Le rachat de Twitter par Elon Musk, et les nombreux événements qui se déroulent depuis au sein de l’entreprise, font couler beaucoup d’encre. L’homme d’affaires états-unien s’est-il fourvoyé sur une pente glissante et finalement contre-productive pour son business ? Est-il la menace pour la liberté d’expression que la presse mainstream américaine et française décrivent ces derniers jours ? Pour mieux comprendre le personnage, QG a sollicité le journaliste Olivier Lascar, auteur du livre Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science (Alisio sciences). Pour lui, le rachat de Twitter s’inscrit dans la politique d’ensemble de promotion des sociétés contrôlées par Musk (Tesla, SpaceX, Starlink, ou encore Neuralink), et sous ses airs de « chien fou », c’est un redoutable homme d’affaires qui jouit désormais d’un puissant instrument de lobbying en ayant mis la main sur le réseau préféré des journalistes et des politiques. Le combat idéologique qu’il mène désormais ne risque-t-il pas néanmoins de l’emmener dans des zones dangereuses? Interview par Jonathan Baudoin
QG : Vous avez consacré un livre-enquête à Elon Musk. Avez-vous été surpris par son rachat de Twitter, et son implication quotidienne pour transformer ce réseau, alors qu’il est déjà patron de plusieurs multinationales ?
Olivier Lascar : J’ai été surpris par la rapidité de la transaction. Je n’ai pas été surpris par le fait qu’il rachète Twitter, pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il est un utilisateur compulsif de Twitter. On savait que c’était un sujet qui l’intéressait depuis longtemps. Il tenait aussi, depuis longtemps, un discours sur les médias et leur diffusion. On s’en souvient peu mais en 2018, il avait même parlé de créer un dispositif de notation des médias, intitulé Pravda (« vérité » en russe, mais aussi le nom du journal du PC de l’ex-Union soviétique, NDLR). Il devait fonctionner à l’instar de TripAdvisor, pour attribuer des notes à des journaux et dire quels étaient ceux qui étaient de qualité ou pas, afin d’aider les lecteurs à s’y retrouver.
Ensuite, au niveau de l’organisation de son empire, cela a également un sens, parce que Twitter peut être un instrument de lobbying formidable. Les industriels achètent la presse pour faire pression et avoir de l’influence, cela a toujours existé. On le voit avec Jeff Bezos qui détient le Washington Post. Quand Musk rachète Twitter, cela s’inscrit dans cette logique d’influence.
D’autant plus qu’il a bien besoin de coups de pouce dans ses activités industrielles, car tout ne marche pas pile-poil. La voiture 100% autonome, il l’annonce tous les ans, elle n’est toujours pas là. Néanmoins chaque année, il fait des progrès. En revanche, d’un point de vue légal, cela commence à coincer. Prenez Neuralink (start-up neurotechnologique, cofondée par Musk, développant des implants cérébraux, NDLR), au sujet de laquelle il y a quantité d’annonces en ce moment. Musk veut utiliser Neuralink, non seulement sur les personnes atteintes de problèmes neurologiques, pour les soigner, mais aussi sur des personnes bien portantes. Il prétend que la puce Neuralink, prévue pour contrôler des machines par la pensée, pourrait avoir des usages récréatifs, comme jouer aux jeux vidéo avec la tête, par exemple. Mais éthiquement, opérer des gens qui sont bien portants pour les équiper d’une puce électronique, ce n’est pas possible aujourd’hui. Il lui faudrait un cadre légal qui le lui permette. En étant un influenceur, un lobbyiste avec Twitter, il peut se faire des obligés politiques et voir l’émergence de règles, de lois qui lui permettront de développer ses entreprises dans le sens qui l’arrange.
Avec SpaceX, il est dans un business qui a de grosses interférences avec la politique. Sa société est devenue un contractuel de la NASA pour le retour sur la Lune. Starship devra être l’alunisseur (véhicule spatial, NDLR) pour déposer à nouveau des humains sur la Lune à l’horizon 2025-2026. Or la NASA est une émanation du gouvernement des États-Unis: mieux vaut être donc dans de bons termes avec les politiques pour pérenniser ces liens. Au moment du rachat de Twitter, on pouvait se dire qu’il pourrait ainsi influencer des décisions dans son sens. Néanmoins aujourd’hui, en prenant partie pour les Républicains, il sort de l’ambiguïté qui lui avait réussi jusqu’à présent – soutenant Hillary Clinton, s’affichant avec Trump. En prenant fait et cause pour un camp, il se fait des ennemis féroces dans celui d’en face. Et cela, ce sera mauvais pour ses affaires.
QG : Le président de Tesla et de SpaceX est régulièrement décrit comme un libertarien. Concrètement, comment définiriez-vous ses positions philosophiques et économiques ?
Il est libertarien parce qu’un libertarien ne veut pas de règles. C’est une version extrême du libéralisme. On voit comment Musk manage ses entreprises. On voit la façon dont il licencie les gens, sur Twitter actuellement ou chez Tesla précédemment, sans considération des règles de préavis. Quand il y a eu le Covid, les décisions de confinement, de fermeture d’usines étaient un scandale pour lui. Je crois qu’il a maintenu ouvert un établissement qu’il aurait dû fermer au Texas.
Après, on parle de lui comme d’un transhumaniste. Lui-même dit qu’on est déjà cyborg quelque part parce que la technologie est de plus en plus intimement liée aux individus. Ça commence avec les lunettes, ça se prolonge avec le pacemaker. Avec le web, il dit qu’un quidam d’aujourd’hui a accès à davantage d’informations qu’un président des États-Unis il y a 20 ans. Donc oui, il est dans une forme de transhumanisme. C’est très clair avec les puces Neuralink qui permettraient, dit-il, de voir en infrarouge ou ultraviolet. Néanmoins, il n’est pas dans le transhumanisme à la sauce Jeff Bezos ou Larry Page (cofondateur de Google, NDLR), qui ont chacun créé des boîtes pour travailler sur la limitation des effets du vieillissement. Je ne crois que Musk soit dans ce trip de la vie éternelle, contrairement à Bezos. Musk est dans un transhumanisme qui consiste à utiliser encore plus la technologie parce qu’il est une espèce de techno-prophète. Il pense que la technologie est une fin en soi, qu’elle apporte une solution à tous les problèmes. C’est quelque chose qui est questionnable parce qu’un marteau, par exemple, est un outil de technologie : il peut permettre d’accrocher un beau tableau au mur, tout comme ça peut permettre de taper sur la tête de son voisin. Je pense que c’est une erreur de considérer la technologie comme une fin en soi. Avec Tesla et les voitures autonomes, il veut que la voiture soit pilotée par l’algorithme parce qu’il considère que l’humain est le « maillon faible » dans le dispositif.
Ensuite, il y a quelque chose d’intéressant à dire, je crois, c’est qu’il est cosmiste. Le cosmisme est une philosophie qui vient du père de l’aéronautique russe Constantin Tsiolkovski. J’en parle au début du livre. On lui prête la phrase suivante : « La Terre est le berceau de l’humanité et personne ne reste toute sa vie dans son berceau. » Les cosmistes considèrent que le destin de l’humanité est de quitter la Terre pour aller ailleurs. Ce sont des colons de l’espace. Musk est cosmiste à 100% ! Il est libertarien à 100% ! Et… il est transhumaniste à 80%.
QG : Est-il une figure à part au sein des autres multimilliardaires issus de la Silicon Valley ou des GAFAMS, comme Marc Zuckerberg ou Jeff Bezos ?
Je trouve qu’il est une figure à part pour une raison. Il y a chez lui une forme de sincérité qui est assez particulière et qui le singularise par rapport aux autres patrons de la Silicon Valley. Elle se traduit par le fait qu’il n’a investi que dans des sujets qui lui tiennent réellement à cœur. Cela vient de son enfance. Son goût pour la science-fiction. On a l’impression qu’il s’est fait une culture réelle dans ce domaine, un imaginaire de science-fiction qui est un plan pour le futur. Aujourd’hui, il est en mesure de le réaliser. C’est l’objectif qu’il s’est fixé. Il n’est pas seulement là pour faire du business, même s’il est un businessman. Il veut que cet argent serve à ce grand dessein. D’où le projet martien.
Je crois que cette sincérité n’est pas à discuter. Sa pertinence l’est, en revanche. Ses projets sont-ils bénéfiques à la collectivité ? Il faut en débattre parce que Musk considère, à longueur de tweets, que tout ce qu’il fait est pour le bien de l’humanité ! Le projet martien s’inscrit dans ce cadre, dans le sens où il revient à dire que la planète Terre est foutue à brève échéance et qu’il faut littéralement prendre la fuite sur Mars. A l’époque de la COP21 à Paris, on affirmait qu’il n’y avait pas de plan B parce qu’il n’y avait pas de planète B : Musk prend littéralement le contre-pied de cela en considérant que la planète B, c’est Mars et qu’il veut organiser le départ de l’humanité vers la planète Rouge. Est-ce une bonne idée ? C’est éminemment questionnable. Mais lui y croit à 100%.
Il y a néanmoins deux personnalités avec qui la comparaison reste pertinente. D’abord, Steve Jobs. Le patron d’Apple n’était pas un scientifique mais avait des projets visionnaires de réalisations technologiques. Il demandait à ses ingénieurs de se débrouiller pour obtenir tel objet menant à telle fonctionnalité. Musk a ce côté visionnaire, avec ce projet de civilisation extraterrestre, avec des fusées réutilisables, des voitures autonomes, etc. Il pousse ses ingénieurs jusque dans leurs derniers retranchements pour que ce soit fait. Musk n’est pas un scientifique au vrai sens du terme. C’est-à-dire quelqu’un qui travaillerait selon une méthode scientifique, avec des expériences en laboratoire, des études, des rapports qui validés par les pairs, d’autres scientifiques. C’est tout un processus de validation que Musk ne suit pas du tout. En revanche, c’est quelqu’un qui a l’esprit de curiosité, ainsi que me l’ont raconté plusieurs personnes interrogées pour mon livre sur lui. Il va toujours au premier principe de la physique. Par exemple, quand on lui répond qu’il serait impossible d’envoyer des hommes sur Mars, il demande sur quel principe physique ce ne serait pas le cas. Et si on finit par lui répondre que ce n’est pas impossible, il considère que c’est possible. Il questionne la science comme les enfants. Il ne veut pas se contenter du « c’est comme ça ». Il va à l’encontre des dogmes.
Il faut aussi le comparer à Bezos parce qu’entre eux, c’est devenu un affrontement personnel. Un coup, c’est l’un qui est l’homme le plus riche du monde. Un coup, c’est l’autre. (Aujourd’hui c’est le Français Bernard Arnault, NDLR). Ils ont, tous les deux, un projet spatial, même si Bezos n’est pas dans le projet de colonisation martienne. Il croit, par contre, à du tourisme dans l’espace avec sa société Blue Origin. Bezos a une société de voitures électriques, Rivian (Amazon est le premier actionnaire de Rivian, avec 17,4% du capital de l’entreprise, NDLR). Il possède le Washington Post et ils ont été concurrents dans le concours organisé par la NASA pour le programme de retour sur la Lune. Cette compétition, entre les deux, fait qu’on les compare l’un à l’autre. Bezos a davantage ce côté businessman, analytique, un peu froid que n’a pas Musk. Lui est davantage dans l’impulsion. Attention, il suit quand même un projet à longue échéance. Ce n’est pas un chien fou, malgré l’image qu’il se donne. Mais il a une part de spontanéité qu’il n’y a pas chez les autres.
QG : En décidant qui peut revenir ou qui peut être suspendu de Twitter, Elon Musk est en train de se faire pas mal d’ennemis à Washington et ailleurs. Est-ce bon pour ses affaires, que cherche-t-il selon vous ?
Je pense que ça peut être très dommageable pour ses affaires. Il semble vouloir se placer sur un terrain idéologique, avec ses déclarations sur les dangers du « virus woke ». Cela lui tient à cœur car il revient là-dessus sempiternellement en ce moment. Mais le projet industriel qui était au cœur de ses activités ne semble plus être au centre de ses préoccupations. C’est ça qui est un peu inquiétant, si on regarde la tenue de ses affaires. Avec Musk, on a toujours eu l’impression de dispersion, quand on voit toutes ses activités. Mais finalement, elles se répondent, les unes aux autres, pour aller toutes dans le sens du projet originel qui est Mars. C’est la base du projet de Musk. Quand il a créé SpaceX, il y a 20 ans, c’était dans l’idée que l’humanité puisse aller sur Mars, en développant des fusées. Mais aussi Starlink, aujourd’hui un réseau de satellites autour de la Terre. Le même dispositif pourrait être utilisé sur Mars et fournir Internet à la planète Rouge. Quand on regarde les foreuses de sa société The Boring Company, celles-ci ont la bonne dimension pour être embarquées dans les Starships ! Or, on sait que pour s’installer sur Mars, il faudrait vivre sous terre parce qu’il y a des radiations cosmiques qui ne permettent pas de vivre à la surface de la planète.
Il y a plein d’éléments qui s’additionnent les uns aux autres pour donner une vision d’ensemble finalement cohérente. Et Twitter aurait pu être le soft power, le relai d’influence pour pousser ces idées-là. Ce qui semblait être un plan assez bien huilé est en train de déraper parce que Musk s’échauffe dans une autre direction, celle du combat idéologique. Mais Musk n’est pas à sa place, à mon avis, en jouant les idéologues.
QG : N’y a-t-il pas contradiction de la part de Musk qui prône, d’un côté le « free speech », la liberté d’expression totale, et de l’autre, suspend le compte Twitter du rappeur Kanye West, suite aux propos de ce dernier, clamant son admiration pour Hitler ?
Quand Musk se fait le chantre de la liberté d’expression, c’est du storytelling. Quand on regarde ce qu’il a toujours fait dans ses entreprises, qui est-ce qui parle au nom de Space X ? Qui est-ce qui parle au nom de Tesla ? C’est lui. La liberté d’expression chez Musk s’arrête là où commence la sienne. Il y a beaucoup de posture dans cette histoire-là. Par ailleurs laisser tout le monde dire n’importe quoi est un projet intenable, on le voit avec les délires de Kanye West.
À mon sens, Musk veut faire diversion quand il affirme racheter Twitter pour défendre la liberté d’expression. Son réel objectif est de l’employer comme un formidable réseau d’influence pour débloquer certaines problématiques de ses sociétés, comme je vous l’ai dit tout à l’heure. Ce n’est pas étonnant de la part de Musk, qui fonctionne toujours selon la technique du fusil à deux coups. C’est-à-dire qu’il place le débat sur un objectif lointain pour détourner l’attention de ce qu’il fait réellement, à brève échéance. L’exemple typique est dans le domaine de l’espace, où il préfère parler de la colonisation martienne que de parler de la véritable colonisation de l’orbite basse de la Terre qu’il a faite avec ses satellites Starlink. Mais là, on a l’impression qu’il se prend au jeu. Ça l’amène à se placer dans un combat idéologique sur ce que doivent penser les gens. Je trouve qu’il est en train de perdre les pédales.
QG : Musk, qui est aussi un des cofondateurs de PayPal, avait annoncé un vaste plan de restructuration, avec des cadences accrues pour les salariés restants. Or, sur les 7.500 salariés de Twitter au début de l’année 2022, moins de 2.000 sont encore présents à l’heure actuelle. Le réseau social ne risque-t-il pas de payer cette politique de la terre brûlée ?
C’est toute la dualité du personnage, qui aime se donner une image de flibustier, de trompe-la-mort, de type qui réagit au quart de tour, mais qui est plus organisé que cela. Je pense qu’il a, chez Tesla, des ressources informatiques, logicielles, qu’il pourra déplacer vers Twitter sans mettre le réseau en danger. Je ne crois pas du tout à un scénario selon lequel Twitter s’effondre parce que toutes ses forces vives sont parties. Comme vous l’avez rappelé, Musk vient de PayPal. Il vient du numérique. Il a une approche d’informaticien dans toutes ses entreprises. Cette façon qu’il a à faire décoller des fusées pas encore parfaites… Un engin se crache ? Il lance un deuxième modèle, un peu différent. La nouvelle fusée s’écrase ? Il recommence, avec un modèle encore un peu différent. Cela ressemble à la démarche d’un informaticien qui crée un programme. Il le fait tourner. Il change une ligne de code. Il le fait tourner. Il change encore quelque chose, etc. Cette approche itérative de l’informaticien, il l’applique dans toutes ses entreprises. C’est sa culture.
En rachetant Twitter, il retombe sur ses pattes. Cela peut paraître étonnant, quand on regarde les chiffres, parce que cela reviendrait à dire que plus de la moitié des salariés de Twitter ne servaient à rien, ce qui est évidemment impossible. Pourtant, Musk semble bien avoir assuré le minimum vital.
Propos recueillis par Jonathan Baudoin
Olivier Lascar est journaliste, rédacteur en chef digital de « Sciences et Avenir ». Il est l’auteur de Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science (Alisio sciences, 2022)
Des choses intéressantes sur Musk et consort ont été dites précédemment.
Je vais réagir simplement sur une autre info incidente que nous donne l’auteur de l’article.
Ce qui m’a interpelé dans l’article, c’est le cas de cet artiste de variétés Kanye West (possiblement autiste, comme Musk : décidément, c’est une mode ou quoi ?) qui s’affirme, sans honte aucune, grand admirateur d’Hitler et des nazis. Bing ! là, au premier abord, il y a déjà quelque chose qui cloche pour moi ! Mais, en fait, qui ne cloche qu’apparemment ! Car il y a une explication. Qui ne se situe pas au niveau de la liberté d’expression mais au niveau de la légitimité d’expression ! Ce qui cloche, c’est qu’une telle affirmation publique, par un homme public, était jusqu’ici un interdit moral quasi absolu. Personne, que je sache, ne s’est jamais aventuré jusqu’ici.
Alors pourquoi cela ? Et pourquoi maintenant ? Briser un tabou ne peut être, ne peut jamais être « que » le fait … d’un Acteur (au sens sociologique : pas un comédien). Un individu seul, un sujet, ne peut pas. Pour parler, pour agir dans un certain champ, il faut obligatoirement être légitime, cad être un acteur, cad appartenir/s’adosser à un groupe, à une institution … de consolidation sur tel ou tel enjeu, cad tel ou tel champ polémique (si il n’y a pas polémique, pas contradiction, alors il n’y a pas d’acteur, pas d’institution, pas d’édifice).
Mais où est l’Acteur qui se cache derrière West, ou dans lequel se compose l’acteur West ? qui « fait acteur » avec mr West, cad quel édifice social le légitime, le « bétonne », pour qu’il se permettre ainsi de briser un tel tabou ?
Cet édifice, en fait, se manifeste par un bruit sourd, un bruit assourdissant, qu’on entend depuis quelque temps ! Mais ce bruit assourdissant d’où vient-il donc ? Par qui est-il clamé, enfin ? Qui clame ce soutien à Hitler actuellement ?
L’Amérique ! tout simplement l’Amérique et l’Europe ! West a du monde, à l’ouest, auquel s’adosser. Le collectif clamant sous-jacent, il ne faut pas le chercher bien loin : il se manifeste en permanence sur tous les écrans de France, de Navarre et d’Occident ! c’est le soutien absolument massif de l’occident à l’Ukraine dont tout le monde, tout pékin tant soit peu informé et honnête, sait maintenant parfaitement qu’elle est un pays qui a été dominé historiquement par une idéologie nazie ; pays qui vient d’ailleurs d’interdire le Parti Communiste. En Ukraine, la Shoah par balles a autant tuer de juifs que l’Allemagne nazie. L’Amérique soutient l’Ukraine, l’Europe soutient l’Ukraine. Quand les pays les plus développés du monde soutiennent un pays encore idéologiquement nazi, il devient assez naturel, facile, que par contagion proximale, l’acteur nazi prenne de l’ampleur et de la consistance dans les consciences, constituant ainsi un édifice de plus en plus fermement producteur de légitimité.
D’autant que l’Amérique a historiquement protégé, elle aussi, des dignitaires nazis après la guerre 39-45 (mais ça c’est moins connu). Le camp de Guantánamo est, lui, plus connu du grand public. Une forme de libertarisme étatique (d’origine nazie) est aussi très présente idéologiquement aux USA. D’ailleurs, Musk et consort en sont de fervents partisans; mais ils ne portent pas l’uniforme ! Non, ils sont « in », « hyper dynamiques », se font admirer comme grands amiraux, grands stratèges de la réussite financière, transhumanistes, et même transplanétariens : ils ne peuvent donc être que gentils.