Les conflits psychiques provoqués par la gestion politique de la crise sanitaire
Le 24/11/2022 par Laurent Mucchielli
Cet article, écrit par la victimologue Marielle Vicet, inaugure une série de réflexions sur les dimensions psychologiques individuelles et collectives de la crise sanitaire. L’enjeu est important. Loin de la vision enchantée des confinements et autres mesures de « distanciation sociale » que nous propose la propagande politico-industrielle, la réalité des impacts psychosociaux de ces politiques sanitaires interpelle les chercheurs et praticiens de la santé mentale, cette dernière étant une dimension très importante de la santé tout court. Or, les constats issus des données d’enquête recoupent ceux que font les professionnels sur le terrain. Ils enregistrent une détérioration de la santé mentale qui pose question. Il en va notamment de l’avenir de nos jeunes, qui ont été les sacrifiés d’une crise gérée au nom de l’intérêt des plus anciens
L’article qui suit, écrit par la victimologue Marielle Vicet, inaugure sur ce blog une série de réflexions portant sur les dimensions psychologiques individuelles et collectives de la crise sanitaire. L’enjeu est important. Loin de la vision enchantée des confinements et autres mesures de « distanciation sociale » que nous propose la propagande politico-industrielle, la réalité des impacts psychosociaux de ces politiques sanitaires interpelle les chercheurs et les praticiens de la santé mentale, cette dernière étant une dimension très importante de la santé tout court.
En 2021, Monique Dagnaud, directrice de recherche émérite au CNRS (CEMS/EHESS) a dirigé une enquête en partenariat avec ARTE et France Culture, dans le cadre du festival Et maintenant ?. Diffusée sur les réseaux sociaux, cette enquête a permis de recueillir des informations sur plus de 80 000 personnes de tous âges. La population d’enquête ainsi constituée ne constitue pas un échantillon représentatif, elle surreprésente notamment les jeunes, les femmes, les classes moyennes et supérieures, les personnes diplômées et celles vivant en région parisienne. Les constats, résumés dans cette longue interview radiophonique, n’en sont pas moins importants. Il apparaît notamment que les jeunes générations ont été nettement plus impactées dans leurs vies générales que les plus âgés : « A la question « Qu’est-ce que la crise vous a fait changer ?« , 45 % des plus de 55 ans répondent « rien du tout« , contre 32 % des 25-39 ans et 27 % des 18-24 ans. Ces derniers évoquent davantage une évolution des liens avec l’entourage et, à l’âge des grandes décisions quant à son avenir, à avoir changé de choix d’études. Leurs aînés ont connu des bouleversements similaires : 32 % affirment avoir abandonné leurs projets professionnels, 24 % leur cadre de vie ». Derrière la tranquillité apparente des baby-boomers se cache ainsi la souffrance des plus jeunes : « chez les 18-24 ans. 57 % ont connu des problèmes de déprime et d’anxiété, 45 % de solitude, 42 % de fatigue et de sommeil et 25 % d’alimentation (…). Le questionnaire confirme ainsi les inquiétudes concernant les effets psychologiques du Covid-19 exprimées par les professionnels de santé lors du confinement et alors que les étudiants devaient, pour la plupart, suivre des cours à distance ». L’enquête relève également que, « dans l’évolution à marche forcée de la sociabilité à distance et l’enseignement en ligne, de nombreux jeunes, même adeptes de culture numérique, n’y ont pas trouvé un rempart contre le sentiment d’isolement et ses conséquences ».
En mai 2021, l’OCDE publiait également un rapport intitulé « Préserver la santé mentale des jeunes pendant la crise du COVID-19 ». On y apprend que, avec ses confinements, ses fermetures des établissements de formation, ses mises contraintes en télétravail ou au chômage, « la crise du COVID-19 a eu d’importantes répercussions sur la vie des jeunes (15-24 ans), et les données disponibles font apparaître une montée alarmante des problèmes de santé mentale dans cette classe d’âge. En Belgique, aux États-Unis et en France, les données de mars 2021 montrent que la proportion de jeunes présentant des symptômes d’anxiété et de dépression était plus de deux fois supérieure à celle indiquée par les données les plus récentes d’avant la crise ». En France, l’étude « CoviPrev » de Santé Publique France a également enregistré l’augmentation de tous les indicateurs de mauvaise santé mentale suite aux confinements (perception globale de sa santé, signes d’états dépressifs, signes d’état anxieux, troubles du sommeil, pensées suicidaires).
Ces constats, qui recoupent ceux que font les professionnels sur le terrain (qu’il s’agisse des psychologues, des psychiatres ou encore des structures publiques ou privées d’aides et d’écoute), doivent nous interroger. Il en va notamment de l’avenir de nos jeunes, qui ont été les sacrifiés d’une crise gérée au nom de l’intérêt des plus anciens.
Voici donc aujourd’hui un premier texte portant sur les dimensions psychologiques, et plus précisément victimologiques, de la dite crise sanitaire. J’espère que d’autres suivront, les propositions sont les bienvenues.
Laurent Mucchielli
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Réflexions sur les conflits psychiques provoqués par la gestion politique de la crise sanitaire
Marielle VICET, victimologue, est docteure en psychanalyse et psychopathologie. Sa thèse portait sur les violences sexuelles en institution (Études préalables à l’intelligence émotionnelle face aux violences. Le rôle des émotions dans l’élaboration psychique des professionnels en institution, Université Sorbonne Paris Cité, 2015).
L’actualité et le narratif du discours anxiogène sur les maladies, sur l’état de la planète, sur la guerre, sur l’effondrement de l’économie, sur la pénurie d’énergie, ainsi que les mesures liberticides qui accompagnent ce discours (comme la crise sanitaire l’a bien montré), ont introduit chez une partie de la population un système de défense et de survie. L’impact psychique est probablement majeur pour les personnes qui vivent à présent dans un monde insécure et dans l’incapacité d’analyser et de concilier leurs conflits internes.
Violences et mensonges d’État
Tout d’abord, intéressons-nous au processus à l’œuvre dans cette crise qui fonde la violence étatique et institutionnelle installant des fonctionnements dichotomiques, des harcèlements, des victimisations. C’est une palette d’agirs violents étatiques qui entrave, enserre, écrase :
– une instrumentalisation qui entretient la peur, une morbidité qui porte atteinte à l’intégrité psychique et physique jusqu’aux contraintes vaccinales qui font intrusion, effraction et mutilation dans les corps (1).
– des manipulations et des mensonges délibérés dans les discours politiques et de la part d’une cohorte de pseudo-scientifiques et d’« autorités sanitaires » sur les masques, sur le nombre de malades, sur le nombre de morts Covid, sur le nombre et la gravité des effets indésirables liés aux nouvelles thérapies génétiques. Par exemple, lorsqu’il était ministre de la santé, Olivier Véran scandait que les injections à ARN messager étaient absolument sans risques pour la mère et l’enfant. « Les femmes enceintes peuvent se faire vacciner contre le Covid-19 dès le « premier trimestre » de grossesse » disait-il lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 20 juillet 2021 (2). De même, le 24 novembre 2020, le président Emmanuel Macron avait annoncé : « Je veux aussi être clair : je ne rendrai pas la vaccination obligatoire ». Et le 12 septembre 2021, il déclarait pourtant : « Dans un premier temps, pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile, la vaccination sera rendue obligatoire sans attendre ». Et le 18 décembre 2021, Olivier Véran avouait en effet que « le pass vaccinal est une forme déguisée d’obligation vaccinale ».
– l’hégémonie du tout sécuritaire, abus de pouvoir (menaces de sanction, contrôle par tracing), injonctions contradictoires, censure organisée, discrimination en fonction du statut vaccinal, interdiction aux médecins de prescrire, interdiction de tout débat sur les traitements et la gestion de la crise, déni de justice (non-reconnaissance de la culpabilité de celui qui viole la loi), utilisation de techniques de manipulation mentale (Nudges), mise sous secret-défense des décisions prises sur la crise par le pouvoir exécutif, etc.
L’intelligibilité des processus à l’œuvre avec ce concentré d’agirs violents et de manipulations entraînent une forme de déviance institutionnalisée lorsqu’elle fait fi de la loi et des règles. Ainsi, l’abus de pouvoir peut se faire perversion psychique lorsqu’un auteur incarne la figure du sauveur dictant la loi et ordonnant en déniant l’altérité de l’autre ; il place ainsi toute la population sous emprise et contrôle.
Comment croire qu’un gouvernement se retourne contre la population ?
Au sein d’une population, le niveau de conscience de la gravité des faits et des risques pour la démocratie est disparate. Beaucoup de personnes sont convaincues que les injections sont indispensables pour leur santé et celles de leurs proches, tel que martelé par la propagande officielle, et sont dans la croyance qu’il est nécessaire de se soumettre pour sortir de cet enfermement et se protéger de tout risque.
Sont présents des mécanismes de clivage permettant le retrait ou le déni des faits, entraînant une dissociation individuelle et collective de la réalité. Dans l’incapacité de concilier ce conflit en raison de la charge émotionnelle liée au stress, à l’anxiété et au deuil, soumis à la persécution, à la menace, à l’intimidation, le mécanisme de défense sera le déni de la réalité, par exemple le refus de voir et d’imaginer les intentions derrière les mensonges d’État et de ses représentants institutionnels. En aucun cas, ces personnes ne peuvent imaginer que les représentants élus, politiques, responsables administratifs puissent opter pour de telles mesures contraignantes sans qu’il n’y ait un réel danger. De même qu’il est difficile d’assumer de penser que des médecins puissent déroger au serment d’Hippocrate qui fonde leur éthique professionnelle (fidélité « aux lois de l’honneur et de la probité, de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux […], de respecter toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions […], d’informer les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences…, de ne tromper jamais leur confiance et n’exploiter le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences […], sans se laisser influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire […] »). Pour les personnes victimes d’un conjoint violent, il est de l’ordre de l’IMPENSABLE que cette personne aimée puisse adopter un comportement pervers. De même, posons avec le Dr Frédéric Badel la question : « Comment croire qu’un gouvernement démocratiquement élu puisse se retourner contre son peuple ? ».
Violences d’État et perversion
Dans la perversion psychique, l’altérité de l’autre est déniée, il devient objet déshumanisé. De la même manière, la série de mesures et d’abus de pouvoir qui caractérise la gestion politique de la crise du Covid participe à l’écrasement des personnes en mettant en œuvre des mécanismes de contrôle, de rationalisation, de justification, d’attitudes de déni et d’indifférence à la souffrance d’autrui. L’ensemble des dirigeants des institutions de santé participent (en évaluant insuffisamment les dysfonctionnements et les dangers de toutes ces mesures) voire collaborent aux stratégies des dirigeants et certains en tirent profit.
En miroir, comment une personne saine et incapable de concevoir cet impensable peut-elle imaginer un tel scénario de contrôle de toute une population sans avoir elle-même été confrontée au mécanisme pervers, voire l’avoir dépassé ou l’avoir finement analysé ? Il est impensable pour la majorité de la population que ces dirigeants par la peur puissent porter sciemment atteinte à la santé d’autrui. Et pourtant, le port imposé du masque, qui provoque chez les enfants de l’hypercapnie, et la vaccination présentée comme le sésame obligatoire pour accéder aux services et effectuer des déplacements, sont des moyens totalitaires inscrivant dans le cerveau des postures de soumission et de silence imposé qui risquent de laisser des traces sur le long terme. Dans ce système se mêlent autoritarisme, toute-puissance, stratégies, manipulations et emprise sur l’autre ; ces agirs fondent la violence étatique.
L’attirance mimétique ou le système de cohérence des neurones miroirs
Au niveau du conscient, nous partageons des références socioculturelles, des croyances et des valeurs, qui vont représenter le support d’une communication avec l’autre : un échange de conscient à conscient. Il s’agit d’un jeu d’interactions où l’individu se construit son environnement en fonction de son axiome de vie, c’est-à-dire qu’il va vivre des situations et créer des expériences de vie en fonction des conflits psychiques qu’il doit dépasser.
Un autre niveau de communication s’établit d’un inconscient à un autre inconscient (3) incluant le système de cohérence des neurones miroirs (4). Nous entrons en résonance avec l’autre grâce à une attirance mimétique dans la rencontre qui va correspondre à la position existentielle de chacun d’eux en lien avec leurs propres axiomes de vie. Dans cette dynamique, liée à l’intersubjectivité et à la force attractive, les sujets se rencontrent comme deux pôles d’un aimant (5). C’est-à-dire que le sujet va rencontrer cet autre en fonction des conflits psychiques qu’il a à traiter.
Dans cette confrontation majeure à l’autre vont émerger, en miroir, des conflits psychiques, vont être présentes des mémoires d’événements de la généalogie familiale, des conflits issus de transmissions transgénérationnelles. Par exemple, un auteur de violences va chercher à se connecter à un sujet confronté à des conflits psychiques liés à une position de vulnérabilité (soumission, injustice, dévalorisation, rancœur, etc.). Il est nécessaire que l’auteur de violences soit dans une position d’emprise sur l’autre. La victime potentielle, à son insu, va répondre positivement à cette connexion afin d’être en résonance complète avec les conflits psychiques de l’autre. La personne vulnérable pense que cet autre qui se montre tellement sûr de lui (ou d’elle) va lui apporter de la sécurité, or c’est tout l’inverse. Ainsi, si un sujet a une « valise » de violence, il va rencontrer en miroir un(e) autre qui possède une « valise » de soumission. Ceci, grâce à cette force attractive : comme un miroir aimanté.
Dans le contexte actuel, grâce au système miroir, les sujets vont opérer des positions en fonction de leur propre axiome existentiel. Dans une nation, au cœur de l’espace collectif s’affrontent les axiomes divergents de sujets aux agirs pervers ou de sujets aux agirs sauveteurs, induisant un système défaillant. Entre ces deux pôles extrêmes, d’autres sujets investissent la scène de manière plus adaptée ou parfois plus chaotique, vivent des situations en lien avec leurs propres conflits, agissent ou subissent les événements suivant l’équilibre qu’ils tentent de maintenir sur l’échelle homéostasique (6).
Certains agirs pervers peuvent être actionnés par une quête majeure d’être aimé, liée à une carence affective grave, au vécu d’injustice et aux traumatismes vécus dans la généalogie, etc. Ces personnes vont adopter un investissement axiomatique du type « être aimé à tout prix », en raison d’une grande immaturité affective (7). L’intolérance à la frustration va parfois de pair avec des comportements impulsifs. L’injonction est celle d’obtenir le maximum de l’autre utilisé comme objet, où l’autre est maintenu à distance, réduit à néant. Dans cette posture prime autoritarisme, mépris, mensonges, déni de l’existence de l’autre, rigidité, manipulation, comportements malveillants, déviants. Si la séduction peut venir masquer un déficit d’estime de soi et des défenses contre l’angoisse, contre un processus dépressif, à l’extrême, dans l’inaffectivité, le sujet pervers manipulateur et destructeur peut éprouver beaucoup de jouissance dans l’emprise qu’il exerce sur sa victime.
Selon Geneviève Reichert-Pagnard, les pervers narcissiques exercent une emprise totale sur autrui, réduisent l’existence des autres au service de la leur. « L’autre est ressenti comme narcissiquement blessant, insupportable au point de « l’instrumentaliser », le faisant crouler sous les tâches, les dévalorisations, les reproches, l’utilisant comme un objet, en l’écrasant et le désorganisant avec jouissance, tout en se survalorisant […], pour ne pas se retrouver en position d’infériorité » (8). Il s’agit, dans ce système, d’une emprise destructrice sur l’autre : manipulateur destructeur, l’auteur d’agirs violents évolue dans un système relationnel très dysfonctionnant, adopte une position de domination discréditant l’autre, utilise infantilisation, dévalorisation, humiliation, culpabilité et attitudes de mépris atteignant immanquablement autrui dans son image. Roger Dorey évoque trois versants qui sont « l’appropriation par dépossession de l’Autre, la domination, et la nécessité de graver son empreinte sur lui (9).
Face au maintien des décisions des dirigeants de l’État, en miroir, le sujet « sauveteur » investit cet axiome afin qu’il puisse poursuivre sa quête : devoir sauver les personnes et se sauver lui-même. Dans ce vécu chaotique, c’est du mouvement de survie des sujets « sauveteurs » dont va dépendre le dépassement des conflits psychiques personnels et collectifs. Le sujet au comportement manipulateur destructeur ne voit, lui, aucun intérêt, dans sa toute-puissance, à modifier son comportement. Face à cette force destructrice, le « sauveteur » n’a pas d’autre choix que l’élaboration et le dépassement de ses propres conflits internes pour maintenir sa puissance de vie et s’extraire de situations conflictuelles au risque d’être éjecté du système.
Les impacts sur l’affect et les positionnements face aux agirs pervers
Face au quotidien tumultueux dans lequel nous sommes tous plongés, en manque de stabilité physique, émotionnelle, psychique ou spirituelle, nombreux sont ceux qui présentent des difficultés à se projeter dans le futur. Un être victime d’agirs pervers, avec la crainte de contracter une maladie telle la Covid, est envahi massivement par des affects de peur et de soumission. Les sentiments de dévalorisation, de honte, de culpabilité, d’abandon et d’impuissance déjà présents dans l’histoire de la personne peuvent également ressurgir en cas de crise. Sans soutien, ces affects impriment chez des personnes de profondes blessures psychiques et corporelles. L’absence de traitement des effets de cette effraction peut conduire à une profonde dépression. La personne sidérée peut s’effondrer, n’a plus de ressort parce qu’elle est attaquée dans sa force de vie qui l’entraîne dans du désespoir. Ces graves atteintes avec ces mesures contraignantes peuvent dans certains cas conduire la personne à une mise en acte autodestructrice.
Si la majorité des personnes ont été hypnotisées par les annonces morbides en répétition, victime de la multiplicité des messages de propagande et l’homogénéité des communiqués de presse, la crainte de contracter la maladie est profonde. D’autres perçoivent la manipulation et les décisions arbitraires, semblent accepter les atteintes aux droits civiques et sociaux, s’adaptent aux contraintes et, pensant prioritairement à sauvegarder leur emploi, leur sécurité individuelle et leur confort ou ne pouvant supporter les interdictions liées aux sorties, à la pratique de loisirs, se soumettent dans le but, croient-ils, de recouvrer leur liberté. Sans conscience, ils se plient momentanément aux injonctions, y compris vaccinales en espérant un futur qui pourra leur permettre de revivre « leur vie d’avant ». D’autres encore peuvent être en état de sidération, saturées et effrayées par les contenus d’informations, et dans l’incapacité de gérer leur anxiété. Celle-ci s’accroît face au nombre de personnes malades ou décédées dans l’entourage proche. Refusant de se soumettre, les projections négatives peuvent occuper toute la place au niveau du mental.
Le mécanisme de défense peut aussi être celui du déni dans le refus de reconnaître la réalité des faits, voire en créant une mise à distance telle qu’ils justifient les décisions de contrôle et les directives des dirigeants qui veulent assurer coûte que coûte le projet vaccinal mondial, sans faire le lien avec les pathologies déclarées pour eux ou leurs proches après les injections (voire avec les décès de leurs proches). Face aux faits ou témoignages pouvant générer anxiété ou peur archaïque, est à l’œuvre une stratégie d’évitement ou cloisonnement des états affectifs visant à réduire cette anxiété. La position d’autoprotection en situation de crise représente un mécanisme inconscient de clivage et peut susciter beaucoup d’exaspération et de colère chez les « sauveurs ». En miroir, des personnes soutiennent massivement les décisions sanitaires dans une croyance en cette expérimentation, dans une position majeure de déni de la réalité.
D’autres encore ont subi ces injections, pris en tenaille entre leur peur des risques d’effets indésirables graves des vaccins génétiques anti-covid et l’impérieux souhait de maintenir les liens avec des proches hospitalisés ou placés en structures (EHPAD, institutions pour enfants ou adultes en situation de handicap, etc.), ou les liens avec des parents vivant dans un pays étranger, ou dans les Départements et Territoires d’Outre-Mer. S’ils se sont soumis à ces injonctions, voire ont pu constater les conséquences de ces injections dans leur propre corps, ils peuvent également être dans la peur de réduire leur potentiel santé. Ils oscillent entre colère et angoisse de développer à long terme des complications voire un handicap suite aux injections subies.
D’autres encore font simplement le constat que les injections n’empêchent nullement de contracter le virus, voire ont eu de fortes réactions comparativement aux personnes non injectées, peu impactées par le virus ou ses variants. Leur choix n’est plus celui de la soumission à ce diktat vaccinal. Ils sursoient à ces injonctions en refusant la quatrième dose. Certains médecins vaccinateurs, désormais conscients des risques, annoncent à leurs patients qu’en tant que médecin traitant il ne leur recommande pas non plus.
Les conflits psychiques des victimes
Chacun, individuellement ou collectivement, met en place des stratégies pour se protéger des violences et de la souffrance.
Si l’attitude des dirigeants traduit une absence d’altérité, une inaffectivité face à la violence subie en premier lieu par les professionnels de santé (d’un dévouement extrême au plus fort de la crise, sans moyens, qui sont pourtant la cible de cette obligation vaccinale, privés de leurs droits, suspendus sans salaire), face aux personnes qui sont devenues handicapées ou malades après les injections, ou des personnes confrontées aux décès de proches, ce déni de l’existence d’autrui entraîne, pour les victimes, une absence totale de confiance dans le politique. Les menaces envers les scientifiques, avocats, immunologues, experts ou simples médecins osant émettre un avis divergeant issus de leur clinique, renforcent le ressenti de colère voire de haine, face à la gravité de l’atteinte aux droits et le déficit d’empathie de leur propre souffrance et celle d’autrui.
Face à la surdité et à la complicité de la majorité de la classe politique, des responsables des instances judiciaires et des médias, face au silence assourdissant des représentants syndicaux sur les multiples atteintes faites à nos droits fondamentaux, l’affect d’impuissance et celui de désespoir sont très prégnants chez de nombreuses personnes et suggèrent une sorte d’impasse existentielle.
L’atteinte aux droits fondamentaux, comme la liberté de disposer de son corps, suscite également de la colère, une violence contenue qui désarme, excite ou sidère. Lorsque les dirigeants tentent de justifier coûte que coûte une politique sécuritaire (couvre-feu, confinement, auto-attestation, amendes, etc. et vaccination obligatoire déguisée), avec la complicité des spécialistes sanitaires sur les antennes ou médias, l’impuissance et la rancœur peuvent affecter durablement la personne et se transformer en sentiments d’injustice et de trahison, voire de haine et de rage contre les représentants qui tentent de renforcer cette mainmise sur eux. Lorsqu’une personne est « agie » par des injonctions perverses entraînant des comportements agressifs, malveillants, déviants, elle peut être dans une quête insatiable induisant de possibles comportements violents.
Si les instances décisionnaires qui utilisent la manipulation peuvent « implanter leur parasitisme » (10), c’est en raison de la représentation de l’autre vulnérable ; chacun des sujets attirant cet autre en miroir. La vulnérabilité telle la soumission est présente chez la majorité des personnes, notamment celles qui se sont fait vaccinées, en référence à la propagande, pour « protéger les autres », « pour le bien commun », dans cette croyance, elles n’ont pu décoder les stratégies d’emprise et de destruction.
La confrontation en répétition à des injonctions telle l’obligation vaccinale est traumatisante pour la personne soumise à ces injections pour conserver son emploi. Les conflits psychiques de victimes peuvent porter sur des ressentis de dévalorisation, de désespoir, d’impuissance, d’épuisement, voire développent un syndrome dépressif.
Tous ces sentiments de culpabilité, de doute, d’incertitude, de soumission, d’impuissance, se propagent et s’inscrivent également dans l’inconscient collectif. Chacun peut être contaminé par le sentiment dépressif régnant au sein des familles, au sein de la communauté entière (nation et monde), cette contamination peut conduire à un état de grande insécurité.
La crise comme opportunité de dépassement de nos conflits
« Le propre de l’homme est de toujours espérer le meilleur et d’éloigner le pire », nous dit Edgar Morin. L’anxiété causée par les annonces fracassantes des médias reflète le rejet de notre finitude. C’est l’une des principales raisons de l’adhésion massive des individus au discours manipulateur du pouvoir pour la propagande vaccinale. Ce culte nous mène à un délire collectif où les personnes adhèrent comme dans un système sectaire malgré toute absence de logique, malgré tous les indéniables conflits d’intérêts de puissants prédateurs, malgré la privation de droits fondamentaux de la population.
Hannah Arendt décrit les crimes commis par les gouvernements totalitaires : l’injustice et l’exploitation, la privation de liberté et l’oppression politique. « Au crime unique contre l’humanité s’oppose l’unique droit de l’homme » (11). Nos lois devraient servir de socle à la sauvegarde de nos droits de citoyens. Mais si le respect du droit de l’homme est menacé, nous n’avons pas d’autres alternatives que de défendre collectivement l’existence des droits inscrits dans notre constitution : un principe républicain de Liberté, d’Égalité devant la loi, et de Fraternité, un principe de Liberté à propos de la vaccination inscrits dans la résolution du Conseil de l’Europe (12), un principe d’Égalité impliquant celui de Justice et d’Équité devant la Loi pour le respect de la dignité de chacun.
Dans ce contexte de crise, menacée par le pouvoir d’État et l’injustice sociale, la garantie des droits égaux dans un nouveau système d’État nous oblige à une œuvre commune, également à une œuvre individuelle pour produire du « NOUS », pour une collaboration intelligente.
Le dépassement des conflits psychiques est avant tout individuel pour engendrer une transformation collective de ses relations à l’autre. C’est bien parce que les individus n’ont pas conscience ou « acceptent » d’être l’objet de manipulation, de contrôle et d’humiliation, se soumettent, n’ont plus la faculté de penser, de discerner, n’ont plus l’élan pour se projeter et décider d’être acteur de leur vie, qu’en miroir l’autorité, la toute-puissance, la perversion, les formes totalitaires peuvent se déployer.
Cette vulnérabilité de la victime et cette potentialité de violence d’un auteur conduisent immanquablement à la confrontation dans une visée de dépassement pour chaque sujet. C’est-à-dire que cette interaction offre à chacun l’opportunité de dépasser ses situations de souffrance (ses conflits psychiques) en traitant la charge émotionnelle associée à ses conflits.
Défendre le droit de l’Homme
Ce schéma est également transposable dans le cadre de violences étatiques où le groupe d’individus est confronté à de fortes émotions qui s’échelonnent sur plus de deux années. Pour chaque peuple, la charge émotionnelle du vécu traumatique lors des guerres mondiales entraîne la répétition de situations similaires pour les générations suivantes. Lorsque les événements traumatiques de la personne ou éléments conflictuels ne sont pas traités, c’est-à-dire si elle ne se libère pas de sa charge émotionnelle, d’autres événements vont se représenter invariablement sur la scène de sa vie.
Une démarche d’introspection va orienter la personne vers une ouverture de conscience sur ces répétitions auxquelles elle était jusqu’alors soumise. Le travail au niveau du ressenti émotionnel représente une possibilité d’influencer le traitement des traumatismes. C’est notre ressenti émotionnel qui donne la clé à une possible reprogrammation des traces traumatiques sur le plan biologique par le traitement des images. Il est possible de colorer différemment les régions cérébrales atteintes par un traitement des images liées aux émotions.
Créer du lien avec l’autre, partager et faire vivre le « nous » pour faire émerger la force du collectif et exprimer notre créativité nous permettra, individuellement et collectivement, d’inventer un monde commun et régénérer l’esprit et la valeur démocratique. Les marges de manœuvres seront celles que nous nous attribuerons pour recentrer les enjeux sur les droits humains, sur la référence à nos valeurs communes, à la prééminence de l’humain dans toute sa dignité. Toutefois, nous n’avons pas d’autres alternatives que d’accepter de traverser cette crise, et, dans cette aventure individuelle et collective, prendre conscience et accueillir ces émotions qui nous traversent, les dépasser pour recouvrer notre liberté de penser et d’agir. Dans cet espace-temps de transformation, chacun vit et vivra à nouveau des expériences nécessaires dans son propre chemin. La décision de s’élever pour se libérer de ses souffrances ne peut être qu’individuelle. Et c’est de la liberté individuelle de penser et d’agir dont dépendront l’éveil et le dépassement de la crise collective, l’avenir de nos sociétés et des sciences, chacun artisan dans la métamorphose désirée et redoutée à la fois des valeurs et de l’être.
Notes et références
(1) Lors d’une audience au Parlement Européen le 11 octobre 2022, une représentante de Pfizer a admis pourtant que le vaccin n’a jamais été testé sur la prévention de la transmission. Cet aveu supprime toute la base juridique du passeport vaccinal Covid.
(2) Le rapport d’évaluation public du vaccin COVID-19 Pfizer/BioNTech de la MHRA britannique, mis à jour le 16 août 2022. Conclusions sur la toxicité, paragraphe 3.4 : « Dans le cadre de l’approvisionnement au titre du règlement 174, il est considéré qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle de garantir suffisamment la sécurité d’utilisation du vaccin chez la femme enceinte. […] Les femmes qui allaitent ne doivent pas non plus être vaccinées ».
(3) C. Bolgert, « L’identification projective », Gestalt, 2003, 24 (1), p. 141-159 ; J.-F. Gravouil, « L’identité : une construction relationnelle », Cahiers de Gestalt-thérapie, 2015, 35 (2), p. 23-34 ; J.-F. Gravouil,« Un cerveau social. Une histoire vieille de 150 millions d’années ! », Gestalt, 2015, 46 (1), p. 81-94.
(4) A. Damasio, L’autre moi-même. Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2010 ; B. Cyrulnik, P. Bustany, J.-M. Oughourlian, T. Janssen, P. Van Eersel, Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner, Paris, Albin Michel, 2012.
(5) J. Payen De La Garanderie, « Violence relationnelle : menace et absence de tiers », Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux, 2014, 53 (2), p. 31-47.
(6) A. Damasio, op. cit., p. 37-38.
(7) J. Bowlby, L’attachement, Paris, PUF, 1978.
(8) G. Reichert-Pagnard, Crimes impunis, Orsay, Prime Fluo Éditions, 2011, p. 238-239.
(9) J.-P. Pinel, « Emprise et pouvoir de la transparence dans les institutions spécialisées », Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 2008, 51 (2), p. 33-48.
(10) G. Reichert-Pagnard, Op.cit., p. 252.
(11) Annah Arendt, Il n’y a qu’un seul droit de l’homme, Paris, Payot, 2021, p. 117-118.
(12) La résolution 2361 adoptée le 27 janvier 2021 par le Conseil de l’Europe stipule en articles 7.3.1 et 7.3.2 que la vaccination ne devra PAS être obligatoire et que personne ne devra subir de pressions politiques, sociales ou autres, pour se faire vacciner, si il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement. L’article 7.3.2 stipule que personne ne devra être victime de discrimination pour ne pas avoir été vacciné, en raison des risques potentiels pour la santé ou pour ne pas vouloir se faire vacciner.
4 Commentaire(s)
J’ai parcouru cet article en accéléré. Non par désintérêt, bien au contraire, mais par méconnaissance de l’univers psychologique médicalisé qui sert de base à l’analyse et au commentaire des faits relatés, ignorance qui m’empêchait de plonger pleinement dans la richesse de cette matière dont j’ai suivi le fil par ricochets sur mots clefs que je pouvais capter.
Le fond et les éléments clés de cet article qui m’ont pleinement conforté dans ce que je pense de la « violence d’État » constatée pendant la crise Covid. L’auteure de l’article ne le dit pas explicitement, mais le constat qu’elle fait des méthodes employées par le président Macron et son gouvernement en matière de communication notamment et en mesures coercitives également, présente toutes les caractéristiques d’une « guerre psychologique » employée pour neutraliser une population en période d’opérations.
Macron, chef des armées, aurait délibérément eu recours à des méthodes militaires pour mener une guerre (psychologique) contre son propre peuple à l’insu de son plein gré, pour mieux le circonvenir et le manipuler ? Je dis OUI et je signe. Comme je me réjouis que cet article de Blog sorte en même temps sur QG, que l’interview d’un Général de l’Armée française (voir Pierre-Joseph Givre face à Aude Lancelin) pour faire pendant et rappeler que la mission de l’Armée dans ce pays n’est pas d’intervenir sur le territoire dans les affaires intérieures, et encore moins contre le peuple qu’elle est censée défendre.
Je ne m’apesantirai pas sur les motivations de Macron. Elles sont claires pour beaucoup désormais. En revanche les dégâts de cette guerre psychologique méritent que l’on s’y attarde. L’auteure de cet article, clinicienne patentée, parvient aux mêmes conclusions que moi face au terrible constat de ces dégâts chez les individus et dans le corps social. Elle s’en remet à la nécessité de recréer du lien, je dirai pour ma part jusqu’à recréer du « toucher », en misant entre autre sur la créativité et l’entraide solidaire.
Cette guerre psychologique menée par le Gouvernement, appelons un chat un chat, a pour but de fabriquer de l’isolement en plus du consentement. Se relier et libérer sa pensée de la doxa et de la culture ambiante est le premier des combats à mener en réponse à cette offensive délibérée d’un pouvoir à l’ambition démesurée. La folie est somme toute, ce qui menace peut-être le plus notre monde et il semble qu’elle se soit déjà emparée de bien des pouvoirs en place. Retrouver le sens des vraies choses va devenir plus qu’une aspiration profonde, un besoin primordial.