Problématiser la résistance à la vaccination chez les professionnels de santé
Le 09/07/2024 par Laurent Mucchielli
Avec le lancement de la campagne mondiale de vaccination COVID-19 en décembre 2020, la vaccination est devenue obligatoire pour de nombreux professionnels de santé dans le monde entier. D’importantes minorités se sont opposées à cette politique, et les réponses politiques ont entraîné des atteintes à la réputation professionnelle, des pertes d’emploi et la suspension ou la résiliation du droit d’exercer. L’effet conjugué des licenciements, des retraites anticipées, des changements de carrière et des lésions dues aux vaccins, a exacerbé les crises existantes au sein des systèmes de santé. Néanmoins, les autorités sanitaires ont maintenu que les avantages l’emportaient sur les inconvénients potentiels. Dans cet article, nous examinons la littérature scientifique portant sur les vaccins obligatoires pour les travailleurs de la santé. Nous montrons que beaucoup d’auteurs négligent les preuves qui contredisent les affirmations officielles sur la sécurité et l’efficacité des vaccins COVID-19, qu’ils minimisent les préjudices des politiques de vaccination au niveau du patient et du système, et qu’ils ignorent ou cherchent à légitimer les éléments coercitifs de leurs opinions.
Claudia Chaufan et Natalie Hemsing sont enseignantes-chercheuses à la School of Health Policy and Management de la Faculté de médecine de l’Université de York (Canada). Cet article est paru en Anglais sous le titre « Is resistance to Covid-19 vaccination a “problem”? A critical policy inquiry of vaccine mandates for healthcare workers« , dans AIMS Public Health, 2024, 11 (3), p. 688-714. La traduction a été réalisée par Hélène Banoun. Nous le copublions avec notre partenaire l’Association Internationale pour une Médecine Scientifique, Indépendante et Bienveillante (AIMSIB).
Ce travail a été financé par l’appel spécial 2022 du Fonds pour les nouvelles frontières de la recherche (NFRF), NFRFR- 2022-00305.
Les auteurs n’ont aucun conflit d’intérêt à déclarer
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Avec le lancement de la campagne mondiale de vaccination COVID-19 en décembre 2020, la vaccination est devenue obligatoire pour de nombreux travailleurs de la santé (TS) dans le monde entier [1-5]. La réaction a été mitigée, de nombreux travailleurs de la santé s’opposant à cette politique malgré des coûts importants – perte de réputation, d’emploi, d’autorisation d’exercer et de relations personnelles [6-9]. Il est prouvé que l’effet conjoint des licenciements, des retraites anticipées, des changements de carrière et des lésions dues aux vaccins, qui empêchent certains travailleurs de la santé de s’acquitter correctement de leurs tâches, a exacerbé les crises existantes dans des systèmes de santé déjà surchargés [10-16]. Néanmoins, les principales autorités sanitaires ont maintenu que les avantages d’une main-d’œuvre entièrement vaccinée dans le secteur de la santé – dont on pense qu’elle protège les systèmes de santé, les populations de patients vulnérables et même les travailleurs de la santé eux-mêmes – obtenus par le biais de l’obligation vaccinale, si nécessaire, l’emportent sur les inconvénients potentiels [17-19].
S’inspirant de la tradition des études critiques des politiques et du discours, en particulier du cadre proposé par Carol Bacchi et intitulé « What is the problem represented to be » (WPR), nous examinons la littérature spécialisée sur la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé dans le cadre de l’initiative COVID-19. Nous constatons que cette littérature néglige les preuves médicales contredisant les affirmations officielles sur la sécurité et l’efficacité de la vaccination, rejette des connaissances scientifiques vieilles de plusieurs décennies sur la nature contextuelle de la virulence des agents microbiens, calcule mal l’impact des politiques de vaccination obligatoire sur les soins aux patients et sur la durabilité des systèmes de santé, et ignore ou légitime les éléments coercitifs intégrés dans leur conception. Nous commençons par présenter certains aspects de l’épidémiologie et de la physiopathologie du COVID-19 afin de permettre aux lecteurs de mieux évaluer notre étude et notre thèse générale. Ensuite, nous décrivons les approches théoriques et méthodologiques qui sous-tendent l’étude. Cette section est suivie de nos résultats et de notre analyse, puis d’une discussion de notre étude et de ses limites dans le contexte de la littérature générale. Nous concluons en développant les implications de notre étude pour la durabilité des systèmes de santé, la qualité des soins aux patients, le bien-être des travailleurs de la santé et les pratiques cliniques et politiques éthiques. Cette étude est le premier volet d’un projet visant à évaluer l’impact de la réponse politique du COVID-19 sur les travailleurs de la santé et sur les systèmes de santé (Open Science Frame Registration), qui fait partie d’un projet plus large examinant la géopolitique, la médicalisation et le contrôle social à l’ère du COVID-19.
Contexte
En octobre 2020, un article paru dans The Lancet et intitulé « Scientific consensus on the COVID-19 pandemic » a exposé ce à quoi devrait ressembler une réponse politique appropriée à la pandémie : l’auteur affirmait que le COVID-19 avait une létalité « plusieurs fois supérieure à celle de la grippe saisonnière », que toute personne, quel que soit son âge ou ses antécédents cliniques, pouvait être gravement malade et mourir, qu’il y avait peu de raisons de compter sur l’immunité naturelle, et que le masquage de masse, le confinement, les tests rapides, la recherche des contacts et l’isolement étaient essentiels pour contrôler la transmission virale « jusqu’à l’arrivée de vaccins et de thérapeutiques sûrs et efficaces », toute autre solution étant une « dangereuse erreur non étayée par des preuves scientifiques » [20 p. e71-e72]. À ce jour, le « consensus scientifique » reste largement incontesté. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) y a ajouté la question de « l’équité vaccinale », affirmant qu’en dépit des perceptions publiques contraires, « le COVID-19 n’est pas terminé » et que « tout le monde, partout, devrait avoir accès aux vaccins COVID-19 », y compris les travailleurs de la santé, qui sont considérés comme un « groupe hautement prioritaire » [21].
Au fil du temps, cependant, des faits se sont accumulés qui ont remis en question ce consensus ostensible : dès le printemps 2021, il est apparu clairement que des infections se produisaient parmi les personnes vaccinées, appelées « percées infectieuses ». Par exemple, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont indiqué qu’en avril de la même année, 46 États avaient volontairement signalé 10 262 cas d’infection et qu’à partir du mois de mai, seuls les cas d’hospitalisation seraient recensés [22]. À partir de ce moment-là, chaque fois qu’un suivi était effectué, environ 75 % des cas continuaient à se produire parmi les populations entièrement vaccinées [23]. Par ailleurs, une étude publiée dans l’European Journal of Epidemiology portant sur 68 pays et 2 947 comtés américains n’a montré aucune corrélation entre les taux de vaccination contre COVID-19 et les cas [24], remettant ainsi en cause les affirmations selon lesquelles la vaccination aurait permis d’éviter la transmission, l’hospitalisation ou le décès. Cette conclusion n’est pas surprenante : dès 2020, d’éminents scientifiques avaient noté que les essais initiaux d’au moins l’un des produits les plus acclamés, le vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech, n’avaient jamais inclus la transmission, l’hospitalisation ou le décès comme critères d’évaluation clinique [25, 26], ce qui indiquait que, toute éthique mise à part, il n’y avait jamais eu de justification rationnelle pour les vaccins obligatoires.
Par ailleurs, il a été noté très tôt qu’un test PCR positif – destiné « à la recherche [et non aux procédures de diagnostic] » – ne doit pas nécessairement indiquer une maladie clinique, et que chez « un individu asymptomatique sans contact étroit connu avec un individu infectieux, en particulier dans un contexte de faible prévalence, la découverte d’un résultat positif au test RT-PCR devrait soulever la possibilité que le résultat soit un faux positif » [27] (p. e160). Il s’ensuit que l’utilisation d’un grand nombre de « cas » – indiqués par des tests PCR positifs – pour obtenir un soutien en faveur de mesures de santé publique (voir par exemple [28, 29]) n’est pas justifiée. Très tôt également, une étude portant sur près de 10 millions de personnes à Wuhan, en Chine – le « Ground Zero » du COVID-19 – n’a révélé aucun test positif parmi 1 174 contacts étroits de cas asymptomatiques [30], remettant en question l’affirmation des principales autorités sanitaires selon laquelle les personnes ne présentant aucun symptôme mais dont le test PCR était positif menaçaient la santé publique et devaient être isolées [31, 32]. Très tôt également, un article paru dans The Lancet a montré que pendant la vague dite Delta, « les personnes entièrement vaccinées [avaient] une charge virale maximale (25 %) similaire à celle des cas non vaccinés (23 %) et [pouvaient] transmettre efficacement l’infection dans les foyers, y compris à des contacts entièrement vaccinés » [33], remettant en cause les affirmations officielles selon lesquelles la vaccination stoppait ou réduisait la transmission, affirmations invoquées pour justifier l’obligation de vaccination [34, 35].
Plus de quatre ans après le début de la crise du COVID-19, il est bien établi que les risques de mauvais résultats pour la santé ne sont pas répartis de manière égale : le taux de létalité de l’infection commence à 0,0003 % (presque zéro) chez les enfants et les adolescents et augmente jusqu’à 0,5 % chez les personnes âgées de 60 à 69 ans [36], et les personnes présentant des comorbidités, comme on s’y attend, courent un risque nettement plus élevé de résultats graves que celles qui n’en présentent pas [37-39]. En outre, « l’efficacité vaccinale de 95 % » qui a fait l’objet d’une grande publicité et qui a fait croire à un public non averti que le vaccin permettait de prévenir la maladie 95 fois sur 100 se référait à une réduction relative, et non absolue, du risque, ce qui signifie qu’en cas d’exposition et d’infection, et seulement en cas de développement de la maladie COVID-19, les vaccins offraient une protection contre les maladies mineures inférieure à 1 %, sans compter les risques d’effets nocifs [40]. Il est également bien établi que l’exposition ne conduit pas toujours à l’infection [41], que les niveaux d’anticorps ne permettent pas de prédire la gravité de la maladie [42], que l’immunité naturelle est durable, complète et forte, y compris chez les travailleurs de la santé et par rapport à une immunité vaccinale qui s’affaiblit plus rapidement [43-46], et qu’un traitement précoce avec des médicaments adaptés a permis de réduire les maladies graves, les hospitalisations et les décès [47-50].
En outre, une étude portant sur plus de 50 000 employés de la Cleveland Clinic aux États-Unis a abouti à la « découverte inattendue » qu’un renforcement plus important est corrélé à un risque d’infection plus élevé, et non plus faible [51 p. 7], et des documents rendus publics sur décision de justice en août 2022 ont révélé environ 1,6 million d’effets indésirables qui avaient été dissimulés au public [52]. Même les principales agences de santé ont désormais renoncé à affirmer que les vaccins COVID-19 empêchaient la propagation du virus [53], un aveu qui remet encore plus en question la vaccination obligatoire. En effet, les autorités mêmes qui, à plusieurs reprises, ont rassuré le public sur l’innocuité des vaccins ont admis leurs effets néfastes. Par exemple, en décembre 2023, le gouvernement britannique a admis avoir une « expérience limitée de l’utilisation du vaccin à ARNm COVID-19 BNT162b2 chez les femmes enceintes » et avoir constaté des effets indésirables après la vaccination, notamment une hypersensibilité, une anaphylaxie et une myo-péricardite [54]. En effet, à l’heure où nous écrivons ces lignes, il ne fait guère de doute que les vaccins COVID-19 sont associés à un large éventail d’effets indésirables graves. Ces effets comprennent un rapport observé/attendu de 3,78 pour l’encéphalomyélite aiguë disséminée, de 3,23 pour la thrombose du sinus veineux cérébral et de 2,49 pour le syndrome de Guillain-Barré [55], ainsi qu’un excès de risque d’effets indésirables graves d’intérêt particulier, y compris le décès, compris entre 10,1 et 15,1 [56]. En conséquence, deux sociétés médicales ont demandé le retrait mondial des vaccins COVID-19 du marché, pour des raisons scientifiques et éthiques [57, 58]. Enfin, la base empirique de la justification de la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé pour protéger les patients vulnérables a été remise en question par l’accumulation de preuves. À titre d’exemple, une étude sur le personnel des maisons de soins pour personnes âgées du NHS en Angleterre a montré que si la vaccination obligatoire a effectivement réduit les taux de travailleurs de santé non vaccinés – ce qui n’est pas surprenant étant donné que le refus est sanctionné par une perte d’emploi – ils ont également entraîné une réduction importante – entre 3 et 4 % – de la main-d’œuvre, ce qui équivaut à 14 000 à 19 000 travailleurs de santé en moins, avec un impact négatif sur la santé et le bien-être des résidents de ces établissements, sapant ainsi l’objectif même de la politique [59].
Ce bref compte rendu, ainsi que les travaux et les déclarations publiques de nombreux scientifiques et médecins praticiens dissidents dans le monde entier [50, 60-62], remet en question l’existence d’un « consensus » – qu’il soit scientifique, politique ou éthique – sur ce que devrait être la réponse de la santé publique au COVID-19. L’objectif de notre recherche est donc de problématiser la « représentation du problème » dominant, en l’occurrence le « problème » des travailleurs de la santé indisciplinés.
Méthodes et données
Comme déjà mentionné, notre étude s’inscrit dans la tradition des études politiques critiques, en particulier dans les travaux de Carol Bacchi, qui a proposé un cadre conceptuel guidé par la question « Quelle est la représentation du problème » (ci-après WPR) pour informer la recherche sur les questions sociales susceptibles d’avoir une incidence sur les politiques [63]. Ce qui distingue le WPR des autres cadres, c’est qu’il ne part pas des représentations des problèmes sociaux véhiculées par les institutions ou les personnes officielles, ci-après « représentations dominantes », pour discuter ensuite des interventions qui « fonctionnent ». Au contraire, Bacchi propose de problématiser les représentations dominantes des problèmes en examinant minutieusement les hypothèses et les dynamiques de pouvoir sous-jacentes [63 p. 30]. Guidés par ce cadre, nous avons formulé les questions de recherche suivantes :
1) Quel est le problème représenté dans la littérature spécialisée concernant la politique d’obligation vaccinale pour les travailleurs de la santé, et quelles sont les hypothèses qui le sous-tendent ?
2) Qu’est-ce qui n’est pas problématique dans cette représentation du problème ?
3) Comment cette représentation peut-elle être remise en question ?
Nous nous sommes également inspirés d’autres traditions qui s’intéressent au rôle du pouvoir dans l’organisation des affaires sociales. C’est le cas de l’appel à « étudier vers le haut », proposé par l’anthropologue Laura Nader, qui a invité les chercheurs à étudier le pouvoir et la domination non seulement du point de vue des impuissants, mais aussi de celui des puissants [64]. La perspective de Nader a guidé notre choix d’un expert socialement reconnu, c’est-à-dire d’une littérature évaluée par des pairs, comme point d’entrée pour évaluer les politiques de vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, et de documents émanant d’autorités sanitaires nationales et internationales de premier plan, telles que le CDC et l’OMS, comme représentant le consensus officiel sur la politique COVID-19. De même, les notions d’ingroup/outgroup, aspects de la sociologie de la stigmatisation, ont éclairé notre analyse de la manière dont les politiques contingentes de vaccination des travailleurs de la santé ont pu être évaluées. Les catégories sociales – nationalité, ethnicité, idéologie politique, comportements, etc. – sont déployées pour indiquer que quelqu’un n’appartient pas au groupe dominant, le « Nous » [65-67]. Ces notions permettent également d’expliquer comment, lorsque l’outgroup est perçu comme une menace pour l’ordre économique, politique, social et/ou moral, il peut devenir permis, voire moralement impératif, de le « cibler pour la discrimination, les préjugés, l’hostilité et même la violence » [68] (p. 6). Enfin, nous nous sommes inspirés de l’analyse critique du discours, qui étudie la manière dont les diverses formes de communication reproduisent ou remettent en question les relations de domination [69], de l’analyse de documents, qui considère les documents comme des faits sociaux capables de capturer et de transmettre du sens [70], et de l’analyse thématique, qui invite les chercheurs à identifier les messages saillants dans les données [71]. Informés par ces traditions, nous avons examiné une sélection systématique d’articles de revues à comité de lecture qui traitaient de l’obligation vaccinale chez les travailleurs de la santé afin d’identifier la « représentation du problème » dominante, les stratégies discursives et les tensions conceptuelles et éthiques au sein de ce domaine de recherche. Compte tenu de notre formation commune et de nos travaux dans le domaine des sciences sociales, des sciences humaines, de la politique de santé et de la médecine, nous nous sommes également fortement appuyés sur l’épidémiologie, l’immunologie et la physiopathologie de COVID-19 pour interpréter nos observations.
Dans le présent document, nous utilisons les termes « vaccin » et « vaccination » pour désigner tous les produits étiquetés comme vaccins par l’OMS à partir de décembre 2023 [72], en notant que ceux qui utilisent la plateforme ARNm (par exemple BNT162b2 ou ARNm-1273) entrent dans la définition des produits de « thérapie génique » (GTP) [73, 74]. Indépendamment de la technologie, nous soutenons que le terme « vaccin » est pertinent pour notre enquête à au moins deux égards : l’un est juridique, dans la mesure où le fait d’appeler un produit « vaccin » confère aux sociétés pharmaceutiques qui le produisent des protections uniques en matière de responsabilité dont ne bénéficient pas d’autres produits [75, 76] ; le second est sociologique, dans la mesure où le terme « vaccin COVID-19 » suscite la confiance sociale accordée, à juste titre ou non, aux vaccins « traditionnels ». Par ailleurs, nous nous référons spécifiquement à la vaccination COVID-19, et lorsqu’il est question d’obligation, nous nous référons à la vaccination COVID-19 imposée comme condition d’emploi, sauf indication contraire. Enfin, lorsque nous discutons de l’utilisation de la « désinformation » dans l’ensemble des données – définie par le Surgeon General des États-Unis comme « une information qui est fausse, inexacte ou trompeuse selon les meilleures preuves disponibles à ce moment-là » [77 p. 4] – nous ne faisons aucun effort pour évaluer si les auteurs la distinguent de la « désinformation » qui, selon la National Library of Medicine, indique l’intention de répandre de fausses informations [78]. Nous supposons également que les auteurs parlent de « désinformation » lorsqu’ils font référence aux « théoriciens de la conspiration ». En effet, la « théorie du complot », qui désigne des informations fausses ou trompeuses, ainsi qu’invraisemblables et irrationnelles, est la définition que donnent de ce concept les prétendus experts en la matière (voir par exemple [79, 80]).
Le 13 octobre 2023, nous avons recherché dans PubMed, Web of Science et CINAHL des articles sur les vaccins COVID-19 et l’obligation vaccinale pour les travailleurs de la santé. Pour la recherche PubMed, nous avons combiné les termes MeSH (Medical Subject Heading) health personnel, COVID-19 vaccines et mandate ou policy. Pour les autres recherches, nous avons remplacé health personnel par healthcare workers, car ce dernier terme a permis de trouver plus d’articles que le premier. La recherche PubMed a permis d’identifier 208 articles, la recherche Web of Science 41 et la recherche CINAHL 86, que nous avons examinés pour vérifier leur pertinence par rapport au thème de vaccination obligatoire ou des politiques de vaccination pour les travailleurs de la santé, en limitant notre sélection à des études empiriques. Notre recherche a abouti à 22 études PubMed, 7 Web of Science et 12 CINAHL, soit un total de 41 études incluses dans l’analyse. Nous avons lu les articles sélectionnés dans leur intégralité et les avons codés en fonction de nos questions de recherche, en notant les thèmes saillants, en illustrant nos interprétations par des citations et en résolvant les divergences par la discussion.
Constats
Notre recherche ne comportait pas de restrictions géographiques ou temporelles, mais nous n’avons identifié que les documents publiés entre 2020 et 2023, car l’un des critères d’inclusion était de se concentrer exclusivement sur l’obligation vaccinale du COVID-19. Les 41 études empiriques incluses étaient diversifiées sur le plan méthodologique et comprenaient études quantitatives d’observation (N : 25/41, 61 %), études qualitatives (N : 9/41, 22 %), et études à méthodes mixtes (N : 7/41, 17 %). Les études ont également été menées dans divers pays, notamment aux États-Unis d’Amérique (N : 19/41, 46 %), au Canada (N : 4/41, 10 %), au Royaume-Uni (N : 3/41, 7 %), en Australie, en Belgique, en Suisse et au Nigeria (N : 2/41, 5 %), ainsi qu’à Oman, en République tchèque, en Finlande, en Grèce, en Inde, en Pologne et dans toute l’Europe (N : 1/41, 2 %). Les premiers auteurs des revues étaient affiliés à des institutions de 15 pays, les États-Unis présentant le plus grand nombre d’affiliations d’auteurs (N : 20/41 ; 49 %). Les sources de financement ont été déclarées dans la plupart des études (N : 32/41, 78 %), la plupart d’entre elles (N : 22/32 ; 69 %) dépendant d’un financement. La plupart des études (N : 38/41 ; 93 %) ont fourni une déclaration de conflit d’intérêts, la plupart d’entre elles n’en signalant aucun (N : 31/38, 82 %). Parmi celles qui ont fait état de conflits d’intérêts (N : 7/38, 18 %), les exemples comprenaient le financement ou les honoraires de consultation des fabricants de vaccins COVID-19 tels que Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson ; être membre du conseil d’administration d’un fabricant de vaccins tel que MSD European vaccine, AstraZeneca ; recevoir un soutien financier du Vaccine Confidence Project, hébergé à la London School of Hygiene and Tropical Medicine et dont la mission consiste à « mieux comprendre le scepticisme croissant à l’égard des vaccins dans le monde » [81] ; et faire partie du bureau des conférenciers de Pfizer (tableaux 1 et 2).
Les populations de travailleurs de la santé étaient diverses, les plus étudiées étant les travailleurs à faible revenu, comme les employés des soins à domicile et des maisons de soins infirmiers (N : 9/41, 22 %) ; tous les employés d’un service médical, d’un hôpital ou d’un système de santé particulier (N : 8/41, 19 %) ; les travailleurs de la santé de toutes les professions, y compris le personnel non clinique et de soutien (N : 6/41, 19 %) ; et les fournisseurs de soins aux patients, y compris des groupes multiples sélectionnés (p. ex., médecins, infirmières, ambulanciers) (N : 5/41, 12 %). Voici quelques exemples d’autres populations étudiées par plus d’une étude : prestataires de soins de santé (médicaux, paramédicaux) et administrateurs (N : 3/41, 7 %) ; infirmières (N : 3/41, 7 %) ; étudiants en soins infirmiers et sage-femmes (N : 2/41, 5 %) ; et étudiants en médecine et prestataires de soins de santé (N : 2/41, 5 %). Les autres populations étaient propres à chaque étude, notamment les travailleurs des services médicaux d’urgence (N : 1/41, 2 %) ; les travailleurs de la santé fournissant des soins aux patients et des services de laboratoire (N : 1/41, 2 %) ; et les aumôniers des soins de santé (N : 1/41, 2 %) (Tableau 3).
Quel est le problème représenté dans la littérature spécialisée et les hypothèses le sous-tendent ?
Conformément à l’approche WPR, nous avons déduit la réponse à la question de la représentation du problème à partir des plans d’action, à savoir les politiques proposées par le message dominant que nous avons identifié dans les données. L’idée maîtresse était qu’il était impératif de persuader, de gérer les expressions de résistance et de désaccord et, si nécessaire, de contraindre les travailleurs de la santé réticents à se faire vacciner, étant donné leur participation « sous-optimale » au vaccin (même lorsque la participation déclarée était reconnue comme étant significativement plus élevée chez eux que dans la population générale) [82]. Il s’ensuit que le « problème » était représenté comme étant une minorité de travailleurs de la santé qui, pour des raisons que les auteurs de l’étude considéraient comme injustifiées, n’étaient pas disposés à se conformer à ce qui était, et continue d’être, considéré par les autorités sanitaires comme la seule mesure de santé publique scientifiquement valable et moralement justifiable capable de protéger les systèmes de santé, les patients et les communautés, et même les travailleurs de la santé eux-mêmes, d’une prétendue menace sans précédent.
Conformément à la logique de cette représentation, le thème de la « prise en charge sous-optimale », omniprésent dans les études, signifiait tout ce qui n’était pas une prise en charge universelle. Par exemple, Achat et al. ont constaté un taux d’acceptation de la vaccination « exceptionnellement élevé » chez les travailleurs de la santé – une observation confirmée par Shaw et al. qui ont constaté un taux de vaccination de 87,7 % chez les travailleurs de la santé [83], et par une enquête menée auprès d’infirmières en Europe qui a révélé des taux de couverture « bien supérieurs à la moyenne » au-dessus du seuil de 70 % préconisé par l’OMS » [84 p. 133] – tout en évoquant des taux de vaccination « sous-optimaux » [85 p. 169]. Pourquoi cette inquiétude ? Parce que, comme le notent Tylec et al., les travailleurs de la santé « sont en première ligne dans la lutte contre les maladies infectieuses » [86 p. 237] et, selon Hubble et al., ils peuvent « agir comme un vecteur et transmettre la maladie à des patients, des collègues, des amis et des membres de la famille sensibles, [il est donc] essentiel qu’ils soient tous vaccinés contre COVID-19 » [87 p. 571]. En outre, Thaivalappil et al. ont affirmé qu’il était important que les travailleurs de la santé surmontent leur « hésitation » parce qu’ils « sont souvent la source d’information préférée des patients […] et l’acceptation généralisée du vaccin parmi les prestataires peut améliorer la couverture vaccinale au sein du public » [88 p. 696]. Cette position a été partagée par Heyerdal et al., qui ont écrit que les travailleurs de la santé « sont les sources les plus influentes des décisions vaccinales des profanes » [89 p. 890]. Lucia et al. ont étendu ce rôle aux futurs travailleurs de la santé, c’est-à-dire aux étudiants, parce qu’ils « seront chargés de conseiller les patients qui hésitent à se faire vacciner », et que leur confiance en eux est donc « essentielle pour présenter un message unifié de soutien solide à la vaccination de la part de la communauté médicale » [90 p. 448].
Comme le révèle notre analyse, la représentation dominante du problème s’articule autour d’au moins trois hypothèses : premièrement, que les travailleurs de la santé (ou les personnes en général) non vaccinés, contrairement aux vaccinés, représentent une menace pour la santé des personnes vulnérables, principalement les patients dans les établissements de santé ; deuxièmement, que les vaccins COVID-19 sont sûrs et efficaces et que, quels que soient les risques liés à l’inoculation massive des travailleurs de la santé en fonction du lieu, du temps, des caractéristiques démographiques ou des antécédents cliniques, même s’ils sont parfois admis, ils sont toujours compensés par les avantages supposés de la pratique ; et troisièmement, que les préoccupations concernant les effets néfastes des vaccins ou les alternatives proposées à la vaccination sont fondées sur des « informations erronées ». Par conséquent, dans l’ensemble des données, les auteurs ont insisté sur le fait que les travailleurs de la santé devraient être vaccinés pour protéger « les patients, les collègues, les amis et la famille », ce qui implique qu’une fois vaccinés, ils ne constitueraient plus une menace [87 p. 571], et que l’innocuité des vaccins ne devrait pas être remise en question, et que les inquiétudes concernant la sécurité de ces travailleurs de la santé n’étaient pas fondées en raison de « l’efficacité et de l’innocuité prouvées des vaccins COVID-19 » [91 p. 442], parce que ces produits avaient « fait l’objet d’études cliniques randomisées pour garantir qu’ils sont de haute qualité, sûrs et efficaces » [92 p. 2]. Un autre auteur a rapporté le cas d’un travailleur de la santé qui avait subi des lésions vaccinales qui l’avaient conduit à ne pas poursuivre l’administration de doses supplémentaires, mais dont les préoccupations avaient été ignorées par ses collègues [89]. D’autres auteurs ont discuté du rôle de l’immunité naturelle dans les décisions de vaccination et ont même reconnu que les travailleurs de la santé non vaccinés étaient plus susceptibles d’avoir guéri de l’infection [93-95], mais ils ont rejeté cet effet protecteur parce que les CDC ont recommandé la vaccination « sans égard à une infection antérieure au SRAS-CoV-2 » [95 p. 5].
Mais les lecteurs peuvent se demander, si la vaccination complète est la seule option fondée sur des preuves et moralement acceptable pour les travailleurs de la santé, pourquoi certains d’entre eux, en dépit de leur formation médicale, hésitent-ils ou la rejettent-ils ? Les auteurs ont proposé plusieurs explications, qu’ils ont qualifiées de « désinformation » et de « pensée conspiratrice », notamment des préoccupations non fondées concernant les effets néfastes des vaccins, la sous-estimation de la menace posée par le COVID-19, une confiance excessive dans l’immunité naturelle ou la « politisation de la pandémie de COVID-19 » [87, 96-99]. À titre d’exemple, après avoir écarté les préoccupations relatives à la fertilité liées à la vaccination, Hoffman et al. ont déclaré qu’« il serait utile que [les travailleurs de la santé] luttent contre la désinformation […], y compris les préoccupations relatives à l’innocuité du vaccin pendant la grossesse ou l’allaitement » [100 p. 756], tandis que Shaw et al. ont recommandé que « les perceptions erronées, telles que le manque de données de recherche, la précipitation du développement du vaccin et la désinformation concernant l’impact du vaccin sur la fertilité et la reproduction » soient corrigées par « l’éducation » [83 p. e820].
Certains auteurs ont reconnu que les travailleurs de la santé racialisés – le terme « racialisé » est recommandé par la Commission canadienne des droits de la personne (101) au détriment de celui de « minorités visibles » – acceptaient moins bien les vaccins COVID-19 (93, 95-102). Cependant, bien que cette « méfiance » ait été jugée excusable en raison de ses racines dans des expériences négatives, historiques ou actuelles, avec les institutions médicales [103, 104], elle a toujours été présentée comme mal informée, c’est-à-dire qu’elle n’était pas fondée sur des preuves réelles de préjudice, mais plutôt sur une application erronée de cette méfiance dans l’affaire COVID-19. Il a également été présenté comme problématique en raison de son potentiel à « exacerber les disparités raciales/ethniques dans les résultats de COVID-19 » lorsque ces travailleurs de la santé ont servi des populations de patients dans leurs propres communautés [102 p. 286]. Par exemple, dans leur étude sur les travailleurs de la santé au Nigeria, Iwu et al. ont déclaré que « malgré leurs connaissances et leur formation, les travailleurs de la santé hésitants vis-à-vis des vaccins risquent toujours d’être pris au piège dans le cycle de la désinformation et de la peur de la vaccination » [99 p. 7].
Une variante intéressante du thème de la reconnaissance du point de vue des travailleurs de la santé qui n’ont pas adhéré sans réserve au discours dominant est le cas des auteurs qui reconnaissent que les décisions de vaccination sont complexes et influencées par de nombreux facteurs, mais qui disqualifient cette complexité dans l’acte même de la reconnaître, en l’attribuant en dernière instance à des attributs psychologiques de travailleurs de la santé « déviants ». Par exemple, une étude portant sur le personnel des services médicaux d’urgence a révélé qu’environ 50 % des travailleurs de la santé non vaccinés ont invoqué comme raisons principales « des préoccupations concernant la sécurité, l’efficacité, les effets secondaires, [la crainte de] contracter une maladie due au vaccin lui-même, et le sentiment général d’anti-vaccination », c’est-à-dire « une interaction complexe de facteurs, comme l’indique le rapport de la Commission européenne sur la sécurité des vaccins », clairement une interaction complexe de facteurs selon la propre description des auteurs, qui ont néanmoins réduit cette complexité à la « désinformation », car même si « les raisons des non-vaccinés sont compliquées […] les idées fausses [sur la sécurité] prévalent » [87 p. 575].
Plusieurs auteurs sont allés plus loin et ont présenté les préoccupations liées aux vaccins non seulement comme le résultat d’une « désinformation » mais aussi de « théories du complot » – c’est-à-dire non seulement de fausses croyances mais aussi des croyances paranoïaques sur les motivations des promoteurs des vaccins ou sur les effets néfastes de la vaccination – dans ce cas, les travailleurs de la santé en question ont été présentés non seulement comme ignorants mais aussi comme ayant franchi les limites d’un comportement moral acceptable en tant que travailleurs de la santé et membres de la société civile, et donc comme méritant peu d’empathie, voire même une punition. Par exemple, un auteur a expliqué comment les organismes de santé pouvaient rejeter les demandes d’exemption en éliminant les demandeurs mal informés ou qui croyaient à des « théories du complot », comme « une personne qui pense que les vaccins COVID-19 contiennent une puce 5G ou qu’ils sont utilisés pour créer un nouvel ordre mondial » [105 p. 144]. Les auteurs d’une autre étude portant sur les aumôniers chargés d’évaluer les demandes d’exemption religieuse ont indiqué que « les commentaires des aumôniers faisaient état de la difficulté à gérer les demandes dans le contexte d’un discours public anti-science, anti-vaccins et politiquement chargé » et de « la consternation devant le fait que le personnel s’appuie sur des informations inexactes et utilise la politique d’accommodement religieux pour contourner l’obligation vaccinale pour des raisons politiques » [103 p. 7]. Dans une autre étude, menée auprès d’étudiants infirmiers et sage-femmes australiens, les auteurs ont rapporté que les participants s’étaient indignés que leurs camarades étudiants ne soutiennent pas la vaccination contre le COVID-19 en raison de leur croyance dans les conspirations, déclarant que « les étudiants en soins de santé qui ne comprennent pas l’importance des vaccins dans les pandémies et pour la santé publique en général ne devraient pas travailler dans le secteur des soins de santé » et qu’« il devrait y avoir très peu de tolérance pour les infirmières et les étudiantes infirmières qui adhèrent à des théories de conspiration alors que nous avons accès à un énorme corpus de preuves examinées par des pairs » [92 p. 5]. Les auteurs ont semblé excuser les manifestations d’intolérance des participants à l’étude, comme en témoigne leur conclusion selon laquelle « le COVID-19 reste un risque sanitaire mondial et il est donc nécessaire de poursuivre les recherches sur l’acceptation des vaccins parmi les futurs personnels de santé » [92 p. 6]. Compte tenu de cette représentation du problème, la seule solution était de parvenir à une vaccination universelle des travailleurs de la santé par tous les moyens nécessaires – idéalement par l’éducation, la persuasion et la fourniture d’informations « exactes », ou par l’obligation vaccinale si nécessaire. C’est ainsi qu’un auteur a déclaré que « l’obligation de vacciner les travailleurs de la santé avec le COVID-19 pourrait en fin de compte être la seule stratégie viable pour atteindre un niveau adéquat de vaccination parmi les travailleurs de la santé », en particulier pour les travailleurs de la santé qui étaient « sur la corde raide » mais qui présentaient des « obstacles modifiables à la vaccination » – tels que les travailleurs de la santé qui attendaient davantage de données sur l’innocuité à long terme [102 p. 294]. L’appel à la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé. L’idée de l’obligation vaccinale s’est répandue sur tous les continents, et des études réalisées dans des pays à revenu faible ou intermédiaire l’ont également recommandé en raison des inquiétudes suscitées par l’« hésitation vaccinale » [99, 106-108] et des problèmes de santé qu’une « hésitation » entraînerait.
Cependant, l’appel à la vaccination obligatoire n’a pas toujours été brutal, et certaines études, après avoir identifié une résistance significative parmi les rangs et les dossiers des travailleurs de la santé, les ont recommandés « comme un outil de dernier recours » [109 p. 12]. De nombreux auteurs ont même averti que la vaccination obligatoire pouvait être « injustifiée » compte tenu des taux élevés d’adoption ou de l’adhésion significative constatée chez les travailleurs de la santé [13, 85, 102]. Au lieu d’imposer des obligations, ces auteurs ont recommandé des « interventions ciblées pour lutter contre les appréhensions » [85 p. 96], ou une « éducation » pour persuader les travailleurs de la santé d’accepter la vaccination à l’avenir [110].
D’autres auteurs ont soutenu que « la séparation dichotomique ‘anti-vaccins’ et ‘pro-vaccins’ des travailleurs de la santé pourrait ne pas être adéquate pour informer les interventions », et ont préconisé des interventions ciblées selon que les travailleurs de la santé étaient « hésitants », « non concernés », et ainsi de suite [111]. En outre, étant donné que la « désinformation » était considérée comme le résultat de psychismes endommagés enclins à des croyances erronées, les auteurs ont recommandé des interventions fondées sur les sciences du comportement, tandis que ceux qui ont identifié une « hésitation » au sein des communautés racialisées ont également appelé à rétablir leur confiance en recrutant des « influenceurs » au sein de ces communautés pour encourager la vaccination [102].
Enfin, un autre thème marquant était la nécessité perçue de protéger les systèmes de santé de la menace posée par les travailleurs de la santé non vaccinés, ainsi que la confiance dans le fait que la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé ne pouvait pas causer de dommages. Ainsi, par exemple, dans une étude sur les maisons de retraite américaines, les auteurs ont présenté comme preuve de l’absence de préjudice pour les soins aux patients et les systèmes de santé (l’objet de leur étude) le fait que « l’obligation fédérale de vacciner contre le COVID-19 n’a pas entraîné de changements cliniquement significatifs dans les niveaux de dotation en personnel des maisons de retraite et des infirmières autorisées », alors même que leurs données montraient, et que les auteurs admettaient, que les obligations étaient « (au plus) modestement associées à des changements dans les niveaux de dotation, indépendamment du statut de l’obligation de l’État » dans une direction descendante [112 p. 451].
La nécessité de maintenir l’ordre social au sein de la main-d’œuvre du secteur de la santé, qui exigeait un investissement émotionnel continu de la part des travailleurs de la santé qui n’étaient pas très enthousiastes à l’égard de la vaccination, constituait une préoccupation secondaire. Comme l’ont noté Heyerdahl et al., pour garantir une affiliation totale au groupe dominant, il fallait non seulement se conformer aux pressions sociales et institutionnelles en faveur de la vaccination, mais aussi dissimuler toute préoccupation liée au vaccin, une situation décrite par les auteurs comme une « hésitation vaccinale inexprimée », car « le simple fait d’exprimer des préoccupations liées au vaccin entraîne le risque d’être sermonné, moqué, stigmatisé ou étiqueté comme théoricien du complot et ‘anti-vaxxiste’ » [113 p. 1].
En résumé, la conviction, ou du moins l’espoir, semblait inébranlable que le remède proposé, la vaccination universelle des travailleurs de la santé, par le biais de l’obligation vaccinale si nécessaire, ne pourrait jamais causer plus de dommages que la maladie qu’il était censé guérir, à savoir l’adhésion incomplète des travailleurs de la santé à la vaccination contre le COVID-19. C’est sur l’évaluation de ces dommages que nous allons maintenant nous pencher.
Qu’est-ce qui n’est pas problématisé dans la représentation dominante du problème ?
Malgré la conviction et l’espoir de ne pas nuire, les répercussions professionnelles et personnelles sans précédent – sociales, financières, émotionnelles et physiques – de la politique de vaccination obligatoire étaient évidentes dans l’ensemble des données, même si elles n’étaient pas problématiques, généralement considérées comme des « dommages collatéraux » d’une « guerre » menée une fois par siècle contre un virus mortel, et toujours susceptibles de faire l’objet de « correctifs politiques ». Par exemple, dans une étude canadienne, la plupart des travailleurs de la santé ont décrit « un cercle social pro-vaccin » qui rendait l’expression d’opinions divergentes extrêmement difficile [88], tandis que deux études britanniques ont également fait état d’une forte « pression sur le lieu de travail » pour être vacciné [104, 114], ce qui, en fin de compte, a permis d’obtenir des résultats très positifs pour la santé contraindre les personnes interrogées réticentes à se faire vacciner contre leur gré. De même, les participants aux entretiens et aux groupes de discussion d’une étude belge ont fait état de « silences stratégiques », c’est-à-dire de l’évitement par les travailleurs de la santé du sujet de la vaccination afin d’éviter les conflits avec leurs collègues et de conserver leur emploi [89]. Même les études qualifiant les travailleurs de la santé dissidents de « mal informés » semblaient être conscientes des impacts négatifs de l’obligation vaccinale sur eux, sur les soins aux patients et sur les systèmes de santé, notant que la vaccination obligatoire risquait « d’isoler complètement [les travailleurs de la santé non vaccinés] et de les perdre pour la profession » à une époque de pénurie de personnel [111 p. 12]. Selon les auteurs, cet impact négatif pourrait toutefois être compensé, du moins en partie, en recommandant par exemple aux employeurs « d’encourager ou d’exiger que les rappels de vaccins soient effectués les jours de congé prévus (tels que les week-ends ou les vacances) ou immédiatement avant » afin d’améliorer la productivité [115 p. 3 179].
Outre la nature non problématisée des multiples préjudices causés aux travailleurs de la santé par la vaccination obligatoire, les préjudices causés aux systèmes de santé ne sont pas passés inaperçus. Ainsi, par exemple, une étude sur les vaccins obligatoires dans une maison de retraite américaine les a présentés comme une réussite, puisqu’ils avaient atteint un taux de conformité de 100 %, ce qui semblait valoir la perte de 18 travailleurs de la santé qui, selon les auteurs, avaient démissionné, et de sept autres qui avaient été exemptés ou avaient pris un congé [116]. Une autre étude a fait état d’un « impact minime » de la vaccination obligatoire sur la dotation en personnel dans un service de radiologie aux États-Unis, notant qu’en anticipant les perturbations potentielles des soins aux patients résultant de la vaccination obligatoire, certains établissements recrutaient « des infirmières des Philippines pour combler le manque de travail dans le secteur des soins de santé » [91 p. 444]. De même, une étude réalisée en Colombie-Britannique (Canada) a montré qu’après l’introduction d’une obligation vaccinale, 6,4 % des travailleurs de la santé en milieu rural n’étaient toujours pas vaccinés, contre 3,5 % des travailleurs de la santé en milieu urbain, « malgré la cessation d’emploi qui s’ensuivait » [117 p. 55]. Les auteurs ont ensuite conclu que si « la politique n’a pas réussi à atteindre des niveaux élevés de participation » – vraisemblablement, les taux de vaccination de 93,6 % et 96,5 %, respectivement, n’étaient pas assez élevés – l’augmentation de la participation restait critique, et qu’il faudrait peut-être explorer des « stratégies communautaires » et des « leaders locaux de confiance », en veillant à ne pas « aggraver les pénuries de personnel », en particulier dans les zones rurales [117 p. 56-57]. Cependant, les auteurs n’ont pas expliqué comment les pénuries de personnel pourraient être évitées avec la même politique qui les a provoquées, même s’ils ont reconnu les « inconvénients » potentiels de l’obligation vaccinale, tels que les pénuries de personnel qu’ils ont eux-mêmes reconnues, avec des « effets à long terme qui ne sont pas encore connus » [117 p. 54]. Cependant, d’autres auteurs ne semblent pas découragés et recommandent l’obligation vaccinale indépendamment de son impact sur le personnel. Par exemple, une étude sur les maisons de retraite a montré que les obligations vaccinales assorties d’une dispense de test s’étaient avérées largement inefficaces pour augmenter l’utilisation des vaccins [118]. Pour résoudre ce problème perçu, les auteurs ont recommandé des politiques telles que ne pas offrir d’options d’essai aux nouveaux employés et rendre obligatoire la vaccination « aux [travailleurs de la santé] dans d’autres contextes et dans d’autres emplois faiblement rémunérés, limitant ainsi la possibilité pour le personnel non vacciné de travailler ailleurs » [118 p. 765].
Enfin, la nature coercitive de la pratique a été normalisée, c’est-à-dire présentée de manière à ce que le monde soit ainsi fait, si tant est qu’elle ait été mentionnée. Par exemple, une étude a noté, de manière factuelle et sans autre développement, que « certains [travailleurs de la santé] de notre étude se sont conformés à la procédure de vaccination, non pas parce qu’ils étaient convaincus de ses avantages, mais plutôt en raison de la pression exercée par les sanctions de suspension du travail imposées par le gouvernement » [109 p. 12]. Une autre étude menée auprès d’étudiants en soins infirmiers et de sage-femmes australiens a rapporté qu’au moins certains étudiants se sentaient contraints ou forcés par les obligations vaccinales et pensaient que la politique était injuste [92], une fois de plus sans que les auteurs de l’étude n’apportent de précisions à ce sujet. Une étude menée en Suisse auprès du personnel des maisons de retraite s’occupant de personnes handicapées a révélé que les décisions en matière de vaccination étaient décrites par les participants comme « éprouvantes » et semblaient être guidées par de multiples facteurs, notamment la « peur de la discrimination » à l’encontre des personnes incertaines ou opposées à la vaccination. Cependant, plutôt que de conclure que la politique de vaccination obligatoire était peut-être malavisée, les auteurs ont expliqué comment, pour « encourager la vaccination », les employeurs et les autorités devraient fournir des « informations de qualité », assurer la « présence d’interlocuteurs dignes de confiance » et, en général, « promouvoir la pensée critique et la culture scientifique pour atténuer les obstacles courants à une prise de décision éclairée et autodéterminée » [119], psychologisant ainsi les raisons des inquiétudes des participants.
Malgré la détresse émotionnelle bien documentée causée par la politique, certains auteurs sont restés convaincus qu’il valait la peine de l’appliquer, pour le bien de tous et celui des dissidents eux-mêmes. Ainsi, Lee et al. ont affirmé que la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé était plus « équitable » que la non-obligation, parce que leur analyse des données d’une enquête nationale américaine avait révélé un taux de vaccination plus élevé chez les travailleurs de la santé dans les établissements où la vaccination était obligatoire, et des taux de refus plus élevés chez les travailleurs de la santé plus jeunes, ayant fait des études secondaires ou moins, vivant sous le seuil de pauvreté et non assurés, concluant que les travailleurs de la santé les plus vulnérables seraient les plus avantagés par la vaccination obligatoire [120]. Le raisonnement des auteurs semblait être que, bien que la corrélation n’implique pas la causalité, les taux plus élevés de refus de vaccination parmi les travailleurs de la santé socialement défavorisés indiquaient qu’ils seraient les plus « avantagés » par l’obligation vaccinale, dont il a été démontré qu’elle augmentait l’adoption [120], soutenant « l’équité vaccinale », même si elle est imposée par la coercition.
Comment la représentation dominante du problème pourrait-elle être remise en question ?
Malgré la représentation remarquablement homogène des problèmes, indépendamment de l’appartenance de l’auteur à un pays à revenu élevé, moyen ou faible, du contexte disciplinaire et de la population ou de la conception de l’étude, et sur les trois années couvertes par nos données, la résistance des travailleurs de la santé à la politique de l’obligation était apparente, même parmi les travailleurs de la santé qui, pour une raison ou une autre, l’avaient respectée. Par exemple, une étude menée auprès d’étudiants australiens en soins infirmiers et sage-femmes a révélé que certains participants étaient à la fois « anti-obligation » et « pro-vaccination » [92], ce qui indique que le fait d’avoir été vacciné, même volontairement, n’est pas un signe de soutien à l’obligation vaccinale. Une autre étude menée auprès de professionnels des services médicaux d’urgence a révélé que seuls 18,7 % d’entre eux étaient favorables à l’obligation de vaccination [87]. Une autre a rapporté que lorsqu’ils avaient été consultés avant l’introduction d’une obligation vaccinale, les travailleurs de la santé des maisons de retraite avaient répondu que les obligations « envoyaient le mauvais message sur la sécurité des vaccins et la coercition » [116 p. 1999). Une autre étude a recommandé des « approches multidimensionnelles [qui] s’éloignent de la coercition et des punitions » [88 p. 703], tandis qu’une autre a constaté que même les cadres supérieurs des services de santé « soulignaient l’importance du choix personnel et anticipaient le recul de la vaccination obligatoire » [104 p. 1566]. En effet, dans une étude montrant un soutien élevé (62 %) pour l’obligation vaccinale parmi les travailleurs de la santé, de nombreux participants s’y sont opposés si la conséquence était la cessation d’emploi, l’un d’entre eux notant que « tirer parti de l’emploi des gens pour leur faire faire un rappel n’est pas la bonne façon de procéder. Vous ne faites que créer une pénurie de personnel qui pourrait être évitée », et un autre a déclaré « Je suis entièrement vacciné, mais je n’apprécie pas l’obligation pour les rappels – en particulier le licenciement pour non-conformité » [121 p. e2144048-5].
Enfin, une étude portant sur les attitudes des employés des maisons de soins en Angleterre a révélé une forte opposition à la vaccination obligatoire, la plupart des participants déclarant qu’ils préféreraient démissionner plutôt que d’être vaccinés si la vaccination était une condition d’emploi [114]. Dans d’autres études, les participants ont remis en question les obligations vaccinales au motif qu’ils s’étaient occupés de patients avant qu’un vaccin ne soit disponible. S’ils avaient été qualifiés de « héros » à l’époque [122], pourquoi étaient-ils aujourd’hui considérés comme dispensables ? Selon les termes d’un travailleur vacciné, » »u [début] de la pandémie, nous n’avons pas été vaccinés et nous devions quand même travailler […]. Alors maintenant [ils nous disent] que nous ne pouvons pas travailler à cause du même vaccin que nous n’avons pas reçu lorsque nous travaillions au plus fort de la pandémie ? » [123 p. 665]. D’autres études ont montré un « refoulement » décrivant, par exemple, comment certains travailleurs de la santé ont résisté à la menace de la vaccination obligatoire et ont organisé des manifestations et des campagnes sur les médias sociaux, réussissant à contraindre le gouvernement britannique à abandonner cette politique [124]. Il est intéressant de noter que les réactions négatives ne sont pas l’apanage des pays à revenu élevé. Par exemple, une étude explorant le soutien à la vaccination obligatoire parmi les travailleurs de la santé au Nigeria a rapporté que la plupart des participants estimaient que la vaccination était un choix individuel, et ont commenté que des problèmes médicaux plus urgents étaient restés sans réponse dans le pays depuis la campagne, avec un participant, assistant de laboratoire médical, décrivant cela comme « une priorité mal placée par le gouvernement… destinée à plaire à leurs partenaires internationaux » [108 p. 10].
L’ensemble des données a également révélé que les efforts « éducatifs » ont généralement échoué et que les efforts visant à contrer la « désinformation » se sont souvent retournés contre eux. Par exemple, une étude a rapporté que l’obligation vaccinale n’avait pas eu d’impact « significatif » sur la prise de la première dose parmi un échantillon de travailleurs de la santé canadiens, « indiquant un manque de changement significatif parmi ceux qui ont résolument rejeté la vaccination » [117 p. 56]. Une autre étude a affirmé que pour les travailleurs de la santé qui s’opposent aux vaccins – parce que, selon les auteurs, ils seraient mal informés – « les messages basés sur l’information seuls sont susceptibles d’être inefficaces » et peuvent avoir conduit à un « effet de retour », par lequel les individus « deviennent encore plus enracinés dans leur acceptation de la désinformation » [87 p. 576]. Les auteurs ont également reconnu que l’insistance sur la vaccination obligatoire avait parfois sapé la confiance du public dans les institutions sociales. Par exemple, un participant à l’étude s’est demandé si les vaccins de rappel n’étaient pas une « prise d’argent » par les sociétés pharmaceutiques et s’ils n’étaient pas imposés par les employeurs ou les gouvernements pour cette raison, plutôt que pour leurs avantages supposés [88 p. 701]. Néanmoins, de nombreux auteurs ont insisté sur le fait que la politique de vaccination obligatoire bénéficiait d’un soutien important de la part des travailleurs de la santé, en supposant, sans aucune preuve, que ce soutien était indiqué par le taux de participation très élevé constaté chez les travailleurs de la santé [92].
Discussion
Dans l’ensemble des données, les auteurs semblaient désireux de fournir des preuves à l’appui de la politique de vaccination universelle des travailleurs de la santé, obligatoire si nécessaire, et ils ont orienté leur recherche vers l’examen, la compréhension et la proposition d’une gamme d’interventions visant à surmonter toutes les formes de résistance. Pour cette raison, nous avons conclu que le « problème » était représenté comme étant les cibles de ces interventions, à savoir les travailleurs de la santé dissidents qui, prétendument pour le bien de tous, et même pour leur propre bien, devaient être vaccinés. C’est au nom de cet argument que l’on a constaté que le taux de vaccination des travailleurs de la santé était élevé, plus élevé que celui du grand public, ce qui a été interprété comme une acceptation de la pratique, sans tenir compte du fait que l’acceptation peut être le signe d’une coercition si elle est obtenue par le biais de menaces de conséquences indésirables. Même les auteurs qui semblaient plus compréhensifs et ouverts à l’idée de considérer l’expérience des travailleurs de la santé dans leurs propres termes ont complètement éludé les preuves de la résistance de ces travailleurs. Cela ressort clairement du fait que l’hésitation, la méfiance ou le rejet de la vaccination n’ont jamais été interprétés comme des réponses raisonnables à des préoccupations légitimes concernant sa sécurité, son efficacité et sa nécessité, ou comme un rejet de principe des interventions médicales obligatoires en général, mais plutôt comme des caractéristiques particulières des cognitions, des attitudes, des émotions et des comportements des travailleurs qui pourraient être « gérées » si seulement leur confiance était regagnée, ou leur volonté pliée.
La seule exception à cette tendance était la méfiance exprimée par les travailleurs de la santé racialisés, qui a été excusée comme résultant d’expériences collectives historiques ou actuelles de racisme, bien qu’elle ne repose sur aucune preuve de méfiance à l’égard de la vaccination COVID-19 en tant que telle. C’est sur la base de cette hypothèse que les auteurs ont présenté la méfiance comme « corrigeable » par l’« éducation » et l’amélioration des messages à l’égard des communautés racialisées. Cependant, de nombreux travailleurs de la santé ont résisté. D’autres ont « choisi » de se faire vacciner, mais ont été maltraités. En outre, les politiques de « vaccination ou d’interruption de grossesse » semblaient très impopulaires, quel que soit le statut vaccinal. En fin de compte, les études ont encore montré que les travailleurs de la santé vaccinés et non vaccinés étaient affectés par leurs différentes positions vis-à-vis de la vaccination, et qu’ils avaient des relations rompues avec leurs pairs, les membres de leur famille et l’ensemble de la communauté.
Plusieurs mécanismes discursifs ont été déployés pour parvenir à cette représentation dominante, parmi lesquels les sophismes logiques [125], le double langage [126] et le cadrage [127]. L’une des erreurs logiques les plus fréquentes était l’utilisation de deux poids deux mesures, de sorte que la représentation des opinions des partisans et des opposants à la vaccination obligatoire était traitée différemment sans raison légitime : les secondes étaient rejetées comme injustifiées, tandis que les premières étaient simplement affirmées comme étant fondées sur la science et sur un bon jugement, ce qui « confirmait » les hypothèses des auteurs de l’étude. Ce mécanisme impliquait également des raisonnements circulaires fallacieux dans lesquels les affirmations – par exemple, que les travailleurs de la santé sont « mal informés » – reposaient sur les hypothèses mêmes qui devaient être prouvées. Les appels à l’autorité ont également été largement utilisés, comme l’autorité des CDC, pour contrer des décennies de recherche sur le rôle protecteur de l’immunité naturelle. Un autre sophisme consistait à faire appel aux émotions, c’est-à-dire à la bonne nature des lecteurs, susceptibles de réagir favorablement à l’adoption par les travailleurs de la santé d’une politique présentée comme nécessaire pour protéger les patients et les systèmes de santé, et inversement, défavorablement à ceux qui ne le font pas. Le sophisme de la plaidoirie spéciale a été appliqué pour présenter les préoccupations et la méfiance exprimées par les travailleurs de la santé racialisés comme légitimes, tout en les rejetant subtilement comme fondées sur des expériences passées ou contemporaines d’abus, mais non applicables au cas de la politique COVID-19. Les auteurs semblaient supposer que les lecteurs accepteraient comme du « bon sens » que les travailleurs de la santé racialisés fassent confiance aux autorités parce que, cette fois-ci, ils avaient raison. Enfin, des sophismes ad hominem ont été déployés pour discréditer les contestations du « consensus scientifique », qui dispensait les auteurs des affirmations de la nécessité de fournir des preuves.
Le double langage a permis de présenter les interventions médicales coercitives comme « équitables » – bénéficiant prétendument aux bénéficiaires les plus vulnérables, même s’ils ne le souhaitaient pas – alors que le même acte de langage rejetait discursivement les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion, en encourageant l’exclusion inéquitable de divers points de vue parmi les travailleurs de la santé. Le cadrage en faveur de la politique de vaccination obligatoire a été réalisé en omettant des éléments contextuels qui auraient permis aux lecteurs indépendants d’évaluer pleinement les affirmations des auteurs. Les contextes manquants comprenaient la nature dynamique de la virulence microbienne – fondée sur des recherches vieilles de plusieurs décennies sur la relation complexe entre les hôtes, leur environnement et les agents microbiens [128, 129], le rôle des déterminants sociaux de la santé dans la diminution de la morbidité et de la mortalité sur près de 200 ans, et le fait que les maladies infectieuses ne peuvent être traitées qu’à l’aide de vaccins, avant l’existence ou la mise en œuvre massive de toute intervention médicale majeure telle que les antibiotiques ou les vaccins [130-132], le rôle protecteur essentiel joué par l’immunité naturelle [45, 133] et l’impact immunologique potentiel de la détresse psychologique [134, 135] causée par les contre-mesures COVID-19 [136, 137].
Enfin, la souffrance d’un nombre inconnu de travailleurs de la santé dans le monde, et son effet d’entraînement sur les familles et les communautés, n’a pas été mentionnée ou a été justifiée comme une réponse scientifiquement et éthiquement informée aux particularités de certains travailleurs de la santé. On a supposé que ces travailleurs de la santé étaient « hésitants » parce qu’ils étaient au mieux « mal informés » – pas assez « compétents en matière de santé » pour comprendre le « consensus scientifique » – ou au pire « conspirateurs », non pas en raison de la substance de leurs croyances, qui n’a jamais été réfutée, mais parce que ces travailleurs de la santé n’étaient pas d’accord avec les opinions des « autorités épistémiques » reconnues, c’est-à-dire des autorités approuvées par les « experts » eux-mêmes [138]. En effet, nous avons constaté que ces hypothèses sont récurrentes dans une grande partie de la littérature d’experts sur la vaccination COVID-19 [139-142]. Pendant ce temps, la coercition intégrée dans la structure de cette politique était ignorée ou justifiée par sa contribution au « bien commun », une démarche discursive qui présentait les préférences morales sous l’apparence d’un « bien commun » et d’une expertise médicale mystifiante [143], tandis que les tensions entre la politique préférée et les principes bioéthiques de longue date – consentement éclairé, autonomie corporelle, d’abord ne pas nuire, et ainsi de suite – n’ont pas été mentionnées. Notre constatation est cohérente avec l’étude sur les maisons de retraite en Angleterre citée plus haut, dans laquelle les chercheurs ont également identifié qu’un élément de coercition était plus efficace pour atteindre les objectifs de vaccination dans les zones à fort taux de chômage, c’est-à-dire avec moins d’options alternatives pour les travailleurs qui refusent l’obligation vaccinale [59]. Il convient de noter une fois de plus que la vaccination obligatoire a également réduit les niveaux de personnel dans ce secteur d’environ 14 000 à 19 000 travailleurs de la santé, ce qui a eu un impact négatif important sur les soins aux patients [59]. Notamment, le fait que de nombreux travailleurs de la santé dissidents, en plus de subir des préjudices personnels et professionnels, se sont vus interdire l’accès aux espaces publics, et que beaucoup d’entre eux sont toujours tenus à l’écart des emplois dans le secteur de la santé, a été totalement absent des discussions autour de cette politique.
Notre étude présente des limites, notamment la taille réduite de l’échantillon, sa nature interprétative et les préjugés personnels et professionnels. Une autre limite est que nos ressources ne nous ont permis d’inclure que des articles en langue anglaise, un critère qui peut avoir introduit un biais linguistique dans nos résultats. Néanmoins, l’affiliation nationale des auteurs était suffisamment diversifiée pour garantir que la représentation du problème que nous avons identifiée est partagée par des experts au-delà du monde anglophone. Une autre limite est la nature documentaire des données, car le fait de contacter les auteurs aurait pu élargir notre compréhension de la représentation du problème que nous avons identifié. D’autre part, ces limites sont partagées par d’autres chercheurs, par exemple les auteurs de la littérature que nous avons analysée, dont les travaux comportaient des restrictions linguistiques et de type de données. Pour compenser ces limites, nous avons présenté des arguments détaillés et rendu notre processus de recherche aussi transparent que possible afin que d’autres chercheurs puissent en évaluer la qualité et la fiabilité [144].
Conclusions
Qu’est-ce qui explique la remarquable homogénéité de la représentation dominante du problème ? Nous ne pouvons apporter que des réponses provisoires, matérielles et idéologiques. Les explications matérielles peuvent inclure le fait que si la plupart des auteurs ont déclaré ne pas avoir de conflits d’intérêts, environ 20 % d’entre eux ont déclaré en avoir. Étant donné le pouvoir bien documenté que les conflits d’intérêts exercent, par exemple, dans le domaine de la pratique, de la politique et de la recherche médicales [145, 146], il y a des raisons de croire que cette influence s’étend également aux chercheurs qui se consacrent à l’étude des modèles de comportement au sein de la main-d’œuvre du secteur de la santé, en particulier lorsque les auteurs tirent des avantages financiers des fabricants de vaccins, des sociétés pharmaceutiques et des organisations dont la mission présuppose que tout degré de « scepticisme à l’égard des vaccins » est un « problème » qui doit être « résolu » (voir par exemple [81]), ou qu’ils occupent des postes de conseillers auprès de ces sociétés. Les conflits d’intérêts financiers n’expliquent cependant pas pourquoi la représentation dominante du problème a prévalu même parmi les auteurs qui n’ont pas fait état de ces conflits.
Nous avons développé ce point ailleurs et reprenons ici l’idée maîtresse de notre argumentation : les récits de blâme et de honte à l’encontre des travailleurs de la santé qui présentent divers degrés de résistance à la politique officielle dans le secteur de la santé ne sont pas un phénomène isolé. En effet, les récits de santé générateurs de peur qui s’appuient sur des idées (pseudo-)scientifiques et des consensus réels ou imaginaires ont été déployés tout au long de l’histoire. Bien que leurs objets aient changé au fil du temps, ils se ressemblent en ce sens qu’ils ont efficacement supprimé la dissidence et l’agitation, en s’appuyant sur ce que l’on a appelé un « culte de l’expertise » [147]. Parmi les exemples choisis, citons la peur des Juifs européens, accusés d’être responsables de la peste bubonique pour gérer les luttes sociales à la fin du Moyen Âge [148], la peur des lépreux, ravivée depuis l’époque biblique à la fin du XIXe siècle pour isoler les immigrants des populations locales [149], la peur des personnes d’ascendance chinoise qui, en 1900, ont été mises en quarantaine de force et inoculées en masse avec des vaccins expérimentaux après la détection de cas de peste bubonique dans le quartier chinois de San Francisco, afin de légitimer le sentiment sinophobe existant [150], et la peur des « clochards », accusés d’être responsables de la variole au début du XXe siècle [151], afin de détourner la colère populaire des conditions de vie désastreuses qui exposaient les masses au risque de maladie et de mort dont on accusait les sans-abri [152].
Nous soutenons qu’à notre époque, le COVID-19 joue un rôle idéologique fonctionnellement équivalent. Contrairement au passé, l’identité sociale de « l’Autre » dans le cadre du COVID-19 est multiple, recoupant la race/l’ethnie, le sexe, la classe et l’idéologie politique, mais elle est unifiée en ce qu’elle menace l’ordre social mondial en matière de santé. Ainsi, les documents officiels mettent en garde contre la « désinformation » qui menace la santé mondiale ainsi que la finance mondiale, la survie de la planète, la confiance dans les institutions politiques et la nature même de la démocratie, appelant à « gérer », voire à « supprimer » les dissidents en fixant des limites « sûres », physiques et virtuelles, aux cognitions, attitudes, comportements et même actes de langage autorisés (voir par exemple [153-157]). Ces limites ont rendu « l’impensable pensable » [158], légitimant un « état d’exception » permanent [159] par le biais de nudges promus par l’État [160], et la coercition si elle est perçue comme nécessaire pour mener des guerres contre des menaces sanitaires qui ne sont pas encore connues, mais qui ne manqueront pas d’arriver [161].
En cours de route, un système a été mis en place qui discrimine les « autres » dans de multiples espaces sociaux, comme le monde universitaire et les médias, et, dans le monde de la santé, les travailleurs de la santé « déviants », même au risque de leurs moyens de subsistance et de leur vie, comme le montrent de manière convaincante les données. Ce système discriminatoire viole également des principes bioéthiques fondamentaux, tels que le consentement éclairé, c’est-à-dire le droit d’être pleinement et honnêtement informé des risques et des avantages de toute intervention médicale, ainsi que des solutions de remplacement, de se voir proposer l’alternative de ne rien faire et de pouvoir choisir sans coercition. Elle est également en contradiction avec les principes d’équité, de diversité et d’inclusion, tenus normativement en haute estime [162-165] par les mêmes institutions qui semblent les subvertir dans la pratique.
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