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De quoi Zemmour est-il le nom ? – Avec Anasse Kazib, Aurélien Taché et Geoffroy Lejeune
Émission du 29/11/2021
À la veille de la présidentielle 2022, l’extrême-droite, portée par Marine Le Pen et Éric Zemmour, n’a jamais été aussi puissante en France, et les discours politiques aussi réactionnaires. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pour débattre de l’urgence de la situation, Aude Lancelin a reçu en direct Anasse Kazib, cheminot et candidat à la présidentielle, Geoffroy Lejeune, directeur de Valeurs actuelles et auteur de « Zemmour président », et Aurélien Taché, député du Val d’Oise, coprésident des « Nouveaux démocrates »
Alors que les sondages d’intentions de votes semblent plébisciter cette vague extrémiste, la menace d’un scrutin fasciste victorieux devient de plus en plus réelle. Pourquoi la gauche semble-t-elle globalement impuissante à endiguer cela ? Y a-t-il un risque de conflit intercommunautaire en France ? Le principal intérêt d’une figure comme Zemmour pour le système médiatique n’est-il pas de rendre à nouveau Emmanuel Macron présentable ? Tant de questions autour desquelles nos invités se sont opposés lors de cette soirée débat exceptionnelle.
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16 Commentaire(s)
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Zemmour est le nom d’une imposture. L’homme choisit bien ses sujets. Il n’a jamais promis que la vie serait meilleure après la « reconquête », par contre il aime les dictateurs, les guerres, le libéralisme, il déteste l’Etat de Droit et les aides sociales. Il a un jour déclaré que les Français avaient été habitués à s’acheter trop de t-shirts… Après son règne ou le sacre de ses semblables, il y aura toujours de la drogue, toujours des délinquants, toujours des crimes (même s’ils sont commis par des Français « blancs »), toujours des inégalités insupportables. Il y aura surtout une grande misère et l’impossibilité de résoudre de nombreux problèmes puisqu’il faudra éviter de les évoquer. Les victimes d’injustices, de délits et de crimes seront dans bien des cas, au mieux ignorées. Et ces gens répètent « on ne peut plus rien dire »…
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J’ai déjà fait un commentaire avant d’avoir tout entendu, j’étais déjà en souffrance , c’est dur d’aller jusqu’au bout. C’est bien de mettre cette parole d’un fasciste pour nous rappeler
ce que c’est.
C’est à vomir! -
Que le rédacteur en chef de valeurs actuelles dans son analyse du début oublie que les médias appartiennent aux parasites du CAC40 , c’est normal c’est leur petit chien.
Ils traînent toutes les arguments éculés des plus riches , de ceux qui méprisent les plus humbles. IL soutient Zémour donc il est pour les Pétains et les Papons qui ont déportés les juifs, qui ont trahi la France des sous-nazis! Désinfectez bien son siège , ne vous contaminez pas!-
On parle du fait que Pétain est à l’origine d’une guerre civile qui l’a opposé à De Gaulle? Qu’il y avait certainement les moyens de continuer la guerre ? Que grâce à la défaite la culture française (comme les autres) a bénéficié d’un grand remplacement grâce au plan Marshall? Jamais.
Guerre civile, grand remplacement, déclin, paupérisation… Y en a qui mènent toujours de drôles de combats contre leurs concitoyens. À croire qu’il existe bien un ennemi de l’intérieur, une anti-France « de souche ».
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M. « Zemmou » ne fera même rien pour les pauvres même s’ils sont blancs et de nationalité française !!! c’est un copier coller de Macron, radical de droite, donc extrême droite ! Les partis LR, UMP, RPR, etc… sont comme l’extrême droite depuis toujours, maintenant ils sont vrais !! Même le PS est d’extrême droite ! Les langues se sont déliées dans tous les partis… Le PC qui va soutenir la manif de Alliance Police, syndicat fasciste…
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c’est incroyable comme Lejeune nie l’évidence, ce type est vraiment un sale type
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Et vu à l’instant sur RT ( et visible sur Youtube ) « Interdiit d’interdire » du 1er décembre, Anasse Kazib tout énergie !, déploie son argumentaire, interviewé avec pertinence par Frédéric Taddéi.
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« J’ai vu l’émission » … évidemment 😉 mais surtout, je voulais dire que je trouvais l’analyse de Laurent Ozon judicieuse.
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L. Ozon, j’ai découvert son parcours ce matin sur Wikipédia …
Sinon, concernant le plateau :
Anasse Kazib, c’est tout un programme qu’il développe !, mais pas à horizon électoral ( il a la parole inlassable et le temps pour lui, nous, pas nécessairement 🙂 … )
Geoffroy Lejeune ( vu sur les chaines en boucle rétro du grand remplacement zemmouro-camusien, irremplacé ; j’ai pourtant lu qu’il était originaire d’Avignon : ville largement ouverte au théâtre et au vent 😉 )
Aurélien Taché, plutôt pertinent dans ses remarques mais qui se serait trompé 2 fois !!, dit-on, dans ses choix, et s’associe avec Jadot et visiblement contre JLM ( en dépit d’un tweet bienvenu de soutien ) lequel est pourtant, à l’instant T , le + à gauche des candidats probables ( et ne sera jamais aussi autoritariste que EM que AT soutint jadis 😉
Aude Lancelin, sur cette soirée prend nettement position contre Z et ses épigones, fixant des limites éthiques, argumente justement, s’emporte parfois …, sortant du cadre, mais a surtout pour elle, une fois de plus, de réunir des gens aux points de vue divergents et qui se parlent néanmoins civilement, c’est plutôt pas mal, une fois encore 🙂Ceci dit, ce serait bien de ne pas perdre de vue que macron, avec tout ça : » moi ou le chaos » , est parti pour regagner et qu’avec ces dissociations à gauche, si il n’y a pas de sursaut salutaire en matière de candidature, on est parti pour perdre …
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J’avoue que j’ai passé certaines prises de paroles de Lejeune , enfin le débris fasciste.
J’ai été choqué de ses réponses quand Anasse a parlé du passé colonial de la France, de l’Europe en général.
Il pense qu’il est dans une stature de victimisation des descendants d’eux-colonisés…ce qui n’est pas le cas .
On ne peut pas effacer l’histoire d’un revers de salut nazi .
Toutes ces histoires avec leurs individualités font la société française d’aujourd’hui
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Le moins qu’on puisse dire c’est que Geoffroy Lejeune ne porte pas haut les valeurs actuelles du débat public : ses interruptions incessantes pendant la parole de ses adversaires sont juste un peu énervantes. Anasse s’est conduit en gentleman dans cet exercice. On sent qu’il a de l’éducation. Certes, mon propos est très bourgeois, mais il y a des codes, c’est comme ça ; les couteaux, c’est dans la rue qu’il faut les sortir ; sur les plateaux, restons-en à ce qu’il faut pour que le « spectacle » reste centré sur les idées.
(oui ! le terme « couteaux » est un peu fort : mais il ne s’agit que des couteaux qui coupent la parole !!!).Aurélien Taché est surprenant dans sa revendication à produire des « récits » alternatifs aux récits Zemmouriens. Ce serait donc une question de récits ? Certes les récits font partie de l’idéologie politique, mais l’idéologie est souvent considérée non pas seulement comme le simple reflet d’un vécu de classe, mais comme une réfraction (cad une déformation, ici volontaire) destinée à subvertir la conscience politique de « tous » les citoyens (toute la société civile, de droite comme de gauche). En tout cas, il est honnête dans ses dévoilements, le citoyen Taché : un bon baratin et l’affaire est réglée !
Poursuivons dans le dur ! Reconnaissons que l’affaire du dit racisme est de mon point de vue plus compliquée qu’on veut bien se le raconter. Dans le cours des débats, j’ai intérieurement réagi à un propos que je cite ici très approximativement « il faut que les musulmans appliquent la loi française, et pas la loi de l’islam ». Notons que ce propos ne réfère pas à la race (aspect génétique) mais au Droit. Or, il se trouve que dans un Quartier Constituant récent, l’économiste David Cayla a produit une redéfinition du concept de « peuple » tout à fait intéressante ( https://qg.media/emission/retrouver-notre-souverainete-quartier-constituant-avec-david-cayla/ ). J’ai d’ailleurs commenté là-dessus. Pour lui, font peuple tous les individus (les sujets) qui s’assujettissent au même Droit : il voulait à cette occasion expliciter la tension entre souveraineté européenne et souveraineté nationale. En gros, tant qu’on ne se réfère pas au même Droit, on ne peut pas faire même Peuple ! Le racisme n’est-il pas un rejet d’un autre peuple, plutôt que d’une autre race ? Je pense qu’il y a là une piste pour mieux décrypter les haines réelles qui existent entre communautés. Sachant que le Droit (si l’on en croit Hegel) ne se résume pas à la loi, mais aussi à la morale, à la culture, cad à tout ce qui peut, dans les croyances, diriger les comportements. Or Droit Français semble s’opposer à Droit Musulman ! d’où des tensions.
Et donc, sous cet aspect des comportements, et pour prolonger la réflexion, on peut encore analyser ces haines sous l’angle des rapports sociaux et des habitus (certes, c’est un niveau plus infra). Bourdieu (créateur du concept d’habitus il me semble) a surtout analysé les habitus déterminés par la catégorie sociale (CSP), cad en fait déterminés par l’appartenance à une classe sociale : en gros soit « prolos », soit « bourgeoise » (on se situe ici dans la lutte des classes traditionnelle). Les habitus, ce sont les façons de se comporter (et même de penser rationnellement ou affectivement) dans le monde. Les habitus jouent le rôle (involontaire) de signes de reconnaissances entre « gens du même monde ». Prolos et bourgeois ont des habitus respectifs très différenciés, ce qui crée une méfiance, une réserve, inconsciente, entre ces « gens de mondes différents ». La conclusion ce serait qu’on est déterminé, dans notre « être au monde », par notre classe sociale. Erreur selon moi : nous sommes déterminés, en fait, par l’ensemble de nos rapports sociaux (voir Marx), rapports qui ne se réduisent pas aux rapports de classe même si ceux-ci sont dominants. Ce qui fait qu’à l’intérieur d’une même classe sociale (ici les prolos car les immigrés sont essentiellement des prolos) on peut assister à des « distinctions » cad à des habitus de pensées et d’affects très différents et même très conflictuels, malgré ou à côté d’habitus de classes parfaitement identiques et en harmonie ; ainsi l’habitus de refuser de serrer la main des femmes va entrer en conflit avec l’habitus consistant en l’obligation absolue de les serrer (les mains). Cet habitus n’est pas déterminé par des rapports de classe, mais par des rapports de religions/moeurs (et donc un peu de Droit au sens de Hegel), entre eux ponctuellement contradictoires.
Voili, voilou, pour alimenter le débat.
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Bonjour QG.
Vous passez largement à côté de votre sujet. Zemmour est le nom d’une nostalgie. Celle d’une France déconstruite et d’une population qui souffre de solastalgie, en clair, qui ne reconnaît plus son cadre de vie. Ce stress a une dimension écologique profonde (ignorée par EELV), sociale et se cristallise dans l’identitaire.
C’est parce que la gauche (et Anasse Kazib n’y échappe pas souvent) se réduit aujourd’hui à un mélange de communautarisme et de gauchisme à la sauce US (Assa Traoré en louboutin propulsée par un milliardaire américain) qu’elle est inaudible. Pour la population productive, cette gauche est désormais perçue comme le volet sociétal et identitaire de la déconstruction qu’elle subit. Elle est perçue comme le pendant de la déconstruction économique et anthropologique organisée par les transnationales et l’oligarchie mondialisée. L’oligarchie financière lui vole son travail et détruit son économie son cadre de vie et ses libertés et la gauche sa culture, ses subjectivités vitales et ses normes. Cette connivence est confirmée par la perception assez largement partagée (et que vous semblez ignorer), d’une convergence de point de vue de ces deux camps (condominium ?) sur les questions migratoires et sociétales.
Tant que la gauche se situera dans le camps de la déconstruction, elle sera perçue à juste titre, comme une opposition contrôlée qui parachève sur le terrain identitaire et sociétal ce que l’oligarchie financière réalise sur le plan écologique, économique et sécuritaire.
L’audience de Zemmour est le résultat de cette solastalgie (Glenn Albrecht). Sa présence obéit, elle, à une autre logique. Pour la comprendre, il faut parler de la géopolitique occidentale, des stratégies de polarisation instrumentalisées à l’intérieur des Etats pour neutraliser les populations sous la houlette de technostructure d’Etat liberticides, des néoconservateurs et d’un tas d’autres choses malheureusement absentes de cet échange.
Sinon, merci pour votre travail.
Laurent Ozon-
J’ai vu l’émission
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Il me semble qu’il y a une autre dimension, vous l’abordez un peu mais trop savamment je pense.
On a rendu le problème de l’immigration insoluble à court terme. Je pense que c’est cela qu’il faut expliquer.
On détruit des pays (arabes de préférence), on exploite tout un continent (l’Afrique de préférence), on maintient le monde entier dans une pauvreté absolu ou relative., on accepte que des multinationales jouent avec ces immigrés , ces travailleurs qu’elles mettent en concurrence… C’est un monde de camps , de cimetières, de pauvreté!
Notre pays fait partie de ceux qui jouent avec les immigrés , il exploite de plus au nom des multinationales ses propres travailleurs de plus en plus durement en désignant l’immigré comme la cause de nos malheurs , et ils ont fait main basse sur l’information!
Il n’y a pas de solutions sinon la charité, l’humanité, le refus de se comporter comme des monstres … ou la révolution pour régler le problème à long terme, c’est cela à mon avis qu’il faut expliquer.-
En effet, la situation actuelle est le reflet des contradictions criantes dans l’expansion du capitalisme mondialisé (impérialisme financier). Ces contradictions se dépasseront :
– soit par une révolution (qui sera obligatoirement communiste, cad par la dé-privatisation (=collectivisation) des forces productives exploitées par le moyen du salariat ou sa forme déguisée d’autoentrepreneur)
– soit par des frictions/révoltations socialo-sociétales permanentes. Mais cela ne pourra pas durer.
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Il ne faut pas laisser le loisir à Geoffroy Lejeune d’affirmer sans être contredit que la laïcité est le produit de la religion chrétienne, qui au bout de 2000 ans, au prix d’un intense effort de contrition morale et intellectuelle, aurait accouché de cette notion et pourrait se prévaloir à ce titre d’une légitimité et d’une primauté pour s’exprimer à ce sujet. Historiquement, il est évident que le courant idéologique dont il se réclame a toujours été en première ligne pour combattre la sécularisation de la société. C’est une affirmation scandaleuse. Scandaleuse parce qu’elle essentialise l’histoire de la France., mais surtout parce qu’au-delà de la simple dimension symbolique, voir spirituelle de cette affirmation, il faut en révéler le caractère éminemment politique, alors qu’il s’autorise dans le même temps à dispenser les leçons de laïcité.
Situer la France dans une relation filiale avec une religion, c’est aussi soumettre la République et les citoyens qui la composent à la même autorité. C’est placer la légitimité et la souveraineté des institutions politiques ailleurs que dans le peuple français. Sur l’échelle de l’histoire politique de la France, cela correspond à la situation politique avant la Révolution française, sous l’Ancien Régime, monarchie de droit divin. C’est donc une affirmation d’inspiration clairement contre révolutionnaire, et par conséquent anti républicaine, anti française et comble du comble, anti laïque.