n’ayant -en tant que simple abonné- aucune légitimité à le faire !
      La première chose que j’ai trouvée sur Internet vous concernant, m’a plutôt emballé !! ( https://litteratureetfrontieres.com/einar-kleve-%C2%B7-belgique/ ).
      Concernant les consultants en management, pour les avoir fréquentés pendant plus de 20 ans, je confirme ce que vous en dites.
      Bien le bonjour à la Belgique.

  4. Ces cabinets de consultants travaillant pour des « politiciens » et « hauts fonctionnaires » cumulent deux tares génétiques : mensonges et grand remplacement :

    1- Mensonges : ces cabinets sont de véritables industries du mensonge car les conclusions de leurs études sont dictées à l’avance par le donneur d’ordre « politicien » ou « haut fonctionnaire » : ces consultants-là répondent aux attentes de des donneurs d’ordres sinon ils sont virés (leurs rapports aux donneurs d’ordre sont régis par le « code du commerce » qui reconnait au donneur d’ordre le libre choix de son prestataire (alors que les fonctionnaires qu’ils « remplacent » sont protégés par le droit du travail et leur statut).

    2- Grand Remplacement : ces cabinets sont aussi la cheville ouvrière du grand remplacement des fonctionnaires publics par des consultants privés, cad la cheville ouvrière de la privatisation de l’Etat. Ca consiste, ni plus ni moins, à passer les fonctionnaires sous statut privés; la suite consistera à confier des services administratifs complets, et même la totalité d’un ministère, sous statut privé. Puis l’Etat complet sera sous statut privé. Ce qui réalisera officiellement la pure « dictature du patronat » qu’on pourrait résumer ainsi : privatisation des profits et collectivisation des pertes. Rappelons que la dictature du prolétariat consiste en la collectivisation des profits et des pertes.

    1. Danse avec les loups.

      Actuellement sur ce dossier, Macron, dans sa fausse et malicieuse colère face à un journaliste, tente de diriger l’attention sur un point de légalité où il n’a sans doute rien à se reprocher : la conformité de la procédure de recours à un prestataire extérieur de la part d’un ministère (mise en concurrence, etc …).

      Il est malin ce mec : devant un journaliste, il joue la panique et l’énervement sur un point où il n’a rien à se reprocher, pour faire croire que c’est là que se trouverait la faille. Le miroir aux alouettes en quelque sorte, pour détourner l’attention des journalistes vers du contenu qui ne l’éclaboussera pas ; en tout cas pas lui directement !

      Non, le problème majeur n’est pas la conformité aux procédures ; au niveau du pénal cela relèverait plutôt de la forfaiture ou de la prévarication, cad du conflit d’intérêt, du renvoi différé d’ascenseur, quand bien même les procédures auraient été respectées !

      Mais, en fait, cela relève-t-il seulement du pénal ? N’y a t’il pas un délit qui relèverait du Conseil Constitutionnel ; par exemple « atteinte à l’intégrité de l’Etat » conçu comme indépendant des intérêts particuliers ? Privatiser un Etat, dit démocratique, au profit d’une catégorie sociale spécifique est-il constitutionnel ? Privatiser un Etat au détriment de cet Etat est-il constitutionnel ? Certes, c’est ce que se propose de faire le prolétariat à travers le communisme ; mais, le prolétariat a l’honnêteté de nommer cela par son nom : « dictature du prolétariat ». Alors que le patronat n’a jamais annoncé son projet de dictature du patronat ! alors même que cette dictature est déjà en route vers le « libertarisme » qui est la forme aboutie de la dictature du patronat !

      Faux-jetons ! des faux-jetons ! Macron faux-jeton avec les journalistes ! Patronat faux-jeton avec la population. Le bal des faux-culs, des fourbes, des loups !

      L’Etat danse avec les loups ! Il ne devrait pas ; ça ne va pas bien se passer pour lui !

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